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Critiques de Terri Windling (53)
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Blanche Neige, rouge sang

Où comment revisiter les contes (Grimm, Andersen, …) bien loin des standards Disney.



J'ai ce recueil dans dans ma PAL depuis 1 an environ, c'est un don de mon ex-belle-mère. Si Kateginger ne me l'avait pas pioché pour Mars, je crois qu'il aurait fini par prendre la poussière. Et pourtant, c'est moi qui l'ais choisi dans sa bibliothèque puisque j'apprécie les contes. Je voulais vérifier si leur version revisitée me plairait autant. Par ailleurs, je ne suis pas une grande fan des nouvelles, à part quand il s'agit d'un regroupement de différents auteurs qui nous permet de découvrir leur style. Cette lecture a finalement été un peu mitigée suivant les contes.



Nous avons donc 17 contes dans ce recueil, revisités par différents auteurs dont certains connus : Tanith Lee, Neil Gaiman et Patricia A. McKillip. Pour chacun d'entre eux, je donne un petit avis suivant l'histoire, le style et/ou la ressemblance avec l'original. Cela dépendait de mon humeur à la fin de chaque lecture de conte.

- « Perce-Neige » ou « Blanche Neige » dans un monde futuriste où les maisons sont totalement automatisées. J'ai été très étonnée de la logique de l'auteur. Je ne connais pas tous les contes mais c'est agréable de les redécouvrir de cette façon-là surtout quand ils riment avec Fantasy. Je m'attendais un peu au pire avec la 2ème partie de ce recueil.

- Nous avons également un remake de « La Lune morte », je ne connais pas du tout mais j'ai adoré le style de l'auteur. Cela m'a donné envie de découvrir plus sa bibliographie.

- Pour « Le Haricot géant », on y retrouve un Jack adulte et aigri qui fait tout en dépit du bon sens. Mis à part ça, l'histoire ne m'a pas permis d'apprécier le style de l'auteur.

- Il y a aussi « Carmina » ou « Le Petit Chaperon Rouge » en version très moderne et adulte où le loup est un homme distingué et les femmes sous sa coupe sont loin de se douter ce dont il peut être capable.

- Kathe Koja nous livre une toute autre version du « Petit Chaperon Rouge ». Elle est pour le moins inattendue, même si à la fin je commençais à me douter de la tournure que ça allait prendre.

- « La fille de Gothel » ou le conte de « Raiponce » en version très adulte.

- « Pistil » ou le conte de Poucette, qui m'a été expliqué peu de temps avant ma lecture et ça m'a permis d'y voir les différences. Il a vraiment modifié le conte d'origine d'une drôle de façon…

- « Le Petit Poucet » n'est pas mon conte préféré de base, mais là, encore moins.

- « Les enfants substituées » ont failli me faire abandonner la lecture de ce recueil car l'atmosphère y est beaucoup trop morose et glauque. J'ai été obligée de faire une petite pause et de passer par la lecture de quelques mangas pour arriver à lire les derniers contes.

- « Le pont du troll » se laisse lire mais il est très bizarre.

- « Comme les voix d'une chorale d'anges » a un univers vraiment curieux. Je ne connais pas le conte d'origine même s'il me semble qu'il me dise quelque chose.

- « Chaton » a été découvert en partie grâce à Grimms Manga mais je doute que cela soit la version originale du « Chat botté ». Celui-ci est très intéressant, il donne envie d'en découvrir plus de cette auteur (Friesner).

- « Le cercueil de verre » me fait beaucoup penser, en plus court, à « Enchantement » d'Orson Scott Card. J'avais toujours cru que c'était lié à « La Belle au Bois dormant » mais il semblerait que non. Celui-ci se déroule en Italie, à la fin du XVème siècle.

- « Miettes et cailloux » a été une curieuse histoire, je ne m'attendais pas du tout à cette fin.

- « Couteaux » est un poème sur « Cendrillon », il était très étrange.

- Heureusement que « La reine des neiges » était le dernier conte car à lire trop de contes modifiés bizarrement, je finissais par saturer. Celui-ci aussi a été bizarre à lire, je n'ai pas du tout accroché à l'histoire.



Comme vous l'aurez compris, la lecture de ce recueil a été plutôt mitigée, ça a beaucoup dépendu des histoires et des imaginations des différents auteurs. Pour certains, j'ai adoré les découvrir et pour d'autres, il me tardait juste de finir le conte sans forcément y retenir grand-chose mis à part des ambiances bizarres. Ils devaient sans doute faire partis des contes rimant avec Horreur, vraiment pas ma tasse de thé. Dommage car beaucoup d'auteurs sont des inconnus malgré les petites biographies avant chaque début de conte, certains semblent être connus dans la réécriture de contes. Si vous êtes amateurs de contes plus ou moins connus et revisités, je vous conseille de découvrir ce recueil qui est loin d'être récent mais dont les auteurs ne sont pas forcément plus connus. Pour ma part, dès que je pourrais, je vérifierai les bibliographies françaises des différents auteurs dont le style m'a plu car j'ai bien peur que pour la plupart, ils ne soient connus que dans leur pays d'origine (Canada ? USA?). Si c'est possible, j'aimerais bien découvrir ce qu'ils ont fait d'autres. Petit couac de cette vieille version, quelques coquilles ont été oubliées par l'éditeur, principalement des problèmes d'accords (il bougeaient, un vieille homme) et des fautes d'inattention (bon pour bond, voies pour voix, pause pour pose, …).



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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L'épouse de bois

Folklore celtique et mythes amérindiens avec l’Epouse de Bois, premier roman de Terri Windling.

Un joli conte qui côtoie le chant de la flûte navajo et des chamans et où le coyote affronte le cerf blanc, autant de symboles propres à des mythes éloignés qui se rejoignent dans ce récit fantastique.



