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Au programme de C à vous la suite :
Invités : Diego Bunuel - Présentateur, journaliste
le grand retour de Thalassa
Thalassa, la mer fait son grand spectacle
Thalassa, le magazine de la mer
Diego Buñuel reprend la barre de Thalassa
Thalassa : Diego Buñuel reprend la barre
Georges Pernoud, le père du magazine de la mer
L'Oeil de Pierre Lescure - le Grand Couteau, un film tranchant
Invités : Valentin, Raphael et Majo Kretz - L'agence
L'agence : ils nous font rêver avec des mètres carrés
Les plus belles maisons de L'Agence
Les stars de L'agence sont de retour !
L'agence, une famille pas comme les autres
L'immobilier, une histoire de famille
Invité : Mathhieu Noel - Journaliste & producteur - France Inter
Matthieu Noël, irrévérent mais jamais méchant
Les drôles de mots de Matthieu Noël
Matthieu Noël met tout le monde en boîte !
Matthieu Noël de retour dans C à vous !
L'ABC - L'année de Bertrand Chameroy
C'est pas vrai ?!
La suite de Namasté Emmanuel Macron en Inde
C'est désormais une tradition, à chaque discours d'Emmanuel Macron : un malaise
le gratin de la semaine
A quelques mois des JO, le lancement de L'Agence Paris 2024
Didier Deschamps, nouveau membre de L'Agence
le debrief de la semaine
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Feuillet du 28 OCTOBRE:
« La maison du matin rit au bord de la mer,
La maison blanche au toit de tuiles rose clair
Derrière un pâle écran de frêle mousseline
Le soleil luit, voilé comme une perle fine,
Et, du haut des rochers redoutés du marin,
Tout l’espace frissonne au vent frais du matin (…) »
Albert Samain, « La maison du matin »
Le mot écume et voici qu'elle avance recule roule des algues et des odeurs. Une photo plus un texte vaut un millier de photos plus un millier de textes.
Michel Butor "au dos d'une carte postale "
Feuillet du 29 Novembre :
"Pour être un membre irréprochable parmi une colonie de moutons,
Il faut avant toute chose, être soi-même un mouton."
Albert Einstein, Comment je vois le monde, 1934.
L'art est le dieu lare
des mangeurs de lard
et les phares dévoilent le fard
des courtisanes du Far-West qui s'effarent.
Robert Desnos
Feuillet du 12 juin :
La pirogue ne tient pas compte de la noblesse.
Tous ceux qui chavirent sont mouillés.
Proverbe malgache.
Les chiffres sont réellement alarmants : 90 % des déchets humains sont déversés dans la mer, sans autre forme de procès. Le Mahatma Gandhi avait raison, quand il déclarait que l’hygiène publique était plus importante que l’indépendance.
(...)
En Inde, sur 5200 villes, seules 230 ont un système d’égouts. Les eaux usées sont simplement rejetées dans les rivières, dans les fleuves, et tout aboutit à la mer.
Jamais je ne me baignerai dans le Gange.
Je me souviens des reportages sur les bateaux de milliardaires : il y a le bateau d’Atatürk, le MV Savarona, lancé en 1931, long de 136 mètres. Quel rêve ! Dix-sept suites de 45 m², une piscine, un hammam en marbre s’il vous plaît, un grand escalier garni d’or, une salle de cinéma… Le réservoir rempli contient 450 000 litres, ce qui me laisse songeur quand je pense à la consommation de ma Twingo… Vous pouvez louer le MV Savarona. Il vous en coûtera 385 000 euros la semaine, café compris.
Je reste évidemment fasciné par le yacht du russe Roman Abramovitch, le M/Y Eclipse, qui dispose d’une suite
de 465 m², d’un jardin privé, de deux salles de bain, d’un cinéma, d’une boîte de nuit, d’un restaurant, d’un aquarium géant, d’une galerie d’art, de deux piscines, et d’un port intérieur flottant capable d’accueillir trois vedettes. Quand on pense aux conditions de voyage d’autrefois… Mais, je dois dire, à la décharge de Magellan, que les habits d’époque étaient plus beaux.
J’admire également le Christina O, où, naguère, Onassis a vogué avec la Callas, puis avec Jackie Kennedy. Ancienne frégate de la marine canadienne, le bateau peut contenir cent invités, possède un décor en bois et une salle à manger en marbre. Plus étonnant : il y a, dans les salons, des cheminées (dont une en… lapis-lazuli!) avec feu de bois. Le prince Rainier et Grace Kelly ont séjourné là pour leur lune de miel, et Marilyn Monroe a été invitée en compagnie de son boyfriend du moment, Frank Sinatra. La cuisine, à l’époque, était livrée en caviar à chaque escale. Le champagne était de rigueur. Marilyn se baignait dans le Roederer…
Ca change de la popote du « 33 », quand je faisais le couscous de la main gauche tout en me retenant au placard de la main droite, et que chaque vague menaçait de renverser la gamelle...
