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Critiques de Sue Rainsford (61)
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Jusque dans la terre

Un roman étonnant, poétique, parfois malaisant sans pouvoir vraiment définir son origine.



J'ai apprecié les débuts de chapitre à la manière d'un docu fiction avec l'intervention des personnages secondaires, les villageois, ces cures qui témoignent de leur rencontre avec Ada et Père, à un moment ou à un autre de leur vie.



J'ai beaucoup aimé le style d'écriture, le rapport à la Nature, la Terre, ses entrailles vivantes, son souffle créateur, guérisseur mais dont il faut aussi se méfier.

Et cette couverture sublime !

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Jusque dans la terre

Plutôt subtil, vraiment étrange, parfois poétique, assurément unique en son genre : Jusque dans la terre avait tout pour me plaire.



Malheureusement, une fois mis de côté les effets de style et l'étrangeté du fonctionnement d'Ada et de son père, je ne trouve pas qu'il subsiste derrière une histoire suffisamment intéressante. Je dirais même que de ce côté-là on est sur quelque chose qui peut paraître assez convenu voir carrément ennuyeux.



C'est cependant une lecture qui vaut le détour et à laquelle je ne regrette pas d'avoir laissé sa chance.

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Jusque dans la terre

De l’importance d’une couverture de livre… j’ai bien aimé cette image de racines qui s’enfoncent profondément, cet espace souterrain source d’énergie.



Mais penchons nous sur le texte lui même, des chapitres cours à la première personne, des chapitres « témoignages » aussi à la première personne mais d’autres narrateurs, leur nom apparaît dans l’intitulé du chapitre, donc pas de soucis de repérage.



Dans un premier temps, on présume qu’on va partir sur un procès ou une chasse aux sorcières, avec les « témoignages » des « cures » (ceux qui viennent se faire soigner) que l’autrice insèrent au fur et à mesure entre les chapitres, avec des Ada par-ci des Ada par-là… Il est beaucoup de question de femmes et de féminité… Je vous laisse découvrir…



Les séances de soins sont fortes et prenantes, cette plongée dans les corps des scènes puissantes. On a la thématique de la pénétration et de la dévoration. Le retour à la terre pour ce ressourcer, renaître…



C’est un roman tellement fort que j’ai ressenti parfois l’impression de me retrouver dans cette terre qui aspire les corps et les maux. Sue Rainsford a su donner vie à la matière, on sent l’odeur de la terre (tantôt sèche, tantôt mouillée) on ressent la texture. C’est un roman très visuel et sensoriel.



C’est un roman avec plusieurs niveaux de lecture. On a aussi le rapport père-fille, créateur et créature/création. De plus le père porte en lui une part de mystère et d’animalité qui le rend encore plus inquiétant quant à ses réactions. On a la jeune fille qui découvre le désir, et l’amour pour quelqu’un d’autre que son père. C’est le grain de sable qui va enrayer la machine. [blog]
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Jusque dans la terre

Quel titre étonnant que ce premier roman offert par l’irlandaise Sue Rainsford. Si étrange que je ne sais ni le classer dans un genre (sans doute un mélange de fantastique et presque de conte ?) ni si je l’ai aimé ou non… ?

J’ai préféré attendre quelques jours après l’avoir refermé pour prendre le temps de le digérer et mettre mes idées en place. Mauvaise idée car mes idées ne sont pas plus en place qu’au moment de ma lecture et pire, j’ai déjà quasi oublié ce que j’ai lu ! Et pourtant, Jusque dans la terre possède ce je-ne-sais-quoi qui ne laisse pas indifférent…



Le lecteur fait la rencontre d’un père et de sa fille – Ada -, deux êtres qui ont forme humaine (ou presque) mais qui possèdent des dons de guérisseurs. Les habitants des alentours viennent les visiter lorsqu’ils souffrent de maux physiques et les deux créatures se chargent d’eux : Ada fouille dans leur ventre à la recherche de l’intrus à éliminer, le père se charge d’enterrer dans le jardin les malades qui auraient besoin d’un traitement plus costaud. Ils semblent sans âge tous les deux, sortis tout droit de la terre que lui a su plus ou moins canaliser au fil du temps, sorte de golems immortels.



