Les sages - certains, du moins - prétendent qu'il existe un lien entre les hommes et les étoiles. Tél n'était pas l'avis de Floppy, elle ne le croyait pas et repoussait cette éventualité qui lui paraissait trop présomptueuse.
A chacun sa place. Sur Terre, il y avait les hommes, et c'étaient eux qui avaient besoin d'aide et de protection.
Là-haut, dans le ciel, étoiles et planètes poursuivaient leur course sans fin. N'était-ce pas un réconfort de penser que, quoi qu'il advint, les étoiles seraient toujours là, immuables et éternelles !
Elle se nommait Floppy Le Redoux ; ou plutôt c'était ainsi qu'on l'appelait, car nul ne connaissait son vrai nom.
Les gens l'avaient surnommée Floppy, car elle sortait toujours enveloppée dans une ample cape bleu foncé, dont le large col, claquant au vent, faisait flop-flop autour de sa tête. Elle était aussi coiffée d'un drôle de chapeau. Ses bords souples étaient parsemés de fleurs retombant d'une haute calotte violette garnie de papillons.
Quant au nom de Le Redoux, il provenait simplement du fait que l'apparition de Floppy coïncidait avec le dégel.
Crystal, lui, réagissait de manière singulière chaque fois qu'un verre se brisait. Le bruit, d'abord, l'amusait et il riait. Puis il prenait un air terrifié et se mettait à pleurer. [...] Nul ne soupçonnait la vérité, bien simple pourtant : Crystal avait compris que la beauté est chose fragile.
Pourquoi avait-elle cessé de porter la bague ? C'était ridicule ! Une si belle bague ! Il fallait la remettre à son doigt. [...] Pourquoi l'avait-elle rangée ? Brusquement, elle se souvint : cette bague l'avait inquiétée, troublée. Et cela recommençait : le même et singulier malaise. La bague ressemblait à un œil qui la regardait. Un instant, elle eu même l'impression que la bague lui adressait un clin d'œil. Saisie, angoissée, elle osait à peine bouger. D'un geste impulsif, elle étendit la main, afin de mieux voir ce bijou au clair de lune. Un frisson la parcourut et elle se mit à trembler. La pierre dardait sur elle un rayon d'un éclat terrifiant. On eût dit un gouffre insondable de douleur et de tristesse. Quelque chose d'inhumain.
L'adulte est compliqué. Un enfant qui ment se trahit presque aussitôt, il est moins rodé. L'adulte, lui, croit en ses mensonges. Ou du moins en son droit au mensonge. L'enfant n'a jamais ce droit. Ses mensonges sont condamnables alors que ceux de l'adulte se justifient. Toujours. L'adulte ne ment que par égard, par délicatesse ou par sagesse. Ses mensonges sont toujours bien intentionnés. En tout cas, c'est ce qu'il veut faire croire à l'enfant.
A la fin, elle s'était même jetée dans un lac, pour en ressortir terriblement mouillée, si bien qu'elle avait failli en mourir. Et puis, elle avait épousé le docteur, sans doute par mesure de précaution, en cas d'autres malheurs.