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EAN : 9782362792175
Alma Editeur (24/08/2017)
3.84/5   198 notes
Résumé :
Gaspard et son chien s'enfuient dans la forêt.
L'enfant à peur, il a froid, il a faim, il trébuche, il se cache. Il est blessé. Un homme le recueille. Qui est-ce Jean-le-blanc ? Un sorcier, un contrebandier, un professeur ? Avec lui, et d'autres récalcitrants - ceux de la caravane à Pépère qui défraya la chronique au début de XXe siècle - Gaspard va découvrir la vie en marchant sur le monde.
"Je l'ai gardé au chaud cette histoire qui poussait, qui grim... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (107) Voir plus Ajouter une critique
3,84

sur 198 notes
Un grand merci à Babelio et aux éditions Alma...

Blotti sous un buisson d'acacias, le garçon peine à reprendre ses esprits. La peau tuméfiée, quelques traces de sang ici et là sur son visage, la douleur qui lui coupe le souffle. Après une longue course effrénée, c'est au coeur de la forêt qu'il a trouvé refuge. À côté de lui, son chien, couché sur le flanc. Blessé lui aussi, une respiration lente. Gaspard va devoir le porter à bout de bras s'il veut avancer, maintenant qu'il n'a plus peur. Il s'enveloppe dans cette brume de printemps. S'enfonce dans le ventre de cette forêt, à la fois protectrice et hostile...

Comme Gaspard, goûtez, explorez, apprivoisez cette forêt et laissez-vous guider... Partez à la découverte de personnes incroyables, fantasques et généreuses qui, comme ce petit garçon, sauront vous prendre la main et vous emmener vers des horizons inconnus... Que ce soit Jean-le-blanc, le sorcier herboriste au grand coeur, Sarah, l'intrépide prostituée, Fata' ou encore Capello. Au contact de ces gens du voyage, surnommés la Caravane à Pépère, Gaspard apprendra la dureté de la vie, la solidarité, les révoltes sociales, les injustices. de sa plume douce et poétique, Thomas Vinau, ce conteur, dépeint une société vieille de plus de 100 ans et constate combien peu de choses ont changé. Il nous offre un roman lumineux, profondément humain, minéral et ancré dans la terre.
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« C'est fini!
Nous avons saigné et pleuré pour toi. Tu recueilleras notre héritage.
Fils des désespérés, tu seras un homme libre! »
Cette citation de Jules Vallès tiré de « l'insurgé » vient clore ce Camp des autres beaucoup trop tôt tant j'aurais aimé prolonger le voyage. Prolonger un voyage au coeur des mots de Thomas Vinau.
La dernière page tournée, je n'ai pas pu fermer le livre. Pas envie de défaire la valise, pas tout de suite, pas comme ça. Pas comme on passe à autre chose, nous les héritiers qui petit à petit dilapidons les combats des anciens… Alors j'ai repris une page au hasard et j'ai relu, puis une deuxième, une troisième et encore, encore, encore… un peu… s'il te plait.

Ce camp des autres, c'est celui que les gens biens, craignent, mettent à l'écart ou aimeraient effacer d'un coup d'oeillère. C'est le camp des exclus de tout horizon, des bandits de grand chemin, des déserteurs, des braconniers, des manouches, des saltimbanques, des rêveurs, des révoltés, des insoumis, des gens de rien. C'est le camp des Robin des bois dont les signes de ralliement sont synonymes de coeur et d'éthique contrairement aux apparences. C'est le camp de ceux pour qui famille est un lien du sans, un choix, une solidarité. C'est le camp de la nature, de la forêt qui accueille ce gibier de potence, le protège des puissants chasseurs bien pensant.
J'avais envie de continuer la route en compagnie de Gaspard, ce gamin chair à malheur, fuyant la noirceur et le drame de ses premières années au début du XXe siècle. Que j'aurais aimé que se prolonge la période où il prend conscience, entre crainte et fascination, que son futur ressemblera au présent de ses compagnons d'infortune. Il connaitra ses premiers instants de bonheur. Un bonheur simple, celui d'être ensemble, d'être dans le camp des autres quoi.
Pas envie de les quitter, je suis si bien avec eux, presque léger malgré le poids du destin, malgré les morsures du froid du coeur de l'homme. Il y a des chaleurs humaines qui pansent bien des plaies, qui protègent bien mieux que toutes les polices.