Les jours, les mois, les années passent. Le temps glisse sur le père et sa fille mais la routine bien huilée connaît ses premiers soubresauts alors qu’Ada découvre les premiers émois amoureux. Il s’appelle Samson. Ils se retrouvent en cachette et batifolent dans l’herbe, au bord de l’eau.

Mais le père sent l’entourloupe et tente de faire cesser l’amourette. En vain. La sœur de Samson, enceinte jusqu’aux dents, aimerait également retrouver son jeune frère et se place donc ainsi sur la route des amoureux.

C’est le conflit entre loyauté à ce père qui est tout pour elle, à cette terre nourricière et à ce nouveau désir puissant d’émancipation.



L’intrigue en elle-même ne m’a pas totalement convaincue car pas particulièrement surprise. En revanche, les images qui se révèlent grâce aux mots choisis par Sue Rainsford sont particulièrement fortes et efficaces. On est dans la clairière et on sent la terre sous nos pieds, entre nos doigts.

Il y a quelque chose de très organique qui se dégage de ce livre ; j’avais très clairement un parfum d’humus en tête pendant que je le parcourais. Les sens du lecteur sont mis à contribution et c’est, il me semble, ce qui fait de cette lecture une expérience assez surprenante. Étrange. Et glauque.



Mais malheureusement, je ne sais pas quoi retirer de ce livre. J’ai l’impression que je passe à côté d’un message, d’une métaphore que je n’ai pas su déchiffrer ; et ça m’ennuie. Alors non, je ne peux pas vraiment le conseiller et en même temps, son caractère atypique vaut tout de même la curiosité…

Cela dit, je pense que Sue Rainsford est un imaginaire à suivre et je serais curieuse de lire ses prochaines créations !
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Jusque dans la terre

Jusque dans la terre est le premier roman de Sue Rainsford. L’autrice met en scène deux personnages de guérisseurs non humains, Ada, narratrice autodiégétique, et son père, qui vivent en marge d’une ville dont ils soignent les habitants, qu’ils appellent les cures. Leurs méthodes de soin, qui consistent à ouvrir les patients grâce à leurs capacités surnaturelles ou les enterrer dans leur jardin pour que la Terre les guérisse, font entrer le roman dans le champ de la Weird Fiction et les coupent de l’espèce humaine. Ils ne la comprennent que difficilement, ce qui est réciproque. Les deux personnages apparaissent alors comme des marginaux étranges mais utiles, ce que va ébranler une relation amoureuse entre Ada et Samson, un humain qu’elle tente de sauver.



J’ai beaucoup apprécié ce roman pour les rituels et les personnages étranges qu’il décrit, et je vous le recommande !

Chronique complète et détaillée sur le blog.
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Jusque dans la terre

À la frontière entre le fantastique et le réel, voilà où l'on pourrait situer ce roman de Sue Rainsford. Un père et sa fille Ada vivent retranchés et reçoivent régulièrement des habitants du coin pour leur prodiguer des soins. Ils appellent ces habitants les "cures". Ils basent leur médecine sur une relation privilégiée avec la terre, mais là ce serait dommage d'en dire plus. L'autrice campe toute une atmosphère autour de ce duo aussi mystérieux qu'inquiétant à certains moments. Plusieurs passages dans le livre laissent la parole aux habitants qui donnent leur point de vue sur ces deux personnages. Une lecture originale et surprenante qui mérite vraiment le détour. C'est toute une langue qui se déploie et je vous invite à la découvrir.
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Jusque dans la terre

Humus et sortilèges



Jusque dans la terre est un récit qui manie l'étrangeté et le mystère allié à une certaine pudeur. Un concept auquel il vaut mieux adhérer dès le début de la lecture pour en apprécier tout le sel.



Le style de l'autrice se veut avare en mots, une manière d’en dire beaucoup sans trop en faire et il ne faudra pas compter sur les interludes en forme de témoignages des villageois pour en savoir plus. C'est entre les lignes, dans les non-dits des dialogues que le lecteur devra discerner le vrai du faux, le merveilleux du banal, la vérité des mensonges. Un jeu narratif qui pourra décontenancer certains lecteurs autant qu'il en charmera d'autres.



La plume se veut très sensitive concernant la faune et la flore, le champ lexical de la terre et de la nature est omniprésent. Au contraire de celui des corps, des hommes et femmes qui viennent se faire soigner, qui sont plus souvent des présences évanescentes, sans consistance malgré les soins que leur apporte Ada.



