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Critiques de Thimothy W. Ryback (10)
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Dans la bibliothèque privée d'Hitler

Dis-moi ce que tu lis je te dirai qui tu es.

Je ne sais pas si cet adage se vérifie. Néanmoins, Timothy Ryback a eu l’idée d’étudier le fond de la bibliothèque privée d’Hitler et d’essayer de voir et comprendre en quoi ses lectures ont pu l’influencer.

Hitler était un grand lecteur. Il souffrait pourtant d’un complexe d’infériorité du à sa courte scolarité. Autodidacte, il se forme par les livres. Mais loin de vouloir accumuler des connaissances, il se cherche surtout des appuis, des modèles intellectuels capables d’alimenter et enrichir ses propres idées. En farfouillant ainsi dans les ouvrages qu’a possédé le dictateur, c’est l’origine de l’idéologie nazie que l’on aperçoit.



La bibliothèque d’Hitler n’est pas consultable dans son intégralité. A l’époque, elle était dispersée en plusieurs lieux régulièrement fréquentés par Hitler. Une bonne partie qui était entreposée au bunker est à présent éparpillée aux quatre coins du monde. Heureusement, de nombreux volumes sont aujourd’hui conservés à la bibliothèque du Congrès aux Etats-Unis. C’est ce fond documentaire que Timothy Ryback a étudié.



Le seul examen de ce fond manquerait d’intérêt si Timothy Ryback n’avait pas enrichi son travail en l’inscrivant dans l’histoire personnelle d’Hitler et celle du parti nazi. De même, il fait régulièrement intervenir dans son texte les propos du philosophe et critique littéraire Walter Benjamin afin d’éclairer le comportement d’Hitler en tant que lecteur.



Les premiers chapitres de l’ouvrage de Timothy Ryback traitent de la vie au front d’Hitler pendant la première guerre. L’auteur évoque ses quelques lectures ( des guides touristiques et des ouvrages d’architecture ) mais surtout sa vie et sa personnalité. Son premier et principal mentor, Dietrich Eckart, est également évoqué à travers les lectures qu’il a offertes à Hitler ainsi qu’en lui faisant part de ses idées antisémites. C’est l’époque où Hitler harangue les foules à la brasserie de Munich. Timothy Ryback revient alors sur les querelles qui ont présidé au choix de celui qui serait à la tête du parti, notamment sur celle qui opposa Hitler à Otto Dickel, intellectuel affirmé et auteur de Résurgence de l’Occident. Cet ouvrage, pendant optimiste du Déclin de l’Occident d’Oswald Spengler, affirme qu’un nationalisme exacerbé associé à un antisémitisme déclaré permettrait à l’Europe de remonter la pente.

On apprend également qu’Hitler était un grand admirateur de Shakespeare. Bien que sa bibliothèque contint très peu de romans fictions, on compte parmi ses préférés essentiellement des romans d’aventure comme celle de Robinson Crusoé, des romans de Fenimore Cooper et de Karl May. A côté de ces quelques fictions, Hitler possédait également les grands classiques de la littérature de guerre : l’ouvrage de Clausewitz, des récits de guerre dont celui de Lüdendorff, des manuels d’histoire, des biographies de grands dirigeants ( Alexandre le Grand, Pierre le Grand, Jules César …). On a également pu retrouver un document rassemblant les titres empruntés par Hitler à la bibliothèque d’un institut d’extrême-droite de Munich. Les lectures choisies sont très éclectiques : œuvres historiques ( sur les révolutions russes par exemple), œuvres sur la religion et la mythologie, œuvres philosophiques ( Kant, Fichte, Rousseau, Machiavel …). Tous les ouvrages antisémites y sont passés et notamment le tristement célèbre Juif international : le problème du monde d’Henri Ford et bien d’autres encore.