Inspiré de faits réels, nous sommes au début des brigades du tigre et déjà à l'époque Clemenceau envoyait la police contre les miséreux pour rassurer le bourgeois. Un siècle plus tard rien n'a changé mais je m'égare… si peu.
Quelle belle lecture. Plus qu'un livre, c'est presque un recueil de poésie où chaque portrait est tracé à la sanguine, noirci au charbon, jauni au temps qui passe. Chaque branche, chaque feuille, chaque buisson de ronces est une respiration. Chaque goutte de pluie ou de rosée, chaque souffle de vent est une caresse, un murmure.

L'écriture de Thomas Vinau est juste terrible, belle, magnifique enfin je ne sais pas si elle est très « littéraire » et je m'en tape, elle est poétique à souhait et correspond complètement à ce qui me touche, à une part de ma sensibilité. Que demander de plus? Un prochain bouquin siouplait m'sieur.
J'avais déjà été conquis avec La part des nuages, le camp des autres confirme que Thomas Vinau fait maintenant partie des auteurs dont je vais attendre les prochaines publications avec impatience.
Sinon… j'ai adoré. Merci m'sieur Vinau.
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« Donc il y a des gentils qui sont méchants et des méchants qui sont gentils, la vie est une coquine confuse qui se cache dans les gris »

Hop, j'ai terminé mon petit commentaire, puisque cette simple phrase résume idéalement l'esprit de ce roman.

Nan mais j'ai quand même envie de m'attarder encore un peu dans ce Camp des autres (mon deuxième Thomas Vinau). Car ici, comme dans La part des nuages (mon premier Thomas Vinau), il y a des arbres. Plein. Toute une forêt même, abri providentiel d'un enfant en fuite, et royaume clandestin de la Caravane à Pépère, cohorte hétéroclite de marginaux, insoumis, exclus, excentriques, excommuniés, récalcitrants et autres ébréchés de l'existence en rupture de ban.

Ça grouille de vie au fond des bois, et là chaque mot de Vinau donne à les vivre, à en humer l'humus, à en effleurer les mousses.

Ça grouille de vie aussi dans la Caravane à Pépère, et c'est une galerie de portraits formidables qui se déploie par la langue inspirée de Vinau et sous les yeux d'un enfant ébloui par la puissance de cette liberté noble et farouche.

Liberté, Thomas Vinau écrit à nouveau ton nom dans les frondaisons. Et c'est encore très bon.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Dans un autre temps, là-bas au fond des forêts, Gaspard et son chien blessés fuient la violence paternelle. Sur leur chemin, une belle âme leur sauve la vie avant qu'une troupe de voleurs de grand chemin initie le jeune Gaspard à la vie marginale, à ses règles et ses valeurs.

Ce n'est pas un conte, l'histoire de Gaspard et de la Caravane à Pépère est inspirée de faits réels : constituée d'une centaine de membres, dont des déserteurs, des anciens prisonniers évadés et des bohémiens, originaires de Belgique, d'Allemagne ou de Suisse, la bande, dirigée par Jean Capello, un suisse, agissant jusqu'alors dans les Pays-Bas, entre en France en 1906 par la Lorraine et se dirige vers la Bretagne. En août 1906, elle terrorise les campagnes de Vendée, de Touraine et de Charente, commettant vols et escroqueries. le 2 juin 1907, une partie des membres de la caravane est arrêtée à La Tremblade par les futures brigades mobiles. Les roulottes sont perquisitionnées et sur la cinquantaine de nomades arrêtés, 17 sont relâchés. le 3 juin, des fonctionnaires du service anthropométrique de la Seine arrivent pour prendre les photographies, les mensurations et les empreintes digitales des nomades arrêtés. Si le bilan des perquisitions est maigre, l'opération est fortement médiatisée afin de rassurer les Français en démontrant que le gouvernement agit contre les bandes organisées (Wikipedia).

