Vint le mois de mai, où tous les cœurs pleins de sève commencent à porter fleurs et fruits. De même, en effet, qu’herbes et arbres produisent fruits et fleurs en mai, de même alors tous les cœurs allègres touchés par l’amour s’ouvrent et s’épanouissent. Les actions sont lestes. Il donne du courage à tous les amoureux, ce gaillard mois de mai. Il les oblige, on ne sait comment, à faire quelque chose de plus en ce mois qu’en tout autre. Lors chaque herbe, chaque arbre revigore hommes et femmes. Les amoureux se ressouviennent de quelque courtoisie autrefois montrée, de quelque service rendu naguère, et de maint geste aimable sorti de l’esprit par négligence.
[Livre dix-neuvième - Lancelot et Guenièvre]
Nous sommes issus l’un et l’autre d’une même tombe, à savoir le ventre de la même mère, et nous reposerons l’un et l’autre dans la même fosse.
[Livre deuxième - Balain]
Que le lecteur ne gâte pas son plaisir par la considération des différents états du texte de Malory et des différentes sources où l'auteur a pu puiser. Aucune science ne lui est ici nécessaire pour aimer. Qu'il se laisse conduire par l'histoire qu'on lui raconte, gagner par le merveilleux qu'on lui offre, qu'il consente à être transporté dans le monde à la fois irréel et cohérent, amusant et poignant, cruel et beau de Thomas Malory. Qu'il retrouve en présence de ce récit fabuleux la candeur nécessaire à l'appréciation des contes de fées. Il s'agit de l'un des romans qui depuis des siècles ont su le mieux enchanter l'imagination. Il figurait parmi les quatre livres que Lawrence d'Arabie emportait toujours dans les sacoches de sa selle quand il partait pour de lointains voyages.
[Avant-propos du traducteur Pierre Goubert, juillet 1994]
Ce pourquoi ils conseillaient de ne plus jamais en aucune façon engager de guerre contre Arthur, ce noble conquérant, car « de sa puissance et vaillance il faut tout redouter, considérant les nobles rois et chevaliers de la Table Ronde, auxquels nul prince de la terre ne se peut comparer ».
L’usage de ce temps, en effet, voulait que si l’on était accusé de trahison ou de meurtre, l’on devait combattre en combat singulier. Sinon il fallait trouver un autre chevalier qui se battît pour vous. Et toute espèce de meurtre alors était appelée par trahison.
[Livre huitième - Tristan et Yseut - Lamorat]
Ah, belle demoiselle, repartit Balain, le mérite, les qualités, les belles actions ne se découvrent pas rien qu’à la mise. Le courage et l’honneur sont cachés en l’homme. Maint chevalier de valeur n’a de réputation auprès de tous. Ne cherchez donc ni le mérite ni la bravoure en l’habit.
[Livre deuxième - Balain]