Citations de Érik Satie (44)
Le vrai sens critique ne consiste pas à se critiquer soi-même, mais à critiquer les autres: et la poutre que l'on a dans l’œil, n'empêche nullement de voir la paille qui est dans celui de son voisin: dans ce cas, la poutre devient une longue-vue, très longue, qui grossit la paille d'une façon démesurée.
Lorsque je vis Chochotte
Elle me plut carrément
J'lui dis: "êtes-vous mascotte? "
"Mais monsieur, certainement. "
"Alors sans plus attendre
Je veux être votre époux. "
Elle répond d'un air tendre :
"Je veux bien être à vous,
Mais pour cela, il vous faudra
Demander ma main à papa. "
Allons-y Chochotte, Chochotte
Allons-y Chochotte, Chochotte allons-y !
Le soir du mariage,
Une fois rentrés chez nous,
J'prends la fleur de son corsage,
Je fourre mon nez partout.
"Alors" me dit ma femme,
"Avant tout écoute-moi,
J'vais couronner ta flamme
Puisque tu m'aimes, prends-moi
Mais pour cela il te faudra
Ne pas m'chatouiller sous le bras. "
Allons-y Chochotte, Chochotte, allons-y !
V'là qu'au moment d'bien faire
On entend sur l'boul'vard
Un refrain populaire
Et comme un bruit d'pétards
C'est une sérénade
Que donn't en notre honneur
Un' band de camarades
Qui travaillent tous en chœur
S'accompagnant des instruments
En carton, à cordes, à vent
Allons-y Chochotte, Chochotte, allons-y !
Le lendemain, chochotte
Me dit: "mon p'tit Albert
J'veux un fils qui dégote
Mozart et Meyerbeer
Pour en faire un prix de Rome
T'achèteras un phono
Que tu r'mont'ras mon petit homme
Au moment psycholo…
Et l'on march'ra de ce moment là,
Comme ton cylindre l'indiquera. "
Allons-y Chochotte, Chochotte allons-y !
Neuf mois après, Chochotte
Me rend papa d'un garçon
"Ah! " s'écrie "Saperlotte! "
La sag'femme "que vois-j'donc? "
"Qu'avez-vous donc, madame?
Pourquoi crier si haut? "
Lui demanda ma femme.
"N'a-t-il pas tout ce qu'il faut? "
"Oui, mais voilà, on peut lir'là
Sur son p'tit nombril c'refrain-là :
Allons-y Chochotte, Chochotte allons-y !
Musique d'Erik Satie, paroles D.Durante (Satie?)
Toute ma jeunesse on me disait :"Vous verrez quand vous aurez 50 ans". J'ai 50 ans. Je n'ai rien vu.
Sachez que le travail ... c'est la liberté..
.... la liberté.... des autres....
Pendant que vous travaillez, ....... vous n'ennuyez personne ......
Érik Satie
Il y a trois sortes de critiques : ceux qui ont de l'influence, ceux qui en ont moins, ceux qui n'en ont pas du tout. Les deux dernières n'existent pas. Toutes les critiques ont de l'influence.
Lent
Très luisant
Questionnez
Du bout de la pensée
Postulez en vous-même
Pas à pas
Sur la langue
(indications pour l'exécutant de la première Gnossienne)
Le critique sait tout, voit tout, dit tout, entend tout, touche à tout, remue tout, mange de tout, confond tout, et n’en pense pas moins !
Si j'étais riche, j'aurais peur de perdre ma fortune.
Les pianos, c'est comme les chèques : ça ne fait plaisir qu'à ceux qui les touchent.
Calme et profondément doux
Caeremoniosus
Cloîtrement
Comme une douce demande
Comme un rossignol qui aurait mal aux dents
Continuez sans perdre connaissance
La poutre que l'on a dans l'oeil n'empêche nullement de voir la paille qui est dans celui de son voisin : dans ce cas, la poutre devient une longue-vue, très longue, qui grossit la paille de façon démesurée.
L'air de Paris est si mauvais que je le fais toujours bouillir avant de respirer.
Saint Golin l'Arctiquéen
Il fit faire à un ours blanc sa première communion.
Comme il n'y avait pas de notaire dans la contrée,
Saint Golin fit viser son testament religieux par un pin-
gouin.
Une main scélérate entra sur la pointe des pieds, les
yeux hors de la tête, et s'empara du trésor.
L'homme est un ramassis d'os et de chair.
Ce ramassis est mû par un appareil appelé cerveau.
Le cerveau est placé dans une boîte dite crânienne.
Cette boîte est dépourvue d'ouverture apparente.
Là, le cerveau ne voit rien, n'entend rien de ce qui se
passe autour de lui, isolé qu'il est du reste du Monde.
C'est pourquoi l'Homme agit avec cette charmante
inconscience si connue de l'observateur, inconscience
qui le caractérise et le « personnalise », si j'ose dire.
L’artiste doit régler sa vie.
Voici l’horaire précis de mes actes journaliers :
Mon lever : à 7h18 ; inspiré : de 10h23 à 11h47. Je déjeune à 12h11 et quitte la table à 12h14.