C’est pourtant lorsqu'elle évoque le corps souffreteux de ses “patients” que la plume se teinte d'un merveilleux poétique alors que tout ce qui se rapporte à la terre et aux racines reste formel, voire clinique, renforçant l’élégante étrangeté du récit.



Inutile d'aller plus loin dans la chronique de ce récit hors norme, qui laisse une impression étrange dans l'esprit du lecteur à la conclusion, comme si l'on avait marché longtemps en forêt et que l'on ne savait plus très bien où l'on se trouve. À chacun de se faire une idée avec cette lecture aussi élégante qu'étrange.

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Jusque dans la terre

Je ne peux pas faire de critique constructive car j'ai dû arrêter au bout d'à peine 40 pages. J'ai en effet l'épreuve non corrigée et ça ressemble plus au brouillon du traducteur qu'au roman final (j'espère) : le nombre exagéré de coquilles, fautes et mots en trop m'a obligé à abandonner la lecture car je n'arrivais pas à entrer dans l'histoire. C'est dommage car le début était assez original : cette fille et son père hors normes, guérisseurs, apparemment issus de la terre et qui guérissent les autres (les cures) grâce à la terre. En espérant qu'un correcteur/une correctrice passera par là.
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Jusque dans la terre

Naître de la Terre tel un golem sans jamais vieillir, et guérir les maux des humains grâce à cette même mère. Celle-là même qui soigne, transforme, remodèle et fait bien ce qu'elle veut. Voilà à quoi se résume l'existence d'Ada et de son père. Ada qui s'humanise pourtant, s'interroge, et cherche l'émancipation jusqu'à s'attacher à Samson. Un Samson qui a ses propres secrets et démons.



Un roman étrange dans une atmosphère oppressante, poisseuse, organique, qui aborde beaucoup de sujets sensibles et tragiques. J'ai été immergée dans un univers évoquant le vaudou, et la conclusion a confirmé cette impression.



Exploration des thèmes de la nature, de la transformation, de la quête de soi jusqu'aux extrêmes, mais également des relations toxiques pouvant devenir de véritables prisons émotionnelles jusqu'au cycle destructeur, le tout dans un contexte riche en symbolisme et en ambiance.



Une fois de plus, je demeure indécise quant à mon appréciation de ce livre qui, cependant, se distingue suffisamment pour me pousser à suivre les futurs écrits de cette autrice.



Lu dans le cadre du pumpkin autumn challenge 2023 dans la catégorie automne douceur de vivre - La dame chouette des îles bouillantes - mots-clefs : sorcière, magie, malédiction.
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Jusque dans la terre

Je remercie chaleureusement les Éditions Aux Forges de Vulcain et leur éditeur David Meulemans pour avoir accepté de me faire parvenir les épreuves non corrigées de Jusque dans la terre, roman qui m’a fascinée dès que j’ai découvert son existence !

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Avec ces épreuves non corrigées de Jusque dans la terre qui vient de paraître, je découvre une nouvelle autrice que je vais suivre ! Sue Rainsford est une jeune irlandaise qui signe ici son premier roman. Et quel premier roman ! Récit de littérature générale, Jusque dans la terre instaure une touche de réalisme magique inquiétant, étrange, gouverné par le body et le folk horror mâtinés de métaphores et de métamorphoses viscérales, végétales-organiques.

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Sue Rainsford nous introduit dans son univers par le biais de deux personnages, un père et sa fille. Cette dernière, Ada, est la narratrice. Elle conte son quotidien sous la chaleur et la moiteur interminables de l’été, les soins que son père et elle prodiguent aux gens du village. Eux deux vivent à l’écart, car ils ne sont pas réellement humains ; on les murmure sorciers. Les personnes qu’ils soignent, les « cures », oscillent entre confiance à leur égard ou méfiance. Après tout, ils les ouvrent et mettent les mains dans leur corps pour extraire maux et maladies, et parfois, ils les enterrent. La terre de leur jardin est spéciale : elle « répare ».

