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Critiques de Uwe Tellkamp (22)
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La tour : Histoire en provenance d'une terr..

Quand une adaptation télévisuelle sauve un livre...

Du moins pour moi!



A sa sortie, ce livre sur la dernière décennie de la RDA avait tout pour me plaire.

Et ce fut un raté: j'ai tenté, posé, repris et abandonné, au motif que la lecture se doit quand même d'être un plaisir et ce n'était pas le cas! Pourtant le sujet, la période, le recul historique étaient des atouts mais le traitement en était si lourd que je me suis perdue en route.



Et puis, contre toute attente, la chaine Arte a programmé une adaptation très réussie en décors et personnages, mettant en lumière l'absurdité d'un système politique moribond et le difficile quotidien d'une population, toutes générations et métiers confondus, qui courbait le dos et subissant sans plus y croire. Les digressions de l'écriture n'encombraient plus une chronique familiale passionnante.

Il n'est pas exclu que je reprenne le livre un jour prochain...



La Tour. Téléfilm allemand de Christian Schwochow (2012)
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La tour : Histoire en provenance d'une terr..

RDA, les années 80. C’est l’époque des entreprises collectives du peuple les « VEB », des files d’attente devant les magasins, des Lada et des Trabant, du troc, des autorisations administratives pour régler les questions domestiques, des réquisitions de logement, des regards inquisiteurs, de la parole fragile qu’on ne peut abandonner au jugement rapide des gens, des contrôles policiers arbitraires, de la corruption grandissante au sein de la nomenklatura, du ciel gris voilant les espérances individuelles…



Face à cette laideur du quotidien, la Tour est ce quartier de Dresde où les habitants, médecins, chirurgien, ingénieur, directeur d’édition, construisent leur « propre réalité pour la façonner selon leurs rêves ». Face à une vie suspendue à un marteau et une faucille qui s’avèrent de plus en plus rouillés, chacun se réfugie dans ses pensées, ses souvenirs ou ses espoirs tenus pour rompre avec la réalité et la rendre plus supportable.

Ils se réfugient dans les livres ou la musique, ou encore se ressourcent dans la solidarité sincère créée entre eux de sorte que ce quartier apparaît comme une île ceinturée d’un mur et de barbelés.



L’auteur dépeint habilement cette part immobile de l’Histoire, cette vie faite de temps et de tristesse, ces gens discrets que rien ne semble ébranler, pas même un régime qui leur est hostile. Parmi eux, Christian adolescent doux rêveur et sensible appelé à grandir plus vite qu’il n’aurait voulu.

Rares sont les marxistes convaincus, quelques uns le sont par opportunisme, mais la grande majorité, parce qu’elle a une vision singulière, se dissimule derrière une discrétion anglaise. Les critiques sont toujours prononcées à voix basse, à l’abri des regards scrutateurs et des sourires aigres-doux. C’est une population vulnérable et usée par des lendemains empêtrés dans une révolution marxiste à bout de souffle.

Malgré tout, la prudence lasse, irrite. Le détournement de la vérité, le zèle bureaucratique absurde, l’arrivée de nouveaux habitants et la rage impuissante qui s’accumulait jusque-là annoncent subrepticement des changements à venir face à ce qui apparaît rétrospectivement comme les ultimes sursauts du régime.



Uwe Tellkamp a construit un roman plein de sensibilité qui creuse un sentiment accablant d’immobilité, d’indolence, de désarroi ou encore d’impuissance silencieuse dans un pays gris et prisonnier de ses idéaux. Le temps parait immuable et les choses intangibles.

L’auteur a choisit le récit contemplatif d’abord parce qu’il a le talent pour nous imprégner de toutes ces choses qui échappent au langage et que les mots interdits dans un État policier ne peuvent relater_ La parole n’étant pas libre, le moindre reproche pouvait faire basculer une vie. Ensuite parce qu’il convient de reconnaître à Tellkamp une intelligence intuitive qui appréhende brillamment le genre humain.

