AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Tricia12


La glaise, le vent, la brume et la rosée, toutes les obscurités appartiennent à la forêt. Elle est le foyer de tous ceux qui n'en ont pas. De tous ceux qu'on ne veut pas. De tous les chassés, les fuyards, les proies. L'ombre est à la forêt. L'ortie et la ronce, la chouette et le goupil, l'ours et le coucou, le loup et le hérisson, le givre et l'orage, la larve et le serpent. Longtemps elle a été l'ennemie des hommes, son piège, sa mère cruelle. Il s'en est extrait en s'unissant, à force de courage et de lutte, pour se déployer sous le ciel, à découvert. Il est devenu son conquérant. De ça comme du reste. Il l'a coupée en morceaux, l'a exploitée, l'a annihilée, a tenté de la domestiquer comme une vache. Mais la forêt n'a jamais perdu ses propres règles, son propre règne, son ventre de nuit sauvage. Elle est restée le souffle archaïque de nos cycles, l'haleine musquée de nos origines, la reine ombragée du vivant, la ruade. Nous nous sommes tenus à l'écart pour inventer nos propres nuits, nos propres lois de bêtes orphelines, nos merveilles, nos désastres, nos propres dieux et nos propres monstres, sans jamais cesser de la craindre avec vénération. Elle est alors devenue le refuge de ceux qui se refusaient à l'homme et de tous ceux que l'homme refusait. Elle est l'autre camp. Le camp des autres.
Commenter  J’apprécie          60





Ont apprécié cette citation (6)voir plus




{* *}