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Critiques de Vlad Eisinger (8)
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Du rififi à Wall Street

En panne d’inspiration, l’écrivain Vlad Eisinger accepte de rédiger une monographie sur une entreprise de télécommunications américaine et sur son charismatique patron Tar. Lorsque le projet tombe à l’eau, l’auteur, désespérément fauché, se rabat sur une autre commande, cette fois-ci pour une collection de True Fiction : sous un pseudonyme, il se lance dans la rédaction d’un polar à trois sous, où un écrivain chargé de rédiger l’histoire d’une entreprise pétrolière découvre les malversations de son dirigeant et se retrouve la proie de terribles tueurs. Le succès inattendu du livre attire l’attention de Tar, et Vlad se voit à son tour plongé dans des aventures en tout point semblables à celle de son héros, comme si la réalité rattrapait la fiction.





Ce qui frappe dans ce roman est d’abord sa vertigineuse et paroxystique mise en abyme, puisque trois récits s’enchâssent les uns dans les autres, amenant le véritable auteur, Antoine Bello, à s’esquiver derrière un de ses protagonistes et à lui laisser signer son œuvre à sa place. En véritable virtuose, le romancier utilise les codes de la littérature populaire pour nous servir une brillante et amusante démonstration de ce qui fait d’un livre une œuvre d’art : à l’instar de son maître Truman Capote qui ne cesse de traverser son texte, que ce soit par des références à ses procédés littéraires, ou par la création d’un protagoniste qui porte son nom, Antoine Bello explore la capacité de l’oeuvre à saisir et à restituer l’essence d’une réalité ou d’un personnage au travers d’une interprétation parfois très libre. Ainsi, un détail inventé mais judicieusement choisi peut, mieux que tout, illustrer et exprimer la vérité intrinsèque et la nature profonde des êtres. C’est d’ailleurs le propre de l’art de s’affranchir du réel pour trouver le chemin le plus direct jusqu’à l’âme.





Les aventures rocambolesques de Vlad Eisinger et de Tom Capote servent ainsi de prétextes à une réflexion sur la littérature et le métier d’écrivain. Si l’inspiration et le génie ne se commandent pas, rien se sauraient contraindre leur épanouissement lorsqu’ils sont au rendez-vous : Vlad rencontre le succès quand, désinhibé par l’anonymat de son pseudo, il réussit mieux que jamais à exprimer ses obsessions malgré les contraintes mercantiles imposées par son éditeur. Son roman populaire et alimentaire devient sa meilleure production, quand, jusqu’alors, la pression de la notoriété et de l’ambition étouffait ses capacités créatives.





Hommage au grand Truman Capote comme aux forçats de l’écriture alimentaire, ce livre original et astucieux s’avère un exercice de virtuosité bluffant et convaincant, où le divertissement et le pastiche servent de fondements à une réflexion aussi amusante qu’intéressante sur la création littéraire et sur les libertés qu’il faut savoir prendre avec la vérité pour mieux la dire. Coup de coeur.


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Du rififi à Wall Street

Par le biais de son agent, l'écrivain Vlad Eisinger reçoit pour commande d'écrire l'histoire du groupe Black, entreprise de télécommunications du Midwest et de Tar, son charismatique dirigeant. Vlad commence quelques investigations que n'agrée pas Tar. Il est rapidement renvoyé...Pour se renflouer un peu, il accepte une nouvelle mission (rédiger un roman pour une nouvelle collection) qui va lui attirer la gloire, l'argent mais surtout beaucoup d'ennuis...J'ai adoré ce roman gigogne dans lequel fiction et réalité s'entremêlent habilement , véritable critique du capitalisme, bel hommage au roman noir et mode d'emploi de l'écrivain. Avec de l'humour en prime. A lire l'esprit bien éveillé. Un très chouette moment 😀
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Du rififi à Wall Street

Prenez un écrivain plutôt connu, déjà auteur d'une douzaine de romans parus chez un grand éditeur de la place de Paris. Un auteur qui n'aime rien tant que créer de la connivence avec son lecteur, l'embarquer dans des jeux de pistes toujours plus inventifs pour le laisser une fois encore admiratif, le sourire aux lèvres et les neurones rassasiés. Un auteur qui cette fois pousse le bouchon encore un peu plus loin au point de poser un sérieux cas de conscience à celle (moi-même) qui entreprend d'écrire une chronique de son livre : comment parler d'un texte où tout est jeu, faux-semblant et cache-cache sans rien dévoiler au lecteur suivant ? Cet écrivain aurait-il inventé le roman impossible à chroniquer ? J'ai hâte de voir comment les journalistes critiques littéraires vont s'en sortir...



