Le château des enfants volés

Il existe beaucoup de bons romans, c'est indéniable. Mais cela faisait quelques temps déjà que je n'avais pas lu un roman qui me chamboule vraiment, et qui me laisse un sentiment de plénitude absolue. J'ai enfin retrouvé cette sensation en refermant le Château des enfants volés.

J'ai eu envie de lire ce livre grâce à ce qu'en disait Mona Chollet dans son essai sur la condition féminine Sorcières. Elle y parlait d'une sorcière bien loin des clichés de l'affreuse méchante montée sur son balais. Floppy le Redoux est en effet une sorcière singulière. En phase avec la nature, coiffée d'un chapeau orné de fleurs et de papillons, elle est très discrète et douce, s'intéresse à son prochain (et son métier à tisser). Elle est âgée (et sage) mais non point laide. Et si elle a bien un animal à ses côtés, il s'agit en fait d'un corbeau très intelligent et sage .

Mais Floppy n'est pas la seule figure féminine au coeur de ce roman. La mère des enfants volés tient une place importante, notamment en début de roman. Ce personnage permet à l'auteure de questionner le rôle de mère et d'épouse dans la vie d'une femme : comment concilier l'envie d'être une mère parfaite, une bonne épouse, et une femme comblée ?

Le personnage de la Dame tient un rôle tout aussi important dans la seconde partie. Il permet d'aborder plutôt le thème du désir et des espoirs ainsi que de l'éducation des enfants. Tous les personnages sont parfaitement incarnés, même les plus secondaires.

Le Château des enfants volés est un conte très lumineux et bienveillant (tout particulièrement envers la femme et l'enfance mais pas que). Il invite à se recentrer sur l'essentiel, à se contenter des petits bonheurs simples de la vie, à faire preuve d'empathie envers son prochain.

Mon ouvrage était agrémenté des magnifiques illustrations de Christopher Smith. Les scénettes à l'encre paraissaient parfois très travaillées (voire chargées) et d'autres fois réduites au plus simple. Leur point commun étant de toujours être en résonnance avec le texte et les émotions ressenties par le lecteur.

En résumé, un beau et vrai coup de coeur que je vous invite vraiment à découvrir !

Dès la première page j'ai été emportée dans l'univers de ce court roman fantastique. Les personnages ont beaucoup de charisme, principalement Floppy le Redoux, la sorcière bienveillante qui lit l'avenir dans les tapis qu'elle tisse. Une ambiance de mystère enchanté est amenée par quelques détails de l'intrigue, notamment la fameuse bague de Sophie, vendue par un nain, si irrésistible et inquiétante à la fois. le personnage du corbeau qui accompagne toujours Floppy est haut en couleurs et apporte une touche de réflexion philosophique au récit. Un régal de lecture !

J'ai ressorti ce bouquin de ma bibliothèque, et l'ai relu avec plaisir ;-) L'édition est datée, le style aussi, mais c'est efficace quand même, avec des personnages clairement identifiés (les deux enfants, la gentille sorcière et sa soeur la méchante, le prince et sa dame) et bien sûr la petite touche de magie (le corbeau Solon de la sorcière et pour sa soeur, l'oiseau Mimi).
Donc les enfants sont kidnappés par le prince pour contenter les caprices de sa dame... qui s'en lasse bien vite et les confie à Nana la préceptrice. Les parents, de leur côté, éperdus de malheur, font appel à la sorcière du village pour les aider...

Une madeleine de Proust pour moi. J'avais 8 ans. Ce petit bijou avait été distribué par mon institutrice pour une lecture individuelle en classe et a repris avant que j'aie pu le terminer. Une déception terrible pour moi. Je l'ai retrouvé en occasion il y a peu avec beaucoup d'émotion. J''ai été emportée de la même manière qu'il y a 35 ans. Un roman jeunesse extraordinaire, plein de magie, de peur, de mystère et d'amour. Un conte magnifique écrit dans un style compréhensible sans être enfantin.