Maggie Black est écrivain. A la mort de son ami David Cooper, avec lequel elle entretenait ne correspondance régulière, elle découvre que de dernier lui a légué sa propriété au coeur du désert de l’Arizona. Dès son installation dans les lieux, elle fait face à d’étranges phénomènes tout droit sortis des contes de fées.



Cette lecture a été un énorme coup de coeur. J’ai particulièrement aimé le style de l’auteure qui alterne entre le lyrisme de la correspondance et le rythme de l’action.

Terri Windling livre également une belle réflexion sur le processus de création artistique, que ce soit dans le domaine des lettres ou celui de l’art pictural.

J’ai découvert pas mal de créateurs grâce à ce texte et redécouvert d’autres, comme l’excellent Brian Froud qui illustre superbement la couverture.



Je recommande cette lecture à tous les amoureux des arts et des mythes.
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Blanche Neige, rouge sang

C'est toujours difficile de critiquer un recueil de nouvelles émanant de plusieurs auteurs car la qualité est souvent inégale. Et c'est exactement ce qu'il se passe avec celui-ci.

Cependant, je ne peux pas dire que j'ai vraiment apprécié ma lecture. J'ai plutot osciller du bof au beurk. Aucune nouvelle ne m'a vraiment conquise. Pourtant, j'aime beaucoup les réécritures de contes d'habitude...
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L'épouse de bois

Seconde lecture de cette œuvre, et mon amour fou et émerveillé pour elle se confirme.



Je ne sais pas trop par où commencer.



J'ai aimé l'Art, présent tout au long du récit. On ne pense pas forcément trouver des réflexions sur la pratique artistique, picturale ou littéraire, dans une œuvre qui se déroule en plein désert. Apologie de l'Art, manifeste pour l'Art. Dans toutes ses formes, ses inspirations, le statut des artistes, la page blanche, l'incapacité de dire, d'écrire, de représenter.



J'ai aimé aussi les lieux. Le désert aride, sec, synonyme de mort, de rien. Ici, c'est plein de vie. Coloré, hanté, retentissant d'échos, de parfums, de sons, de bruits. Peuplé de créatures magiques, de mythes, de folklores, de croyances.



Et puis les personnages, singuliers, hauts en couleurs, avec leur personnalité, leur histoire, leurs faiblesses, leurs casseroles.



Enfin, l'écriture, qui alterne passages narratifs, passages épistolaires. C'est gentiment contemplatif pendant les 4/5èmes du récit, puis la chute est vertigineuse ensuite.



J'ai aimé me perdre dans les interprétations, les sens, de cette œuvre. J'ai l'impression que je pourrais relire x fois et trouver x éclairages, x possibilités de sens, x chemins. C'est aussi un peu magique, ça, non ?





En revanche, j'ai repéré, avec cette seconde lecture, des coquilles dans le texte, et des maladresses de traduction, parfois il y a des trucs un peu bizarres. C'est dommage, un texte comme cela n'aurait pas seulement nécessité un beau package, il aurait mérité une traduction parfaite.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/t..
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Blanche Neige, rouge sang

Dans cette anthologie, Ellen Datlow et Terri Windling ont demandé à dix-sept auteurs anglo-saxons de réinventer les contes de fées ayant bercés notre enfance. Attention, pour un public adulte.

L'avantage avec ce type d'ouvrage, c'est que l'on peut découvrir une histoire à la fois, quand bon nous semble ...

Mais d'un autre côté, la qualité des récits étant assez inégale, j'ai véritablement éprouvé beaucoup de mal à poursuivre ma lecture. J'ai dû m'accrocher !

Avis mitigé donc. A vous de voir ...



*Perce Neige de Tanith Lee : Savoureuse version de Blanche-Neige qui nous donne envie de plaindre «la « vilaine » belle-mère …



*Prince Grenouille de Gahan Wilson : Chez le psy … A la fois poétique et repoussant.



*La lune se noie tandis que je dors de Charles de Lint : Conte plein de mystère et de poésie où l'on se prend à rêver.



*Le haricot géant de Nancy Kress : Un Jack alcoolique, infidèle et très amer !



* Carmina de Nancy wheeler : Un vilain loup qui a tout pour arriver à ses fins/faims. Sulfureux ! Mon préféré.



* Je t'égarerai dans les bois de Kathe Koja : Une charmante jeune fille habitant chez sa mère-grand se rend au village, tout de rouge vêtue, afin de vendre quelques jouets ... Qui est donc la bête dans les bois ?



* La fille de Gothel de Gregory Frost : Rapunzel en cloque ...



* Pistil de Harvey Jacob : Humour et cruauté au rendez-vous, mais quel étrange interprétation du conte "Poucette" ...



* Petit Poucet de Steve Rasnic Tem : Bof, je n'ai pas accroché.



* Les enfants substitués de Melanie Tern : Tiré d'un conte suédois que je ne connaissais pas. J'ai particulièrement apprécié les chansons ...



* le pont du Troll de Neil Gaiman : Rencontres avec un troll. Sympathique.



* Comme les voix d'une chorale d'anges de Leonard Rysdyk : Un piège à rats ... Cruel.



* Chaton de Esther M. Friesner : Variation intéressante autour du célèbre "Chat botté".



* le cercueil de verre de Jack Dann : Pic de la Mirandole face à son destin ...



* Miettes et cailloux de Lisa Goldstein : Hansel et Gretel sur fond de seconde guerre mondiale. Prenant.



* Couteaux de Jane Yolen : Texte résumant plus que brièvement "Cendrillon". Décevant.



* La reine des neiges de Patricia A McKillip : Se laisse lire, sans plus.





Challenge multi-auteures SFFF 2020

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Blanche Neige, rouge sang

« Blanche Neige, rouge sang » est une anthologie de contes de fées réécrits pour un public adulte.