En fait, il y aura deux cas de figures : ceux qui connaissent Vlad Eisinger et ceux qui ne le connaissent pas. Personnellement, en voyant son nom sur la couverture, je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir un petit frisson d'excitation, me murmurant in peto "non... il n'a pas fait ça tout de même". Pour ceux qui ne le connaissent pas, alors, c'est moins drôle. Un roman de série noire de plus. Enfin non, pas tout à fait quand même. Car le bougre d'auteur trouve le moyen de casser les codes de la parodie en inventant le roman gigogne à l'infini. L'histoire d'un type qui écrit l'histoire d'un type qui écrit l'histoire d'un type qui... bon, vous avez compris. Avant de se consacrer à la littérature, Vlad Eisinger était journaliste financier à New York. Faute de ventes suffisantes pour un niveau de vie correct, malgré le succès d'estime de son fameux Roman américain, il accepte des travaux de commande et notamment d'écrire la biographie d'un homme d'affaires un poil mégalo. Sauf que cette mission va totalement déraper, l'entrainer dans une dimension insoupçonnée et mettre sa vie en danger. Ce manuscrit, transmis à un ami qui s'est chargé de le traduire est en quelque sorte son assurance-vie...



Sorte d'objet littéraire en 3D, ce roman est un concentré d'intelligence et de malice qui immerge le lecteur dans le processus de création, le ballotte entre fiction et réalité au même rythme qu'une boule de flipper. On s'y confronte à la réalité des enjeux du milieu de l'édition piloté par l'argent, on explore les questions du pouvoir de la littérature et plus particulièrement de la fiction au service du fameux storytelling. Tout ceci avec une once d'humour, une dose de moquerie (cette manie des lecteurs de vouloir absolument savoir ce qui est vrai ou pas dans les romans, par exemple) et une sacrée virtuosité qui parvient à englober des tas de sujets très actuels en les planquant derrière un emballage ludique de haute qualité qui épouse les codes de la série noire. Avec en premier lieu une plongée dans les névroses de l'écrivain tiraillé par la crainte d'écrire toujours le même livre et obsédé par l'idée de prouver le contraire. Mission accomplie, cher monsieur.



Je vous laisse apprécier ce petit dialogue savoureux entre Vlad et son éditrice :



-Et tweete davantage, bon Dieu, on jurerait que tu n'as rien à dire. / - C'est que je suis écrivain, pas bateleur de foire. / - Alors, poste de fausses critiques à ta gloire sur Goodreads. Prends exemple sur Dan Brown, il parait qu'il ne laisse à personne d'autre le soin d'écrire les siennes."



Vous verrez, on apprend aussi un tas de choses sur la façon de pondre un best-seller (et de soigner les scènes de sexe), c'est l'une des multiples dimensions de ce roman jubilatoire. Il existait les fameux "livres dont vous êtes le héros", voici désormais le héros dont vous êtes le livre. Ou quelque chose comme ça. A force de renverser les points de vue, difficile de savoir à la fin qui est l'auteur, qui est le lecteur et où sont passés les personnages. Brillant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Du rififi à Wall Street

Il fallait oser…

Imaginez un roman signé Hercule Poirot et préfacé par Agatha Christie, un roman au titre délibérément désuet et racoleur, un roman qui aurait été à sa place comme nul autre dans la mythique « Série noire » de Gallimard. Un roman qui raconterait l’histoire d’un homme qui raconterait comment il aurait écrit l’histoire qui finirait par raconter sa vie.