Timothy Ryback nous épate aussi en nous montrant la liste des lectures recommandés à tout bon nazi digne de ce nom, liste d’ouvrages qui était remise à tout nouveau membre du parti. On y trouve bien sûr les livres d’Henri Ford, de Dietrich Eckart …



Timothy Ryback revient aussi, dans les chapitres suivants, sur la période d’emprisonnement d’Hitler, ses conditions de détention, ses lectures de l’époque mais principalement sur la rédaction de Mein Kampf, relevant, à l’aide des manuscrits originaux, les hésitations et les corrections apportées au texte par Hitler au fur et à mesure de la rédaction. Il apporte aussi un éclairage intéressant sur la rédaction de ce texte en expliquant quelles lectures faites par Hitler à cette époque ont influencé les idées contenues dans Mein Kampf à l’image de Typologie raciale du peuple allemand de Hans F. K. Günther.

Timothy Ryback s’attarde également sur les difficultés de publication, la réception et l’accueil réservé à Mein Kampf lors de sa sortie puis comment il est devenu un « best-seller ».

On apprend également que Mein Kampf comportait deux autres volumes dont un n’a jamais été édité et dont on a jamais retrouvé le manuscrit.



Ma plus grosse surprise à la lecture de cet ouvrage fut de découvrir qu’Hitler avait emprunté ses idées eugénistes aux américains ! En effet, l’eugénisme est une idéologie qui existait chez les américains bien avant les nazis. Le représentant de ce courant, Madison Grant, a écrit La fin de la grande race en 1916 dans lequel il met en garde le peuple américain contre les dangers de l’immigration et le risque d’extinction de la race blanche, préconisant la stérilisation des éléments inférieurs de la société et autres horreurs du même genre. Timothy Ryback rapporte d’ailleurs que Hitler était entré en relation directe avec Leon Whitney de la société américaine d’eugénisme pour lui réclamer des ouvrages sur la stérilisation etc…



Autres faits évoqués, c’est cette guerre des livres et la tentative d’un ecclésiastique pour diviser les nazis qui m’ont particulièrement intéressée. En effet, en 1933, le chef idéologue du parti nazi Alfred Rosenberg rédige un ouvrage Le mythe du XXème siècle qui déclenche la colère de l’Eglise. Apologie de la polygamie et de la stérilisation forcée, le livre est porté sur les listes d’ouvrages recommandés de l’éducation nationale. Le livre de Rosenberg est mis à l’Index. Enorme publicité ! Le livre explose les records de vente. C’est alors qu’un évêque autrichien a une idée. Remarquant la division des nazis au sujet du livre de Rosenberg, il profite de l’occasion pour tenter de provoquer une véritable scission. Alois Hudal rédige alors Fondements du national-socialisme préconisant d’unir les idéologies nazie et catholique contre un ennemi commun : le bolchevisme. L’effet désiré est obtenu, les nazis sont divisés, la majorité penche en faveur d’Hudal mais les heurts entre les deux factions sont de plus en plus violents et s’étalent publiquement. Hitler doit intervenir et affirmer définitivement sa position.



Plus qu’une simple analyse de l’influence des lectures d’Hitler sur l’idéologie nazie, Dans la bibliothèque privée d’Hitler, c’est aussi l’histoire du parti nazi à travers les livres. La démarche est originale et intelligente et le résultat passionnant. Se basant sur la présence, l’absence, la nature des traces et annotations écrites d’Hitler sur ses livres, Timothy Ryback est à même de proposer une autre histoire de cette époque. Bien qu’il soit souvent contraint à la conjecture plus qu’à l’affirmation, il nous apprend énormément de choses et invite, grâce au renfort de Walter Benjamin, à réfléchir à l’utilité de la littérature. Un ouvrage à découvrir !