Salutaire promenade à cheval, dans le fond de mon parc : de 13h19 à 14h53. Autre inspiration : de 15h12 à 16h07.
Occupations diverses (escrime, réflexions, immobilité, visites, contemplation, dextérité, natation, etc.) : de 16h21 à 18h47.
Le dîner est servi à 19h16 et terminé à 19h20. Viennent des lectures symphoniques, à haute voix : de 20h09 à 21h59.
Mon coucher a lieu régulièrement à 22h37. Hebdomadairement, réveil en sursaut à 3h19 (le mardi).
Je ne mange que des aliments blancs : des œufs, du sucre, des noix de coco, du poulet cuit dans de l’eau blanche ; des moisissures de fruits, du riz, des navets ; du boudin camphré, des pâtes, du fromage (blanc), de la salade de coton et de certains poissons (sans la peau).
Je fais bouillir mon vin, que je bois froid avec du jus de fuchsia. J’ai bon appétit ; mais je ne parle jamais en mangeant, de peur de m’étrangler.
Je respire avec soin (peu à la fois). Je danse très rarement. En marchant, je me tiens par les côtes et regarde fixement derrière moi.
D’aspect très sérieux, si je ris, c’est sans le faire exprès. Je m’en excuse toujours et avec affabilité.
Je ne dors que d’un œil ; mon sommeil est très dur. Mon lit est rond, percé d’un trou pour le passage de la tête. Toutes les heures, un domestique prend ma température et m’en donne une autre.
Depuis longtemps, je suis abonné à un journal de modes. Je porte un bonnet blanc, des bas blancs et un gilet blanc.
Mon médecin m’a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils : — Fumez, mon ami : sans cela, un autre fumera à votre place.
CE QUE JE SUIS
... La première fois que je me servis d'un phonoscope,
j'examinai un si bémol de moyenne grosseur. Je n'ai, je
vous assure, jamais vu chose plus répugnante. J'appelai
mon domestique pour le lui faire voir.
Au phono-peseur un fa dièse ordinaire, très com-
mun, atteignit 93 kilogrammes. Il émanait d'un fort
gros ténor dont je pris le poids.
Connaissez-vous le nettoyage des sons ? C'est assez
sale. Le filage est plus propre ; savoir les classer est très
minutieux et demande une bonne vue. Ici nous sommes
dans la phonotechnique.
Quant aux explosions sonores, souvent si désa-
gréables, le coton, fixé dans les oreilles, les atténue,
pour soi, convenablement. Ici, nous sommes dans la
pyrophonie.
Pour écrire mes « Pièces Froides », je me suis servi
d'un caléidophone-enregistreur. Cela prit sept minutes.
J'appelai mon domestique pour les lui faire entendre.
Je crois pouvoir dire que la phonologie est supérieure
à la musique. C'est plus varié. Le rendement pécu-
niaire est plus grand. Je lui dois ma fortune.
En tout cas, au motodynamophone, un phonomé-
treur médiocrement exercé peut, facilement, noter plus
de sons que ne le fera le plus habile musicien, dans le
même temps, avec le même effort. C'est grâce à cela
que j'ai tant écrit.
L'avenir est donc à la philophonie.
Hâve de corps
Hypocritement
J'ai connu autrefois un pauvre homme qui, par scrupule, n'a jamais voulu coucher chez lui, disant que son nom était un nom à coucher dehors. Ce souvenir ne m'est pas désagréable.
CE QUE JE SUIS
Tout le monde vous dira que je ne suis pas un musi-
cien. C'est juste.
Dès le début de ma carrière, je me suis, de suite,
classé parmi les phonométrographes. Mes travaux sont
de la pure phonométrique. Que l'on prenne le « Fils des
Étoiles » ou les « Morceaux en forme de poire », « En habit
de Cheval » ou les « Sarabandes », on perçoit qu'aucune
idée musicale n'a présidé à la création de ces œuvres.
C'est la pensée scientifique qui domine.
Du reste, j'ai plus de plaisir à mesurer un son que je
n'en ai à l'entendre. Le phonomètre à la main, je tra-
vaille joyeusement et sûrement.
Que n'ai-je pesé ou mesuré ? Tout de Beethoven,
tout de Verdi, etc. C'est très curieux….
Je ne puis passer auprès de l'exquise tour Saint-Jacques sans penser à un vieux lettré lequel exerçait, au XV e siècle, la profession d'écrivain-calligraphe — profession qui lui fut lucrative, semble-t-il. Je veux parler de Nicolas Flamel, notable de Paris, confrère et bienfaiteur de sa paroisse l'église Saint-Jacques-la-Boucherie ( démolie pendant la Révolution, cette église, située rue des Arcis, fut commencée au XII e siècle — d'après ce que j'ai pu observer, sans en avoir l'air). Oui.
J'ai dû oublier mon parapluie dans l'ascenseur. Mon parapluie doit être très inquiet de m'avoir perdu.