Imaginez un auteur plus roué qu’un privé enfanté par les géants de l’âge d’or du roman noir américain, un Keyser Söze plus vrai que nature passé maître dans l’art de la falsification éclairée (voire éclairante), de la création littéraire à tiroirs (voire à clefs) et du dédoublement (voire de l’effacement), capable de pousser la réalité dans les derniers retranchements de la fiction pour mieux hypnotiser ses lecteurs, ou, plus exactement, ralentir leur réflexion maligne jusqu’à l’arrêt total de leur méfiance vitale, tel un boa imperator de l’intrigue littéraire.

Et puis, ne pensez plus à rien et laissez-vous porter, par la voix de Vlad Eisinger, de Tom Capote ou de quel que soit le nom de cet auteur facétieux et si doué, décidément, qui n’a de cesse de nous surprendre et de nous entraîner toujours plus loin dans ce que l’écriture peut avoir d’inventif, de jouissif, d’insolent et de joyeux. D’étourdissant aussi, lorsque, utilisée avec brio, elle se met au service de la jubilation évidente d’un auteur brillant et du plaisir toujours renouvelé de ses lecteurs.

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Du rififi à Wall Street

Cinq étoiles pour ce roman, polar, thriller, livre d'action, d'humour et j'en passe.

Une histoire dans l'histoire de l'histoire, une préface et une post-face de l'éditeur telle, qu'on se demande si ce que raconte Vlad Eisenger, lui est vraiment arrivé. A-t-il vraiment disparu après avoir "dévoilé" les magouilles "légalisées" de Wall Street?

Je ne vais pas m'étaler sur le synopsis, vous l'avez lu, et d'aucuns d'entre vous l'ont commenté. En plus d'un texte jubilatoire, c'est le montage de l'histoire qui sort vraiment de l'ordinaire (voir synopsis). Des scènes très drôles, des pastiches, des allusions, des références à des auteurs américains et français, un changement d'écriture pour corser le tout.

Ceci est la partie visible du glaçon. Pardon, de l'iceberg....

Car Vlad Eisinger -en supposant qu'il s'agisse de son vrai nom- a écrit sept romans avant de se mettre au "polar" (à sa sauce). Question que je me pose: est-ce que ses sept premiers romans n'ont pas marché ? (tout comme ceux de son héros), et du coup change-t-il de style, du tout au tout?

Ce n'est pas sans me rappeler un excellent auteur italien, Giorgio Scerbanenco , qui a longemps écrit des romans hérotico-pornographiques, ne connaissant qu'un succès "d'estime" -le genre de romans où l'on confirme que "ce sont souvent les femmes les plus légères qui occasionnent les dépenses les plus lourdes", -, jusqu'à ce jour où il sort son premier polar, et là, le succès!!! Et qui a perduré. Jusqu'à ce que l'auteur ne décède d'une crise cardiaque un soir où il s'apprêtait à aller diner au restaurant avec son épouse.

Se posent alors peut-être ainsi les cruels dilemmes que peuvent connaître les auteurs (res): écrit-on avant tout pour se faire plaisir où pour séduire un public précis? Préfère-t-on opter pour un genre qui n'est pas le nôtre (roman plutot que polar, plutôt que Feel Good, ou l'inverse) parce qu'il est davantage porteur ? (remarquez que j'ai écrit "porteur", et pas "vendeur". mais cela ne vous a pas échappé). Préfère -t-on être un auteur élitiste, ou...populaire? (Des noms!!! Des noms!!!!).

En tout les cas, Eisinger a réussi un petit coup de maître, et ne passez pas à côté de cette petite pépite. Dont vous pouvez contribuer au succès.

Ne dit-on pas d'ailleurs que l'oeuvre échappe toujours à son créateur? confirmant ainsi que c'est le public qui décide de sa notoriété.



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Du rififi à Wall Street

Exercice de style et paradoxe littéraire : c'est à quoi s'est livré le franco-américain Antoine Bello avec ce bouquin, Du rififi à Wall Street.

Un pastiche de la série noire (le titre !) et un hommage aux grands de ce genre, des deux côtés de l'Atlantique, les Hammett, Chandler, Malet, Manchette et consorts.



