Un quart d’heure plus tôt, ils roulaient dans la banlieue bordelaise, à l’heure du déjeuner. Et maintenant, leur bus se retrouvait, par un curieux phénomène, perdu dans un bois au beau milieu de la nuit.
Hélas, la seconde d’après, tandis qu’il se réjouissait
d’avoir tout de même frôlé la catastrophe, un homme en
imperméable, la capuche rabattue sur le visage, déboula
depuis un coin de la rue et le percuta de plein fouet.
Yahn bascula en arrière et s’étala de tout son long dans
une flaque d’eau suspecte – qui sentait l’urine –
éclaboussant sa chemise, sa belle veste de costume, et
même sa cravate favorite couleur gris taupe.
Eva se vit marcher jusqu’à leur niveau de façon automatique, comme si elle n’était plus en contrôle de son propre corps et qu’elle observait la scène depuis un œil extérieur.
— T’es un vrai guerrier, Lloyd, mais t’es surtout un bon gars ! Je suis sûr que tu peux trouver mieux à faire que mercenaire, petit frère.
— Si vous êtes encore là, c’est que vous êtes des durs à cuire ! Ne faites pas cette tête là, demain est un autre jour…