AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Stéphanie Roza (9)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
La Gauche contre les Lumières ?

Stephanie Roza est de gauche. Pour elle, la gauche, c’est le camp du bien, et toute prise de distance, de personnes ou de nations, par rapport à cette orientation, qui est celle du progrès des civilisations, constitue une régression. La question est donc de savoir pourquoi cette "régression" vers les idées libérales, vers le capitalisme..., est devenue si souvent la norme, et pas seulement dans notre pays.

Même pour ceux qui ne partagent pas cette vision, sa réponse à cette interrogation est passionnante. La gauche s’écroule parce qu’elle a trahi l’esprit et les valeurs issus des lumières, qui lui donnaient son souffle.

Bien sûr, Madame Roza est une brillante universitaire, et cela se sent dans bien des chapitres de son ouvrage. Mais ceux qui ne se laisseront pas rebuter par ce que cela implique de complexité, sans doute pas toujours nécessaire, dans le style, et dans la présentation de la critique de certains penseurs contemporains, trouveront des analyses de grand intérêt ; ils liront par exemple un rappel de ce qu’étaient les arguments mis en avant par les acteurs de la gauche de l’époque de sa gloire, qu’il s’agisse de grandes figures de la pensée, de l’action politique, ou de meneurs des luttes anticolonialistes des peuples des pays colonisés.

Et l’on voit à l’évidence que tous ces grands personnages avaient totalement épousé les valeurs des lumières, qui se perdent à présent dans cet antirationalisme, cet antiuniversalisme qui semblent baigner nos jeunes élites dites "de gauche". Madame Roza cite, à titre d’exemple, des déclarations très parlantes d’Hô Chi Minh, qui, loin de considérer l’universalisme comme un piège du suprémacisme blanc, comme le font les soi-disant décoloniaux d’aujourd’hui, retournait au contraire la philosophie des droits de l’homme contre ceux qui en trahissaient, selon lui, les principes, en asservissant d’autres peuples.

Un ouvrage d’une grande utilité donc, pour qui aura la patience de surmonter les aridités d’analyses parfois (pas toujours) un peu trop universitaires.
Commenter  J’apprécie          70
Code de la nature

Je souligne la qualité de l’objet livre. Une belle police, des pages au cadre grisé. Bref une présentation qui rompt avec la banalité de tant d’ouvrages.



Je suis peu friand des ouvrages « utopistes », de ces écritures de lendemains organisés, d’émancipations corsetées. Les transformations possibles du monde ne sauraient être abordées dans une logique fermée et auto-engendrante, sans place pour l’action collective et individuelle. Je partage le point de vue d’Isabelle Garo développé dans Marx et l’invention historique (Editions Syllepse, Paris 2012) « les moyens ne sont pas une transition vers des fins distinctes qui en actualiseraient les promesses, ils sont des médiations coextensives à la détermination progressive de ces mêmes fins au cours du mouvement même de leur réalisation, au point d’en être l’origine et la matrice en même temps que la résultante »



Bien sûr, ce positionnement est anachronique en regard du siècle de l’auteur. Je ne garderais donc que la charge critique, cette pensée révoltée contre l’air de son temps, des évidences affirmées au nom de Dieu, du Roi, ou de tout autre motif, et en particulier contre la propriété privée « des possessions usurpées sur le fonds qui devait indivisiblement appartenir à l’humanité entière » ou « Pourquoi restreindre le bien public par la chose du monde la plus capable de le détruire, par une propriété qui incline si facilement l’homme à l’usurpation ». Etienne-Gabriel Morelly disserte, entre autres, sur la liberté, la dépendance, la bienfaisance « la véritable bienfaisance est la fille de l’amour de notre être, dégagé de toute crainte, de toute espérance erronée ou frivole ? »



Je souligne la belle préface de Stéphanie Roza. En particulier l’inscription du Code de la nature dans les débats philosophique de son siècle « Toutefois, son apologie de la religion naturelle et de la raison, ainsi que la violence avec laquelle il dénonce l’institution catholique, ne peut laisser le moindre doute quant au fait que notre auteur se situe dans la camp éclairé, et que c’est de cette position fondamentale qu’il attaque les thèses de Montesquieu ». Elle insiste aussi sur le rapport à la propriété « Son utopie, en tant que construction théorique d’une société sans propriété privée, incarne sans doute ce qu’un intellectuel des Lumières pouvait produire de plus radical et de plus cohérent à la fois. »



Oui, comme l’a écrit mon ami Nicolas, il ne faut pas « abandonner le patrimoine, ne pas laisser de côté toutes ces théorisations qui ne sont pas seulement révélatrices d’une époque mais aussi permettent de mettre à jour des filiations, ici avec Babeuf mais surtout avec Fourier pour construire une histoire de cette pensée de la construction de mondes idéaux ».
Commenter  J’apprécie          30
La Gauche contre les Lumières ?

