A vingt mètres à peine trônait un if d’une envergure au moins égale à celle de la maison. Il devait être là depuis des milliers d’années. Elle avait maintes fois tenté d’en compter les ramifications, mais jamais elle n’arrivait au même résultat. Son pied se trouvait sur le pâturage voisin. Si bien qu’à cause des buffles, elle n’avait jamais pu s’en approcher et caresser son écorce. Francès s’était souvent imaginé qu’il lui prodiguait des conseils, comme un vieux sage. Elle s’asseyait sur le rebord de l’oriel et le contemplait. Sa présence suffisait à l’apaiser et trouver les solutions à ses problèmes.
En cette saison, les hortensias étaient magnifiques. Ils habillaient le soubassement de la maison en briques rouges et s'étendaient le long de l'allée qui menait au portail. Il y en avait des bleus et des roses vifs. Les fleurs avaient la taille d'un bol renversé et exhalaient un parfum frais et léger. Francès s'inclina pour sentir celles qui étaient à sa portée. Elle aurait voulu atteindre les plus inaccessibles, car elle se disait que personne n'avait encore réussi à voler leur parfum.