C’est un roman lent qui s’insinue dans les profondeurs du désenchantement humain, rien de hâtif dans l’écriture vagabonde, élégante et racée. Si bien que parfois le rythme narratif apparaît malheureusement trop lent, le souffle évocatoire embué par une subtilité et des digressions pas toujours accessibles. Chacun des personnages s’attachant à demeurer impénétrable.





La Tour n’en demeure pas moins une évocation « lumineuse » de la vie en RDA divisée entre amis et ennemis, écrasée de tout son poids par le dogmatisme aveugle. Lorsqu’on s’intéresse à la biographie de l’auteur, on se dit qu’il revisite son passé, les lieux et les choses oubliées ou incomprises lorsqu’il était plus jeune.



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La tour : Histoire en provenance d'une terr..

C'est une montagne à escalader. La tour de Uwe Tellkamp s'élève à 965 pages et l'oxygène n'est pas fourni. Comprenez qu'aucune note du traducteur ou explication quelconque des nombreux acronymes et abréviations qui figurent dans le le livre, ne viennent à l'aide du lecteur. De la mort de Brejnev à Gorbachev, c'est à dire de 1982 à 1989, l'auteur raconte de l'intérieur le pourrissement et la chute d'un système : celui de la RDA. Pour être plus exact, il décrit l'existence de trois personnages principaux, mais les "figurants" sont multiples, de la famille Hoffmann : Richard, chirurgien ; Christian, son fils, lycéen puis tankiste durant son long service militaire ; Meno, correcteur dans une maison d'édition. Sur plus de 80 pages, Tellkamp commence par détailler par le menu une fête d'anniversaire au sein d'un milieu bourgeois dresdois plutôt privilégié. Difficile alors de se croire en RDA. C'est insidieusement, en prenant son temps, il peut se le permettre, que l'auteur va disséquer les rouages et le vrai visage d'un pays fonctionnant en circuit fermé et dont il faut accepter les contraignantes règles pour survivre. L'entreprise littéraire est colossale, d'une richesse inouïe tant par sa minutie, vie publique et vie privée, que par son style qui évolue au gré des chapitres, tout en restant fidèle à une précision d'orfèvre que ce soit du point de vue psychologique ou factuel. Un portrait saisissant des sept dernières années de la RDA à travers une chronique d'"un monde englouti." Immense tapisserie aux multiples motifs, La tour est un exercice d'apnée intenable pour qui ne maîtrise pas à fond l'histoire du pays. L'asphyxie guette et il est quasi impossible de ne pas sauter quelques passages, de temps à autre, quand cette recherche du temps perdu devient ultra descriptive. A la façon d'un Proust ou d'un Mann, voire d'un Tolstoï, comme l'ont justement pointé la plupart des critiques. A l'assaut de ce livre-monstre, il est cependant possible de se choisir un thème personnel, de manière peut-être subjective, mais cela permet de ne pas se laisser emporter par le courant sans se débattre. Par exemple : le refuge que constitue la culture en temps de dictature, morale et politique. Les trois "héros" de Tellkamp s'accommodent du régime en place et se sauvent peu ou prou en se passionnant pour la musique et la littérature. Jusqu'à l'abandon. Ce n'est sans doute qu'une manière dérisoire de lutter et, vue sous un certain angle, même plutôt lâche, mais elle maintient en vie et à flot. Et ce qui vaut pour ces personnages de fiction est aussi opérant pour un lecteur au bord de balancer l'ouvrage par dessus bord. Ce qui serait dommage, eu égard au travail de titan et au talent incontestable d'Uwe Tellkamp. Mais, mein Gott, que c'est difficile de ne pas renoncer dès la deux-centième page !
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La tour : Histoire en provenance d'une terr..

En 1982, Brejnev vient de s'éteindre à Moscou, Iouri Andropov lui succède et la RDA ne sait pas encore qu'elle entame la dernière ligne droite qui la verra bientôt foncer droit dans le Mur. Mais en attendant, non loin de la frontière tchécoslovaque, à Dresde vivent quelques habitants que l'on pourrait qualifier de privilégiés, puisque certains ont des postes respectables et fréquentent à l'occasion "la Rome orientale", comme on appelle cet îlot suspendu au bout d'un pont bien gardé, et qui abrite la nomenklatura locale.