[...] Tom est dos au mur. En l'espace d'une semaine, il a été cambriolé, tabassé et on a égorgé son agente. Il n'est pas pressé de découvrir ce que lui réserve la prochaine étape.



Un curieux personnage que ce monsieur Bello : polytechnicien précoce, homme d'affaires français installé aux US, fasciné par les vraies fabulations et les faux mensonges, proche de la mouvance des "objectivistes" un courant de pensée voisin des libertariens, fondé par Ayn Rand où l'on retrouve les partisans du plus pur laissez-faire capitaliste comme Alan Greenspan (l'ex-patron de la FED) ou Jimmy Wales (le fondateur de Wikipédia).

Le bouquin est une construction alambiquée à plusieurs étages (un bouquin dans le bouquin dans le bouquin), l'auteur est un habitué de l'exercice.

En prologue (et en épilogue) Antoine Bello lui-même prétend avoir reçu un manuscrit expédié par un ami (Vlad Eisinger qui lui sert donc ici de pseudo) et nous propose donc de découvrir cette histoire.

Un roman où Vlad Eisinger raconte son enquête dans les milieux d'affaires US des câblo-opérateurs.

Poursuivi par les avocats et les sbires des puissants dont il entend dénoncer les malversations, Eisinger tente une pirouette en mettant en scène un écrivain, Tom Capote (hommage à Truman C.) qui raconte son enquête dans les milieux d'affaires US du pétrole et de la fracture hydraulique.

Poursuivi par les avocats et les sbires des puissants dont il entend dénoncer les malversations, Tom Capote ... etc.

Aaaargh ! Il faut s'accrocher mais Antoine Bello connait son affaire : sa construction savante est farcie d'humour, d'auto-dérision, de références littéraires, on se régale !

Et puisque l'on parle de bouquin(s) dans son bouquin, il pousse même la coquetterie jusqu'à citer des critiques littéraires (journaux, blogs, ...) de ces romans (pas vraiment le sien, ceux qu'il met en scène, mais bon, le lecteur n'est pas dupe) :

[...] L'intrigue tient sur une carte postale, les personnages sont taillés à la hache, le style utilitaire, mais l'ensemble dégage une vitalité irrésistible.

[...] Je n'arrivais pas à trouver le résultat mauvais. Appuyé, racoleur, simpliste peut-être, mais pas mauvais.

[...] Un hommage au roman noir, pour déboucher sur une interrogation plus vaste du caractère sacré du langage et des pouvoirs de la littérature.



L'élégance, c'est que ces vraies-fausses critiques sont tout à fait judicieuses et appropriées, bien sûr !

Quelques longueurs (du fait des emboîtement gigognes) mais nécessaires pour qu'à mi-parcours le roman prenne son véritable envol.

Un polar original, amusant et bien mené, qui a le mérite de nous faire découvrir ces fameux "objectivistes" (l'un des personnages en fait partie) dont on pourrait bien reparler puisque nous sommes loin d'en avoir terminé avec le trumpisme.

Pour celles et ceux qui aiment les constructions tordues.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.com/..
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Du rififi à Wall Street

Avec ce roman qui multiplie les références et glisse de fines allusions aux oeuvres de ses maîtres (à commencer par Manchette), Antoine Bello assume brillamment toutes ses contraintes. Son livre est un divertissement cocasse et intelligent qui rend un hommage appuyé à la littérature de genre en général, au roman noir en particulier. Chapeau !

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Du rififi à Wall Street

Ouvrir un volume de la Série Noire s'est s'attendre à trouver des clichés du roman noir, si possible bien agencés. Dans le cas présent ils ne manquent pas mais sont doublés d'un exercice littéraire de mise en abîme avec un roman dans le roman du roman.

Intéressant comme départ mais est ce suffisant ? Pas vraiment à mon sens, la somme de récits médiocres ne faisant pas une histoire palpitante.

L'idée de superposer la même histoire dans plusieurs couches romanesques est habile mais finalement vaine.

Le faux nez mis par A.Bello pour ce nouveau roman n'est il pas le moindre indice d'une tentative à moitié réussie.

Un bon point tout de même pour le jeu littéraire et l'autodérision.
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