Yvon Roy

je ne veux pas qu'il apprenne à vivre avec son handicap, je veux qu'il apprenne à le surmonter [...]

Les enfants autistes s'accrochent à leur routine, et moi, je veux qu'il s'en libère...
Alors, le soir, il m'arrive de déplacer les meubles dans la maison.
Assez pour modifier les chemins qu'il emprunte pour aller d'une pièce à l'autre.
C'est pas toujours joli comme agencement, mais ça fait le travail.

Quand j'ai su qu'Olivier était autiste, j'ai été terrifié pour son avenir. Puis, je me suis souvenu qu'un enfant très doué peut tout rater si ses parents ne lui donnent pas confiance dans la vie.
A l'inverse, un enfant handicapé mais confiant peut tout réussir.

Les diagnostics, c'est des bestioles taciturnes qui détestent plaisanter... Faut jamais laisser un diagnostic pleuvoir sur son pré.

C'est un gamin. Il a les solutions en lui, je sais que j'ai juste à l'observer. Puis, avec un peu de créativité...

Pour arriver à faire mon deuil, je me suis préparé une petite phrase que je dois réciter à mon fils chaque soir avant qu'il ne s'endorme.

- Tu es le fils le plus... fan... le plus fanta... stique du monde, je ne... je ne t'échangerais pour aucun autre.

Mon subconscient ne lâche pas prise facilement. Je dois me battre chaque soir pour arriver à dire cette petite phrase toute simple...

Les enfants autistes ont du mal avec les mondes imaginaires et les concepts abstraits, aussi, je lui raconte une histoire rocambolesque presque chaque soir.

Non seulement il a vaincu sa peur, mais pour une rare fois, il a utilisé un mot de manière fonctionnelle, pour nommer une chose...
Au fil des mois, une nouvelle confiance s'est installée entre lui et moi. Une confiance qui va nous servir. (...)
Par la suite, ses autres peurs tomberont une à une, comme un jeu de dominos.

- C'était une grosse crise... J'ai dû le sortir de la baignoire et le calmer pendant trente minutes.
- Oui c'est pareil avec moi. Au centre, on m'a conseillé d'enlever toutes les poussières, comme ça on évite les crises. Sinon, il pourrait développer une aversion pour les bains.

Étonnant : on nous demande d'éviter qu'il ne prenne la propreté en grippe, alors que c'est la réalité qu'il risque de prendre en grippe...
Et ça me semble plus grave qu'un cul mal lavé.
Pfff ! La peur de traumatiser l'enfant est devenue une psychose : on craint tellement de mal faire qu'on finit par ne rien faire du tout.
Demi-mesures et autorité homéopathique, bonjour !
Fiston, toi et moi, on va explorer.

Mais qu'est-ce que je vais faire de toi, p'tit gars... Qu'est-ce que tu vas devenir ?
Les spécialistes nous envoient de la documentation sur toi, faut voir ça. On dirait un guide d'assemblage pour un meuble Ikea avec cinq morceaux en moins...
"Comment vivre avec un bibliothèque sans étagères."
Je te parle, tu m'entends à peine, je veux te faire un câlin, tu me repousses, tu fais des crises pour des trucs que je ne perçois même pas...
Quand je dis Olivier, sais-tu seulement que c'est toi, Olivier ?

Les diagnostics c'est des bestioles taciturnes qui détestent plaisanter ... Faut jamais laisser un diagnostic pleuvoir sur son pré.

La victoire sur soi est la plus grande des victoires.

Il dit qu'on souffre parce qu'on oublie que les choses changent, que même les pires situations finissent par s'estomper.

- Tu vois, autiste ou non, faut éviter à tout prix que ton gamin finisse par se croire le patron. Tu imagines être patron à 4 ans ? Y a de quoi devenir super anxieux.
(p. 72)

- Elle ne dort pas encore, ta fille ? Olivier ronfle.
- Non, elle est comme ça, excitée comme une puce au moment d'aller au lit. Il faut que je la calme avant.
- Va faire du thé, je vais la bercer, moi.
[ ... quelques minutes plus tard ... ]
- Elle dort ! Mais comment t'as fait ?
- Ben... Je n'ai pas eu peur de ses réactions de sauterelle. Elle a vite compris que c'était pas négociable. (...)
- Pourquoi, moi, je n'y arrive pas...
- C'est parce que t'es nerveuse, ma soeur. Les enfants, ça ressent tout. C'est ton propre calme qui va la calmer.
- C'est pas con...
(p. 71)

"En bagnole, j'ai pris l'habitude d'inventer des chansons interactives. Je les invente parce que je suis nul en mémorisation, et que les miennes sont franchement plus drôles."

La fenêtre d'une rentrée en classe normale s'ouvre enfin pour lui.

On ne peut pas aimer quand on est malheureux

- C'est pas normal...
- C'est quoi, normal ?
- Normal, c'est comme les gens qui s'aiment, comme les gens qui ne se frappent pas...
- Ma mère et moi, on ne s'aime plus beaucoup. Je ne fais rien comme il faut.

A la maison, rien ne s'arrange, il n'y a plus de bonheur nulle part. Pas même dans les petits recoins. C'est comme si l'air était empoisonné. A la télé, on parle souvent de divorce. Mon père dit que le divorce mène en enfer... En attendant, l'enfer, c'est ici...