Thomas Vinau est sans aucun doute un poète, un poète idéaliste. Mais n'est-ce pas un pléonasme de le dire ? Toujours est-il que sous une masse de mots, de phrases décrivant une nature belle mais hostile, à l'instar d'une bande de voyous qu'il imagine retorse mais au grand coeur, il nous gratifie d'un message social du genre : déjà au début du XXe siècle des « méchants riches » s'en prenaient à « des gentils pauvres » (fussent-ils des authentiques fripouilles). Merci Monsieur Vinau...
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C'est l'hiver...il fait froid dehors et , quand on est retraité, le canapé est si attirant...Enfin , le canapé , oui , mais avec un nouveau " bon bouquin ".Et celui -ci , comme on dit , il est petit , petit mais costaud .
Lui , c'est Gaspard , sûrement un bon gamin , un bon gamin qui doit prendre des "roustes " , a dû être poussé à bout et qu'on retrouve en fuite , dans la campagne avec son chien qui a pris sa défense.
Et c'est là que l'on tombe sous le charme , dans la nature . La nature protectrice , la nature nourricière , la nature qui se maitrise , qui se gagne , qui se mérite . Des bruits , des odeurs , l'eau qui court , qui indique le chemin de la mer , le chemin de la liberté .
Le rythme lent est d'une grande beauté , dégage beaucoup d'émotion. Les chapitres sont courts et donnent aux descriptions la force d'un torrent déchaîné. Paradoxal, certes,mais si efficace .
Et puis il y aura les rencontres , protectrices , bienveillantes , formatrices malgré les apparences .Des rencontres d'honnêteté , d'honneur , de respect , d'amour , l'apprentissage de la survie .C'est un très beau texte , vite lu , certes mais qui s'incruste en vous à jamais.
Il se termine par la première mission des "brigades du Tigre "...Oui , mais de tigre , peut-il en être question dans nos campagnes ? Pas certain , mais ....on y trouve bien encore de vieux loups...
Je vous conseille cette lecture ,elle est vraiment "particuliére" et interpelle...Elle est surtout pleine d'amour et de poésie, mais l'amour et la poésie sont-elles encore des valeurs d'aujourd'hui ? Comme vous , j'ose le croire ...encore un peu.
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critiques presse (1)
Actualitte
13 avril 2018
Une bouffée de bonheur dès les premières pages : un bonheur de lecteur exigeant comme vous l’êtes sans doute, avide de textes forts et bien tournés ! Sur six chapitres courts, mais denses, l’auteur vous attrape et ne vous lâche plus.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (159) Voir plus Ajouter une citation
Nous Romani Tchavé on a le cœur aux pieds. Est-ce qu’au vent qui vavacre ils vont faire un carnet? A chaque route il y a une barrière, à chaque rivière un guet, les prés sont clos et les bois encagés. Des douanes et des frontières plus pourrissantes que les douves d’antan. Et quoi aux oies ils mettront un passeport, et aux ours un tampon, et la laisse à nos mères comme à des chiens errants? On bouchonne leurs artères. Soi-disant qu’on menace le brave avec nos tours de cartes, nos bêtes funambules et nos langues de loin? Soi-disant qu’on est tout le mal et toute la peste, et toute la bêtise des bêtes. Des chaines à la musique et des fers à la magie. Moi j’ai jamais vu de diable en roulotte! La vérité c’est qu’ils nous craignent comme des mioches enfiévrés et qu’ils dressent leurs hauts murs pour nous donner le pas à défaut de pain blanc. Ils nous craignent et ils nous admirent, comme un prêtre devant le mérens sauvage, ou une bourgeoise chapeau fleuri et joues empourprées devant nos têtes de turcs et nos jeux de baraques? Nous Romani Tchavé nous sommes le rouge qui monte aux joues des pucelles du monde. Nous sommes l’éclair de la lumière sur la peau du serpent. Sainte Madeleine et sainte Sarah protègent nos petits bouts! Nous sommes le chemin dans leurs rêves trop courts. Et la faim et la gale et la crève. Ah ça c’est bon pour nous! Qu’on est une meute de loups, de nègres et d’apaches à blanchir au ripolin! Qu’on est le vice et la rapine, la crasse et le blasphème, la souris dans le grain! Vous savez pourquoi ils ont peur? Parce que nous sommes les vrais pénitents du monde, enfants des pharaons et des juifs errants, la parole du bon Dieu, c’est dans nos plaies qu’elle se recueille. On en fait des chansons.