C'est le cas de Meno Rhode, correcteur pour les Editions de Dresde, de son beau-frère Richard Hoffman, médecin-chef et chirurgien réputé, d'Anne, son épouse et de leur deux enfants, dont Christian leur fils aîné. Si le roman tourne autour de ses quatre personnages principaux, l'auteur nous offre aussi un foisonnement de portraits divers et variés qui composent ce microcosme étonnant auquel se mêle la classe laborieuse. Car nous sommes dans "la bourgeoisie" d'un quartier résidentiel dont la Tour est le centre à partir duquel rayonnent la Maison des Mille Yeux, la Maison Etoile du soir, la Maison aux Dauphins, la Maison Italienne, la Maison aux Glycines, la Caravelle. Mais ne vous y trompez pas, ces noms poétiques ne sont pas la garantie d'un confort grand luxe ni d'une vie facile et insouciante tout bourgeois que l'on est au paradis socialiste. Car si les protagonistes jouissent de quelques facilités, ils doivent se plier comme tout un chacun à la bureaucratie ubuesque du pays.



S'ils osent se livrer sur le ton de la plaisanterie ou de la confidence à quelques critiques, la question centrale et omniprésente est "Qui en est ?" (de la Stasi, évidemment), et le procédé est à la fois simple et pervers pour vous en faire "y être" et devenir "un de Ceux-là"... Et quand il s'avère que Richard mène une double vie et que son fils Christian fait des siennes lors de sa préparation militaire qui doit lui ouvrir les portes de l'université, la belle façade de respectabilité n'est pas loin de se fissurer.



Voilà un livre impossible à résumer davantage, car il s'agit d'une immersion à haute valeur littéraire dans plusieurs univers, sociologique, politique et culturel. Les critiques évoquent un talent égal à celui de Thomas Mann dans Les Buddenbrook. Personnellement, ce livre représente pour moi l'idée que je me fais d'un prix Nobel, ce que je lis rarement. Le sujet est ambitieux, l'écriture riche et dense (bien trop, n'hésitons pas à le dire), les personnages et références nombreux (pour qui n'est pas familiarisé avec l'Allemagne des notes de bas de page auraient souvent été les bienvenues) et c'est un roman presqu'aussi long que l'Elbe, 965 pages dans lesquelles je me suis parfois égarée mais pour mieux y revenir !



Il n'en reste pas moins que c'est un superbe témoignage sur la fin d'un monde et d'une époque, mais c'est un livre qui se mérite. Si l'Union des Travailleurs de l'Esprit existait encore, Uwe Tellkamp aurait eu une médaille, sans doute aucun il a atteint ici la norme !


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Au début de ce roman fleuve, nous sommes en 1982. L’action se situe à Dresde, dans un quartier bourgeois dont les habitants semblent parfaitement à l’aise et heureux. Meno tout d’abord, qui travaille en tant que correcteur dans une maison d’édition… la censure ne plaisante pas. Richard ensuite, le beau-frère de Meno, chirurgien réputé dont la vie semble tout d’abord bien rangée puis révèle peu à peu une large part de secret. Autour d’eux gravitent amis et membres de la famille, aux caractères très différents selon leur manière d’appréhender le régime sous lequel ils sont contraints de vivre au quotidien.

On le voit, ce roman promettait d’être intéressant. Et il l’est d’ailleurs. Le lecteur se retrouve en effet plongé au coeur de la vie en RDA, dont le souvenir s’efface aujourd’hui peu à peu. C’est ce qui m’avait attirée, animée par l’envie de découvrir – par le biais d’un roman – ce que pouvait être la vie de ce côté d’un pays coupé en deux.