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Dans la bibliothèque privée d'Hitler

Dans la Bibliothèque Privée d’Hitler de Timothy W. Ryback (le cherche midi, 2009) est un livre fascinant qui se lit comme un thriller. Et on comprend qu’il ait été élu « meilleur livre de l’année 2008 » par le Washington Post car l’exercice qui nous est proposé est un véritable tour de force. Il ne s’agit pas d’un commentaire de la dite bibliothèque, avec tout le fastidieux que comporte cet exercice, mais plutôt d’une biographie d’Hitler au travers de ses lectures. Il a été retrouvé une partie de la bibliothèque du Führer, dont l’essentiel (environ 2000 ouvrages sur une estimation de 6000) est conservée à la Bibliothèque du Congrès à Washington et à la Bibliothèque John Hay de la Brown University à Providence (mais oui, l’Université de Miskatonic !). Et on découvre un ensemble assez hétéroclite d’ouvrages rassemblés par un inculte qui voulait avec rage se faire passer pour un intellectuel. Mais un intellectuel très particulier. L’histoire de l’Allemagne, certes, le passionnait. L’histoire militaire, également, était une véritable source d’inspiration. Artiste qui ne voulait pas s’avouer de raté, il entassait aussi les ouvrages d’architecture, surtout germanique. Mais les théories raciales étaient son véritable miel. Dietrich Eckart sera son premier maître à penser, avec ses développements sur la grandeur de la race allemande, empreinte d’occultisme et d’un violent antisémitisme. Et la grande révélation, sous ce registre, sera Le Mythe du XX ème siècle de Rosenberg.

« Les livres retrouvés dans la bibliothèque d’Hitler traitant de spiritualité et d’occultisme se comptent par douzaines et sont peut être les témoins les plus bavards des préoccupations les plus profondes de leur propriétaire ». Plusieurs de ces ouvrages le suivront partout, jusqu’au « bunker final ». Le Führer était toujours en interrogation sur Dieu et restait très marqué par ses origines catholiques. Quant aux sciences occultes, même si elles se confondaient souvent avec des préoccupations germaniques, elles étaient étudiées avec un grand éclectisme, mais aussi avec une grande curiosité pour tout ce qui touche à la mort et la vie au-delà.

L’ouvrage comprend également un fort intéressant chapitre sur la rédaction de Mein Kampf, qui, à l’origine, ne devait être qu’un simple pamphlet politique. Pris au jeu, Hitler se transforme progressivement en un « grand écrivain », multipliant les versions chaque fois un peu plus lourdes. Fort de cette « ivresse littéraire », il écrira du reste un second ouvrage (La Cible 589) sur ses souvenirs de guerre, livre qui ne sera jamais publié.



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Les premières victimes de Hitler

Je remercie les éditions Equateurs pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la masse critique Babelio.



Je suis très heureux d'avoir lu ce livre, oui, malgré son sujet extrêmement douloureux car il m'a bouleversé, que dis-je il m'a anéanti. Il a répondu aux interrogations que je me suis longtemps posé sur cette période trouble de la montée du nazisme en Allemagne. Oui la seconde guerre mondiale a été horrible, injuste, ultra-violente, les mots manquent pour la décrire, mais ce qui m'a longtemps intéressé c'est plutôt de savoir comment une telle horreur avait pu se mettre en place. Pour moi la période de la guerre est trop détachée de ce contexte historique précurseur. Dans les livres d'histoire on aborde la seconde guerre mondiale dès 39, ce qui est logique certes, mais du coup l'horreur arrive, permettez moi l'expression, comme un cheveu sur la soupe, ex-nihilo. Oui oui on aborde parfois la Nuit de Cristal, l'arrivée au pouvoir d'Hitler, l'incendie du Reichstag mais tout ça est trop ponctuel et on ne prend pas le temps de se poser pour comprendre, à moins d'aller piocher des ouvrages sur le sujet en bibliothèque, ce que je n'avais pas fait. Du coup ça trottait dans ma tête depuis des années : mais comment un pays civilisé a pu être amené à faire ça et comment l'horreur a-t-elle pu s'installer dans le quotidien allemand sans réaction massive de la population ? On voit souvent l'Allemagne des années 30 comme quelque chose d'abstrait, d'irréel, un royaume sanguinaire d'un horrible conte qui serait apparu tel quel mais l'Allemagne de l'époque était un pays comme la France. Civilisé, avec son système éducatif, son système juridique, ses politiques, ses partis et des élections démocratiques, une république avec ses gens "normaux", un pays comme nous actuellement finalement.



