Sophie de Sivry Rentrée littéraire 2021
La folie des puissants n'est que l'extension des rêves de chacun. Car qui sommes-nous, s'interrogeait Voltaire, sinon "des insectes se dévorant les uns les autres sur un petit atome de boue" ?
(...)
Ce qui ligote et préserve l'homme, c'est sa pesanteur et sa relation à autrui. Si la société le délivre de l'une et de l'autre, c'est un moi triomphant, ravageur et infernal qui s'épanouit. L'homme le plus ordinaire, mis en situation de pouvoir absolu sur autrui, est capable d'atrocités et d'incongruités sans limites.
Dans l'opéra Wozzeck, on peut entendre ce verset, qui dit à la fois le génie et la folie " L'homme est un abîme, la tête tourne quand on regarde au fond".
Les hommes m'ont appelé fou, mais la science ne nous a pas appris si la folie est ou n'est pas le sublime de l'intelligence ; si tout ce qui est profondeur ne vient pas d'une maladie de la pensée....
(Eleonora, Edgar Allan Poe)
Tous ceux qui ont nié la dimension tragique du pouvoir ont engendré des monstruosités plus grandes encore que les despotes.
Les idéologies du bonheur ont sacrifié des millions d’innocents pour leur culte sans issue. La pureté est la première illusion dont l’homme de pouvoir doit se garder et dont chacun de nous doit se défaire.
L'état amoureux est celui du manque ...
..... cette dépossession de soi rapproche l'amour extrême de la folie....
..... avec l'amour, c'est la perception de soi qui s'est enfuie.
Le génie dérange l'ordre du pouvoir, qui aime également régir les mots et les images.
Les sages ont plus à apprendre des fols que les fols des sages. (Montaigne)
S'exhiber, c'est chercher à exister dans le regard d'autrui.
L'amour ,c'est l'absolu à la portée des caniches
(Céline)