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La clarté que l'on nous refuse nous la volerons avec le feu. Nous coiffons la nuit au poteau. Nous rallumons les nues. Nous sommes la suie qui ne mérite pas l'azur. Nous sommes la chair rouge des braises. La petite viande perdue. Au début le sang et le feu ont la même couleur. Au début seulement. Ensuite il ne reste que la nuit. Il y a des oiseaux qui n'ont pas droit au ciel. Ils le voleront. Nous partagerons de force. Nous prendrons ce qu'on nous refuse. Nous sommes la faim des flammes. Le feu qui se tord. Le feu affamé d'air. L'esprit affamé de la justice. Nous sommes les flammes sans lumière. C'est la nuit que nous voyons le mieux, car c'est elle qui nous accueille. C'est le noir qui nous éclaire. La nuit est notre règne, la forêt notre patrie. Nous sommes les fils des bois perdus, de la route, de la boue des chemins. Nous sommes les fauves en exil. Les apatrides. Les moins que chien. Nous sommes les rats et les renards, les hérissons, les ailes tranchantes de grand-duc. Nous sommes les yeux de la mule aux flancs lacérés. La chair à canon et à usine, la viande pour leurs grosses dents. Nous sommes les invisibles, le choléra, le nègre, l'ongle noir de Satan. Nous sommes la famille de vos sacrifices, les cornus, les sauvages, les bouffeurs d'ombre, les récalcitrants. Nous sommes le vent qui souffle sur les braises, les morts pour rien dans la brume de l'Empire, la rage des chiens. Venez avec moi, je vous offre l'outrage, le brûlure, la ruade, le galop. Je vous offre la liberté des flammes sans lumière.
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Ils ont continué à parler à l’aplomb cru du soleil de mai. Ils ont continué à jongler leurs méfiances, leurs silences, leurs regards, sans jamais être certains de savoir s’ils jouaient finalement dans la même équipe ou l’un contre l’autre. Jean-le-blanc a respecté les distances de sécurité le temps qu’il fallait pour que l’enfant se rende compte qu’ils étaient déjà ensemble à parler la même langue. Mais rien ne put et ne pourrait jamais faire disparaître les deux pas de recul au fon des yeux de Gaspard, cet arrière-goût dans la bouche, cette manière particulière de poser son corps sans être jamais vraiment en sûreté. Une attitude que l’homme partageait avec l’enfant tout comme le bâtard, tout comme le furet, tout comme chaque être qui a eu un jour à tremper sa langue dans la cruauté des autres. Cette impression qu’inéluctablement bientôt, la douceur de la pause cesserait et l’entourloupe pointerait son nez. Ce qui-vive de bête blessée. Jean-le-blanc a utilisé des mots simples, pour dire des choses simples. Il a dit J’ai choisi un camp. Le camp de ceux dont on ne veut pas. Le camp des nuisibles, des renards, des furets, des serpents, des hérissons. Le camp de la forêt. Le camp de la route et des chemins aussi. De ceux qui vivent sur les chemins. De la trime et de la cloche. Des romanichels et des bohémiens. Ceux qui parlent aux bêtes et aux nuits. Ceux qui n’ont pas peur de la lune. Ceux qui dressent l’indressable et apprivoisent l’inapprivoisable. Ceux qui connaissent la langue des fantômes. Le secret des plantes et des champignons. Les chants païens et antiques. Les proscris aussi. Les fuyards. Les insoumis. Les orphelins. Je viens d’un pays près d’Avignon. J’ai le sang mêlé. Mon père était un gitan. Ma mère une paysanne. J’ai fait tous les métiers de la route. Ferblantier, rémouleur, rempailleur, montreur d’ours, colporteur, musicien et acteur. J’ai travaillé dans les champs d’olive et dans les mines de houille. Je sais soigner ou tuer avec les plantes. J’ai marché de l’Espagne à la Hollande. Mon père croyait en la Vierge noire, ma mère en la Vierge Marie. Les deux ont été tués par des hommes. Aujourd'hui je vis là. Je suis un bâtard libre. Je ne suis d’aucun camp et ceux qui ne sont d’aucun camp sont les bienvenus ici.
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Il y a quelque chose qui brûle qui n’est pas le jour. Il y a quelque chose qui naît dans les langes souillés du monde. Là où la terre et le ciel ont fait leur petite affaire. Une flamme sans lumière. Saisie dans le sang. Forgée de rosée. Glaireux et sublime. Puis un cri arrive. Le premier souffle est un premier cri. La douleur est une couverture. La caresse une morsure. Le temps quelque part en bas commence sa grouillance. L’eau pleine de sang de l’aurore. L’eau du bain sale. On nous a jetés là. Rats sans poils. Cauchemars à chair rose frissonnant déjà de perpétuelle perte. On nous a jetés là. A vos pieds. Nos pères ont dévoré nos mères. Nous sommes un élevage de vers pour la soie de vos gilets. Vous nous élevez comme de la viande. Vous suçotez notre jus noir pour une nouvelle couche de graisse. Nous sommes le détail de la farce. Je connais le bruit que font vos bouches lorsque vous nous mâchez. Je connais vos mensonges. Des couches et des couches de graisse. Un oignon de saindoux suant. Une charogne qui se digère. Même les porcs n’en font pas autant. Dans l’auge nous pataugeons. Et quoi? Votre guerre. Votre champ. Votre messe. Votre progrès, votre empereur, votre république. Rien n’est à nous à part le vent dans les ventres et le noir dans les dents. Nos enfants viendront au monde avec des canines plein la gueule. Nous avons faim et c’est vous que nous mangerons.
