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Critiques de Vincent Eggericx (8)
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L'art du contresens

Résidant pour un temps au Japon, l'auteur décide de s'initier au tir à l'arc japonais. Le chemin sera long.



"Autant qu'une danse, le kyudô est la mise en scène d'un affût, où ce qui est guetté est soi-même- l'invisible que chaque homme porte en lui. On voit s'exprimer dans le tir à l'arc japonais, lorsqu'il est réalisé à un haut niveau, ce quelque chose d'inexprimable qui réside au fond de l'homme- un mystère qui est lié à la beauté, dont le corps qui se meut sur le pas de tir n'est plus qu'un signe, et tout le signe; c'est-à-dire qu'il est le reflet de l'infini, comme l'image de la lune sur l'eau est le simple écho de la lune."



Pas question d'aller trop vite.



"Laisser partir la flèche après avoir répété pendant des mois le geste qui précède cette libération, c'est avoir la sensation d'un infini qui vous éclaire et vous abandonne, pantelant. On éprouve uen force immencse, à portée de main et démesurément éloignée, de la même façon que le reflet de la lune sur l'eau laisse penser qu'on pourrait la toucher. Si l'on essaie, on se noie dans une mare. Il est inutile de tenter de saisir le reflet de la lune; ce que nous voyons est la manifestation réfléchie d'un ordre caché."



Connaissance de soi-même, des liens de cet art du tir à l'arc avec la littérature.



Mais bien d'autres choses encore dans ce livre (bien écrit et fort agréable à lire!). Reviennent des souvenirs d'adolescence et d'âge mur. Les saisons à Kyoto s'écoulent, hiver glacé, été étouffant. Printemps, ohanami, contemplation des fleurs de cerisier. Automne, momijiogari, chasse aux feuilles d'érable, d'un rouge indescriptible.



Des moments de rêve éveillé où les charmes du Japon agissent insidieusement et aussi des passages pleins d'un humour subtil. L'emménagement avec son amie Yuki dans une nouvelle maison et la pendaison de crémaillère, par exemple.



Juste une description pour terminer:

[Les habitants de Kyoto] "accordent par contre la plus grande importance aux uniformes. De l'écolière au chauffeur de taxi, chaque catégorie dispose de son costume; la devise nationale est Deru kugi wa, itareru, 'le clou qui dépasse, on lui tape dessus'. Cette multiplicité d'uniformes entraîne une forme d'exotisme qui fait l'enthousiasme des visiteurs, et peut provoquer un sentiment d'oppression si l'on oublie de se rappeler la part de comique qu'elle recèle. Je ne veux pas parler de la beauté des kimonos, mais de ces vieillards en costumes de généraux qui règlent avec des solennités de stratèges le stationnement des vélos à l'entrée des supermarchés ... de ces quinquagénaires hagards en habits de playmobil dormant debout en faisant semblant de régler la circulation ... ou de ces chauffeurs de taxi arborant des casquettes de commandants de porte-avions qu'ils font descendre jusqu'au solen vous ouvrant la portière.

Si l'on ajoute à ce théâtre ces grappes de gamines hautes comme trois pommes drapées dans de petits costumes marins, trottinant par les rues, furetant sur les quais du métro, s'assemblant autour du baobab d'un distributeur de boissons, les yeux disparaissant sous les bobs aux allures de casques d'exploratrices, le Japon a l'air d'une innocente bande dessinée, accentué encore par l'aspect carton-pâte des habitations."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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L'art du contresens