Imaginez qu'en France aujourd'hui on commence par prendre des lois contre les juifs en disant qu'ils sont inférieurs, puis qu'on décide de lois de "protection" qui permettraient d'enfermer dans des camps toute personne qui serait hostile à la politique mise en place. Imaginez qu'en France aujourd'hui, on se mette à dénoncer n'importe qui, qu'on enferme à tour de bras sans preuves, qu'on tabasse des gens dans des cellules ou dans la rue sans que personne intervienne... C'est ce qui est arrivé en Allemagne dans ces années là. Et ça parait tellement incroyable. Le livre nous éclaire énormément là-dessus, sur le verrouillage de la population par les SS et sur l'instauration d'une politique de terreur. Lors du procès de Nuremberg, c'est ce qu'à voulu démontrer Warren Farr et que l'on comprend mieux à la lecture du livre.



Le livre est absolument indispensable pour comprendre cette période noire dans laquelle ont brillé quelques rares étoiles, comme le héros Hartinger, substitut du procureur de Munich qui, à la manière d'un Schindler, a tout fait pour montrer la cruauté des nazis et pour empêcher ces crimes atroces commis dans les camps.



L'oeuvre de Ryback est d'une richesse époustouflante, les anecdotes sont légion, approfondies, éclairantes et terribles à la fois. Tout est écrit avec précision, au millimètre près, au détail près, c'est impressionnant. Je redoutais un peu de lire une thèse sur la montée du nazisme, avec son côté universitaire trop appuyé, trop pointu mais ce n'est pas du tout le cas ici. Le livre n'est pas un roman mais ça se lit très bien, on est plongé dans l'horreur mais l'écriture est fluide et parfois proche du romanesque dans la construction du récit. Les quelques illustrations au centre du livre sont très intéressantes et apportent un éclairage sur ce qu'on a lu. Je reconnais n'avoir pas eu le courage de lire toutes les notes en annexes qui sont très précises mais qui ralentissent la lecture. Je me doute être passé à côté d'une part considérable de recherches et de travail de l'auteur mais je ne voulais pas surcharger ma lecture.



Ce livre m'a bouleversé sur l'horreur des crimes commis. On connaît tous ces scènes de torture vues dans les films, on connaît tous ces images d'humains décharnés regardant l'objectif de l'appareil photo entre deux lignes de barbelés à la libération des camps de concentration mais là j'ai découvert l'horreur de Dachau et de ses séances interminables de sévices sur des êtres humains innocents (sauf aux yeux des nazis). Les violences subies dans les cellules d'isolement sont à faire vomir et on se demande bien comment des hommes ont pu soutenir ne serait-ce qu'une minute de tels déchaînement de violences. Certains détenus comme Götz, Beimler ou Hurtinger ont été torturés et tabassés plusieurs fois par jour, par plusieurs hommes (quelle lâcheté, c'est d'ailleurs ce qui caractérise selon Ryback le régime nazi). Je me suis mis parfois à la place de ces hommes et quand on se dit que c'est vraiment arrivé les larmes nous montent aux yeux : pauvres humains, pauvres gens, qu'ont-ils penser à ce moment là ? Quel courage ils ont eu... J'ai été subjugué par le récit concernant Beimler qui malgré des violences inhumaines à son égard, sur du long terme en plus, a malgré tout réussi à s'échapper du camp (l'un des rares d'ailleurs). J'ai vraiment eu envie d'en savoir plus sur cet homme qui a réussi à se sauver de cet endroit inhumain...