La gauche traditionnelle est-elle en perdition ? C’est à cette question polémique que tente de répondre ce livre. Car face à l'émergence, à gauche, de tout un mouvement (ou plutôt de nombreux mouvements tant ceux-ci sont protéiformes), se prétendant du postcolonialisme, de décolonialisme, voire de l’indigénisme, Stéphanie Rosa ne peut que s’inquiéter.



Cette intellectuelle, de tradition marxiste, ose monter au front à travers ce livre pour rappeler les concepts qui ont fait la gauche française depuis plus de deux siècles et qui sont, peu à peu, mis à mal par ces militants issus pourtant pour la plupart de ses rangs. La gauche des Lumières avait porté l’émancipation de tous grâce à des principes fondateurs : le rationalisme, le progrès et l’universel. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?



Pour tenter d’y répondre, Stéphanie Roza montre de manière particulièrement lucide et efficace comment certains auteurs, pourtant érigés sur un piédestal, ont contribué depuis plus d’un siècle à l’effritement de ces notions clés. Nietzsche, Heidegger, Foucault, Asad et bien d’autres ont progressivement dégradé ces concepts, les reniant parfois, les érodant certainement. Depuis plus de 50 ans, ce phénomène s’accélère et a permis le renouveau de certains mots pourtant nauséabonds, celui de “race” étant malheureusement d’une grande actualité.



S’il manque peut-être dans ce livre une vraie justification de ces notions-là (raison, progrès, universel), voire même une réaffirmation claire de ces principes essentiels, on ne peut que reconnaître que ce livre démontre un vrai courage de la part de son auteure. Car si la gauche est peu à peu gangrenée par ce mouvement dangereux, qui porte pourtant de vrais combats, il semble nécessaire de réaffirmer ce qui a fait la gauche depuis deux siècles, et d’esquisser de quoi la renouveler tout en étant fidèles à ses principes fondateurs. C’est tout l’enjeu de ce livre.
Lien : https://mon-imaginarium.wixs..
Commenter  J’apprécie          20
Code de la nature

“L’homme naît naturellement bon et heureux mais c’est la société qui le corrompt et le rend malheureux “

Cette réflexion révolutionnaire de JJ Rousseau annonçant un changement de société pourrait tout à fait résumer “ Le Code de la Nature” de cet écrivain philosophe oublié que fut Étienne-Gabriel Morelly ,écrit à la même époque. Qui a inspiré l’autre?

Dans cette “ dissertation” l’auteur fustige les mœurs de son époque basées sur la fortune et la propriété et imagine une société où les rapports maître/ serviteur seraient abolis . Dans la nouvelle société qu’il prône ,

la nature est généreuse et pourvoit à tous les besoins des hommes qui s’entraident au sein d’une organisation apaisée et bienveillante. La place de chacun est proportionnelle aux services rendus à la communauté et la propriété a disparu.

Pour étayer sa thèse il prend en exemple les peuplades des Incas ou des Indiens d’Amérique idéalisant naïvement le “ Bon Sauvage”

“La divinité “ n’est pas absente mais ne devra pas être le moteur d’une vie avant tout terrestre sans l’attente d’un” espoir.”Morelly exprime au passage sa détestation des membres du clergé régulier et leur reproche leur paresse.

Ces réflexions qui font sourire aujourd’hui au XXI eme siècle sont révélatrices du bouleversement des idées au siècle des Lumières mais aussi de l’aveuglement d’intellectuels inconscients des réalités des passions humaines Car cet écrit , si anodin qu’il puisse paraître,est aussi une véritable bombe idéologique( mentionné du reste par Tocqueville dans son ouvrage sur la Révolution) à la gloire d’un collectivisme dont l’application fera des ravages sur le quart de la planète deux siècles plus tard.

Commenter  J’apprécie          10
La Gauche contre les Lumières ?

Le prix à payer à suivre Roza dans les critiques, par ailleurs justifiées, qu’elle adresse à certains courants, somme toute marginaux, de la gauche radicale, paraît donc considérable au plan philosophique.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          10
La Gauche contre les Lumières ?

Depuis plusieurs années déjà, des critiques s'élèvent au sein de la gauche contre l'héritage des Lumières. Cet essai en pointe les contradictions et souligne leur caractère contre-productif.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          00
Bescherelle Chronologie de l'histoire de la..

Ce livre pratique de par sa chronobiologie, pour le plaisir, les études, et une bonne culture, je recommande ce livre.
Commenter  J’apprécie          00
Bescherelle Chronologie de l'histoire de la..

Cet ouvrage est avant tout un livre de belle qualité : les nombreuses illustrations et le code couleur font qu'il est très agréable à parcourir. Les introductions et conclusions de parties sont concises, les frises chronologiques pertinentes et les renvois intérieurs nombreux. Les dossiers thématiques et l'index détaillé conviendront aussi bien à ceux qui cherchent une notion ou un auteur précis, qu'aux curieux qui se cultivent. En suivant le fil chronologique, on perçoit bien l'évolution de la pensée au fil des siècles, la variété des sujets de réflexion en fonction du contexte socio-historique.