Ecrits par des auteurs plus ou moins connus, ces contes reprennent la trame des contes de notre enfance, et tous ont en commun d’être particulièrement bien écrits. Chaque auteur a choisi un point de vue pour transformer l’histoire initiale en récit adressé à un public adulte : pour certains, le récit sera fait par un personnage différent de l’histoire originelle (par exemple Carmina / le petit chaperon rouge est racontée par le Loup, et on retrouve ce procédé dans Les voix d’une chorale d’anges), en créant une ambiance angoissante (Perce-Neige/Blanche-Neige en est un parfait exemple), au travers d’une fin inattendue (Le roi Grenouille est à la fois drôle et sadique), etc… Certaines histoires ont perdu tout ou partie leurs éléments fantastiques au profit d’une mise en perspective dans des problématiques modernes, après avoir subi une transformation symbolique de l’histoire originelle (c’est le cas notamment de Miettes et Cailloux / Hansel et Grettel, et de la Reine des neiges) ou en flirtant avec la folie (Les enfants substituées). D’autres enfin nous plongent dans des univers poétiques et nostalgiques (Le pont du Troll, de Neil Gaiman, est juste sublime !) ou onirique (La fille de Gothel / Rapuntzel).

En quelque pages, nous nous trouvons plongés dans un contexte, un lieu, une époque (j’ai trouvé particulièrement réussie l’évocation historique de Je t’égarerai dans les bois !/Le petit chaperon rouge), que l’on soit sur un registre réaliste ou plus fantaisiste. Ce qui est étonnant c’est que, bien que souvent brutaux, terrifiants ou avec une pointe d’érotisme, ces récits magnifiques réussissent la gageure d’entrainer les mêmes sentiments, les mêmes sensations que lors de la lecture d’un conte de fées. Si pour vous, les « Il était une fois » font encore battre votre cœur d’enfant, mais qu’ayant grandi, vous savez que les Princes Charmants viennent rarement sur leur cheval blanc pour réveiller les princesses d’un chaste baiser, n’hésitez plus : ce recueil de petits bijoux merveilleusement ciselés est fait pour vous !
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L'épouse de bois

C'est Acr0 Livrement qui m'a parlé de ce livre il y a quelques mois de cela, juste après ma lecture de Faërie de Raymond E. Feist. Selon elle, L'Epouse de bois avait tout pour me séduire. J'ai toute confiance en Acr0 et je me fie très souvent à ses impressions. Et de toute façon, quand j'ai vu la couverture et le sujet, recommandations ou non des copines, je n'avais plus qu'une idée en tête : l'acheter et le lire ! Une réédition chez Le Livre de Poche existe mais je voulais absolument l'avoir dans sa première traduction française chez Les Moutons électriques (collection de la Bibliothèque Voltaïque) parce que l'objet-livre est magnifique.

Finalement, et à mon plus grand regret, ce n'est pas un coup de coeur (j'en ai très - trop - rarement, de toute façon) mais j'ai beaucoup apprécié ce livre à l'atmosphère chargée en magie primitive. Une belle découverte et un très bel achat que je ne regrette absolument pas !



L'Epouse de bois n'est pas un roman à l'action haletante ni même avec un fil conducteur bien marqué (si ce n'est trouver une explication à la mort étrange de Davis Cooper). Il s'agit plutôt d'une plongée surprenante dans l'atmosphère particulière des montagnes et du désert de l'Arizona. Point de prophétie, de malédiction ou de combat contre le Mal ici, non, juste la rencontre avec une forme de magie primitive, une magie naturelle ancrée dans le quotidien de ces paysages sauvages.



Le lecteur effectue ce voyage en compagnie de Maggie Black, l'héroïne qui, après une vie turbulente à Los Angeles, quitte tout pour s'installer dans le chalet de Davis Cooper, vieux poète anglais lui ayant légué la plupart de ses biens (dont la maison). Fascinée par l'écrivain et par sa mort surprenante (noyé dans un cours d'eau asséché), Maggie veut lui rendre un dernier hommage en écrivant sa biographie et se plonge donc dans le passé du vieil homme. Elle-même poète et journaliste, elle semble pourtant avoir perdu le feu sacré au fil des années ; la quarantaine est là, c'est le moment des remises en question. La vie dans les montagnes va lui ouvrir les yeux sur beaucoup de choses : sorte de voyage initiatique chamanique... danse autour du feu, calumet de la paix et plume dans les cheveux en moins... quoique !



J'ai été surprise en jetant un oeil aux chroniques déjà publiées, de découvrir qu'une lectrice (je ne sais plus laquelle) avait été très déçue par sa lecture car s'attendait à un livre jeunesse au vu de l'illustration de couverture. Je suis surprise parce que pour moi, ce magnifique tableau signé Brian Froud, n'a absolument rien d'enfantin, bien au contraire ! J'y perçois beaucoup d'ambiguité (cette créature féminine est-elle "bonne" ou "mauvaise" ?) et une certaine sensualité. Et le texte qui se cache derrière est clairement destiné aux adultes. Pas qu'il y ait une quelconque difficulté de compréhension mais plutôt à cause des thèmes abordés et de la façon dont ils le sont. L'héroïne a la quarantaine, elle est bien loin des préoccupations adolescentes, et c'est tant mieux !



C'est donc un rythme assez long et contemplatif qui prévaut ici. Les éléments surnaturels s'intègrent petit à petit et naturellement à l'intrigue. Le lecteur s'habitue à croiser des animaux qui n'en sont pas vraiment et, comme l'héroïne, adopte petit à petit les croyances et certitudes des lieux. Entre folklore celtique et mythologie amérindienne, il n'y a qu'un pas !

Les créatures sont intimement liées à la terre qu'elles foulent et à l'air qu'elles respirent. Changeurs ou animaux-totems de la culture amérindienne et principe du "un prêté pour un rendu" très présent dans le folklore anglais (les humains passent des marchés avec les faes mais attention, comme celles-ci ne font pas la différence entre le Bien et le Mal, c'est souvent risqué !) se mêlent à merveille ici, offrant une ambiance très particulière. Chaque pierre, chaque feuille, chaque cactus, chaque animal des montagnes possèdent une essence propre et les personnages ont plusieurs visages (pour la plupart insoupçonnés !)... bref, l'atmosphère crépite de puissance magique et envoûte aussi bien Maggie Black que le lecteur.



