Yann Perreau

AU PLAFOND COLLES

Deux dans ce léger matin
Fous d'amour décor serein
Doux sans piège malin
Saouls de chair et de bon vin

Ce jour c'est la nuit mise à nu
De nos êtres aux plafond collés
Derrière nos paupières mi-fermées
Se cache la déraison ... La vois tu ?

Mon corps te parle

Mon coeur en fleur
Ma tête dans les nuages
Mes yeux dans l'eau
Mes hormones en feu
Ma peau qui frissonne
Ma langue dans ta bouche
Mes mains dans tes cheveux
Te disent que je t'aime

(p.18 "Perreau et la Plume")

HYMNE A LA LUNE

Un nuage a volé la lune
Pis moé, j'ai le coeur qui fume
La seule chose que j'peux vous dire
C'est qu'une fleur est en train d's'ouvrir

J'caresse la folie qui me hante
Pis voir d'l'aut' côté, ça, ça m'tente
Mais j'sais que d'moé l'soleil noircit
La lumière peut pleuvoir aussi

ça fait que si la lune me r'vient un jour
J'vous jure
Des rayons de Rê
D'la chaleur tout autour
Que d'enfants en santé

Pis la plus belle romance de v'lours :
Parlez-moi d'amour
Donnez-moi d'l'amour
Pis toé, surtout toé
Fais-moé donc l'amour

DE L'EAU COMME DE L'AMOUR

Enivrants comme l'eau-de-vie
Imprévisibles océans
Gais ou tristes sous la pluie
Implacables torrents

Il sont le son des rivières et le silence des lacs
Le mouvement des marées et la santé de nos corps
Mémoires larmes miroirs nappes espoirs jeux ressac
Rapides ou de glaces l'eau et l'amour sont les nouveaux ors

S'il vous plaît de l'eau comme de l'amour dans le désert des inconscients

LA STAR

Dans le vacarme de la foire
Il boit son fort au goulot
La star vêtue de cuir noir
Aboie et fait son numéro

Il a les femmes et la gloire
Filant toujours plus haut
Devant son miroir
Le nez dans le coco

Eponge sans fin
La star plonge dans le vain
Et ronge ses freins

La star se sauve comme un voleur
Lorsqu'un clair de lune
Effleure ses cordes qui pleurent
Il déambule et perd les pôles
Son sextant c'est le rock'n'roll

Il s'endort ou perd connaissance au matin
Aux côtés d'une fan vêtue de faux satins
Muse à doux mensonges
Et source de potins

Basique d'instinct
La star plonge dans un ravin
Et ronge ses refrains

Léger ... mais bon

Cette pièce est née d'un poème écrit en rafale.
J'aimais sa musicalité, son côté comptine.
C'est ce qui m'a donné envie d'en faire une chanson.
J'étais en Fance, sur le bord de l'Atlantique. Vagabond solitaire,
je vivais de pas grand chose et rêvais de mon premier album.
Je savais que le phénomène Star Académie, avec ses millions
et autres "chimères", allait faire des siennes. Il fallait
m'accrocher. Etre léger, mais bon !

C'est léger. Comme une plume. Comme l'air est
nécessaire. ça tournoie et ça sent bon, y'a pas de gris
dans sa chanson. Y'a que du vrai, y'a que du bon.
Le temps lui donnera raison. L'arbre, il a pris le temps,
il a pris le temps qu'il devait prendre et tout ça, sans
qu'on lui demande. De toute façon, il s'en torche. C'est
comme ça et ça coule et roucoule et roule comme
la rivière. C'est léger, mais c'est bon.

Que ce soit léger comme une plume
Ou pesant comme une enclume
Que ça sème la joie ou l'affliction
Que ce soit hors la loi ou juste et bon

Y'a pas d'gris dans ma chanson
Y'a du maudit, y'a du bon
Y'a de la vie, de la destruction
Y'a du silence et du son ....

Du silence et du son ... dans les règles
Mais coule le fric et croule la façon
Mais coule le fric et croule la façon
Ils nous saoulent avec leurs chimères bidon

Ce doit être léger ... mais bon ...
Ce doit être léger ... mais bon ...
Ce doit être léger ... mais bon ...
Ce doit être léger ... mais bon ...

(p.96-97)

La pensée de Foucault délivre de la servitude de l'identité, de l'ordre du discours. Il identifie, dans l"espace littéraire, ce point où l'être anonyme peut se loger. Sa leçon inaugurale au Collège de France de 1970 commence par ces quelques phrases magnifiques :
"Dans le discours qu'aujourd'hui je dois tenir, et dans ceux qu'il me faudra tenir ici, pendant des années peut-être , j'aurais voulu pouvoir me glisser subrepticement. Plutôt que de prendre la parole, j'aurais voulu être enveloppé par elle, et porté bien au-delà de tout commencement possible. J'aurais aimé m'apercevoir qu'au moment de parler une voix sans nom précédait depuis longtemps : il m'aurait suffit d'enchaîner, de poursuivre la phrase, de me loger, sans qu'on y prenne garde, dans ses interstices, comme si elle m'avait fait signe en se tenant un instant en suspens. De commencement, il n'y en aurait donc pas; et au lieu d'être celui dont vient le discours je serais plutôt, au hasard de son déroulement, une mince lacune, le point de disparition possible.

L'AMOUR QUI RAJEUNIT

Puis nous avons refait l'amour comme des chatons !
" Wrew ! Miaow ! Grr ! Wreinwww ! "

Il dit ceci , en conclusions de tous les remerciements qu'il fait en préface dans son livre "Perreau et la Plume" :

Toi qui me lis à la gare, au lit ou aux chiottes,
bonne lecture ! Moi, je ronronne .....

L'histoire de la littérature s'est surtout écrite au masculin, les femmes ayant souvent dû recourir à des noms d'homme pour être éditées, aujourd'hui encore. Dernier exemple en date, J.K Rowling s'expliquait sur récemment sur les initiales pseudonymiques. Après avoir envoyé son manuscrit sous son vrai nom, Joanne Rowling, et essuyé plusieurs refus, elle eut l'idée de se réinventer en "JK", et renvoya le même livre sous ce nom d'homme. Dès lors, les réponses enthousiastes se mirent à pleuvoir.