Malheureusement, même si certains passages m’ont plu, les digressions de l’auteur lorsqu’il s’attarde sur certains personnages ont fini par me perdre. Il y a beaucoup de longueurs, beaucoup trop à mon goût, et j’ai fini par abandonner ce roman à la page 600. Dommage d’être allée si loin me direz-vous, mais je n’avais vraiment plus envie d’aller au-delà et de lire les quelque 400 restantes. La lenteur, conjuguée à la froideur du ton qui donne l’impression que les personnages sont comme anesthésiés, ont eu raison de mon espoir que le livre finisse par m’emporter.
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Pas toujours facile de comprendre le sens des phrases pour qui n'a pas vécu en Allemagne de l'Est !
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Ayant lu les critiques sur Babelio, je m'étonne que personne ne mentionne les erreurs de traduction, qui rendent ce livre difficile mais passionnant parfaitement illisible par endroits. Il apparait en effet que le traducteur signataire, Olivier Mannoni a manifestement sous-traité des passages entiers à des traducteurs différents. Ainsi le "ressort" du baromètre (objet emprunté à Thomas Mann) qui se dit en allemand "Feder", est traduit par "boîte à plumes", au début du livre alors que les ressorts (Feder) de lit ou de wagons de chemin de fer, beaucoup plus loin dans le livre sont correctement traduits. Les multiples citations littéraires mais aussi les noms (émission enfantine du "Marchand de Sable") d'objets culturels dont la RDA était fière et qui lui ont survécu (comme telle marque de lessive) ne sont pas assortis de notes ; cette entreprise de traduction, soutenue par un séminaire international, est d'une malhonnête flagrante et a ruiné le succès d'un livre important.
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J'ai été sonné par ce roman torrentiel (plus de 1300 pages serrées en édition de poche) et exigeant. Je ne pense pas avoir lu quelque chose du domaine allemand de cette ampleur depuis mes lectures adolescentes de Günter Grass et Thomas Mann, sauf peut être le "Berlin Alexanderplatz" de Döblin lu il y a quelques mois. Tout se passe en ex RDA entre 1983 et 1989, à Dresde. On suit une kyrielle de personnages, apparentés par la famille, le travail ou simplement la vie quotidienne; Trois se détachent quand même, Christian est un jeune homme qui pour espérer pouvoir faire des études de médecine est contraint d'accepter trois ans de service militaire, qui se transformeront en cinq avec un passage en prison et du travail forcé dans des usines apocalyptiques... Son père, Richard, chirurgien, sera obligé lui aussi de devenir un mouchard. Enfin, Meno, un oncle de Christian, qui travaille dans une maison d'édition et fréquente la nomenklatura politique et culturelle. Malgré ces personnages repères, souvent la narration part en vrille, de longs passages censément écrits par Meno s'apparentent plus à de la poésie en vers libre qu'à un roman. Mais il faut accepter de lâcher prise. Cela n'aurait pu être qu'ennuyeux, mais ce roman me semble si prenant que je n'ai pas pu faire autrement que de le lire lentement, pendant une quinzaine de jours. Il me restera sûrement longtemps en mémoire...
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La tour : Histoire en provenance d'une terr..

Dresde 1982. Une ville hier détruite, rasée par les bombardements des alliés, une barbarie guerrière. L’ombre d’un mur édifié à Berlin, non pour défendre la liberté, mais pour empêcher la migration massive des est-allemand-e-s, comme elles et ils seront plus tard nommé-e-s. RDA ou le « démocratique » cynique masque mal les réalités.



Digressions de Meno, le correcteur-censeur dans une maison d’éditions. La maison aux mille yeux. Un chat nommé Chakamankabudibaba. Le grenier de la Caravelle.



Christian, les livres, la musique, le verbe. Ezzo, Robert, Richard et sa double vie, Josta, oncle Niklas, Anne, Ineuff, Kurt, le Vieux de la Montagne, Verena, Barsano, Hanna, Eschschloraque, Schevola et les autres…



Au pays de la réalité falsifiée, le rire et les blagues, « Vous savez comment transformer une banane en boussole ? Vous la posez sur le Mur. Là où le bout de la banane a été mordu, c’est l’Est ». Le regard acéré de ceux qui désapprouvent et participent à la surveillance et aux dénonciations. Tourner sept fois sa langue dans la bouche avant d’émettre une opinion.