Critique de Victor Pouchet pour le Magazine Littéraire



Habités par un sentiment de désastre personnel et collectif, les précédents romans de Vincent Eggericx « poursuivaient une vengeance contre le monde qui [l]'avait fait naître ». L'Art du contresens, courte et dense autofiction qui paraît chez Verdier, marque assurément une rupture dans la vie et l'oeuvre de l'auteur. À l'occasion d'un voyage prolongé au Japon, celui-ci décide d'affronter ses ennemis intérieurs: « J'étais arrivé au Japon comme un homme mort et je devais retrouver une nouvelle manière de respirer aussi bien que d'écrire. » Depuis cet Orient lointain, le narrateur commence par observer ce qu'il a quitté mais qu'il emporte en partie avec lui en voyage : les traces de son enfance dans ce « village de poupées » de banlieue parisienne apeurée, cette méfiance collective diffuse, « toute cette haine [...] empaquetée dans un papier bulle de bons sentiments ». À la recherche de l'inspiration, il décide de s'initier à un art physique du souffle : le kyudô, littéralement la « voie de l'arc », art martial japonais auquel il se consacre peu à peu à plein temps, attiré irrésistiblement par cet exercice d'équilibre mental, de respiration mystérieuse. « Mon imagination était-elle à ce point épuisée que je dusse lui préférer le maniement d'un arc en bambou ? », se demande-t-il au début du livre. C'est pourtant de cette « danse étrange avec la réalité », qui impose d'éloigner ses monstres intimes, que naît cette réflexion personnelle, mêlant journal d'un étranger au Japon et marche à l'aveugle à travers ses souvenirs. L'Art du contresens n'est pas de ces autofictions en ligne droite, où l'enchaînement causal brûle tout le mystère des obsessions. Ici, spectres et angoisses ne possèdent pas vraiment de nom ni d'origine. Il y a quelques coups de théâtre intimes qui résonnent dans le livre : enfant, il croit voir sa mère le séduire en se penchant sur lui, laissant la bretelle de son débardeur glisser devant ses yeux ; alors qu'il accompagne son père à la chasse, ce dernier tue le chien d'un voisin. Tous ces passages restent des blocs d'étrangeté, que l'on peut approcher mais pas totalement décrypter. Eggericx semble avoir autant de choses à dire que de choses à ne pas dire, mais à contourner, à apaiser : des fantômes essentiels, des histoires brouillées, une « encyclopédie de cauchemars ».

Cette histoire familiale, comme ces journées passées dans ce dojo, sorte « d'abbaye de Thélème orientale oscillant entre la discipline la plus austère et la comédie de boulevard », l'art d'Eggericx leur donne une beauté toute théâtrale, colorée de mythes, de littératures. La figure centrale est celle d'Ulysse, errant dans une mer de signes difficilement déchiffrables, pris dans une « odyssée tour à tour grandiose et minable ». Le romancier saisit avec humour les étapes de cette quête, depuis l'aménagement d'une petite maison infestée d'insectes jusqu'à la cérémonie finale de shinsa qui juge le niveau de l'apprenti tireur à l'arc. Une phrase revient à plusieurs reprises, comme si le narrateur ne voulait pas oublier ce rapport fondamentalement aveugle au réel : « Nous marchons dans un labyrinthe de signes fabriqué par notre esprit pour envelopper une réalité qui nous échappe, parce que nous la convoitons ou qu'elle nous effraie. » Partir à Kyoto, cette ville hors du temps où il faut honorer les esprits des morts, où les déplacements des gens semblent réglés par un ballet silencieux, est une manière de fuir l'hystérie de la causalité qui règne en Occident, là où tous les signes deviennent symptômes. Au Japon, le secret n'est pas aboli ; subsistent le cérémonial, les masques, les apparences, ces « signes qui ne laissent pas filtrer le sens », comme le dit Baudrillard. Ils offrent au narrateur la séduction du contresens, des signes qui se retournent, des erreurs d'interprétation, impasses qui obligent le regard, comme dans l'art du tir à l'arc, à chercher l'équilibre. Vincent Eggericx sait mieux qu'aucun autre regarder cette étrangeté, et avec humour jouer des contresens de sa vie, pour surtout ne pas les comprendre.
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L'art du contresens

Trouvé ce titre,



dans un souffle,



dépaysement insulaire,



direction le Japon,



une question de directions,



d’équilibre,



à travers un récit introspectif aux allures de conte, rythmé par les entraînements au dojo, entre cérémonial et solennité,l’art du tir à l’arc comme prétexte et encouragement aux méditations, comme art de vivre même avec quelques notes d'humour..une réussite.
Lien : https://lecturesindelebiles...
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Mémoires d'un atome : Kyôto 2008-2012

Je n'ai lu qu'une année, j'ai abandonné après car je n'arrivais pas à accroché à la structure, un peu trop pèle-méle.