Outre cette magie primitive très palpable, j'ai également apprécié la grande place accordée à l'Art dans ce roman. L'Ensorceleuse de Elizabeth Hand lie très intimement la Faërie à la peinture préraphaélite ; ici, les personnages évoluent dans un cercle d'artistes divers, du poète au peintre (en passant par le sculpteur et le musicien). J'aime énormément l'idée qu'un fil très solide et très intense existe entre Magie et Art ; et là, on est en plein dedans !

Le tableau de Brian Froud (l'illustration de couverture) sert d'ailleurs de bases à cette histoire. Terri Windling s'en est inspiré pour l'écriture de son roman et l'insère d'ailleurs dans son texte puisque les personnages ont l'occasion de côtoyer le travail de l'illustrateur, notamment ce tableau, alors baptisé L'Epouse de bois.

L'auteure dissémine également quelques extraits de poèmes, certains de Pablo Neruda, d'autres d'une certaine Anna Naverra (défunte compagne de Davis Cooper). Ne cherchez pas, cette dernière est le fruit de l'imagination de Terri Windling mais réalité et fiction se marient si bien qu'on ne sait plus où se situe la barrière... les coyotes qui hurlent à la lune dans l'Arizona sont-ils ce qu'ils semblent être ? L'ambiguité est peut-être vraiment présente dans les montagnes près de Tucson ? En tout cas, je me plais à le croire.



Terri Windling est un nom trop peu connu en France. Editrice et anthologiste de renom, l'américaine n'a que peu écrit et a été encore moins traduite dans notre pays, snif ! J'espère que cette erreur sera vite réparée dans les années à venir car c'est définitivement une spécialiste à suivre. Je possède Blanche Neige, rouge sang, anthologie qu'elle a dirigée en compagnie d'Ellen Datlow, que j'avais beaucoup aimé lors de ma découverte il y a de cela plusieurs années et qu'il faut absolument que je relise (pour vous en parler !).

Quelques coquilles se sont glissées dans la traduction de Stéphan Lambadaris, traduction que j'ai parfois trouvée un peu maladroite (j'ai plusieurs fois relevé des répétitions) ; malgré tout, il se dégage quelque chose de fort de la plume de Terri Windling : beaucoup d'images percutantes et comme un brin de magie, un peu comme si l'auteure avait glissé un peu de sa forte aura dans son texte. J'ai bien envie de rapprocher l'américaine de Loreena McKennitt qui, dans un autre registre (la musique en l'occurrence), fait passer comme un puissant courant magique. De toute façon, je pense qu'elles sont un peu faes toutes les deux.



Pas un coup de coeur mais un univers marquant, un thème que je veux plus que tout continuer à explorer et une auteure/éditrice/artiste qu'il me tarde de retrouver grâce à une autre de ses oeuvres !
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L'épouse de bois

Dans ce livre tout est magique. L'ambiance qui l'habite, les descriptions du désert et de la nature pure et farouche, les personnages qui sont tous artistes, artisans, créateurs ou guérisseurs et les mystères qui enveloppent toute l'intrigue, bien sûr. Il y a de la magie de fées et de la magie humaine.On comprend petit à petit, que c'est la même chose, que tout est lié et que c'est beau.



Il y a aussi une sorte de magie qui se crée entre le livre et le lecteur, qui finit par mêler ce dernier à l'histoire.



Souvenez-vous de ce que j'avais écrit ici : la couverture d'un livre n'est pas une publicité, elle fait partie du livre, elle est le premier pas dans l'univers de l'auteur. Pour L'Épouse de bois c'est tout à fait le cas. L'image de couverture est une illustration de Brian Froud, cité à plusieurs reprises dans l'histoire et dont l’œuvre y est décrite et exposée. Et le titre du roman est celui d'un des recueils de poèmes dont on fait continuellement référence tout au long du récit. Une harmonie complète se dégage de ce livre : on mélange la fiction et notre réalité de lecteur, le réel et le surréel, les esprits et les humains. Tout est lié et tout est beau.



Cette lecture m'a rappelé le film Princesse Monoke de Miyazaki à bien des moments. On y retrouve la nature et la magie si évidemment indissociables et ce message de préservation ; cette intimation à écouter, à voir au delà des choses, à faire corps avec elles nous les urbains, les être civilisés qui avons perdus nos racines.



Et parfois j'ai pensé à Morwenna, qui aussi voit des fées et vit avec cette magie naturelle, aussi réelle que tout le reste.



Pourtant L’Épouse de bois garde son identité propre. Maggie est un personnage fort, qu'on suit avec plaisir et les gens qu'elle rencontre en Arizona sont fascinants, vrais. L'intrigue nous attrape facilement, les mystères se multiplient, s'intensifient et la complexité de l'univers qui s’étoffe de page en page nous envoûte.



C'est Margaud Liseuse qui m'avait donné envie de lire ce livre. Je n'en avais jamais entendu parlé avant et il ne semble pas faire beaucoup de bruit sur la blogosphère (ou alors je suis passée à côté du buzz) mais je vous le conseille vivement si vous aimez être dépaysés et ensorcelés.
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Blanche Neige, rouge sang

Une autre lecture du Mois de la Fantasy (je rattrape mon retard comme je peux) et il s’agit en fait d’une relecture pour ce recueil de nouvelles qui m’avait fait forte impression quand j’étais ado.

Je ne fais pas durer le suspense : ma redécouverte adulte est davantage en demi-teinte.



