Citations de Verity Bright (17)
-Lady Swift, si vous croyez, à tort, pouvoir influer sur l’issue de cette affaire, vous vous trompez. Croyez-vous que je n’ai jamais enquêté sur ces jeunes oisifs qui s’imaginent que leur fortune les place au-dessus des lois? Que leur rang social va les protéger? Les temps ont changé, madame, et ce pays en a par-dessus la tête de vos fichus Bright Young Things, des bons à rien privilégiés qui pensent pouvoir enfreindre toutes les règles de la société et même ôter la vie impunément pendant que les gens ordinaires peinent à joindre les deux bouts et à élever leurs enfants correctement, dans le respect des valeurs de l’Angleterre.
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— Madame et messieurs, comme vous le savez, nous sommes réunis ce soir pour donner le coup d’envoi de notre collecte annuelle au profit de…
Il baissa les yeux sur la table. Depuis que ce maudit lord Shaftesbury avait lancé la mode des collectes de fonds, on se devait de soutenir ostensiblement telle ou telle cause. Cette année, il avait laissé à Aris le soin de choisir l’œuvre à pourvoir, mais comment s’appelait ce machin, déjà ? Le nom lui échappait. Il jeta un regard en douce à la carte posée près de son assiette.
— Au profit de la Mission Anchorage pour l’espérance et le secours, œuvre qui… (Renonçant à faire semblant, il lut ce qui était écrit sur la carte.) Cette œuvre offre un toit et une aide aux jeunes femmes repentantes qui se sont écartées du droit chemin, mais restent de bonne moralité… (Il fronça les sourcils en découvrant la suite.) Enceintes ou pas. (Et puis quoi encore !) Alors, rappelez-vous tout ce que je fais pour vous depuis des années et sortez les portefeuilles !
Comme de juste, un murmure poliment amusé s’éleva de la table.
— Mais avant d’entamer la série de discours, je vous prie de lever vos verres.
L’assistance obéit et l’on porta un toast, pendant qu’un valet de pied déposait près de chaque petite assiette un carré de fudge. Lord Farrington vida son verre qu’un serviteur remplit aussitôt.
— Et pour commencer, je donne la parole à Arnold Aris, député indépendant de Chipstone et de sa circonscription.
Soudain, une certaine agitation attira son attention en bout de table : ledit membre du Parlement venait de s’écrouler sur son assiette.
Dans le silence choqué qui s’ensuivit, le majordome s’approcha du corps avachi d’Aris, puis fit prestement le tour de la table pour murmurer à lord Farrington :
— Mr Aris est mort, monsieur.
— Oh, pour l’amour du ciel ! marmonna lady Farrington à l’adresse de son époux. Décidément, vous avez le chic pour les choisir !
Connaissez-vous son alibi pour la nuit en question? -Oui, il m’a dit qu’il était à un bal masqué et que ses amis pourraient le confirmer. -Nous n’aurons aucun mal à trouver le bal dont il s’agit et vérifier son alibi. -Parfait mais à vrai dire je ne vois pas quel pourrait être le mobile de Lancelot à moins qu’il ne trempe dans une affaire louche et que Mr Atkins l’ait découvert.
Eleanor n'avait jamais entendu une automobile émettre de tels craquements.
- Je crois qu'il est temps d'envoyer la pauvre bête au garage, Clifford. Elle fait un bruit tout à fait choquant.
- En effet, madame, et je suis sûr que Johnson, le carrossier, n'aura aucun mal à en identifier la cause. Le grincement des roues dentées a tendance à s'atténuer si l'on appuie sur la pédale de gauche pour changer de vitesse.
Eleanor lui jeta un coup d'oeil et écrasa la pédale en question. De sa main gantée, Clifford orienta le volant vers la droite.
- Il est nettement plus agréable de rouler sur la route que sur des bas-côtés instables, cela me semble.
Mais la grande majorité se répartit en trois groupes : ceux qui ont commis des actes innommables, ceux qui rêvent d'en commettre et ceux qui prennent un malin plaisir à colporter des ragots sur les deux premiers.
Pour tuer l’ennui par cet été particulièrement humide, elle avait consacré ses journées à la lecture de ses romans préférés et ses nuits, à l’élaboration de plans saugrenus censés lui éviter un retour forcé au pensionnat où la vie était encore plus morne qu’au manoir. Après une absence de seize ans, elle était revenue.
Elle prit une profonde inspiration et tira sur la clochette, songeant que la dernière fois qu’elle était venue, elle était encore trop petite pour l’atteindre.
Elle leva les yeux vers les armoiries de la famille Henley.
