- Et comment va votre famille maintenant?
A ma question, M.Simkin ferma les yeux. Un silence lourd régna dans la pièce...
- Mes parents, ma femme, mon fils de cinq ans, ma fille de sept ans, mes frères, toute ma famille...ils étaient vingt-trois. Ils sont tous morts. Je ne dois ma survie qu'à ma présence à l'extérieur de la Pologne en raison de mes activités au sein de l'association d'aide aux réfugiés.
Il me raconta son histoire avec une émotion contenue, en découpant chaque mot comme s'il se tailladait le corps. Sans trouver de paroles pour le consoler, je l'écoutai en silence.
Peut-être ai-je commis une faute en tant que diplomate. Mais je ne pouvais laisser mourrir des milliers de personnes qui comptaient sur moi. C'était une action juste ... C'est l'histoire qui jugera mon action, (...).
Ce matin, comme toujours, j'accompagnai mon mari sur le palier et le regardai descendre avant de retourner dans ma chambre pour lire un livre. Ainsi se passaient les matinées calmes. Mais à peine eus-je le temps de lire une dizaine de lignes que j'entendis frapper à la porte.
Et mon mari entra.
- Regarde un peu par la fenêtre !
En le voyant se diriger vers la fenêtre comme s'il me poussait à faire de même, je restai perplexe un instant. Je connaissais son sérieux dans le travail. Il était tout à fait inhabituel qu'il montât pendant les heures de bureau. Il entrouvrit les rideaux et me regarda de nouveau pour m'inciter à l'imiter. Je vins alors à ses côtés, regardai distraitement au-dehors... et ce que je vis me parut irréel !
Une foule compacte recouvrait la chaussée devant le bâtiment. [.]
- Ce sont des Juifs qui ont fui les nazis de Pologne. Ils demandent des visas de transit pour le Japon.