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Ada et son père possèdent un lien organique à cette terre ; visiblement, ils en sont nés. Elle incarne de ce fait une matrice, une entité quasi sacrée, dotée d’une conscience, d’une volonté. Le père l’a en quelque sorte domptée, lui seul peut creuser et remonter les cures qui y ont séjourné. Ada n’a pas encore atteint cette maîtrise en tant que guérisseuse. Elle assiste son père ou œuvre en sa présence.

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Pour autant, cet équilibre va être perturbé par l’arrivée de Samson dans la vie d'Ada. Car ce premier amour va faire éclore en elle un désir féroce, ainsi que celui de l’émancipation. Elle cache cette relation à son père, qui est contre. Samson n’a pas peur d’elle, il ne la repousse pas à cause de son apparence enfantine, de son corps différent. Ils se voient donc en cachette, se rendant souvent au lac de Sœur-Anguille, une figure folklorique. Malgré tout, son désir de Samson est si grand qu’Ada pense souvent à ouvrir son corps, toucher ses organes sains… Et voilà qu’une histoire familiale trouble concernant son amant lui parvient, et que son père découvre leur relation. Ada ne peut pas vivre éloignée de la terre mystique et elle ne veut pas vivre sans Samson. Mais elle a un plan.

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La narratrice narre ainsi son quotidien, cette routine bien installée de recevoir les cures, de les soigner. Puis, ce schéma répétitif se voit altéré par ses rendez-vous avec Samson, par son désir charnel et celui d’émancipation. Ada change, et cela se ressent dans son travail de guérisseuse, par son rapport aux cures qu’ils reçoivent. C’est un grain de sable qui vient enrailler la machinerie bien huilée de l’existence de la fille et de son père.

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L’ambiance de ce récit est complètement envoûtante, nous sommes pris par l’étrangeté de l’univers, par les transcriptions viscérales et organiques. Sue Rainsford fait remonter le caractère primitif, animal, mais aussi vénéneux d'Ada et de son père, qui ne sont pas humains. Ils viennent de la terre, chantent pour endormir les cures afin de les ouvrir, sans instruments, pour plonger les mains en eux et leur extraire le mal qui les habite. Malgré le côté dérangeant, les métaphores végétales, la façon d'Ada et de son père de percevoir maux et maladies, font que nous ne tombons pas dans le dégoût ; entre fascination macabre et concept divergent du nôtre à propos du mal.

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Le récit présente une structure particulière : divisé en quatre parties asymétriques en nombre de pages. Pour moi, ce découpage fait office d’un schéma de conte : l’introduction, la situation initiale, les perturbations et la résolution. En sus, de petits paragraphes font office de témoignages de cures à propos d'Ada et de son père. De ce fait, malgré la narration intime, l’autrice propose quelques ouvertures extérieures, ce qui permet aux lecteurices d’avoir une vision plus large sur l’histoire. Celle-ci se déroule d’ailleurs dans une temporalité inconnue, bien que les voitures existent, que les villageois travaillent en général aux champs et que l’on comprenne rapidement que le milieu voit d’un mauvais œil l’émancipation féminine.

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En bref : Un conte monstrueux d’un nouveau genre ! Jusque dans la terre, premier roman de l’autrice irlandaise Sue Rainsford, offre un récit court, envoûtant et monstrueux à la fois. Il narre le désir féminin féroce d’un premier amour, le désir de l’émancipation pour un personnage non humain, une « sorcière ». Sous fond de body et de folk horror, l’autrice retranscrit un univers visuel et métaphorique inoubliable, accompagné d’une plume implacable, poétique, qui entraîne les lecteurices sur des sentiers mystiques et primitifs riches en symboles.



Même si elle ne s'attribue pas encore ce mérite, Sue Rainsford est, à n'en pas douter, une créatrice de mythologie alternative (cf vidéo en-dessous). Une autrice à suivre, et cela tombe bien car les Éditions Aux Forges de Vulcain travaillent à la traduction de son second roman !
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Jusque dans la terre

Etrange roman que voilà. L’ambiance y est étouffante, terreuse, humide, poisseuse. J’ai beaucoup aimé cette atmosphère teintée de magie, reliée à la Terre. On ne sait pas trop si Ada est humaine; en fait on ne sait pas trop ce qu’elle est. Elle entretient des liens très étroits et corporels avec son environnement. Elle est un peu magicienne, comme son père. Les habitants qu’ils soignent, les cures, ont des maux étranges, et les soins qu’ils reçoivent sont tout aussi étranges.