L’aspect horrifique, glauque et malaisant est parfois poussif alors qu’il n’a pas forcément lieu d’être. Beaucoup d’histoires tournent autour de la sexualité, parfois avec de très jeunes protagonistes et bon, je ne vous refais pas la thèse du Petit Chaperon Rouge, mais vous voyez le genre. Alors à petite dose pourquoi pas, surtout si c’est véritablement intéressant pour le reste du scénario mais ce n’est pas franchement le cas dans le recueil.

Oui, de base les contes de fées sont sombres et accentuent volontairement les thématiques ; mais je n’y ai que rarement adhéré. Et c’est bien dommage, je suis la première déçue.



Plus avertie, plus aguerrie aujourd’hui, je n’ai finalement pas trouvé beaucoup d’originalité dans ces 17 réécritures (même si je conçois qu’une histoire n’a pas forcément besoin d’être originale pour avoir de la valeur) mais le pire, et c’est certainement ce qui me doit ce sentiment mitigé, c’est la traduction de certaines nouvelles. A commencer par la première qui utilise à outrance les connecteurs logiques. Alors je ne sais pas si c’est le style vo qui veut ça (la nouvelle est signée Tanith Lee) mais c’est moche, maladroit… horrible !

Toutes n’ont pas été prises en charge par le même traducteur… Et heureusement ! Quel lourdeur de style parfois ! Les textes méritent donc peut-être d’être découverts en anglais, si vous le comprenez et en avez l’occasion.



Je retiens tout de même trois histoires (finalement celles qui m’avaient déjà accrochée la première fois) : l’histoire du Pont du troll signée Neil Gaiman, classique mais efficace ; Comme les voix d’une chorale d’anges de Léonard Rysdyk, courte mais adoptant un point de vue surprenant ; et surtout, Les Enfants substitués de Melanie Tem dans laquelle la relation mère-enfant m’a beaucoup fait penser à Esprit d’hiver de Laura Kasischke.



D’autres grands noms de l’imaginaire anglo-saxon sont présents : Tanith Lee, Charles de Lint, Nancy Kress, Lisa Goldstein… Mais je ne retiens pas forcément leur production ici. Dommage, ils me convaincront peut-être davantage avec d’autres de leurs écrits, si ce n’est pas déjà fait !



Finalement, je crois que ce que j’ai préféré et ce que je retiens le plus de ma relecture, c’est la préface signée Terri Windling qui présente l’utilité des contes de fées non aseptisés et le pourquoi du comment de la naissance de ce recueil : c’est plein de références qui me parlent (musicales, picturales, littéraires…) ; c’est clair et inspirant !
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L'épouse de bois

Un livre à conseiller à tous les amoureux de la nature et de la féerie !



Cela fait des mois que je l'ai lu, je serai donc brève, n'ayant pas retenu chaque détail. Je vais donc vous livrer mon impression globale qui je l'espère, vous donnera envie de découvrir cette petite perle littéraire.



L'histoire évolue dans un paysage bien différent des mythes et légendes habituels. Quand on évoque les fées, les changelings, et la féérie, on a plus tendance à penser à de vastes contrées verdoyantes, ou à des forêts. Ici, l'univers est bien différent puisque l'action prend place en plein désert de l'Arizona. C'est d'ailleurs ce qui m'a fait hésiter si longtemps à me plonger dans l'histoire. Je ne voyais pas comment on pouvait trouver de la féérie dans ce genre de décor ! C'est pourtant le cas et ce livre est un vrai enchantement. Une citadine Maggie Black, hérite d'une maison dans les montagnes et va découvrir bien vite les mystères et la magie que ces terres arides ont à lui offrir. Tout n'est pas sans danger, et elle vivra des situations assez périlleuses mais rencontrera aussi de merveilleuses créatures issues de l'imagination débordante de l'auteur.



Ce roman plein de poésie est un petit trésor littéraire. Grâce à cette lecture, j'ai pu connaître le très talentueux illustrateur Brian Froud qui a d'ailleurs signé la couverture. L'épouse de bois était et demeure une source d'inspiration pour de nombreuses personnes. Tous les lecteurs à qui j'en ai parlé l'ont adoré. J'ai été moi même envoûtée par cette histoire sans précédent. C'est un roman qui marque les esprits et qui mérite vraiment d'être lu !
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L'épouse de bois

Je crois qu'il n'y a pas un seul mot que je n'ai pas aimé dans L'épouse de bois. Le roman m'a donné des envies de désert, de chant des pierres, de danse des cactus, de la beauté et de la magie présentes dans ce paysage et dans tous les êtres qui le peuplent.

De la magie, il y en a aussi dans chacun des mots de l'autrice (merveilleusement traduits), elle tourne en spirale (motif important dans le livre) dans les yeux de celle ou celui qui les lit. La poésie n'est jamais loin non plus, une poésie du désert, de la montagne.

Non, il n'y a pas de grandes scènes d'action trépidantes, l'intrigue est elle-même diffuse, mais l'atmosphère de la montagne et du désert, primale, envoûtante, est à nulle autre pareille. On aimerait croiser les personnages dans notre vie, passer du temps, ne serait-ce qu'un court moment, avec eux, car ce serait des rencontres qui nous changeraient intérieurement. La mythologie amérindienne et le surnaturel s'insèrent naturellement dans le récit, lui donnent tout son charme. On assiste au réenchantement du monde.

Je l'ai lu il y a presque un an, et je repense encore régulièrement à ce coup de cœur. Le récit, lui, continue à se mouvoir en moi. "C'est dammas", dirait Crow.
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L'épouse de bois

J'ai enfin pu relire ce livre, quelques années après une première lecture plutôt marquante, et cette relecture fut l'occasion de me remémorer des souvenirs mais aussi de porter un nouveau regard sur cet ouvrage. En effet, après cette relecture, je suis un poil moins enthousiaste que mes souvenirs de la première lecture. Le temps à passé, les lectures aussi !



