TJ Nichols

Bien sûr, il n’avait pas l’intention de blesser Angus, mais ça arrivait aux gens qu’il aimait. La capacité qu’avait Angus de se mettre en danger sans réticence le terrifiait. Il aurait largement préféré protéger le jeune homme que lui souhaiter bonne chance.
Au moins s’ils partageaient un démon, il aurait une meilleure chance d’empêcher Angus de se détruire en sauvant le monde. Ce n’était pas leur travail. Des gens plus intelligents, plus qualifiés essayaient de le faire, même si bombarder d’autres pays n’était pas la chose intelligente à tenter. Le monde entier se battait et cherchait un bouc émissaire et personne ne semblait avoir un plan pour restituer la magie à Démonie.
Quitter Vinland n’avait pas marché. La magie serait toujours coincée. Mais Vinland envoyait un balayage de plus en plus régulièrement, semblait-il, semant mort et douleur et volant encore plus de magie. Les Mayas essayaient de trouver un moyen d’arrêter ça, en vain.
Et si rien ne marchait ?

Son souffle s’accéléra, le désir s’enroula en bas de son ventre, et Angus retira sa main. Terrance allait la reprendre, mais Angus le mordilla dans le cou avant de l’embrasser au même endroit. C’était un aspect très différent d’Angus.
Ce n’était pas Angus, son petit ami. C’était le mage Angus. C’était comme ça que Saka l’avait initié à la magie sexuelle. Terrance leva les yeux vers les orbes. Ils luisaient légèrement. Quelque chose se produisait en raison de ce qu’ils faisaient ou, plus exactement, de ce qu’Angus faisait.
Terrance ferma les yeux et se laissa porter par la sensation. Sa peau le tirait en anticipation de chaque contact, et quand Angus glissa un doigt sous la ceinture de son pantalon, son souffle se coupa. Les doigts ne faisaient que frôler sa chair durcie, mais ses hanches s’agitèrent.
Angus se rapprocha pour qu’il n’y ait plus d’espace entre eux. La longueur rigide de son sexe reposait au creux des fesses de Terrance, qui se pressa tout contre, espérant l’exciter pour le pousser à agir.

Ce qui se passait était en train d’essayer de le tuer pour prendre la magie en lui. Il n’avait pas survécu jusqu’ici pour être terrassé par une espèce de tempête. Il s’enfonça les ongles dans la paume assez profond pour se couper. Faire couler le sang ne le troublait plus. Le sien avait été répandu si souvent. Il s’écarta de la porte juste assez longtemps pour passer la main ensanglantée sur la balustrade et créer une ligne supplémentaire de protection.
La sensation d’aspiration diminua. L’immeuble tremblait toujours, et les autres alentours aussi. C’était comme si le sol lui-même bougeait.
Y avait-il un sort dans l’orage pour collecter la magie ?
Le souffle court, il se retrouva à genoux quand tout se calma et que le ciel devint rose. Des alarmes retentissaient dans tout Uxmal et dans son appartement pendant que les amortisseurs hurlaient leur alerte.

Il comprenait pourquoi les magiciens ne voulaient même pas avoir de démons. C’était une source d’ennui.

Angus inspira. La magie montait entre eux, mais ici en extérieur, il n’y avait aucun moyen de la récupérer… aucun besoin. Il n’y avait pas de cercle. Juste eux. Pourtant son entraînement restait dans ses pensées, quoi qu’il fasse pour y échapper.

Il écarta les fesses d’Angus et regarda la pluie courir sur la chair exposée et former un ruisseau se terminant en cascade sur ses testicules. Saka enfonça son visage entre ses cuisses pour goûter l’eau. Angus sursauta et écarta encore un peu plus les jambes, mais Saka ne s’attarda pas.

Tout ce qu’il voulait, c’était qu’Angus soit prêt à le recevoir. Il joua de sa langue sur son bouton de rose, tournant et titillant. Le souffle d’Angus s’accéléra et la magie tourbillonna autour d’eux, sans retenue. Il pourrait la rassembler et ne pas la gâcher. Ce serait si simple de retomber dans ses habitudes de mage. Même si Angus avait été un démon, ils auraient pu utiliser leur désir pour susciter de la magie. Ce n’était que parce qu’il était humain qu’ils pouvaient s’en servir pour rééquilibrer.

