Val L. Durand

Prologue :
« …
- Ne sois pas pressé, on a tout notre temps. On va discuté un peu, toit et moi. Qu’est-ce que tu en dis ?
Son regard est froid comme le marbre. D’un signe, il m’invite à le rejoindre à l’écart. Cet isolement me tord l’estomac et fait chuter ma température corporelle tandis que le métal de l’arme posée sur me reins me brûle la peau.
Ma dernière pensée est pour mon Diamant. Au moins, elle est chez elle. En sécurité.»

Il passe le reste du voyage à somnoler tandis que je regarde un film. Mais je suis tellement excité que je ne parviens pas à me concentrer. Dans quelques jours, je retrouverai ma vie et ma famille. Immédiatement, je songe à ma meilleure amie et surtout au fait que ces derniers temps, elle est moins présente dans mes pensées. Je m’en veux, j’ai l’impression de l’avoir abandonnée.

La lesbienne qu’il aurait réussi à détourner du droit chemin en la mettant dans son lit. Sa réaction m’horripilait, ce qui m’a aidée à ne pas succomber à son charme. Ce n’était pourtant pas facile : ce mec est une vraie gravure de mode avec un corps dessiné à la perfection. Il pue le sexe à plein nez.
À cette pensée, mon corps se met à chauffer et ce n’est certainement pas l’effet du soleil. Mon bas de maillot de bain s’humidifie alors qu’il était pratiquement sec. Ce n’est pas la première fois que je réagis de cette manière et cela m’étonne à chaque fois. Je me redresse d’un bond et file à l’intérieur, à la recherche d’un peu de fraîcheur.

La douleur est telle que l’impression d’avoir la tête dans un étau n’est rien en comparaison de ce que je ressens. Malgré ma bouche pâteuse et l’absence de salive, je gémis : j’ai comme des éclats de verre dans la gorge. La douceur du tissu contre ma joue ainsi que le confort du matelas sur lequel je me trouve me rassurent. Je pars à la rencontre du deuxième oreiller, froid, mais imprégné d’un parfum de fleur de tiaré désormais familier.

Depuis ce que j’ai enduré ces derniers mois, je suis conscient qu’on ne profite pas assez des belles choses de la vie. On s’en rend compte seulement lorsque c’est trop tard. Encore une fois, mes pensées me ramènent vers mon diamant.

Je vais la titiller pendant tout le week-end. Elle ne va pas être déçue du voyage. Tout en gardant les yeux sur elle, je mets le contact avec un sourire éblouissant. Immédiatement, elle tourne la tête vers la vitre. Finalement, cette idée de sortie est excellente. Je sens que je vais m’éclater.

Quatre soirs que je ne me suis pas envoyé en l’air avec une fille. Autant dire une éternité, ou presque, pour moi. Je ne conçois pas de la laisser seule chez moi pendant que, de mon côté, je me vide les couilles.
À d’autres, Alex ! Dis-toi plutôt que c’est elle que tu veux et pas une autre !
Bordel…
Et là, je n’en peux plus.

Je suis muet devant la délicatesse de son geste. Je crois même que j’ai cessé de respirer. Je préfère faire un signe de la main et tourner les talons afin de créer une réelle distance entre elle et moi, soulagé de mettre un terme à cette pseudo-relation. C’est presque en courant que je rejoins la salle de sport pour prendre mon service de l’après-midi.

J’ai donc décidé, pour ma santé mentale, de couper les ponts avec elle dès que cette histoire sera terminée. Je vais lui prouver que je ne suis pas un enfoiré et que j’ai une seule parole. Je vais l’accompagner au commissariat. Après, basta… J’ai déjà donné dans la friendzone et il est hors de question que j’y retourne, surtout avec elle. Avec Joan, j’arrivais plus ou moins à faire la part des choses. Je la connais depuis l’enfance. J’ai toujours éprouvé le besoin d’être près d’elle, mais le besoin de la protéger passait bien avant mes propres sentiments.