Entendons bien que cette lecture fut plaisante d’un bout à l’autre et m’a entraînée dans son sillage, mais je suis moins enchanté au sortir de celle-ci. La découverte d’un monde fantastique américain est plaisant, surtout que l’auteure nous fait vivre et surtout ressentir le désert de l’Arizona, ces grandes étendues arides, le soleil et les montagnes. C’est, à mon avis, la plus grande force de ce roman. On sent aussi bien l’amour de l’auteure pour ces paysages que l’inspiration qu’elle en tire. Les inspirations d’ailleurs, sources de récit dans le roman, sont parfois un peu trop appuyés. J’aime bien l’idée que l’auteure aime Brian Froud, mais c’est transmis parfois un peu trop clairement dans le récit. Je préfère lorsqu’elle mentionne une peintre imaginaire qui semble aussi y faire référence.



La présence de créatures fantastique et le bestiaire est bien dosé, c’est une belle collection qui est présentée. Assez éloignée de l’habituel folklore européen, mais reprenant des codes du genre, les créatures sont bien trouvées. Elles sonnent bien plus locales, et en même temps intemporelles. C’est un petit trésor d’inventivité !

Pour le reste, l’histoire se déroule de façon assez classique, mais sans vrai faux pas. On découvre les péripéties doucement, avec une accélération à mi-chemin jusqu’au final qui vaut parfaitement bien la lecture. Ce n’est ni grandiose ni surprenant, mais dans le ton de tout le récit. Et l’héroïne est tout à fait dans le genre que j’apprécie pour ce genre de récits.



Ma note est le reflet de mon ressenti presque objectif sur ce récit, et j’avoue que j’ai eu grand plaisir à lire une seconde fois toutes ces péripéties et à les voir se dérouler. Cependant, je garde une petite réserve, liée à cette première lecture que j’avais eue et qui m’avait, semble-t-il, beaucoup plus marqué. En tout cas, je suis toujours enthousiaste à la lecture du récit, mais peut-être en attendais-je trop la deuxième fois. Il en est souvent ainsi des récits que l’on a sacralisés, mais je reconnais toujours son mérite !
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L'épouse de bois

Challenge ABC 2018-2019

5/26



En route pour les montagnes des Rincons (Arizona). Comme leurs cousines aux sommets glacés, ces montagnes sont terres de mythes et de légendes, rendus vivants par la plume et le pinceau des poètes et des peintres qui y habitent. Mais sont-ils alors vraiment réels, ou simplement un produit d'une imagination sans limite ?

Comme dans un conte, le merveilleux est juste derrière la fragile membrane de notre réalité et de notre perception. Maggie Black n'est pas surprise de voir surgir d'étranges créatures hybrides dans son quotidien, pas plus que les habitants de la montagne, qu'ils en soient originaires ou non : les montagnes ensorcèlent...Et comme tous les charmes, elles ont leurs attraits et leurs dangers... La nature a bien des beautés, dont la moindre n'est pas d'être vivante, délicate et plus forte que les conditions extrêmes où elle s'épanouit. Comme soutenue et fortifiées par des forces magiques et surnaturelles... Elle offre protection ou mort, selon que l'on sache la comprendre et la respecter...

Une écriture délicate, poétique explorant des recoins de la mythologie mondiale rarement évoqués : les contes de la frontière, entre territoires indiens et Mexique. Et ceux la, pas s$ure qu'un mur les stoppe...
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L'épouse de bois

Quelle belle rencontre ce livre …..mis en avant sur une table dans ma médiathèque

La couverture a attiré mon œil et la quatrième de couverture encore plus

Quelle belle histoire , magique , au delà du réel

Un univers parallèle ou pas suivant ce que vous déciderez de croire ou de ne pas croire

Très poétique

Une pépite à mes yeux

Un sentiment de quiétude , de paix en lisant cet ouvrage

J'en ressors très heureuse de cette rencontre inattendue



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L'épouse de bois

Terri Windling emmène son lecteur dans un roman de fantasy plein de mythes dans les Rincons, massif montagneux qui surplombe la ville de Tucson, Arizona.

Pour Maggie Black, la poétesse citadine, cette plongée dans une campagne semi-désertique va être une véritable révolution. L'héroïne sans s'y attendre a hérité dans cette région de la maison de David Cooper, poète qu'elle admire, mort mystérieusement de noyade dans le lit d'un ruisseau à sec.

Maggie va devoir en partie se détacher de sa vie passée et de ses projets d'écriture d'une biographie de Cooper pour parvenir à cerner le monde qui habite ces collines, esprits mythiques sortis des croyances humaines.

On pense à "American Gods" de Neil Gaiman et plus encore, avec cette histoire de spirale et de mythes primitifs, au cycle des mythagos de Robert Holdstock.

L'art, et les créations de l'imaginaire, tient une place prépondérante dans ce roman (musique, sculpture, peinture...), à commencer par l'oeuvre du peintre et illustrateur Brian Froud.

Terri Windling va même jusqu'à inscrire le personnage de David Cooper dans l'histoire littéraire puisqu'elle parsème son texte d'extraits de la correspondance du poète avec notamment Anaïs Nin et Henry Miller.

De la fantasy qui sort des sentiers battus.
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Blanche Neige, rouge sang

En cette période de fêtes, on a forcément envie de retrouver la magie des contes de notre enfance. Mais oui, je me fais vieille (si, si, j'vous jure), et j'ai voulu pour une fois en découvrir une vision plus noire, plus adulte. Et c'est chose faite avec ce recueil de contes, Blanche Neige, rouge sang, dans lequel Ellen Datlow et Terry Windling ont réuni plusieurs auteurs anglophones qui nous racontent dans ces nouvelles leur propre vision de nos contes favoris.