On est plongé au cœur du système nazi dans ce livre. On découvre tous les rouages, toute la sclérose mis en place par les nazis dans les administrations afin de tout contrôler. On découvre des choses à pleurer comme ce ministre qui prend un décret pour protéger de la barbarie les animaux pendant leurs transports en train (!!!!) et qui veut tout faire pour le bien être des animaux pendant que dans le même temps des humains se font trucider dans des conditions insoutenables... On découvre aussi tout le système de pensée d'Hitler qui voulait cacher au monde toutes ces atrocités et faire passer l'Allemagne pour un grand pays (comment ce journaliste du New York Times visitant Dachau après le meurtre des 4 juifs a-t-il passer à côté de ça et trouver Wäckerle, le chef du camp, réputé pour sa violence, "agréable" ?).



J'ai été fasciné par ce livre, par sa richesse et par ses détails, par sa construction presque romanesque qui nous happe et nous tient en haleine, par cet éclairage sur une période terrible qui m'a souvent interrogé. Si vous vous intéressez à cette période foncez, vous ne serez pas déçu par cette œuvre magistrale d'une grande intelligence.
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Les premières victimes de Hitler

Je tiens d'abord à remercier les Éditions Equateurs et Babelio pour l'envoi de ce document dans le cadre de l’opération Masse Critique.

Ce livre nous raconte les démêlés du procureur Hartinger lors des premières exactions du camp de Dachau.

Après l'arrivée d'Hitler au pouvoir en janvier 1933, il ne faudra que quelques semaines pour qu'aient lieux les premiers assassinats. En effet, le 13 avril, sont sortis des rangs puis exécutés quatre jeunes gens dont le seul tort est d'être juif: Rudolf Benario, Ernst Goldmann, Arthur Kahn et Edwin Kahn, le plus âgé avait 32 ans.

Par opposition à la destruction systématique, industrielle des chambres à gaz, l'auteur nous décrit une haine personnelle pour des gens qu'on bat à mort,qu'on pousse au suicide...

L'épisode est méconnu, pourtant, ces premiers meurtres perpétrés à Dachau ont eu une importance capitale dans le sens où ils ont permis de mettre en évidence le caractère systématique de l'exécution des juifs, sa hiérarchisation et la volonté homicide de la S.S., permettant , au cours du procès de Nuremberg , de démontrer le caractère criminel de la S.S. en tant qu'organisation.

C'est une enquête fouillée , méticuleuse mais dure à lire car comment affronter sans sciller qu'on batte un jeune homme au point non seulement d'arracher la peau de ses fesses mais aussi de faire apparaître ses os aux travers de ses blessures , comment ne pas avoir la nausée à l'idée d'un blessé dont les plaies se sont infectées et qu'on retourne chercher pour le battre quotidiennement. ..

Mais le courage de ces victimes mérite qu'on s'accroche, qu'on lise jusqu'au bout et surtout, qu'on oublie pas. Car comme le dit l'auteur :" c'est là qu'on se rend compte que le diable réside vraiment dans les détails. '
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Dans la bibliothèque privée d'Hitler

C’est un véritable ouvrage d’histoire et non une bibliographie pure que nous offre le travail de Timothy Ryback.



On suit le cheminement politique et on découvre les livres qui apparaissent au fil du temps dans l’environnement du dirigeant nazi .



Dés sa préface, l’auteur cite Walter Benjamin, critique allemand et bibliophile : étrange et funeste rapprochement avec Adolf Hitler : l’ un a fait fuir l’autre, en abandonnant ses chers ouvrages, et précipité son décès .



Les deux hommes avaient une attirance pour l’écrit et l’accumulation de livres, chacun pour des raisons particulières. Ils ont aussi chacun donné naissance à des œuvres littéraires de portée et qualité différentes mais qui ont marqué leur époque.

Benjamin avait une culture savante et une véritable passion pour les beaux livres, Hitler, qui souffrait de la brièveté et de la faiblesse de ses études et connaissances, cherchait surtout à approfondir et étayer sa doctrine raciale et expansionniste puis plus tard parfaire l’art de la guerre afin de soumettre les peuples ennemis de la grande Allemagne dont il rêvait depuis longtemps. Il possédait aux dernières estimations plus de seize mille ouvrages .