Uwe Telkamp multiplie les angles, les temps, croisent les récits et les personnage. Une toile littéraire à la temporalité étirée et grise comme cette société.



L’hôpital, le lycée, l’armée, le comité de censure…. Lieux du quotidien, de la pénurie et de l’absurde. Le poids des phrases, des descriptions à la dimension soupesée pour approcher, par la puissance particulière d’un langage, « Des fleurs vert marécage », la rouille, les pesanteurs et les contradictions, le peu dicible derrière le factice.



La musique et les livres. « La musique en marche. Toute notre force. La fée des lettres ». Les voisin-e-s. La quête d’un sapin, la concurrence bureaucratique. Les surveillances, les conversations travesties. L’île au Charbon, la paperasse, l’émigration, le rêve. Les traîtres !



Le temps soumis s’étire et parcourt toutes les nuances de ces gris qui font le poids des jours. La virgule rouge, les mots et les phrases s’arrêtent pour composer des dialogues angoissés ou incongrus, « Moi, ce qui m’intéresse, ce sont les trames qui n’ont l’air de rien, les treillis, les transitions ; le camouflage et le mimétisme ; la manière dont sont construits les lits où reposent les thèmes, ces « belles » princesses parfois un peu trop belles. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas seulement l’étage des appartements de luxe, mais aussi la cave à charbon, la cuisine et, pour rester dans cette image, les chambres de bonne de la composition ». Le calme plat. Rome orientale. Le premier amour. Reina.



De « La province pédagogique » à « La pesanteur ».



Le « tu » et le « vous ». Ce « tu » qui « permet de jeter un regard dans la chambre, avec des mégots qui traînent et les bouts de gâteaux avariés ». La chambre, l’appartement, l’immeuble, la ville ou le pays.



L’incorporation, les brimades, la bureaucratie armée, les lettres, « Rose est la couleur des armes ». Les pièces de voiture. Ne compter que les heures joyeuses. Le tank et les manœuvres. La Crêpe



Régine, le rideau de fer et l’émigration. La noce et les regards troubles ou éveillés. Le papier de la République et la République de papier. « Je trouve pour ma part condamnable le fait que notre comportement le soit ». Les mots en suspension. Les articles du code pénal. La bureaucratie et ses règlements-injonctions, « Au nom du peuple », l’île du Carbure.



Richard, Anne, Christian, Meno. « Après cette interruption, les journées… s’écoulèrent ».



Et comme à l’opéra, le Maelstrôm, le finale. Prendre des risques, descendre dans la rue, « … mais ensuite, d’un seul coup… sonnèrent les horloges » : « nous sommes le peuple ».



Un monde s’effondre. Le temps lisse ou sinueux, les secrets publics ou cachés sont donnés à lire à travers le rythme particulier des enchaînements, des retours, des confrontations de personnages, des situations. Un mur est abattu. Une terre engloutie. La fin du court vingtième siècle. Et dire que certain-e-s ont essayé de nous faire croire que cette dictature avait quelque chose à voir avec l’émancipation socialiste…
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Un long survol (oui, même en tenant compte de la complexité et de l'ampleur du livre c'est le terme) d'une RDA provinciale vieillissante qui devient, insensiblement une RDA finissante.
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Un roman de presque 1000 pages, ça a de quoi faire peur. Mais il faut bien cette masse pour évoquer ce que fut la RDA dans les années précédant la chute du Mur et la réunification allemande. L'histoire est racontée vue par les yeux de trois personnages: Richard, chirurgien, Meno, son beau-frère éditeur et Christian, son fils qui ambitionne de suivre les pas de son père. Au delà des destins individuels, c'est la description d'une société anciennement bourgeoise, atterrie comme par hasard dans un pays communiste. Certains passages tendent à l'onirisme, d'autres nous plongent au contraire dans la froide réalité administrative. On est en tout cas emporté dans le vent de l'Histoire et on découvre le quotidien (juste) de l'autre côté du rideau de fer. Seule (petite) critique, et c'est rare que je le signale : de très nombreuses coquilles d'impression rendent parfois la lecture difficile. Le nombre de pages a-t-il amené une relecture plus lâche ? Cela n'enlève évidemment rien à l'intérêt essentiel d'un tel livre qui est un témoignage édifiant pour les générations à venir.
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J'enrage

