
4 août 2020
Virée express au supermarché
Une envie de glaces et de brocolis m'envoient faire un petit tour rapide de fin de journée à la galerie marchande du coin.
J'aurais déjà dû me méfier quand, en entrant dans le magasin, l'hôtesse d'accueil m'a regardée et a souri. Mais je me suis dit que ça devait être parce que j'avais bien mis le gel et le masque !
Ensuite, dans les allées, les gens que je croise, me regardent et me sourient (enfin, je crois, derrière leurs masques). Au bout d'un moment, j'ai commencé à avoir des doutes. Ma jupe est-elle prise dans ma culotte ? Non, je suis en short.
Dans les rayons, les gens me laissent la priorité. Ai-je l'air d'un fantôme ? Me prennent-ils pour quelqu'un d'autre ? Ai-je pris le visage d'une star pendant le trajet en voiture ? Je me surprends à me regarder dans la vitre d’un congélateur. Non, c'est moi !
À la caisse, je tombe sur la caissière que je préfère, mais là, en plus, elle m'attend, discute de gingembre, me tend généreusement le ticket de réduc. légumes. Bref, joli moment, on oublierait presque où on est !
Je me sens bizarre quand même ... Suis-je un client témoin pour une inspection ? Suis-je passée à la tv sans le savoir ?
C'est ensuite au tour de la pharmacienne d'être super-disponible et agréable. Tout smile. On est pourtant à 10mn de la fermeture, on pourrait comprendre une lassitude de fin de journée !
Les gens sont-ils juste joyeux aujourd'hui ?
Je décide de tenter la buraliste pour voir s'il s'agit bien d'une généralité, elle m'accueille en plaisantant toute fraîche alors qu'elle a commencé à fermer la boutique.
Bref, je sors du Super V comme on sortirait d'une séance de thérapie ! (si j'avais su, j'y serai allée ce matin )
Dans la voiture, les premières notes de la Macarena démarrent en allumant la radio. Je crois que c'est finalement simple : c'est une belle journée d'août !
Un quart d’heure plus tard, en arrivant sur place, chacun des hommes ressent avec solennité les émotions qui les ont traversés la veille. Chacun revoit les gyrophares, le brancard porté religieusement dans le camion qui l’a emmené. Et la consternation devant ce coup du sort. Un jeune homme livide et froid sorti d’un lit de limon, trempé jusqu’aux os par l’eau de la rivière, ruisselant encore comme si la vie ne voulait pas s’échapper de son corps, recouvert de brindilles noircies par l’eau...
Il faut tout renseigner, remettre à plat. Prendre un nouveau carnet de notes. Et continuer à porter des petits hauts chatoyants. Partir dans le soleil du matin et rentrer avec lui. Avoir encore quelques heures au jardin et se dire que finalement ce boulot est plutôt tranquille. Profiter d’avoir un cerveau aux fichiers rangés et de la mémoire vive de libre. S’emballer sur un projet qui aura lieu en janvier. Se dire cette année, je ferai ceci ou cela. S’y tenir quelques semaines.
Hello, on se cale une réu. ? ;)
C’est Antonio. Antonio est là, dans sa cuisine. Elle jette un regard furtif vers la porte entrouverte. Elle se sent très mal tout à coup. Elle se sent mal de se sentir mal. Bon, après tout, c’est un SMS de boulot où est le problème ?
Patrice réunit ses gars et s'assoit au volant de la fourgonnette de la brigade. Va-t-elle tomber en rade comme la semaine dernière ? Ah ce n'est pas le ministre de l'Intérieur qui accepterait d'y prendre place !
Un grand tableau noir, qui était repeint régulièrement, était fixé à la grande porte qui donnait sur le salon et portait les notes des dates de traitements des vergers de mon grand-père, les listes de courses mais il y avait largement la place pour y dessiner un pendu ou résoudre l’énigme de « Vincent mit l’âne dans un pré ». C’est finalement peut-être sur ce tableau que j’ai commencé à enseigner…
La première sonnerie vient de retentir et moi, la seule chose qui me préoccupe, contrairement à mes acolytes qui récitent en boucle leurs formules pour le test de cet aprèm ou échangent sur ce qu’ils ont regardé hier soir, c’est si la prof d’Histoire-Géo est revenue et si on aura nos résultats de devoirs demain et si, bien sûr, Benjamin sera là.
L’amour n’est pas dans l’autre, il est en nous-mêmes, nous pouvons le réveiller mais pour cela on a besoin de l’autre.