Les penseurs grecs, fondateurs de la "philo-sophie", "l'aspiration à la sagesse", ont longtemps dominé la discipline. Indissociable de la science, la philosophie occidentale vise alors à expliquer la nature, le monde. En orient, la philosophie s'associe à la religion (notamment le bouddhisme) dans le but de "se délivrer du désir et donc de la souffrance". Dans l'Athènes antique de Socrate, Platon et Aristote, elle devient une activité intellectuelle, "une manière d'employer sa raison et d'argumenter", notamment dans les toutes premières écoles fondées. C'est Cicéron qui se chargera d'en traduire les fondements en latin.



L'arrivée du christianisme marque un tournant dans les sujets de méditation : désormais on réfléchit sur Dieu, on s'interroge sur la place de l'homme dans l'univers et sur les limites de ce dernier. Jusqu'à ce qu'un conflit éclate entre religion et raison... Rompant avec les méthodes de la scolastique ("la science de l'école"), la Renaissance amorce une révolution profonde et replace l'homme au cœur des réflexions, soutenue en cela par la science : on sait désormais que le monde est infini (Copernic, Galilée), quelle place l'homme y occupe-t-il donc ?



Au 18e siècle, Descartes ouvre la voie de la philosophie moderne avec le premier texte rédigé en français. Si Newton découvre la loi de la gravité universelle, il ne se prononce pas sur la nature de cette force d'attraction : la science ne prétend plus faire de la métaphysique. Le mathématicien Pascal reconnaît lui-même que "si la pensée fait la dignité de l'homme, la raison est loin de pouvoir tout démontrer". Toutes ces petites citations et anecdotes aident à mieux cerner les idées véhiculées. Celles des philosophes des Lumière, qui luttent contre l'obscurantisme et les préjugés, défendent une attitude intellectuelle basée sur la raison qui les engagera dans un combat politique dont l'emblème est l'Encyclopédie.



Les penseurs du 19e (Marx, Hegel, Nietzsche...) sont témoins des suites de la Révolution française, de l'épopée napoléonienne, de la révolution industrielle et de la transformation des rapports sociaux. Avec cette chronologie qui replace les événements dans leur contexte socio-historique et culturel, on comprend bien que "la succession des philosophies (...), loin de n'être que le fruit du hasard, obéit à une logique profonde". Marx et Engels qui rédigent le Manifeste du Parti communiste, Darwin exposant sa théorie de l'évolution : les informations articulées autour d'un fait présenté sur une double page permettent d'aborder l'essentiel de manière très visuelle.



La philosophie du XXe siècle est bien sûr marquée par les deux conflits mondiaux. Avec la Première Guerre, c'est tout un univers foisonnant et créatif (la relativité d'Einstein, la psychanalyse de Freud, la linguistique de Saussure) qui vole en éclats. Avec la Seconde émerge une figure nouvelle, celle de l'intellectuel engagé. Le couple Simone de Beauvoir / Jean-Paul Sartre qui incarnent ce modèle, fondent, dès la guerre finie, la revue politico-littéraire Les Temps modernes. Imprégnée de l’existentialisme défendu par Sartre, elle ouvre la question de la responsabilité humaine. Ainsi, l'ethnologue Lévi-Strauss replace la civilisation occidentale à égalité avec les autres - elle n'est qu'un modèle d'existence parmi d'autres - tandis qu'un nouveau statut juridique est donné aux animaux. Hans Jonas s'inquiète des ravages de la technologie : l'homme croit contrôler la nature par des moyens techniques qu'il ne contrôle pas... Avec Jean-Pierre Changeux, les neurosciences s'immiscent dans la démarche philosophique et psychologique. D'ailleurs Ricoeur s'interroge : comment écrire l'histoire, sachant que la mémoire peut être "empêchée" par un traumatisme, "manipulée" ou encore "obligée" ?



On le voit à travers ce panorama très complet : la réflexion humaine sur sa condition et ses relations à son environnement est particulièrement riche. Cet ouvrage nous en donne une vision globale et cohérente, apportant des clés essentielles qui pourront ensuite, pour qui le souhaite, être approfondie par ailleurs.
Lien : https://www.takalirsa.fr/chr..
Commenter  J’apprécie          00
Code de la nature

Le livre a deux parties, une dissertation critiquant les erreurs répétées des civilisations et ensuite une liste des lois qui lui sont opposées.



La dissertation relève les erreurs des fondements de nos lois, rappelant les lois naturelles oubliées. On peut y voir comment les hommes peuvent être nuisible à eux-mêmes. Une part est donc reliée aux divinités et aux idées que l'on y attache, sans manquer de critiquer les déviances des religieux qui les représentent.



Bien qu'étant daté de 1755, ce texte reste très actuel. Il est évidemment contestable car il n'y pas d'exemples concrets, qui peuvent être une bonne base pour un esprit humaniste qui se forme.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Stéphanie Roza (45)Voir plus

Quiz Voir plus

Un peu de la vie de Rimbaud

Dans quelle ville Arthur Rimbaud est-il né ?

Paris
Verdun
Charleville
Marseille

10 questions
134 lecteurs ont répondu
Thème : Arthur RimbaudCréer un quiz sur cet auteur

{* *}