Je l'avais choisi car la présentation parlait du tir à l'arc japonais, c'est en fait un extrait du livre et il n'est pas vraiment représentatif de son contenu. Je m'attendais à ce que ce sport soit beaucoup plus évoqué et il n'en est rien, d'où peut-être ma déception.



C'est probablement le journal intime de l 'auteur puisqu'il est fait mention du fait que l'auteur va être publié.



Ce qui m'a semblé le plus intéressant c'est le thème de l'expatriation, comment travailler à l'étranger et s'adapter à la langue et la culture et du coup la description de ce pays. Cependant là aussi, beaucoup de choses restent en surface.



La relation amoureuse étant assez instable et chaotique et comme elle est abordée de façon brève, j'ai eu bien du mal à m'attacher à ce couple avec lequel on aurait presque envie de jouer les conseillers conjugal.



En bref, un roman dont la structure m'a dérouté et pour lequel certains thèmes auraient gagné à être traité plus en profondeur, de la même manière que les passages où l'auteur/narrateur parle des ses lectures ou de philosophie.
Lien : http://vivelesbetises2.canal..
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Mémoires d'un atome : Kyôto 2008-2012

Quelle écriture ! L'auteur nous propose sous forme de journal intime une sorte de récit de voyage du quotidien... Loin de l'exotisme et des clichés, c'est plutôt le jour le jour au Japon que nous suivons, au gré des méandres de sa pensée.

Comme toujours chez Verdier, le lecteur se retrouve embarqué loin d'une narration facile : mais la rigueur de l'écriture nous amène à un vrai bonheur de lecture.

C'est fin et subtil et le texte est de ceux qui peut nous habiter longtemps. Très inspirant !
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Mémoires d'un atome : Kyôto 2008-2012

Tout d'abord merci à Masse critique de m'avoir, une fois encore, fait découvrir un roman des plus agréable.

Vincent Eggericx est un français exilé au Japon pour fuir ce qu'il déteste : le français. Trop plein de défauts, c'est au pays du soleil levant qu'il a fuit pour trouver la sérénité. A travers ce roman sous forme de journal intime, nous suivons 4 ans de la vie de Vincent : vie intime, vie professionnelle, vie sociale. A travers cette incursion dans sa vie, l'auteur nous fait aussi découvrir le Japon sous un autre angle, non pas comme un touriste ne sachant où regarder, mais tel un passager clandestin se laissant guider par les flots.

Les débuts peuvent être déconcertant de par la longueur et la richesse des phrases utilisées mais on se laisse vite amadoué par la prose de l'auteur. Je recommande ce livre à toute personne amoureuse du Japon ou cherchant un moyen simple et reposant de s'évader.
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L'art du contresens