Tous les dignitaires du régime allemand et beaucoup de capitaines d’industrie ont offert des livres avec des reliures riches et ouvragées à Hitler ( beaucoup pour conserver les faveurs du leader, ce qui pouvait se comprendre car leur vie et leur pouvoir dépendait de son humeur ) .



L’intérêt du recensement, fait par Ryback, est de connaitre les acquisitions d’Hitler et les dons de livres qu’il reçoit, en parallèle avec sa vie politique, sa quête du pouvoir et sa folie guerrière jusqu’ à sa mort.



Berlin de Max Osborn , ouvrage d’architecture sur la capitale allemande, est le premier livre acheté en 1915 à Fournes en France sur le Front de l’Ouest par Hitler caporal de 26 ans.



Henri Ford, célèbre constructeur américain, apparait dans cette bibliothèque ( comme de nombreux autres auteurs non allemands) avec son pamphlet antisémite “ Le Juif International “ où Hitler a trouvé des prolongements à ces idées racistes et antisémites.

Marx, Romain Rolland, Houston Chamberlain, William Shakespeare, Cervantès, Goethe, des auteurs de l’ Eglise Catholique et bien d’autres y ont également une place, à côté d’ouvrages ésotériques , mystiques ou pseudo-religieux. Les Ecritures Saintes sont aussi présentes.



Hitler possédait également un traité technique sur les effets mortels du Zyklon B, triste substance dont le nom fait encore frémir aujourd’hui …



Des longueurs parfois dans le texte, surtout quand l’auteur détaille ( un peu trop ) les livres et les thèmes des soi-disant philosophes ou scientifiques, ségrégationnistes et racistes présents dans les différentes bibliothèques du chef nazi .



Etrange destin de cette accumulation d’ ouvrages dont la majeure partie a traversé l’ Atlantique pour finir sur les rayonnages des prestigieuses bibliothèque publiques et universitaires américaines ( certains pensent qu’il en reste encore dans les familles d’ anciens soldats alliés arrivés les premiers sur les lieux de vie du dirigeant allemand en avril 1945 ).



Ouvrage passionnant à lire, qui permet d’avoir quelques éclaircissements sur la personnalité de l’ homme qui a semé la terreur et engendré la guerre sur le monde entier .

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Les premières victimes de Hitler

Mon avis : Un grand merci à Babelio et aux Editions Des Equateurs pour ce livre. Vous le savez à présent, la seconde guerre mondiale, la montée du nazisme, la Shoa et tout ce qui tourne autour de ces sujets me passionnent. Je lis finalement peu, comparativement à ce que je souhaiterais, de romans ou de documents sur cette période mais j’ai la chance d’aimer chaque livre que je lis. Celui-ci également, c’est un roman-documentaire historique très précis qui s’attarde avec justesse sur Dachau mais je partage l’avis de Robert Littell, il est aussi difficile de lire ce livre que de le lâcher.





A travers ce livre, Timothy Ryback nous narre la « naissance » de Dachau, ses balbutiements, son fonctionnement en 1933 avant même que la guerre n’ait commencé. Hitler n’est encore que chancelier et Hindenbourg compte bien garder le contrôle sur la situation, il attend du leader nazi qu’il remette le pays à flot économiquement pour restaurer son ancien régime. Mais dès les premiers meurtres que le procureur Hartinger atteste, il est vite évident que c’est Hiter qui manipule et non l’inverse.





