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Bibliographie de Jean-Louis Pierre   (2)Voir plus

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
["LE ROMAN DOIT ÊTRE UN POÈME"]

Le 4 mai 1903, il note dans son "Journal" : « J'en viens à un grand dégoût pour tout ce qui n'est pas art en littérature [...] » Quelques mois plus tard, dans sa nouvelle "Sous la lune", publiée en 1905, il fait parler son personnage, Mathias, qui semble son porte-parole. Mathias, jeune écrivain vaudois, essaie difficilement d'écrire et nous livre sa conception : un roman qui ne soit point « suisse », peut-être « paysan » mais, surtout, affirme Mathias, « le roman doit être un poème ».

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C.F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011 : Partie II : SENSIBILITE ET ESTHETIQUE, C — "Une esthétique de l'intensité", page 127]
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["LES RISQUES DE L'ECRITURE RUSTIQUE"]

L'étiquette de romancier régionaliste a été très tôt accolée à l'oeuvre de Ramuz. A mesure que paraissaient les écrits, décor rustique et personnages (paysans, artisans, pêcheurs) évoluant dans de petits villages (campagne, bords du lac, montagne) sont venus conforter ceux qui, dès le départ, réagissant à la langue de l'auteur, le classèrent parmi les écrivains de terroir. Et ce d'autant plus facilement que lors de la véritable rentrée littéraire en France, grâce aux Editions Grasset, c'est surtout sur "La Grande Peur dans la montagne" que se bâtit la réputation du romancier. C'est donc une étiquette commode, vague où peuvent se mêler approche stylistique ou thématique — même si, historiquement, la dénomination peut s'avérer plus pertinente dans le cadre de l'évolution du genre romanesque.
En règle générale, cependant, elle prend une connotation péjorative et permet de classer des écrivains jugés "mineurs" ou "exotiques", peu reconnus par le milieu nombriliste parisien, surtout parce qu'ils ont souhaité rester éloignés de la capitale.

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C.F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011 : Partie III : ETHIQUE et POLITIQUE, A — "Le poète et la communauté", 3 — "La légitimation", c) "Les risques de l'écriture rustique", page 187]
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« L'actualité de la langue de Ramuz », selon les propos de Jacques Chessex, « c'est qu'elle n'est pas datable d'une époque récente ou d'une mode, mais qu'elle survient de l'observation, par l'oreille, d'un rythme venu du grand âge culturel et cultuel. Ils ne sont pas nombreux, les écrivains de ce siècle à être classiques, en toute jeunesse, parce qu'ils lient passé et présent dans une écriture à la fraîcheur de source de fond ». (*)

(*) Jacques CHESSEX, "Sept propositions sur Ramuz", dans le dossier "Ecrivains" n°2 de la revue "Le Passe-Muraille", Lausanne, février 1997, p. 3

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C. F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011, 344 pages —INTRODUCTION, pages 15-16]
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["LE MIROIR DE LA MONTAGNE"]

Le cycle montagnard initié par une commande des éditions Payot — qui aboutira au "Village dans la montagne" (1908) — s'achève par une autre œuvre de commande des éditions Urs Graf : "Vues sur le Valais" (1943). Dès le départ, évitant toute joliesse comme tout naturalisme facile, sans aucune vision utopique ou moralisatrice, Ramuz a posé un regard attentif sur les villageois valaisans. Il termine sa première œuvre par une ouverture humaniste, célébrant la ressemblance des hommes, leur fraternité. Quant à l'œuvre qui clôt le cycle, la ressemblance des hommes, leur fraternité. Quant à l'œuvre qui clôt le cycle, "Vues sur le Valais", elle brosse une vaste fresque de cette région, de sa naissance géologique jusqu'à l'arrivée des premiers hommes, puis leur installation et leurs travaux. Les dernières pages invitent le lecteur à s'élever de la plaine jusqu'au monde minéral de la haute montagne pour embrasser une dernière fois du regard la « corbeille » valaisanne dans toute sa splendeur tandis que monte l'ombre de la nuit. C'est l'adieu aux lieux aimés, adieu aussi sans doute à une civilisation en train de disparaître.

Trente-cinq ans d'une production exceptionnelle ; huit grands récits : "Jean-Luc persécuté" [1908], "La guerre dans le Haut-Pays" [1915], "Le Règne de l'esprit malin" [1917], "La Séparation des races" [1922], "La Grande peur dans la montagne" [1926], "Farinet ou la Fausse Monnaie" [1932], "Derborence" [1934], "Si le soleil ne revenait pas" [1937], pour ne retenir que les plus importants [...].