Sachez ainsi qu’on plonge dans les entrailles de chacun et de chacune assez régulièrement. On est dans un body horror assez doux, paradoxalement. Ce n’est jamais trop hard, ni too much, cela ne choque jamais vraiment. C’est corporel, organique, viscéral, au sens premier du terme. J’ai aimé le contraste offert par l’écriture et le point de vue d’Ada : la plume est à son image, un peu planante, écorchée, naïve. Les décors sont minimalistes, assez bruts. C’est cohérent, mais de ce fait l’immersion est courte, d’autant que le livre n’est pas très long. La construction du roman est intéressante, car plusieurs témoignages de cures parsèment le récit d’Ada, comme pour apporter un éclairage supplémentaire sur ce qu’il se déroule. Chaque témoignage fait d’ailleurs bien ressentir le parler propre à chaque personnage qui s’exprime.



Et tout ça pour dire quoi ? Jusque dans la terre est une histoire d’amour. Enfin, amour. C’est surtout une histoire de désir sauvage, de sensualité, de corps. Et puis surtout, c’est une histoire somme toute très humaine qui nous est racontée. Le final est surprenant, car magie ou pas, le fond des récits est souvent bassement terre à terre… Et finalement, le plus dérangeant et malaisant réside là, dans ces dernières pages.



Si cela est réussi, je regrette néanmoins un propos assez court et pas suffisamment féroce pour moi. On passe le temps du bouquin plongé dans les entrailles des uns et des autres, mais selon moi ce roman ne va pas assez loin, ne prend pas suffisamment aux tripes pour laisser une marque pérenne dans l’esprit. C’est un peu dommage.
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Jusque dans la terre

J'ai lu Jusque dans la terre, un roman qui paraîtra aux forges pour la rentrée littéraire.

C'est une lecture courte mais tellement intense et originale. Je l'ai trouvé à la fois très douce et très sombre, très mélodieuse et très violente, viscérale. Je n'ai pas réussi à lâcher ce livre après l'avoir commencé, j'étais obsédée par le récit, par toutes les étrangetés qui s'y passent. C'est un récit très métaphorique et déstabilisant mais surtout un conte sombre et poétique écrit par une plume volontairement décousue, qui subjugue et égare le lecteur. J'ai aimé la candeur du personnage principal, toutes ces choses que l'on comprend alors qu'elle les ignore. Je ressens encore un sentiment de mal-être, celui du dégoût qui persiste en moi. Il y a aussi toutes ces questions que je garde en tête, toutes ces pensées obsédantes, dérangeantes... C'était fort, magique, brutal. J'ai hâte que vous le découvriez !
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Jusque dans la terre

Comment se construire et s’affirmer quand l’on vit dans l’ombre de son père ? Et plus largement dans l’ombre des hommes ? Cela pourrait résumer le roman de Sue Rainsford. Et cela serait en soit déjà la promesse d’un bon roman. Mais si je vous disais que cela se déroule vraisemblablement dans une zone marécageuse en Irlande, ou dans n’importe quel autre pays anglo-saxon possédant des zones marécageuses, et que l’époque est contemporaine mais incertaine ? Et si en plus de cela, je vous disais que le père et sa fille soigne les gens d’une manière plutôt singulière ?



Tout de suite, nous brisons un certain nombre de frontières, et le roman devient intrigant à plus d’un titre ? Et vous auriez raison !



Les éditions Aux Forges De Vulcain nous font découvrir l’autrice irlandaise, Sue Rainsford, avec son roman « Jusque dans la terre ». Pour nous l’occasion de plonger dans une forme de roman initiatique empruntant autant à la mystique, la philosophie, qu’au “Body Horror” ou encore aux quêtes d’identité de genre et d’émancipation.



Nous découvrons et suivons Ada, dans son quotidien, soigneuse, vivant quasiment recluse avec son père, lui aussi soigneur. Leurs journées sont rythmées par la visite des « Cures », comprendre ici les personnes atteintes d’affliction ou de maladie. Cette routine est également ponctuée par le fait qu’Ada puisse voler le chant des oiseaux, quant à son père, certaines nuits, puisse se changer en ours et parte chasser. Tout se déroulait ainsi depuis un certain temps, jusqu’à ce que la jeune Ada fasse la rencontre de Samson, un jeune homme intrigant, assez énigmatique et séduisant. Ce qui mènera à des tensions entre le père et sa fille, mais aussi avec la sœur de Samson, et un changement de vie pour Ada, que les témoignages des différentes « Cures » nous laisse entendre.