En quarante ans de Thalassa, j’ai vu des coques de noix, des paquebots, des barcasses et des sabots, des frégates et des trapanelles. Les yachts de luxe sont un univers à part. Les riches, eux, ne sont pas, selon l’adage, des « pauvres avec de l’argent », non. Riche, c’est une race à part. Ainsi, j’ai vu Mona Ayoub, propriétaire du Phocéa – 72 mètres de long, 1000 m² de voilure – se faire déposer sur un îlot pour faire son jogging, puis être ramenée à bord par une vedette pour prendre sa douche avant que le bateau ne continue sa croisière… A contrario, j’ai vu un milliardaire français, le rabot à la main, réparer son yacht avec méticulosité, comme un simple matelot… J’ai vu un colosse russe piloter l’hélico de bord à Portofino pour prendre livraison de sa pizza favorite, et revenir sur son yacht dont chaque minute de fonctionnement coûte le prix du restaurant à pizza, voire de dix établissements du même type !
Avec l’équipe de Thalassa, me voici en route vers le nord de la Russie, vers la steppe glaciale qui entoure Norilsk. Fondée sur décision de Staline en 1930 pour exploiter les mines de nickel avec l’aide (involontaire) des condamnés du goulag, la ville est ce qu’on appelait en URSS un combinat : il n’y a que des cheminées d’usine et des visages peu riants. Sur les photos, le paysage est lunaire, les constructions atroces, l’ambiance glaciale. Norilsk, dit-on, est la ville la plus polluée du monde. Il y a un grand théâtre d’art dramatique, qui est bien fréquenté. Normal, il y fait chaud.
De Norilsk à Doudinka, il y a 80 kilomètres.
On atterrit dans un dessin de Bilal. C’est la nuit, il y a quelques lampes à sodium dispersées de loin en loin, les tuyaux fuient partout en jets de fumée, il n’y a évidemment personne. Malgré tout, c’est beau. Je demande où se trouvent les toilettes. On me répond en russe, et, bien entendu, les indications sont mystérieuses pour moi. Mais je me débrouille, je vais dans la direction générale que le gars m’a indiquée, et je me retrouve dans une salle gigantesque où il n’y a rien. Rien d’autre qu’une longue tranchée, avec des clients accroupis qui font leurs ennuyeux côte à côte en bavardant !
Il y a des lieux où la civilisation s’arrête.
En camion, on se rend à Doudinka, à travers une toundra comme dans les romans russes : muette, figée, balayée par le vent.
Nous savons que le port est pris dans la glace une grande partie de l’année, mais reste ouvert grâce aux brise-glaces. Nous découvrons un décor extraordinaire. Je n’exagère pas : extraordinaire. Tout est dans l’obscurité, la nuit est quasiment sans fin, les corps sont enveloppés dans un halo de vapeur, les routes sont sous la neige, les gens glissent plutôt qu’ils ne marchent, et la ville entière semble irréelle, comme surgie d’un conte de fée communiste.
Nous découvrons la chaudière, gigantesque usine à chaleur qui alimente les foyers de 22000 habitants, et sans laquelle toute vie s’arrête instantanément. C’est un monstre dans lequel la température est colossale. Les tuyaux qui en sortent ne sont pas enterrés : le sol, constitué de permafrost, est trop dur. Les outils se cassent.
Depuis quatre ou cinq générations, les gens naissent, se marient, et meurent dans cet endroit qui ne semble pas appartenir à notre monde. C’est à la fois dantesque et fascinant.
J’y retournerai plusieurs fois.
Je découvre, d’abord, que le froid qui règne à Doudinka est supportable : c’est un froid sec. A -30°, la sensation est moins dure là-bas qu’à -10° à Paris. En revanche, le vent, lui, balaie tout, pénètre partout, cisaille les moindres surfaces de peau. Un seul remède : la vodka.
Feuillet du 23 Octobre :
« Le spectacle de la mer fait toujours une impression profonde ;
Elle est l’image de cet infini qui attire sans cesse la pensée,
Et dans laquelle sans cesse elle va se perdre. »
Madame De Stael, Corinne ou l’Italie, 1807
« Au pays parfumé que le soleil caresse,
J’ai connu, sous un dais d’arbres tout empourprés
Et de palmiers d’où pleut sur les yeux la paresse,
Une dame créole aux charmes ignorés. »
Charles Baudelaire, « A une dame créole »