Critique de Victor Pouchet pour le Magazine Littéraire



Habités par un sentiment de désastre personnel et collectif, les précédents romans de Vincent Eggericx « poursuivaient une vengeance contre le monde qui [l]'avait fait naître ». L'Art du contresens, courte et dense autofiction qui paraît chez Verdier, marque assurément une rupture dans la vie et l'oeuvre de l'auteur. À l'occasion d'un voyage prolongé au Japon, celui-ci décide d'affronter ses ennemis intérieurs: « J'étais arrivé au Japon comme un homme mort et je devais retrouver une nouvelle manière de respirer aussi bien que d'écrire. » Depuis cet Orient lointain, le narrateur commence par observer ce qu'il a quitté mais qu'il emporte en partie avec lui en voyage : les traces de son enfance dans ce « village de poupées » de banlieue parisienne apeurée, cette méfiance collective diffuse, « toute cette haine [...] empaquetée dans un papier bulle de bons sentiments ». À la recherche de l'inspiration, il décide de s'initier à un art physique du souffle : le kyudô, littéralement la « voie de l'arc », art martial japonais auquel il se consacre peu à peu à plein temps, attiré irrésistiblement par cet exercice d'équilibre mental, de respiration mystérieuse. « Mon imagination était-elle à ce point épuisée que je dusse lui préférer le maniement d'un arc en bambou ? », se demande-t-il au début du livre. C'est pourtant de cette « danse étrange avec la réalité », qui impose d'éloigner ses monstres intimes, que naît cette réflexion personnelle, mêlant journal d'un étranger au Japon et marche à l'aveugle à travers ses souvenirs. L'Art du contresens n'est pas de ces autofictions en ligne droite, où l'enchaînement causal brûle tout le mystère des obsessions. Ici, spectres et angoisses ne possèdent pas vraiment de nom ni d'origine. Il y a quelques coups de théâtre intimes qui résonnent dans le livre : enfant, il croit voir sa mère le séduire en se penchant sur lui, laissant la bretelle de son débardeur glisser devant ses yeux ; alors qu'il accompagne son père à la chasse, ce dernier tue le chien d'un voisin. Tous ces passages restent des blocs d'étrangeté, que l'on peut approcher mais pas totalement décrypter. Eggericx semble avoir autant de choses à dire que de choses à ne pas dire, mais à contourner, à apaiser : des fantômes essentiels, des histoires brouillées, une « encyclopédie de cauchemars ».

Cette histoire familiale, comme ces journées passées dans ce dojo, sorte « d'abbaye de Thélème orientale oscillant entre la discipline la plus austère et la comédie de boulevard », l'art d'Eggericx leur donne une beauté toute théâtrale, colorée de mythes, de littératures. La figure centrale est celle d'Ulysse, errant dans une mer de signes difficilement déchiffrables, pris dans une « odyssée tour à tour grandiose et minable ». Le romancier saisit avec humour les étapes de cette quête, depuis l'aménagement d'une petite maison infestée d'insectes jusqu'à la cérémonie finale de shinsa qui juge le niveau de l'apprenti tireur à l'arc. Une phrase revient à plusieurs reprises, comme si le narrateur ne voulait pas oublier ce rapport fondamentalement aveugle au réel : « Nous marchons dans un labyrinthe de signes fabriqué par notre esprit pour envelopper une réalité qui nous échappe, parce que nous la convoitons ou qu'elle nous effraie. » Partir à Kyoto, cette ville hors du temps où il faut honorer les esprits des morts, où les déplacements des gens semblent réglés par un ballet silencieux, est une manière de fuir l'hystérie de la causalité qui règne en Occident, là où tous les signes deviennent symptômes. Au Japon, le secret n'est pas aboli ; subsistent le cérémonial, les masques, les apparences, ces « signes qui ne laissent pas filtrer le sens », comme le dit Baudrillard. Ils offrent au narrateur la séduction du contresens, des signes qui se retournent, des erreurs d'interprétation, impasses qui obligent le regard, comme dans l'art du tir à l'arc, à chercher l'équilibre. Vincent Eggericx sait mieux qu'aucun autre regarder cette étrangeté, et avec humour jouer des contresens de sa vie, pour surtout ne pas les comprendre.
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L'art du contresens

Lecture qui m'a longtemps laissée un peu perplexe. J'ai butté parfois, au début, dans un certain agacement devant ce que je trouvais un rien alambiqué dans les réflexions du héros, dans ses remémorations, alors que j'aimais beaucoup ce qui tenait (sens et plus encore la souplesse des phrases) à la description du tir à l'arc et de Kyoto. Réaction en partie causée par une antipathie instinctive et bizarre pour lui, qui, me semble-t-il, résultait d'un état d'esprit passager extérieur au livre. Après une interruption, l'ai repris, et suis entrée vraiment dans cette mosaïque, cette quête, dans l'étude du geste, d'équilibre, cette lutte contre les démons occidentaux ou orientaux, compagnons de Yuki et de lui-même (en savourant au passage l'humour léger)
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