J’aurais préféré qu’elle s’adonne à la lecture des lignes de la main ou le tarot ou encore lire dans les marcs de café : Mais non ! C’était trop sage pour elle.
À l’école on se moquait sans cesse de moi car j’étais un peu empotée et timide et aussi une surdouée : je pouvais réciter un livre que je venais de lire ou dessiner un portrait en ne l’ayant vu qu’une fois, être bonne en maths au point de faire des calculs dignes de la NASA ou en français pouvant quasiment écrire une thèse sur un sujet.
Enfant, il voulait être archéologue mais étant un cancre à l’école il a préféré aller dans une école militaire.
Bref, le monde et ses mystères magiques le fascinaient et à force de le voir le nez dans ses livres ou l’entendre me raconter des contes fabuleux, il m’a contaminé. Peu après qu’il ait fait de moi sa fille officielle, j’avais le nez dans les mêmes lubies que lui : les langues anciennes, les cultures mythologiques, les cultes magiques, les artefacts symboliques et j’en passe. Parfois, je me moquais de lui en l’appelant Indiana Jones sauf qu’il n’avait ni le chapeau ni le fouet.
Ancien major de l’armée, il a démissionné après avoir transgressé une règle : désobéir à un ordre direct pour sauver son ami. L’armée, ça ne pardonne pas.
On ne peut pas interdire à des êtres de s’aimer.
« Tu es comme un phare qui aide à prendre une direction par ta simple présence. »
Les gens sont juste un peu parano. Ils ont tendance à réagir bizarrement face à l’inconnu. Ils paniquent pour un rien.
Des maisons sont bien hantées. Mais celles abandonnées et délabrées. Les ombres que les gens voient sont probablement des âmes en peine.
Ce rire… Je tourne la tête pour ne pas le détailler encore plus. C’est tout bonnement le genre de mec qui brise les cœurs à chaque coin de rue.
La plupart des parents se couperaient un bras plutôt que de laisser leurs enfants seuls. Pas ma mère. Avec tout ce qui nous est arrivé, elle me fait confiance. Je suis plutôt ennuyeuse comme fille : je n’ai jamais séché les cours, j’ai une bonne moyenne. Bref une élève sérieuse, quoi !
Ça me met toujours en rogne quand les gens prétendent tout savoir sur quelqu’un qu’ils connaissent à peine.
Moi par exemple, je suis grande, mince et j’ai de longs cheveux bruns. Je porte parfois des lunettes sur mes yeux marron presque noisette, qui d’après mon amie me font ressembler à un rat de bibliothèque. Je trimballe la plupart du temps un bouquin, toujours partante pour relire un livre qui me plaît plutôt que le dernier ‘‘Closer’’. Je ne suis pas d’humeur à prendre des risques. Je ne fume pas. Je ne bois pas. Je fais peu de sport. Je parle trois langues (quatre si vous comptez le latin).
Avec tous ces éléments, les gens pensent que je suis une pauvre intello. Que je suis asociale. Que je vis dans un monde de livres. Que je parle toute seule. Que je suis bizarre.
Ma mère change de ville et de maison comme de chemise.
Au fil des ans, elle s’est habituée à mon côté réservé, voir un peu étrange. Mais plus les années passent et plus je me sens oppressée par ce don. Les fantômes continuent d’errer en notre monde. Et la mission que je me suis fixée c’est de vivre normalement. En essayant d’oublier les esprits qui nous entourent.
J’ai un don. Ou plutôt une malédiction. C’est mon point de vue. Pourquoi ? C’est simple. Je vois les fantômes. Toutes sortes de fantômes.
Depuis l’âge de trois ans je parle avec eux. Ce qui m’a valu à plusieurs reprises des séances chez le psy. Mes parents ont toujours cru que je parlais toute seule ou avec mon « ami imaginaire ». Ce qu’ils ignorent c’est que les esprits se baladent parmi nous. Certains sont bons et inoffensifs. D’autres sont mauvais et vous veulent du mal. Certains veulent jouer avec vous. D’autres veulent vous posséder. Mais leur but à tous est de rejoindre la lumière. Finir leur existence en paix