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C. F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011 (344 pages) — II : SENSIBILITE ET ESTHETIQUE : D— LE MIROIR DE LA MONTAGNE : 1 — "Un espace privilégié", page 138-139]
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["SI LE SOLEIL NE REVENAIT PAS" (1937) /I]

En 1937, avec "Si le soleil ne revenait pas", Ramuz compose une dernière version, la plus achevée, la plus systématique sur ce schème de la séparation dans le cadre montagnard. Il reprend l'idée de départ du morceau de "Adieu à beaucoup de personnages" (1914) : la mort va venir avec la disparition du soleil, il en garde le titre. Mais ce qui l'intéresse, alors, c'est ce conflit entre l'espérance et la résignation, les forces de vie et les forces de mort inscrites au fond du cœur des hommes. Saint-Martin d'En Haut « c'est presque séparé du monde par l'hiver, c'est séparé du soleil à cause de la hauteur de la montagne ». Que le soleil disparaisse quelques mois de l'année, l'hiver, en zone montagneuse, n'a rien de surprenant, mais un brouillard tenace, et donc suspect, s'y est ajouté. La prédiction du vieux guérisseur Anzévui alimentant la crainte de la disparition définitive du soleil va pouvoir gagner les esprits. Dans ce récit, on retrouve non seulement la séparation entre le village de montagne et la plaine, mais encore une division interne. Les villageois se séparent en deux clans : ceux qui gardent espoir et ceux qui s'abandonnent au malheur. Et même la séparation atteint jusqu'à l'intimité d'un jeune couple, celui des personnages centraux : Isabelle et Augustin Antide. La jeune femme garde son goût de vivre et montera chercher le soleil avec des amis, Augustin se résigne et attend la fin du monde.

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C. F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011 (344 pages) — II : SENSIBILITE ET ESTHETIQUE : "Le paysage intérieur", page 149]
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[C.F. RAMUZ : LES CARACTERES D'UNE ŒUVRE]

Relire l'œuvre aujourd'hui, et on s'apercevra, peut-être, qu'elle n'a rien perdu de sa singularité, de sa force de protestation, de célébration ; elle devrait figurer comme une des voix les plus originales qui ait dit la douleur de la séparation, la présence de la mort, mais aussi la joie d'être au monde, et tout le bonheur sensuel des choses. La voix aussi d'un moraliste et d'un essayiste qui s'est interrogé sur l'homme, son besoin de la terre, sa place dans la nature et dans la Cité, sa soif de croyance et d'absolu (religieux, esthétique) ; qui a questionné les grandes idéologies pour en dénoncer les errements et les menaces. Et ce, en homme libre et dans une langue singulière qui a surpris et continue de déranger.

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C. F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011 (344 pages) — INTRODUCTION, page 15]
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["SI LE SOLEIL NE REVENAIT PAS" (1937) /II]

Pour bâtir son univers de la séparation, Ramuz n'a pas hésité à modifier le référent géographique. En effet, le village de Saint-Martin existe : Ramuz le visite à l'automne 1936 avec Maurice Zermatten. Il se situe à 1.400 m et reçoit, toute l'année, le soleil : ce sont certains hameaux dans la vallée qui sont privés de soleil, quelques semaines, au creux de l'hiver ; le brouillard, de même, stationne plutôt dans les creux que sur les hauteurs. Ramuz inverse donc, tout en exagérant les phénomènes pour les besoins de sa cause, la réalité climatique et météorologique. Enfin, il a inventé la division du village, créant un Saint-Martin d'En Haut et un Saint-Martin d'En Bas, séparation supplémentaire et intermédiaire entre le village le plus élevé et la plaine. D'ailleurs, lorsqu'il adressa le livre à Maurice Zermatten, Ramuz le dédicaça ainsi : « À Maurice Zermatten avec son meilleur souvenir... qui retrouvera dans ce livre un faux Saint-Martin ».
Deux univers s'opposent, le Haut et le Bas, avec leurs caractéristiques concrètes et abstraites : en bas, le médecin, l'espace ouvert et ensoleillé, la vigne, l'église ; en haut le guérisseur, l'espace clos et sombre, le mauvais pays, la superstition. Et les êtres se départagent à l'intérieur même du village entre les deux grandes forces de la Vie et la Mort. La montagne n'est plus décor mais espace symbolique et révélateur. Ramuz met d'ailleurs dans la bouche de son personnage solaire, Isabelle, la clé de son propos : Isabelle, couchée près de son mari, le désire, « le corps gourmant de lui ; il ne semble pas comprendre » ["Si le soleil ne revenait pas", chapitre IV]. Et Ramuz concrétise leur incompréhension en mettant dans sa bouche une double image de séparation que symbolise la montagne, sur l'axe vertical puis sur l'axe horizontal : « C'est comme si je te parlais du haut d'une montagne et, toi, tu serais dans le bas. C'est comme si je t'appelais d'un côté de la vallée et, toi, tu serais de l'autre côté. Est-ce qu'on est si loin l'un de l'autre en même temps qu'on est si près ? ». En réponse, Augustin « s'écarte d'elle, gagnant dans la largeur du lit, toujours plus du côté du mur ». Isabelle la solaire est du côté d'Eros, Augustin appartient à Thanatos.

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C. F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011 (344 pages) — II : SENSIBILITE ET ESTHETIQUE : "Le paysage intérieur", pages 149-150]
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Dès 1907, d'ailleurs, lors de l'épisode du prix Goncourt manqué (*), Jules Renard s'exclamait : « J'ai lu Ramuz, il y a des coins charmants, mais 200 pages de trop. Et c'est écrit ! ! ! rappelez-vous notre statut modifié : de langue française. Ce Suisse a de l'aplomb. »

(*) pour son second roman "Les Circonstances de la vie".

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C.F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011 : Partie III : ETHIQUE et POLITIQUE, A — "Le poète et la communauté", 3 — "La légitimation", c) "Les risques de l'écriture rustique", page 187]
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