« Les étés, par ici, sont faits de longues herbes négligées, d’une uniforme lumière citron, de chaleur qui cuit la terre et qui fait vibrer l’air. Les ombres sont si noires, si profondes qu’elles semblent aussi solides, aussi vivantes que les corps qui les projettent.

Par ici, l’été, même les matins, quand je me lève, je laisse la chaude confusion de mes draps pour aller dehors, sur les pavés de la cour, et j’examine la grille de la bouche d’évacuation.

Entaille, petit trou, petit ravin.

Même par ce temps, une moiteur secrète y scintille.

Moi, elle me fait peur.

Cette canalisation. »



L’incipit de « Jusque dans la Terre » donne le ton, celui de l’ambiguïté, celui du rapport au corps, à la terre, à la physicalité des choses. Dans sa construction, nous ressentons les tensions, sentons l’air pesant, l’odeur de la terre humide, celle de la chair usée et du cuir tanné. Avec cette constante réflexion en point d’orgue : et moi, que suis-je dans ce vaste monde ?



Car Ada symbolise à elle seule bien des mondes : le regard du lecteur qui parcourt son histoire, le regard de l’humain fasse au fait de devoir déterminer son genre, le fait de devoir chercher sa place dans ce monde, le poids de l’héritage, l’abandon des espoirs ou encore le déterminisme social comme potentiel couperet à nos espoirs. Et le roman s’accroche fidèlement au corps d’Ada, comme une seconde peau du personnage. Car ici, il est question du corps, du corps changeant, grandissant, se modelant et s’usant. Ici, l’autrice parle du passage à l’âge adulte, de devenir femme et mais aussi de subir le fait d’être femme dans son rapport aux autres, aux hommes, au patriarcat.



Mais au-delà, et surtout dans sa forme, l’autrice nous plonge dans une forme de réalisme magique. Un monde rempli d’ambiguïté dans son rapport à lui-même. Ici, la frontière est ténue entre la réalité que nous connaissons et ce que nous pourrions appeler une symbolique chamanique. Comme dit plus haut, Ada et son père sont soigneurs, mais pas comme vous l’entendez. Ils soignent par le chant, ouvrent les corps pour soigner les organes touchés, enterrent les corps pour les guérir, le tout dans une approche très intuitive et viscérale. Ce tout donnant une ambiance, une couleur et un univers dense et d’une incroyable cohérence. Ce réalisme magique entre en écho avec le parcours d’Ada, les deux parts se répondant dans une transe souvent poétique et épurée, en recentrant la narration sur un immédiat à vif et brillant par son questionnement et sa pudeur.



« Les semaines qui ont suivi, un animal me suivait partout.

Toujours tout près de moi, à quelques pas, à ma gauche ou à ma droite.

Un animal avec quatre pattes, une courte queue et une bouche comme une plaie ouverte. Je me disais que ce n’était qu’une chimère produite par un cœur brisé, mais quand je le regardais, je le voyais, gros, clair, vivant.

Mourant d’envie de plonger son museau dans mes entrailles ouvertes.

Il voulait me manger le cœur, et parfois, j’aurais voulu le laisser faire. »



Ce livre est une claque comme trop rarement nous en lisons. Un texte offrant toute sa tension aux mots, au sens de la phrase, se construisant comme une spirale dansante, gagnant en vitesse, s’aiguisant, puis devenant tranchante. C’est viscéral, profondément tellurique, rêveur, insouciant et grave à la fois. Une folie que l’on pourrait classer quelque part entre les nouvelles d’Ariadna Castellarnau et « Les sœurs Blackwater » d’Alyson Hagy. Mais ce serait trop facile, il faudrait y ajouter la magie d’un Neil Gaiman (pensez aux femmes Hempstock dans l’Océan au bout du chemin.) et ajoutez-y un, je ne sais quoi qui relève du grandiose de l’intime. Bref, un texte puissant écrit par Sue Rainsford magnifiquement traduit par Francis Guévremont et publié par les talentueuses Forges de Vulcain.
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Jusque dans la terre

🌎RESUME : Ada vit avec son père dans une clairière, en bordure d'une forêt, non loin de la ville. Ils passent leur temps à soigner les habitants qui leur confient leurs maux et leurs corps, malgré la frayeur que ces deux êtres sauvages leur inspirent parfois. Un jour, Ada s'éprend de Samson, un de ces habitants. Cette passion, bien vite, suscite le dépit voire la colère du père de la jeune fille et de certains villageois.