Saka fit courir ses doigts à l’intérieur de la cuisse d’Angus, caressa ses testicules et le dessous de son sexe.

À chaque fois qu’Angus revenait, ils devaient reconstruire la chose fragile entre eux.

Terrance tendit une main vers Angus puis l’attira sur ses genoux pour qu’ils se fassent face. Il l’embrassa. Un baiser doux, tranquille. Il posa ses mains sur les hanches d’Angus, qui mit ses bras autour de son cou.

C’était si simple de se laisser aller dans les bras de Terrance. Il n’y avait peut-être rien d’autre que du sexe entre eux. C’était peut-être la seule chose pour laquelle il était doué des deux côtés du vide. Il devrait arrêter tant qu’il ne savait pas ce qu’il se passait, mais il n’en avait pas envie. Sa peau était sensible mais le désir qu’avait éveillé et soigneusement nourri Saka la nuit précédente était encore bien présent, prêt à s’enflammer au moindre baiser.

— Oui, prendre du plaisir est permis.

Avec ces quelques mots, il s’autorisa à profiter de ce qu’il avait. La magie ne pouvait représenter toute sa vie ou il en oublierait ce pourquoi il se battait.

Ce n’était pas le fait qu’Angus ait couché avec Terrance qui le faisait souffrir. C’était le fait qu’Angus appréciait l’autre homme comme il aurait voulu qu’il l’apprécie, lui. Une fois, le sorcier lui avait demandé ce qu’il y avait entre eux deux et il lui avait répondu par des faits : ils étaient mage et apprenti, démon et sorcier. Il y avait un lien incassable entre eux. Mais c’était bien plus que cela. Il se mentait à lui-même déjà à ce moment-là.

Ils étaient amis.

Ils étaient amants, et il était amoureux.

Angus en resta bouche bée.
— Vous allez tuer le démon ?
— Je n’ai pas le choix. Tu peux blâmer Saka pour ne pas avoir obéi.
Non, il ne blâmerait pas Saka.
— Pourquoi ne pas l’entraîner pour qu’il devienne mage, plutôt ?
Kabil et Cadmael s’entre-regardèrent, mais ce fut ce dernier qui parla.
— Tous ne sont pas faits pour être des mages. Tu dois bien le savoir. Toutes les vies ne peuvent être sauvées. La mort a un rôle et un prix.
Pas pour les gens qui meurent.
— Je vais montrer la ville à Angus pour qu’il puisse comprendre, proposa Kabil. Les Vinlandais considèrent la mort comme quelque chose à craindre et à fuir, pas quelque chose à célébrer.
Angus ne pouvait même pas s’imaginer célébrer la mort.

— Merde ! s’exclama Terrance la bouche pleine.
Il ne s’agissait pas de frapper dans une balle ou même de l’attraper.
— Pitz, affirma le soldat avec fierté.
Angus était horrifié. Cela ne ressemblait à aucun jeu qu’il avait vu avant. La balle rebondissait sur les coudes et les genoux et ne touchait jamais le sol ou les mains des joueurs. Comment quelqu’un pouvait simplement apprendre à y jouer ? Comment Terrance allait l’apprendre ? Il le regarda du coin de l’œil.
Terrance regardait avidement, suivant le jeu, ayant oublié qu’il tenait à manger.
L’un des garçons envoya la balle à travers un anneau sur le côté et tout le monde hurla de joie.
— Il a marqué un essai. En quelque sorte…
L’inquiétude perçait dans la voix du rugbyman.
L’équipe perdante s’agenouilla au milieu du terrain et les vainqueurs firent semblant de leur couper la tête. Les perdants moururent en silence sans aucune fioriture, puis se relevèrent et commencèrent une autre partie.

