Trish Cook

Cher Charlie,

J’ai toujours été plus à l’aise pour écrire des paroles de chansons que des longues phrases et des paragraphes. Au moins, quand j’écris, je ne risque pas de divaguer, même si je suis stressée.
Je ne trouverai jamais les bon mots pour exprimer tout ce que tu signifies pour moi, depuis le moment magique de notre rencontre. Ou la joie que tu m’as apportée depuis la première fois où je t’ai vu passer sous ma fenêtre.
Tu m’as tout donné.
Tu m’as appris à vivre.
Même si le temps que nous avons passé ensemble a été trop court, les étoiles ont brillé à chaque instant. Et la lumière de ces moments sera encore visible pendant des milliers d’années.
J’espère que de là où je suis, je peux me pencher et te voir, Charlie. Pour observer les choses extraordinaires qui t’attendent. J’espère que tu penseras de temps en temps à lever les yeux vers le ciel... et que tu te souviendras de la lumière que nous avons créée tous les deux.
Amor vincit omnia.
Je t’aime, Charlie Reed.

- L'amour n'est jamais juste, mais notre situation est particulièrement injuste, genre record mondial d'injustice, et donc on doit arrêter de se voir. C'est terminé. Ce n'est pas toi, c'est moi.

- Je te promets de lui en parler. La prochaine fois que je le vois, d’accord ? Même si je ne sais pas quand ce sera…

- Oh, mais je le sais, moi, me lance Morgan, en sautant du lit. Tu sais, le gars chiant qui travaille avec moi chez le glacier ?

- Le nerd que tu détestes ? Qui est clairement amoureux de toi ?

- Beurk, tu vas arrêter de dire ça ? Enfin, bon, oui, Garver. Ses parents sont partis, et il organise une soirée aujourd’hui. Il m’a dit d’emmener des amis. Donc je t’emmène et toi, tu viens avec Charlie.

Ce soir ? Je ne suis pas du tout préparée à ça. J’ai besoin de temps pour trouver la bonne tenue, peut-être pour me faire couper les cheveux ou, je ne sais pas, pour acheter du maquillage et comprendre comment l’appliquer, vu que je n’ai pas l’habitude de devoir être présentable. Je n’ai aucune idée de par où commencer.

- Quoi ? Non, non, non. Je ne peux pas… c’est pas… je ne suis pas censée attendre qu’il m’appelle ou quoi ?

- Si, bien sûr. Et son écuyer t’enverra une lettre par pigeon voyageur pour te demander si tu entérines la fusion de vos royaumes. Tu te crois où, en Angleterre au XVIIIe siècle ? Tu es une jeune fille sexy et complètement badass qui gère sa vie comme elle l’entend. Tu lui envoies des textos quand tu en as envie !

Elle me lance mon téléphone.

« - Je veux juste que tu es une vie aussi belle que celle que tu m’as donnée. J’ai besoin de savoir que tu essaieras d’être heureux, que tu vivras de nouvelles aventures et que tu auras quelqu’un à tes côtés avec qui les partager parce que… eh bien ,c’est la meilleure chose qu’il puisse t’arriver. »

À vrai dire, je n’aime pas trop aborder ce sujet non plus. Celui de ma date d’expiration, je veux dire. Ni imaginer à quoi pourrait ressembler la mort. Pourtant, je le fais parfois. Évidemment. Généralement tard dans la nuit, quand il fait noir et que je suis seule éveillée dans la maison, dans le quartier, dans la ville. Je me demande si la mort ressemble un peu à ça. Si on se retrouve seule, dans l’obscurité, éveillée et consciente de tout. J’espère sincèrement que non, car ce serait… insupportable. Comme si je revivais ma vie, mais pour l’éternité.

Ses livres trouvent les miennes, et nous nous embrassons comme si nous avions passé notre vie entière à nous désirer. Je n'en ai jamais assez de Charlie Reed et je sens que ce sentiment est partagé. La chaleur montre. J'ai l'impression que nous ne pourrions pas être plus collés, que c'est impossible, et pourtant nous nous rapprochons encore.

Je tapote mon cœur et je presse la paume un peu plus contre celle de Charlie. Amor vincit omnia. L'amour triomphe de tout.

« Et depuis que je n’ai plus peur, la certitude de mourir ne m’effraie plus non plus. Je suis déterminée à vivre pleinement chaque seconde qu’il me reste, peu importe le temps qui m’est imparti. Tout ira bien et tout le monde s’en sortira. J’en suis convaincue. Sinon, je n’arriverai pas à lâcher prise quand le moment viendra. »

« Je voudrais mettre en bouteille tout ce que nous avons était et tout ce que nous avons fait l’un pour l’autre et le déverser partout sur la planète. Que le monde entier puisse faire l’expérience de la bonté à l’état pur. »

« Il me fixe comme s’il allait me révéler quelque chose, fendiller la façade heureuse et optimiste qu’il affiche en permanence. Mais il semble se raviser. Il n’y a rien à gagner à ouvrir cette boîte de Pandore. Pourtant, pour une fois, j’aurais aimé avoir une conversation sincère et honnête sur la façon dont XP a tout chamboulé dans nos vies. C’est à cause de moi qu’il ne peut plus vivre sa passion, et nous le savons tous les deux. »