🌎MON AVIS : J'ai eu ce livre dans le cadre de mon abonnement à la Kube.

Je n'ai pas du tout accroché à cette lecture, que j'ai trouvé invraisemblable.

On y suit Ada, une "personne" qui n'est pas humaine, qui ne vieillit pas et qui tombe "amoureuse" d'un humain. Pour soigner les gens qui viennent les consulter, elle leur ouvre le ventre, ou ils sont enfoui dans la terre. Mais, ils ne meurent pas !!!

Tous ces évènements font que je n'ai pas du tout adhérer à cette histoire.

J'ai néanmoins terminé ma lecture, même si l'envie d'abandonner était là, mais un fois avoir lu 110 pages sur les 212 pages, je me suis dit "fais un effort et termine". J'avais aussi espoir qu'il se passerait quelques choses d'exceptionnel. Mais non !

Je suis donc totalement passée à côté de cette lecture, car je ne suis pas du tout le public ciblé. Ce n'est pas du tout le genre de roman que j'aime. Ce n'est pas pour autant une déception, car je n'attendais absolument rien de ce livre.
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Jusque dans la terre

Ada n'est pas une jeune femme comme les autres. Elle est une créature de la Terre, qui a le pouvoir de soigner les gens, et ses dons sont reconnus dans toute la contrée dans laquelle elle vit avec son père : de nombreuses cures - le nom qu'ils donnent aux habitants - viennent en effet les voir pour soigner, contre argent, tous leurs maux, plus ou moins graves, lorsque cela est possible, en des procédés bien incongrus que je vous laisse découvrir. Jusqu'au jour où Ada va faire une rencontre qui va la faire changer, et faire changer sa relation à son père, et aux cures...



Quelle étrangeté que ce roman, tout autant qu'Ada, qui, en de brefs chapitres laissant tant la parole à la protagoniste qu'à ses cures, nous percute de plein fouet de son univers sombre, dérangeant, finalement hypnotisant. Il m'a fallu du temps pour comprendre où voulait m'emmener Sue Rainsford, mais une fois qu'elle m'a prise dans ses filets, impossible de ne pas terminer ma lecture d'une traite.



C'est une expérience difficile à décrire, d'une intensité vraiment particulière, qui nous propose un rapport à la Nature franchement paradoxal, en ce qu'elle est ici tant source de bienfaits que de méfaits - même s'ils sont à relativiser lorsque l'on connaît les raisons des méfaits -.



Une lecture qui m'a soufflée, qui m'a vraiment bousculée, qui fut une riche découverte. Je vais suivre l'actualité de l'autrice de près désormais.
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Jusque dans la terre

Un roman étonnant, pas du tout dans le style de ce que j’ai l’habitude de lire et d’aimer. Lors des premières pages je me suis dit « Oh… Encore une de ces histoires semi-fantastiques qui sont de plus en plus communes depuis l’avènement de la littérature Young Adult ! » mais non, au fil du récit, l’étrange est subjugué par l’écriture de l’autrice au point que je me suis presque sentie envoûtée. Impossible de fermer le livre. Un des romans les plus originaux que j’ai lus. Il ne ressemble à rien d’autre.
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Jusque dans la terre

"Il me racontait comment il avait assemblé les différentes parties de moi, et comment il avait tout mis dans un sac, fermé avec une corde, et attendu un orage avant de me mettre dans le trou."



Ada n’est pas comme le commun des mortels. Née de la terre, Ada est une conception de son père, un homme solitaire qui connait les propriétés uniques de la terre qui les entoure.

C’est au coeur d’une clairière qu’Ada a grandi, elle a vu les cures défiler chez eux toute sa vie. Son père est le guérisseur des environs, il est connu pour ses pratiques étranges ; on admire ce qui nous soigne, mais de loin seulement, parce que ça fait peur.