Les Mayas ne le scrutaient plus comme s’ils craignaient qu’il fasse quelque chose d’horrible.
L’intérieur était de pierre grise. Les murs étaient vivement décorés de scènes ayant sûrement une signification. Mais pour lui, elles ne montraient que des gens, des démons et des morts.
Il s’attendait à être mené au sommet pour rencontrer son destin. À la place, Cadmael ouvrit une porte et le fit entrer dans une pièce vide à l’exception d’un homme encagoulé assis sur une chaise. La cagoule importait peu. Angus savait de qui il s’agissait. Il dut se retenir de courir la lui retirer. C’était la première fois qu’il pouvait voir l’un des sorciers qui avaient fui le Vinland.

— Je ne peux pas tout t’apprendre avant que tu ne repartes. Alors qu’as-tu besoin de savoir ?

Saka regarda ses mains. Il n’y avait plus de sang coagulé sous ses ongles. Il les avait bien frottés. Mais il faudrait du temps avant qu’il ne soit capable d’enseigner de nouveau la magie du sang à Angus.

Le jeune homme fronça les sourcils.

— C’est à moi que tu poses la question ?

— Je sais que tu veux apprendre à soigner, mais tu n’es pas encore prêt pour ça.

Et ça ne te servira à rien pour te battre contre des sorciers. De quoi as-tu besoin pour vaincre l’Université ? Tu les connais mieux que moi.

Angus se tut. Jusqu’à présent, Saka avait toujours décidé le contenu des cours. Ils avaient vu les bases, comme la magie sexuelle et celle du sang, et comment tirer de la magie de son environnement. Mais utiliser cette magie et la diriger dans un but précis était bien plus dur à faire, correctement. Les mages passaient des années à l’apprendre. Angus – et Arlyxie – n’avait pas ces années.

— Je dois pouvoir me défendre seul.

Il se toucha de nouveau le ventre.

La pression sur la neige derrière lui fut son seul avertissement. Il se tourna à moitié, mais on le poussa pour le mettre à genoux avant qu’il fasse quoi que ce soit. Un sort fut lancé pour fouiller les souvenirs qu’il n’avait pas eu le temps de cacher. Ce n’était pas la première fois qu’un sorcier forçait son chemin dans son esprit. La dernière fois, l’Université avait essayé d’effacer ses souvenirs de Démonie. Sans succès, car Miniti les avait ancrés en lui.

Ils n’étaient pas seuls dans le champ. Il pouvait entendre les autres, leurs gémissements et leurs soupirs, mais il n’en distinguait que des ombres. Tout autour de lui, les gens apportaient leurs contributions à la magie tout en fêtant les semailles.

Saka enroula sa langue contre le gland d’Angus, lui arrachant un frisson de plaisir. Il serait si facile de se laisser aller, mais il ne voulait pas finir si vite. La façon dont Saka le torturait et le faisait languir jusqu’à ce que le désir brûle toutes ses cellules et occupe toutes ses pensées lui manquait. L’intensité et la proximité de ces moments n’avaient jamais été égalées par quoi que ce soit.

Les gens étaient là à le regarder et à le filmer avec leurs téléphones. Certains s’étaient perchés sur les voitures espérant être en sécurité.

— L’université est responsable. Elle a amené ces créatures pour être sacrifiées et récupérer leurs magies. C’est ce qui cause le froid.

— Attention ! cria une femme.

Le sorcier se tourna pour voir une bête bondir sur lui. Il eut à peine le temps de se protéger. L’animal ne voulait pas de Jim saignant déjà à terre. Avait-il été piqué ? Est-ce la raison pour laquelle les manticores l’ignoraient et se concentraient sur lui à la place ?

Le dernier groupe de stagiaire arriva avec quelque chose avec eux.

Tandis qu’il essayait d’atteindre Jim, les murs de Lizzie et de Norah se rapprochèrent et dirigèrent les animaux vers le dernier groupe.

Angus était coincé au milieu. S’il ne bougeait pas très vite, il serait coincé avec les créatures. Les manticores frappaient son bouclier, le renversaient et l’entouraient. Elles attendaient qu’il s’affaiblisse.

Et soudain, elles partirent vers une cage magique. Angus pouvait l’apercevoir à moitié camouflée. Puis elles s’évanouirent.