Mais qu’est-ce qui t’a pris, Ellie ?
En regardant l'imposante façade, lady Eleanor Swift se demanda à nouveau si elle avait bien fait de revenir. Après avoir lu la lettre l'informant du décès de son oncle et du legs - Henley Hall - qu'il lui avait laissé, elle s'était dit que ce retour aux sources tombait à point nommé.
Elle n'en était plus si sûre à présent...
Postée devant la porte en chêne à deux battants, elle leva les yeux vers les deux tourelles qui flanquaient l'entrée du grand manoir à la façade beige. Séparées par trois rangées de fenêtres cintrées, les tourelles se dressaient vers le ciel gris et couvert. Les armoiries de la famille Henley, sculptées sur la clé de voûte de l'arche centrale du bâtiment, semblaient désapprouver sa présence.
Vos pieds vous mèneront toujours là où est votre cœur.
Il se trouve, Gladstone, que j’ai été témoin d’un meurtre, nous devons donc en aviser la police. Toi aussi, tu trempes dans cette affaire jusqu’au cou (Voyant que Gladstone n’était pas convaincu d’avoir joué le moindre rôle dans l’histoire, Eléanor se hâta de poursuivre) D’accord, je vais devoir me rendre au poste de police et je vais te dire ce que je pense des autorités.
Elle ne savait pas comment procéder pour engager de nouvelles recrues. Quel désastre! Devait-elle prendre les choses en main et servir du thé sucré à ses domestiques pour calmer leurs nerfs? Pouvait-on servir du brandy à son personnel? Elle secoua la tête.
Elle avait appris à ses dépens qu’explorer des montagnes et des déserts, que dormir sous les étoiles scintillantes allait souvent de pair avec la faim, l’épuisement, la maladie. (…)Elle ne prétendait pas être la première, elle ne faisait que suivre les traces de ses héroïnes, ces pionnières courageuses qui avaient osé défier les conventions et surmonter les obstacles pour se mesurer à leurs homologues masculins. Mais tout était plus difficile pour les femmes.
Que doit faire un homme pour avouer ses sentiments à une fille comme vous? Vous êtes une créature impossible. Une boîte de chocolats ou des fleurs, ça ne convient sûrement pas pour vous? -Vraiment?…-Je n’ai jamais rencontré une fille comme vous. Vous…vous êtes spéciale, dit-il en riant. Spéciale et irrésistible. Chaque fois que je vous vois, vous êtes couverte de boue, ou vous avez les cheveux plaqués sur le visage…ou vous poursuivez un assassin.
Après tout, « la destruction se cache souvent dans les yeux des femmes » comme l’a noté Edward Counsel dans ses célèbres maximes. Et à l’époque où les femmes sont de plus en plus considérées comme les égales des hommes, il serait mal venu, puisqu’on leur a accordé le droit de vote, de leur refuser celui de tuer.
Vous préféreriez peut-être prendre le petit déjeuner à 11 heures? Ce qui repousserait toutefois la collation de 11 heures. Je pourrais demander à Mrs Trotman de vous servir le petit déjeuner au moment du déjeuner, et le déjeuner au moment du dîner? Mais il faudrait alors vous réveiller à minuit pour vous servir le dîner. Eléanor le dévisagea, estomaquée. Etait-ce de l’humour? Du sarcasme? -Clifford, comment faisait mon oncle pour digérer les conseils que vous prodiguez inlassablement sur nos moindres faits et gestes du quotidien? -Il prenait du darjeeling avec du citron, madame.
Pourquoi faut-il que ce genre d'affaire resurgisse pile le jour où je m'étais promis que c'en était fini pour moi des meurtres et des mystères ?
« Vous jouez au détective et menez l'enquête toute seule.
Je devrais vous appeler Sherlock ! »
Eleanor poussa une porte lambrissée de chêne, à sa droite. Dans ce qui semblait être un bureau, le pirate qu'elle avait entraperçu dans l'escalier était penché sur une forme allongée par terre dans une position fort peu naturelle. À peine eut-elle le temps de remarquer les murs tapissés de livres que le pirate se tourna vers elle, un chandelier à la main droite.
- Sherlock, que diable faites-vous ici ? Vous feriez mieux de filer. Vite ! murmura-t-il d'un ton pressant.
- Mais que... ? Qui ?
Eleanor sursauta en reconnaissant la forme avachie aux pieds du pirate.
Soudain, les battants de la porte d'en face s'ouvrirent à toute volée, les poignées allant cogner contre les boiseries, et un homme de belle carrure entra d'un pas martial, suivi par deux policiers.