Tout est réuni dans ce livre pour en faire un chef d'oeuvre

l'histoire, les personnages, une époque .......

mais qu'il est long long long long long long long

si long que l'auteur perd , noie ses personnages, ses lecteurs dans des descriptions interminables et des phrases à rallonges, à tiroirs, que l'on ne peut à la longue plus supporter

Et pourtant bon sang que j'ai aimé l'histoire et ses personnages qui m'a rappelé le superbe film "la vie des autres"

Adepte des romans "imposants" car cela me permet de rester avec les personnages plus longtemps je doit dire que j'ai eu beaucoup de mal avec celui ci et que j'ai sauté des lignes (des paragraphes , chapitre)

Et pourtant encore une fois l'auteur avait de quoi nous passionner avec ses personnages leurs vies et l'environnement géopolitique de cette RDA dictaturale du quotidien et de l'intelect

un trois étoiles au lieu des cinq si plus court
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Pour apprécier ce roman, il faut prendre le temps de le lire lentement pour se laisser immerger complètement dans l'atmosphère de cette fin d'époque dans une RDA enfermée dans son idéologie, mais à bout de souffle comme son pouvoir et ses dirigeants en Allemagne ou en Russie. Tout y est décrit avec minutie : les odeurs, les couleurs, la pollution des complexes chimiques, la poussière de charbon, les tracasseries administratives, les surveillances, les dénonciations, les situations ubuesques. Le tout est orchestré comme une interminable partition de musique, tantôt magique, tantôt cauchemardesque, tantôt lyrique, tantôt grinçante. On y suit durant les dernières années du régime communiste le quotidien d'une famille d'intellectuels aisés et plutôt privilégiés. Dans une ville au premier abord idéale, peu à peu tous vont devoir trouver des accommodements pour composer avec les interdits et les complications, la censure et les restrictions. L'écriture est complexe, poétique, philosophique, onirique et se déroule dans une longue description narrative comme si les mots si longtemps retenus s'échappaient enfin par cascades dans un flot intarissable.

Et nous qui n'avons plus l'habitude d'une écriture qui ne va pas immédiatement à l'essentiel, nous sommes désarçonnés et perplexes. Tout de même, il aurait pu condenser un peu ! Certaines pages du journal de Meno me sont restées incompréhensibles. D'autres sont des trouvailles extraordinaires et magnifiquement imagées telle la fameuse stratégie des sauterelles livresques qui font la chasse aux livres de l'Ouest à la foire aux livres de Leipzig.

L'atmosphère n'est pourtant pas pesante, malgré la gravité de certaines situations, tout est amené avec beaucoup de finesse et d'intelligence ; la beauté de l'écriture et le niveau des conversations entre protagonistes illuminent le roman, bien que l'on soit fortement tenté de sauter quelques passages.
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RDA, 1982. A Dresde, Christian Hoffman fils d’un chirurgien entame ses études supérieures. Sa famille réside dans un quartier luxueux de la ville. Sous les apparats d’une vie tournée vers la culture et les arts, la censure est bien réelle ainsi que la stasi, organe policier qui surveille les habitants et leurs activités. Le rêve de l’ouest est murmuré, les années passent et un vent de liberté commence à s’agiter.