Plus noirs, plus horribles, plus sanglants, plus érotiques et avec certes beaucoup moins de morale, certains de ces contes sont transposés dans notre monde contemporain et sans magie, d'autres nous parlent d'une histoire fantastique bien plus horrible que celle qu'on nous lisait le soir quand nous étions enfants. Et le pari est réussi, car ces nouvelles sont captivantes, intrigantes, amusantes et effrayantes à la fois. En bref, tout est là pour retenir notre intérêt d'adulte. Mon gros coup de cœur reste quand même celui de Neil Gaiman, Le pont du troll, que j'avais déjà découvert et adoré dans un recueil de nouvelles de l'auteur intitulé Miroirs et fumées. J'ai été ravie de redécouvrir cette histoire au sein de cet ouvrage.



J'ai passé un bon moment avec ces quelques nouvelles qui m'ont donné une vision bien différente de la magie des contes...
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L'épouse de bois

Avant d’ouvrir les pages de L’Épouse de Bois, je connaissais le travail de Terri Windling en tant qu’anthologiste et auteure d’articles sur le folklore et les contes (Journal of Mythic Art // Endicott Studio) mais pas encore en tant qu’auteur de fiction. Je me doutais qu’avec autant de connaissances sur la Féerie son roman serait au moins une agréable lecture, au plus deviendrait un indispensable sur mes étagères. Et je n’ais pas été déçue, tant sur l’originalité que sur la magie et la force dégagés par ce texte qui nous conte l’histoire de Maggie Black, écrivain et auteure d’études sur la poésie. A la mort de Davis Cooper, ami et poète avec qui elle entretenait une correspondance épistolaire, celui-ci lègue tous ses biens à Maggie, dont sa maison perdue dans un coin d’Arizona où il passa la fin de sa vie [...]



Toute la Chronique sue www.feesdivers.fr
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L'épouse de bois

Dire que j’ai aimé ce livre est en dessous de la réalité. Terri Windling est une magicienne dans la création de mondes magiques, dans l’art de tisser des atmosphères qui vous captivent au point de ne plus pouvoir quitter ce livre une fois commencé. La réalité semble si terne ensuite que cela en est douloureux.(...)
Lien : http://labibliothequedefaery..
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L'épouse de bois

Il y a des histoires dont on sait, dès les premières lignes, que c’est pour nous. L’épouse de bois est de ceux-là. Je ne savais pas du tout où j’allais en ouvrant ce livre, dont j’ai trouvé la référence cet été dans une liste de romans de fantastique féérique. Mais quelle bonne surprise ! Un enchantement perpétuel, sans fausse note. Qui dit roman extraordinaire, dit format de chronique inhabituel, car je n’ai absolument rien de négatif à dire dessus !



Pourquoi ce roman est-il extraordinaire ? Tout d’abord, pour son écriture. Une vraie merveilleuse ! De la poésie mise en prose. D’ailleurs, l’autrice est aussi poète, et on le ressent dans sa plume. Les références au 6° art sont nombreuses. La langue, légère, concise, coupée au cordeau, est parfaite. Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un roman d’imaginaire aussi bien écrit. Et franchement, ça fait du bien. La forme, quoi qu’on en dise, ça compte !



Ensuite, ce roman est extraordinaire pour son traitement de la féérie, à la fois novateur (faire vivre les fées dans le désert de l’Arizona, il fallait y penser !) et authentique. Ici, l’autre monde n’est pas un simple décor sorti de nulle part pour raconter une énième histoire de fantasy hors-sol. On sent la connaissance profonde de l’autrice pour le folklore et la mythologie, dont elle comprend la puissance symbolique, qu’elle manie à la perfection et replace dans leur universalité. Sans cesse changeants, insaisissables, ces êtres « entre nous et les anges » (p. 168) prennent tour à tour le masque des esprits amérindiens ou le visage des fées irlandaises. Ils s’incarnent dans un cerf blanc dont les pas font naître des turquoises, un coyote borgne, un cactus qui danse la nuit sous la lune. Font parler les pierres et apparaître les rivières. Leur ancrage dans la réalité ne leur confère que plus de force. Personnellement, c’est dans ce contexte-là que je préfère voir traité le surnaturel, car, coupé du réel, il perd de sa force, de son sens et de sa puissance évocatrice.



Le surnaturel n’est pas le seul thème du livre. L’autrice s’en sert pour nous parler du processus créatif, et du regard particulier qu’ont les artistes sur le monde. Elle nous fait réfléchir à ce que leurs créations apportent au réel. Tous les personnages (à une terrible exception près) sont des artistes : musiciens, peintres, poètes, relieurs... ou des passeurs : chamane, protecteurs et soigneurs des animaux du désert (qui sont de véritables personnages). En nous immergeant dans cette étrange communauté du Ranch Red Spring Canyon, Terri Windling nous plonge dans le quotidien d’artistes, de personnes atypiques qui vivent en marge, dans un monde qu’ils se sont choisis, et qu’ils ont magnifié. Un monde merveilleux, mais également dangereux, dans lequel on peut se perdre pour ne jamais en revenir, comme le couple tragique Anna et Cooper,« L’art, c’est la seule chose qui m’importe » (p. 153), dit l’héroïne venue chercher son inspiration dans cet endroit du monde si particulier. Les « terres de la poésie » de Cooper, ce poète avec qui elle correspondait, qui sont plus une idée qu’une entité géographique : « c’était un endroit dans sa tête, un mélange d’Angleterre, de France, de Mexique et d’Arizona. Tout cela faisait partie de lui, et faisait partie de ses poèmes. Je ne pense pas qu’il les ait jamais séparés. » (p. 112)

Le roman est émaillé de fragments de poèmes, de descriptions de tableaux, de références musicales, littéraires, plastiques... le lecteur est plongé dans un maelstrom de références, dont certaines sont inventées. Cette richesse m’a rappelé M. Norrell et M. Strange de Susanna Clarke, avec cet univers imaginaire — si bien mêlé au folklore qu’on ne sait plus ce qui est réel et ce qui ne l’est pas — qui sort littéralement des pages. J’en ai noirci, des petits papiers, dans l’idée de retrouver toutes les œuvres citées par Terri Windling ! Car L’épouse de bois a été conçue, à l’image de la poésie de Cooper dans le roman, comme un dialogue avec les peintures d’un artiste proche de l’auteur, Brian Froud, dont le tableau éponyme illustre la couverture. Et tous les sens sont convoqués dans l’écriture sensorielle de l’autrice : la vue, avec ces images si fortes, l’ouïe, avec la sonorité de la poésie et la musique citée, mais aussi l’odorat, avec le parfum de la sauge et le toucher (la pierre, le sable, les épines des cactus...) Plus qu’un projet littéraire, il s’agit d’un projet artistique global !