Malgré son nom, l’Université ne s’intéressait pas à l’étude de la magie. Si c’était le cas, elle encouragerait l’usage de la magie naturelle, même pour les sorciers. Seul le contrôle de la magie et le pouvoir l’intéressait. Ceux qui désobéissaient étaient écrasés. La seule chose qui leur permettait de survivre était la résistance.

Celle-ci était clairement devenue une rivale de l’Université. Le but d’origine, entraîner les magiciens, n’était plus qu’un lointain souvenir. Peut-être que si elle prenait le dessus, cela redeviendrait d’actualité, à moins qu’elle ne considère, comme l’Université, les magiciens entraînés comme une menace. Un magicien était tout sauf faible.

— Où suis-je ?

— Dans ce que tu appelles la Démonie. Nous l’appelons Arlyxie. C’est l’une des dimensions les plus proches de la tienne. D’où les fuites de l’une à l’autre.

— Quoi ?

Seule la première partie de cette phrase était claire. Il savait où était la Démonie, et il espérait ne pas y être. Toutes les discussions à propos de démons invoquant des sorciers devinrent soudain plus réelles. Certains de ces sorciers manquants n’avaient jamais été retrouvés.

Angus savait qu’il aurait dû paniquer, crier, supplier ou faire quelque chose, mais tout ce qu’il ressentait, c’était un engourdissement choqué.

— Ne t’inquiète pas. Nous ne passons pas notre temps à attraper n’importe qui. Nous ne prenons que ceux qui se proposent comme sacrifice. Comme toi.

— Je n’ai rien proposé. C’était une partie du cours et je ne voulais même pas être là, d’abord.

Il n’avait jamais voulu être un sorcier.

— Mon père m’a forcé à aller à l’université sorcière. J’aurais préféré être médecin ou vétérinaire.

Angus s’apprêta à créer un cercle, n’étant pas pressé de se séparer de son sang ou de son âme, mais Saka fut plus rapide et attrapa son poignet. Le cercle se referma sur eux deux. Il déglutit et regarda Saka dans les yeux.

Le torse nu du démon se levait avec chaque respiration, ses narines palpitaient.

La pointe de désir qui avait frappé Angus la première fois qu’il avait vu Saka revint. C’était peut-être son sourire tranquille, ou la façon dont il était à moitié déshabillé. Angus avait toujours eu un faible pour les hommes à moitié nus. Saka était peut-être un démon, mais il était avant tout un mâle.

Seuls quelques millimètres séparaient leurs lèvres. Angus franchit l’écart et vola un baiser. Il ne pouvait plus attendre ; le besoin le dévorait de l’intérieur.

Il y eut un craquement dans l’air, comme avant un orage, quand leurs lèvres se touchèrent. La chaleur roula le long de la colonne d’Angus. Il n’avait pas réalisé la durée de son célibat ni l’envie pressante qui montait en lui. Une petite part s’inquiétait de ce qui se passerait une fois rentré chez lui, mais personne n’avait à savoir ce qu’il s’était passé de ce côté du vide.

La queue de Saka se referma sur son poignet, tandis qu’une main s’aventurait sous son maillot. Le torse de Saka était nu. Angus en profita en passant sa main sur la peau du démon. Quand la langue du démon frôla sa lèvre, Angus ouvrit la bouche. Il ferma les yeux pour savourer l’instant.

Ils étaient impressionnés par Angus, par sa conduite et par la quantité de magie qu’il avait relâchée. Ils étaient contents de lui. Que le peuple ait foi en son mage était toujours une bonne chose. Si les gens l’aimaient, Miniti aurait plus de difficulté à l’écarter si elle le trouvait gênant.

Si cela se passait mal avec Angus, Saka pourrait devenir un problème. Saka avait quand même un avantage : il avait déjà eu un sorcier avant et il avait réussi à lui faire voir les conséquences néfastes de ce que faisaient les humains.

Avec Angus, il était déjà au-delà. Angus savait que quelque chose n’allait pas, et il était volontaire pour participer à la magie. Saka esquissa un sourire. Son sexe se durcit à ce souvenir.