Le Rose et le Bleu : la fabrique du féminin et du masculin | UPA
Il apparaît d’abord que, du XVIe siècle à l’époque des Lumières, une sensibilité particulière est reconnue au fœtus et au tout-petit. Chirurgiens et médecins de l’époque moderne agissent cependant de manière contrastée face aux douleurs concrètes du nourrisson. Dans la deuxième moitié du XVIIIe et au début du XIXe siècle, l’intérêt général des savants pour la douleur et son utilité chez l’homme conduisent cependant à une évolution de l’attitude concernant le bébé.
La mortalité des habitants de Londres est bien connue des contemporains, grâce à la publication régulière des London Bills of Christenings and Burials : dans les années 1760, environ 50 % des enfants nés à Londres meurent avant deux ans et 60 à 70 % avant cinq ans (...)
Durant tout le XVIIIe siècle, la variole accomplit son œuvre mortifère dans des proportions peut-être jusque-là inégalées. On lui impute environ 10 % de la mortalité générale européenne. Sans doute la « petite vérole » tue moins que jadis la peste ou d’autres maux contagieux mais elle illustre parfaitement le phénomène de pathocénose (« communauté des maladies ») décrit par Mirko Grmek.
Elle se répand, en effet, dans une Europe en partie débarrassée des grandes épidémies pesteuses et non encore massivement touchée par le choléra, la typhoïde et la tuberculose qui dominent au siècle suivant en raison de l’afflux de populations misérables dans les centres urbains et industriels. Elle concerne tant les enfants que les adultes et emporte un malade sur cinq ou sur six. Les survivants adultes gardent le plus souvent de sévères séquelles, notamment cutanées. Extrêmement contagieuse, nul ne peut s’en prémunir, pas même les rois : l’empereur Joseph Ier et Louis xv en meurent (...)
L’hôpital est un condensé des enjeux sociétaux, individuels et collectifs et un véritable défi pour les architectes qui doivent les traduire en architecture tout en respectant les impératifs de fonctionnalité. Les hôpitaux pédiatriques ont la particularité d’être à la fois des lieux de joie, de tristesse et de souffrance : si la plupart d’entre eux abritent une maternité, ils accueillent aussi des enfants malades qui ne pourront pas tous être guéris. Pour l’architecte amené à concevoir un hôpital pour enfants, ces deux dimensions, la vie et la mort, sont toujours présentes, et il lui faut les accommoder de la manière la plus sensible et délicate possible. De cet équilibre doit résulter une architecture adaptée à sa fonction, à même de créer un cadre de soin accueillant et de qualité pour les usagers et le personnel.