Cette description de toute une contre-culture américaine des années 90 que nous donne Terri Windling (mise en abime avec les cercles artistiques d’après-guerre à Paris, New-York et Mexico) s’accompagne d’une critique acerbe et sans concession des contingences et mesquineries qui, en l’accablant, ramènent à terre les artistes. Critiques misogynes, éditeurs snobs et bornés, artistes à succès centrés sur eux-mêmes...



L’intrigue, enfin, est aussi belle et passionnante que son emballage. On est happé par ce mystère et la vie de ces gens dès les premières pages. La magie opère et on ne peut plus lâcher le roman. Je l’ai fini en deux jours. Je ne pouvais plus le lâcher, et l’immersion était telle que j’y pensais même lorsque je ne le lisais pas ! Un roman-monde, une ambiance... c’est pour trouver ça que je lis.

Bonus : il y a une romance dans ce livre, et elle fait du bien. Elle est adulte, saine, droite dans ses bottes (comme la plupart des protagonistes de ce roman) et fait rêver. C’est un sans-faute !



Bilan



Une histoire passionnante, un rythme à la fois haletant et contemplatif, une plume magnifique, des personnages émouvants, beaux et authentiques... le bouquin que j’aurais aimé écrire, et que j’aime encore plus découvrir !



Ça ressemble à :

- Quelques nouvelles du tome 1 de Sacra de Léa Silhol (« À travers la fumée », notamment), pour la description tendre et belle d’un micro-monde artistique qui se partagent des secrets d’initiés et réfléchissent à la création ;

- Sous le Lierre de l’autrice précitée, pour la réflexion sur les espaces magiques à préserver ;

- Faërie, de Raymond Feist, pour le côté « enquête » et mystère féérique.

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L'épouse de bois

Voilà un livre que j’avais souvent vu passer, à la magnifique couverture et au résumé intrigant, mais pour lequel je n’avais jamais craqué. Puis un jour, au détour d’un rayon de librairie de seconde main, j’ai déniché la version grand format, et je n’ai plus hésité une seconde ! Un ouvrage dense, mais fascinant.



En héritage, Maggie reçoit tous les biens du poète David Cooper avec qui elle correspondait, mais qu’elle n’avait jamais rencontré. Sa vie n’étant ancrée à aucun endroit, elle décide de partir pour la maison de l’écrivain dans le désert de l’Arizona et de tenter d’y écrire sa biographie. En déménageant, elle ne s’attendait pas à se retrouver dans un endroit isolé, en pleine nature, au contact de la faune et de la flore locale. Elle va se laisser porter par la magie et la beauté des lieux, bien que d’étranges événements se déroulent dans l’ombre de la nuit…



Ceci est avant tout un récit de prise d’indépendance: Maggie, femme qui parait au premier abord libre et créative, s’est retrouvée dépendante de son ex-mari à écrire des textes qui ne lui plaisent pas plus que cela pour boucler les fins de mois ou faire plaisir à son entourage. L’opportunité que Cooper lui donne avec cet héritage n’est pas uniquement une occasion d’être indépendante financièrement, mais plutôt une main tendue vers la liberté créative et personnelle qu’elle a perdue. Grâce à cet endroit magique, elle va se rendre compte de ce qui compte pour elle, des valeurs qui lui tiennent à cœur et des personnes qui lui sont chères. En cherchant la vérité à propos de Cooper et de cette vallée, elle va en fait renouer avec son art, qu’elle avait longtemps mis de côté, et avec elle-même.



Ce qui fait la magie de ce livre, c’est toute cette poésie qui l’entoure, que ce soit dans la nature sauvage des montagnes, dans les peintures d’Anna Naverra et de Brian Froud ou encore dans les écrits de Cooper. Ces univers enchanteurs prennent vie dans ce roman et émerveille le lecteur. Toute une mythologie se met en place et on ne sait pas si elle était déjà présente avant et a inspiré les artistes ou si ce sont ces mêmes artistes qui ont donné vie à ces créatures incroyables. Cependant, cet enchantement cache une face sombre, féroce et violente. La loi du plus fort domine et les prédateurs se montrent bien cruels avec leurs proies.



J’ai beaucoup aimé également toute la partie « recherches » pour la biographie de Cooper : la lecture des poèmes, des lettres du poète et de sa femme, les témoignages des gens qui l’ont entouré toute sa vie. J’ai étudié la littérature, et la recherche était un des aspects qui me passionnait le plus, et je me rends compte que cela me manque. J’ai retrouvé cela ici, avec une touche de magie plus que bienvenue. Cette lecture m’a donc ravie !



C’est un roman dans lequel au final il ne se passe pas grand-chose et qui est plutôt lent, mais j’ai vraiment été happée par cette histoire et je l’ai dévorée en quelques jours à peine : cette nature omniprésente qui reprend ses droits quand elle le peut, ces créatures magiques et malveillantes qui l’habitent, ces humains si fascinés par elle qu’ils ne peuvent plus la quitter. Un monde fascinant qui m’a totalement séduite.



Un roman tout à fait atypique : poésie et beauté des grands espaces se mêlent, créant un nouvel écosystème de créatures magiques et fascinantes, mais aussi cruelles et redoutables. Un monde enchanteur dans lequel Maggie va évoluer pour découvrir la personne qu’elle est au plus profond d’elle-même. Une lecture riche et fascinante !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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