Je ne sais pas comment parler de ce livre dense. Car au départ, nous avons du mal à croire que nous sommes en RDA. La famille Hoffmann, famille bourgeoise par excellence reçoit et donne des dîners. Richard Hoffmann chirurgien est un homme raffiné qui aime les arts et si son fils joue de la musique, il y est pour beaucoup. Son beau-frèreMeno travaille dans une maison d’édition en tant que correcteur. Christian veut devenir médecin comme son père. Aux premiers abords, rien ne différencie cette famille d’une autre. Parce qu'Uwe Tellkamp prend le temps de bien camper ses personnages avant de dresser le portait de la RDA.



la suite sur :

http://fibromaman.blogspot.com/2012/02/uwe-tellkamp-la-tour.html
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Cédant aux critiques élogieuses, je me lance dans la lecture de ce livre de près de mille pages pour une immersion dans les sept dernières années de l'Allemagne de l'Est, celles qui ont précédé la chute du Mur en 1989; celles qui ont vu le régime s'essouffler et les derniers avatars de l'autoritarisme piloté depuis Moscou s'exprimer dans des soubresauts tantôt tragiques, tantôt comiques. L'auteur, Uwe Tellkamp est nous dit-on chirurgien de son état (mais quand a t-il trouvé le temps d'écrire ce roman?). Dans ce superbe livre, il décrit de l'intérieur, et l'on s'en doute parfois sur le mode autobiographique, les avanies et folklores divers du régime est-allemand. Il utilise pour cela le fil d'Ariane constitué par une famille, père, frères, soeurs, oncles, tantes et grands parents, auxquels viennent s'ajouter grand-parents et amis divers. Se détachent cependant du lot trois personnages masculins, les critiques jugeront peut être que c'est la trinité selon laquelle s'est construit l'auteur: le père, Richard, brillant chirurgien dont on fête les cinquante ans au début du livre durant 80 pages de pur art littéraire. Son fils Christian, bachelier puis soldat perdu au service militaire sans fin de l'ex RDA comme tankiste. Enfin Meno, l'intellectuel, oncle maternel de Christian éminent critique littéraire, mais aussi zoologiste et entomologiste. Pas seulement critique du reste ce Meno, car aussi doué d'un talent d'écrivain poétique que l'on découvre au fil des pages et d'un sens politique aigü qui lui permet de naviguer sans trop de dommages dans les jeux de pouvoirs terribles de la RDA et de sa nomenklatura. Au passage petite pirouette de l'auteur qui donne comme surnom à Christian durant sa période de bidasse "Nemo" , jeux d'anagrammes avec Meno, sur le néant de la personne dans ce régime.

Il a été comparé ce roman à la "Montagne sacrée" de Thomas Mann, en raison du parcours initiatique du jeune Christian, des sept années du récit, de la peinture de la bourgeoisie allemande au seuil de la première guerre mondiale. Si je partage ce point de vue sur la comparaison avec Thomas Mann, je suis plus réservé pour le rapprochement avec la "Montagne sacrée" qui s'apparente davantage à un huis clos en sanatorium et au parcours initiatique du seul héros du livre. Je trouve que "la Tour", se rapproche à mon sens, davantage des "Buddenbrock". Du reste les deux romans débutent sensiblement de la même manière: un grand festin dans les deux cas, l'un chez un consul de Lübbeck, l'autre pour le "jubilé" de Richard, le père, dont la figure de commandeur va être laminée par les évènements et le régime ; la déchéance annoncée puis devenue réelle d'un ordre social, la place singulières des femmes comme catalyseurs de biens des évènements,tantôt mères courage, tantôt jeunes romantiques évanescentes ou désenchantées. Chez Tellkamp ces femmes sont fortes d'un courage admirable. J'ai retenu parmi toutes ces figures féminines, celle admirable d'engagement et de courage de l'artiste (écrivaine) Judith, qui entretient une relation aussi platonique qu'intense avec Meno.