Sue Rainsford s’encombre peu des genres, elle mélange pour donner un roman fulgurant. L’horreur des scènes « d’opération » est annihilée au profit d’une beauté, d’un soin qui étonne. La crudité de certaines scènes comme celle de la conception d’Ada est choquante, mais étonnamment elle ne dégoûte pas. Les faits sont là, mais ils n’ont pas l’aspect rebutant qu’ils devraient avoir — le passage de la création de la fente d’Ada est remarquable, on oscille entre étonnement, dégoût et compassion.



Les choses auraient pu demeurer telles quelles, elles auraient pu rester figées dans le temps, Ada et son père à l’épreuve de la vie et des autres.

Ça aurait pu si le désir ne s’était pas immiscé, si Ada n’avait pas rencontré Samson, si ce dernier l’avait évité comme les autres.

Ça aurait pu s’il n’y avait pas eu ces choses qui sont là mais que l’on ne nomme pas.



Jusque dans la terre est un sacré roman d’ambiance, Sue Rainsford créer une atmosphère obscure, parfois malsaine, jamais étouffante. Elle nous raconte le parcours d’Ada comme si elle tissait une toile, avec minutie et attention. Et quand les années passent, quand la dernière page arrive on ne sait plus ; que doit-on retenir ?

La force et la résilience d’une femme pour s’émanciper et s’accomplir ou l’élan d’un premier amour destructeur ?

Roman admirable pour sa capacité au contraste entre l’horreur des événements et la beauté de l’écriture (on doit d’ailleurs cette super traduction à Francis Guévremont), roman magnifique sur la différence et la naissance du désir, Jusque dans la terre est une très belle découverte. Un immense merci à Babelio et Aux forges de Vulcain pour l’envoi !
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Jusque dans la terre

J’étais très intriguée par le résumé de ce roman, mais aussi par sa couverture qui a tout son sens une fois la lecture terminée. Et je vous avoue que je suis ravie de m’être laissé tenter, car j’ai passé un bon moment et je suis totalement sortie de ma zone de confort.



Il est bien difficile de qualifier ce bouquin et de le faire rentrer dans une case ou dans l’autre et c’est ce qui le rend si intéressant. On oscille entre fantastique et contemporain et on en arrive souvent à se demander de quel côté on est. L’horreur est aussi présente mais plus dans le sens de la noirceur humaine et du côté sombre et étrange de l’histoire.



On va suivre Ada qu’on a du mal à cerner, tout comme ce roman. Elle semble être une sorcière et nous allons découvrir au fil des pages le pourquoi du comment, qui est très intéressant. On va s’attacher à notre héroïne, car elle va nous rendre curieux. Elle vit avec son père qui, lui aussi, a sa part d’étrangeté et de bizarrerie. Cette histoire de guérisseurs et de cures est vraiment bien tournée et j’ai aimé découvrir ce que les cures pensent de ce père et de cette fille. Nous allons aussi faire la connaissance de Samson qui va faire naître une légère romance certes, mais l’autrice va nous emmener bien plus loin que ça dans la relation entre Samson et Ada.



Ce roman, c’est aussi tout un lien autour de la terre, cette terre de leur jardin qui a un pouvoir spécial et j’ai trouvé l’idée très originale. Une fois qu’on a commencé notre lecture, on se sent embarqués dans un monde totalement immersif et il est difficile de quitter nos personnages.
Lien : https://geek-o-polis.com/202..
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Jusque dans la terre

Une lecture indéfinissable, rien de ce que je n'avais lu jusqu'alors n'est comparable ou similaire.

J'ai été envoutée par la langue poétique; l'atmosphère lourde et pourtant langoureuse. C'est une expérience sensorielle que cet ouvrage. Je me suis personnellement laissée absorbée par cet univers et j'ai dévoré ce bouquin en moins de temps qu'il n'en faut pour en écrire sa critique
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Jusque dans la terre

Une lecture intéressante pour ses usages assez audacieux du fantastique, entre allégorie et inquiétante étrangeté.

Pas ce que je préfère personnellement, mais indubitablement captivant et prometteur pour son autrice dont je devine qu'elle en a encore pas mal en réserve. Je serai curieux à l'avenir.
Lien : https://syndromequickson.com..
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