Tout au long de ce livre, l’auteur alterne entre l’enquête menée par Hartinger qui démontre la violence réservée aux communistes et aux juifs principalement et les manigances nazies pour s'approprier le pouvoir total. Toutes les preuves médico-légales attestent des mensonges de la juridiction du camp mais petit à petit, Hitler et ses sbires contournent les lois en place pour obtenir tous les pouvoirs et mettre en place le régime que l’on connaît. A côté de ces faits précis qui nous plongent parfois quelque peu dans un thriller historique, l’auteur décrit en citant des témoins la montée du nazisme, comment la Bavière est tombée entre leurs mains, la politique extérieure pour s’allier l’Angleterre, les Etats-Unis. Ce livre démontre une fois de plus l’intelligence du Führer tant pour s’entourer de personnes fidèles et agressives que pour savoir adapter son comportement à son ou ses interlocuteurs.





J’ai ressenti beaucoup de colère et de désespoir en lisant ce livre car le temps court et joue contre ce qu'il reste de Justice. Assister, preuves à l’appui à des alliances improbables, à des retournements d’opinion est perturbant. On sent une capacité à retourner les esprits qui sont fragilisés par la peur du chômage et à reporter la faute sur celui que le plus grand nombre pointe du doigt. Ca n’est pas sans rappeler notre époque et c’est glaçant.





Ce livre-document est un nouveau témoignage que personnellement, je ne connaissais pas et qui ne font qu’augmenter l’horreur de ces quinze années, voire plus. Il est très intéressant de voir les réactions des citoyens allemands.


Lien : http://www.lecturesenb.fr/20..
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Les premières victimes de Hitler

S'il fallait un livre de plus pour décrire l'horreur nazie ... voici notre gagnant !

Dans ce livre, Timothy W. Ryback s'intéresse au récit d'un substitut du procureur conscient des débordements d'une montée en puissance d'un nouveau régime et de nouvelles autorités : le régime nazi et les SS.



Dans ce récit qui se construit vraiment au fil des découvertes de cet homme on assiste à la mise en place d'un système, celui du camp de Dachau, où violence, tortures et mises à mort sont largement menés sans que personne n'en soit inquiété ... Malgré cela Josef Hartinger décide de ne rien lâcher et continue de noter, souligner et défendre cet abus.



A la loupe, on s'aperçoit que tout le monde est coupable, les hauts dirigeants et les ''petites mains'' et que l'atrocité d'une telle époque historique trouve ses fondements dans ses bases, et ces gens au service de l'idéologie nazie qui n'ont, à l'époque, eu la garde et la gestion du camp que parce qu'ils savaient parquer des bêtes derrière des barbelés et ne ressentaient que de la haine et du mépris pour l'autre.



Un livre qui éclaire d'une façon tout à fait nouvelle l'Histoire que l'on ne connaît que trop (et qui donc a une réelle utilité historique) toutefois gâché par l'abondance de termes et de procédés techniques propres à la mise en justice de ces faits ainsi qu'un constant rappel à des tas de personnages trop peu connus historiquement parlant pour qu'il ne soit pas extrêmement difficile de ne pas se perdre dans ces nombreuses pages !



Un livre essentiel donc, car profondément innovant dans l'aspect qu'il éclaire de cette sombre période. Mais qui mériterait selon moi une vulgarisation nécessaire pour permettre la compréhension de tous.



Comme tous ces livres/documentaires (en quelque sorte) sur cette époque, j'avoue avoir eu un peu de mal à le finir tant l'atrocité et la violence des faits est difficilement supportable.
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Dans la bibliothèque privée d'Hitler

Peut-on mieux saisir la personnalité d'un homme à travers ses lectures ? C'est le pari de Ryback quand il se lance à la découverte de la bibliothèque d'Adolf Hitler.
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Dans la bibliothèque privée d'Hitler

Avec l'investigation, particulièrement fouillée, de Ryback, le lecteur pénètre dans certains aspects de la vie quotidienne mais aussi dans les fondements idéologiques de la pensée d'Adolf Hitler.
Lien : http://www.lesechos.fr/cultu..
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Dans la bibliothèque privée d'Hitler

Nous en apprenons plus sur la vie et les actions d'Hitler dans ses choix de lecture.

Thimothy W. Ryback nous livre ainsi les livres qu'Hitler lisait durant ses séjours au Berghof ou dans son bunker.
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