Outre cet héritage littéraire très allemand, il y a aussi indéniablement un côté proustien dans l'écriture de Tellkamp, d'ailleurs il le cite à plusieurs reprises. Enfin l'auteur est très shakespearien dans son rapport à la violence. Il ne la montre pas, ne la décrit pas, elle est habilement suggérée puis reconvoquée par touches, ce qui au passage lui procure une force de conviction gigantesque qui ébranle le lecteur. Il y a bien sûr du Kafka dans toutes ces épreuves que constituent les tracasseries administratives ou dans le rouleau compresseur moral que constitue la discipline politique et sociale imposée aux citoyens de cette république totalitaire. Enfin, il y a un certain côté absurde qui aurait bien convenu à un Sartre ou un Camus, traité par Tellkamp non par le sermon, mais par l'humour.

Toutes ces comparaisons ne valent que pour exprimer la très grande littérature à laquelle nous avons à faire ici. Ce livre est un magnifique roman, au sens le plus noble du terme. Sa construction est magistrale et les personnages si nombreux que les citer ici serait illusoire. L'auteur est aussi un très habile ami des détails, il produit des descriptions pointilleuses, de choses simples comme un objet du quotidien, tout autant que de raretés comme des papillons d'Amazonie nommés Uranides. Les métaphores sont abondantes, la ville de Dresde est un personnage à par entière, tout comme par exemple la machine à repasser présentée sous les formes d'un insecte menaçant.

Evidemment une petite connaissance du régime est-allemand ou des dernières années de la RDA est une aide forte pour la compréhension de ce roman. De même que la connaissance des lieux et rues de Dresde, cités si souvent peut aider à mieux se figurer les lieux évoqués.

Pour conclure : une lecture époustouflante, un vrai talent de romancier, et l'attente d'un prochain opus, qui s'il se révèle du même tonneau, fera indubitablement entrer cet écrivain très brillant dans les très grands littérateurs allemands.

Bravo pour la traduction superbe. Enfin, je recommande aux curieux d'aller voir du côté des sites en langue allemande, où nombre de détails du livre sont explicités.

Enfin, pour les lecteurs qui auront aimé, je ne peux que me permettre de recommander la lecture sur une thématique proche de "Renégat, roman des temps nerveux," de Reinhardt Jirgl.
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La vie avant la chute du mur. L'hypocrisie au quotidien qu'on affronte avec un humour grinçant. J'ai beaucoup ri pendant cette lecture même si le sujet est sérieux. On s'attache aux personnages. Tellkamp démontre bien comment le politique pèse sur nos vies et influence nos choix. Un livre coup de coeur pour moi. L'auteur doit travailler sur une suite que j'ai hâte de lire.
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Le roman "La Tour" se déroule peu avant la chute du Mur de Berlin. Le lecteur découvre à travers le regard d'un jeune garçon, Christian,depuis son enfance jusqu'à ses années dans l'armée, les parfums, les expressions et les mentalités des derniers moments de la RDA.

L'histoire sur les déboires d'une famille intellectuelles d'Allemagne de l'Est, de la mort de Brejnev à la chute du mur de Berlin.

L'auteur né à Dresde qui connait bien ce système, nous parle de tout: la main de fer de la Stasi, la propagande, les combines, la pénurie, les Skoda grises, les trahisons, la délation...

Un pavé de 1000 pages qui nous quitte pas

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Près de mille pages tressées menu. Un scénario vertigineux. Un document politique de premier ordre sur l'agonie de l'Allemagne de l'Est.
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La tour : Histoire en provenance d'une terr..

Né en 1968, Uwe Tellkamp a avoué plus d'une ressemblance avec son héros. Mais l'autobiographie est sublimée, transcendée par une écriture d'un souffle et d'une ampleur rares dans la littérature européenne.
Lien : http://www.lepoint.fr/livres..
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La tour : Histoire en provenance d'une terr..

On est saisi par la densité romanesque de cette saga tout ensemble politique, sociale et intellectuelle, qui magnifie le meilleur de la tradition littéraire européenne, pour nous entraîner dans un voyage épique à travers notre histoire.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Songe à la douceur

Combien y-a t-il de personnages dans le présent ?

4
5
3
2

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Thème : Songe à la douceur de Clémentine BeauvaisCréer un quiz sur cet auteur

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