les Occidentaux voient dans la nature autant d'instruments ou de produits à leur disposition, alors que la perception qu'en a un japonais fait d'elle plutôt comme une présence fraternelle, ou encore il la considère comme étant, pour reprendre une expression établie, une partie de son corps. Il n'est pas impossible d'ajouter que si les Occidentaux cherchent à dominer la nature, les japonais, eux, depuis toujours, se sont identifiés à elle et se sont appliqués à se conformer à tous ses mouvements...
Cette différence dans la manière de concevoir la nature a conduit d'une part au développement des sciences et de l'autre à celui de cette forme poétique absolument unique qu'est le haïku.
Contrairement aux Occidentaux qui adoptent le point de vue du positivisme scientifique en faisant de l'homme et de la nature deux entités radicalement séparées qui s'inscrivent dans un face-à-face, il semble que les Japonais, eux, aient une forte tendance à les percevoir comme un seul et même corps qui fonctionne comme un tout indissociable. [...]
Cette différence dans la manière de concevoir la nature a conduit d'une part au développement des sciences et de l'autre à celui de cette forme poétique absolument unique qu'est le haïku.
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