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Le lièvre est la forêt. La douceur et la bestialité, la langue chaude de la mère, les babines retroussées du père sont à la forêt. La viande est à la forêt. Le flux et le reflux du sang, les muscles, les odeurs, les souffles sont à la forêt. Toutes les bêtes sont à la forêt. Ce qui grouille, ce qui fouille, ce qui bondit, ce qui mord, ce qui broie est à la forêt. La glaise, le vent, la brume et la rosée, toutes les obscurités appartiennent à la forêt. Elle est le foyer de tous ceux qui n’en ont pas. De tous ceux qu’on ne veut pas. De tous les chassés, les fuyards, les proies. L’ombre est à la forêt. L’ortie et la ronce, la chouette et le goupil, l’ours et le coucou, le loup et le hérisson, le givre et l’orage, la larve et le serpent. Longtemps elle a été l’ennemie des hommes, son piège, sa mère cruelle. Il s’en est extrait en s’unissant, à force de courage et de lutte, pour se déployer sous le ciel, à découvert. Il l’a coupée en morceaux, l’a exploitée, l’a annihilée, a tenté de la domestiquer comme une vache. Mais la forêt n’a jamais perdu ses propres règles, son propre règne, son ventre de nuit sauvage. Elle est restée le souffle archaïque de nos cycles, l’haleine musquée de nos origines, la reine ombragée du vivant, la ruade.
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Vidéo de Thomas Vinau
« Nul dieu ne t'aidera, nul programme, nul parti, nul bulletin de vote, nulle masse, nulle unité. Je suis le seul capable de m'aider. Et c'est en moi-même que j'aiderai tous les hommes dont les larmes débordent. » B. Traven est Traven Torsvan qui est Berick Torsvan qui est Otto Feige qui est Hal Croves, qui est Ret Marut, enfin, je crois. B. Traven est né un an avant la mort de Karl Marx, enfin, je crois. B. Traven est un romancier allemand et un activiste anarchiste, un de ces hommes de l'ombre au petit chapeau rond qui font bouger l'histoire sans perche à selfie. […] Il a pris un nom différent partout où il a fait de la prison. Il a fait de la prison partout où il a incité à la révolution. […] » (Thomas Vinau, 76 clochards célestes ou presque, Éditions le Castor Astral, 2016)
« L'homme qui a tant fait couler d'encre dans les dernières décennies de sa vie est mort le 26 mars 1969 dans la ville de Mexico à des âges différents, non sans avoir épuisé plusieurs identités dont aucune ne paraît être la vraie. le succès des romans de Traven […] a déclenché une « chasse » à un individu qui ne se laissait pas photographier […]. La seule chose prouvée est que B. Traven ne fait qu'un avec Ret Marut […]. […] le proscrit réussira à débarquer, dans des conditions ignorées, sur les côtes du Mexique au cours de l'été 1924. La vie qu'il va mener sous le nom de Torsvan, ingénieur américain, pour être moins mystérieuse, n'en reste pas moins secrète […]. […] Cet apatride sans identité obtient finalement la nationalité mexicaine en 1951. […] Il faut considérer le romancier […] comme un aventurier écrivain qui a passé la majeure partie de sa vie à égarer les soupçons – pour mieux enfoncer les preuves de son humanité comme autant de clous dans les têtes molles du siècle. […] » (B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018)
« […] Quoique mes oeuvres soient traduites en dix-sept langues, je n'ai ni maison ni argent et je ne possède qu'un minimum de vêtements indispensables. […] » (B. Traven, Lettre à Solidaridad Internacional Antifascista)
0:00 - L'art des Indiens 4:27 - 2e extrait 4:45 - 3e extrait 4:59 - 4e extrait 5:32 - Générique
Référence bibliographique : B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018
Image d'illustration : https://www.gettyimages.fi/detail/news-photo/traven-schriftsteller-d-portrait-im-profil-undatiert-news-photo/537147851
Bande sonore originale : Bensound - Tomorrow Tomorrow by Bensound is licensed under a CC BY 4.0 Attribution International license.
Site : https://www.bensound.com/royalty-free-music/track/tomorrow
#BTraven #LeGrosCapitaliste&AutresTextes #LittératureAllemande
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