Depuis que je l’ai vue à moitié à poil dans ma cuisine, je ne parviens pas à ôter cette image de ma mémoire. Et elle a beau se cacher sous des vêtements informes, je suis malheureusement conscient de ce qui se cache dessous. Il y a de quoi saliver et laisser ses pensées divaguer.

Sans réfléchir, je pose mes lèvres sur les siennes. Elles sont douces, chaudes, et ce petit aperçu d’elle me donne envie de plus. Du bout de ma langue, je la caresse tendrement, lui demandant accès à la sienne. J’ai besoin de la goûter, mais elle se refuse à moi. Sa bouche reste close. Et, une fois de plus, elle se crispe sous mon étreinte. Comme si le contact d’un homme la rebutait. Devant ce refus et ce constat, je suis incapable de réfléchir aux raisons de son comportement.

Elle avait lu un livre où le personnage principal masculin se récitait la recette du soufflé au fromage pour faire retomber la pression entre ses jambes lorsque sa colocataire l’approchait d’un peu trop près.

Cette fille n’a rien à voir avec toutes celles que je mets dans mon lit. Ce n’est pas le genre de fille que l’on baise sans la rappeler le lendemain matin.

Lui ferais-je de l’effet ?
Cette idée n’est pas pour me déplaire, même si j’aurais préféré qu’elle ne soit pas comme les autres filles, déjà toutes acquises à ma cause. Malgré la petitesse de sa main, sa poigne est ferme et une douce chaleur s’en dégage. Afin de cacher mon trouble, je porte ma boisson à mes lèvres, évitant de la regarder.

Toujours concentré sur ma bouteille, je relève les sourcils, prêt à me moquer d’elle.
Toute sa vie ? Elle n’exagère pas un peu, non ? Quelle vie trépidante elle doit avoir…
N’en pouvant plus, je risque finalement un coup d’œil vers elle. Affublée d’un jean taille haute assez large et d’un tee-shirt ample, elle n’a décidément aucun don pour se mettre en valeur. Ses cheveux bruns sont retenus par son éternel chignon bas d’où, contrairement à la veille, s’échappent quelques mèches folles, lui conférant un petit côté… sauvage ?

Lorsque le moment est venu pour moi de me préparer, je suis sur un petit nuage. Comme d’habitude, je rejoins mon bar favori à pied, et c’est revigoré par la perspective de passer une bien meilleure soirée que la veille que je pousse les portes battantes.
À nous deux, miss Coincée…

Cette fille est une véritable énigme. Qui, de nos jours, n’est pas accro à la nouvelle technologie ? Au bar, elle n’était pas à sa place. Et son portable reflète bien ce décalage.

Depuis mon accident, je fais très attention à ce que je bois. Jamais d’alcool fort, le mélange avec les médicaments n’étant pas très recommandé. Cela fait longtemps que mes crises ne sont plus revenues.

Elle va droit au but. Non que cela me déplaise, cependant j’aime bien prendre mon temps avec les filles. J’adore les préliminaires. J’aime voir leur peau frémir sous mes attaques. J’aime les déguster, leur faire perdre la tête… mais je ne vais pas me faire prier plus longtemps. Et puis j’ai toute la nuit devant moi pour la soumettre à mon toucher expert.

Elle me pousse sur son lit afin de joindre le geste à la parole et je tressaute de désir sous l’assaut de sa langue partout sur mon corps. Arrivée au niveau de la ceinture, elle n’hésite pas une seconde et tire sur mon jean, faisant glisser mon boxer en même temps. Elle me regarde avec délice, mais je préfère rectifier la situation en la déshabillant à mon tour. C’est à mon tour d’explorer son corps avec ma langue. Mais, d’humeur dominatrice, elle me retourne sur le dos et se place à califourchon sur mes cuisses. Elle se penche au-dessus de moi, ses cheveux me chatouillant le torse, pour ouvrir le tiroir de son chevet et attraper un préservatif dont elle me revêt aussitôt.