Philippe Cohen, rédacteur en chef de Vendredi, est l'invité de Guillaume Erner. (9h45 - 24 mars 12011)
Les électeurs et les citoyens se révèlent gênants pour tous les grands projets qui mobilisent l’intelligence des dirigeants : affaiblissement des services publics, la privatisation de la protection sociale et de la sécurité, la constitution de l’Union Européenne, les accords mondiaux de libre-échange, le droit à polluer, la libre circulation des travailleurs sans respect des législations sociales.
Un Parisien élégant peut se faire couper une superbe chemise sur mesure à Pékin pour la modique somme de 7€. Le même service lui coûterait 20 fois plus cher dans la capitale. Formidable gain de pouvoir d’achat, applaudissement des économistes. Or, ce même Parisien est aussi un père de famille qui doit entretenir ses 2 enfants diplômés, mais chômeurs, ce gain est très illusoire…
Quel est le critère prouvant que l’on a bien affaire à une économie libérale ? Le nombre de clubs de golf par milliardaire ? L’inverse ? Les ventes de Bentley ?
(Le Pen) est surtout une construction, un monument érigé peu à peu au centre de notre vie politique [...].
Au fond, la force et la faiblesse de Le Pen ont été d’aller au-devant du rôle que tous ceux-là entendaient lui faire jouer.
Souvenir de vacance rapporté par le même Carignon : l'allergie totale et ancienne, donc, de Sarkozy à l'inaction. "Il se levait le matin, il faisait des fiches. Il fait tout le temps la même chose, qu'il soit au travail ou dans des périodes de loisir : on se lève, on travaille, on fait du sport, on lit, on ne perd pas son temps."
"Jean-Marie Le Pen se donne un air de papy "bon enfant", soucieux de transmettre un héritage dans les meilleures conditions. Mais l'histoire de sa vie oblige à douter de cette disposition d'esprit chez lui. Ce n'est,en effet, que très tardivement que Jean-Marie Le Pen a songé au fait que des membres de sa famille pourraient lui succéder. D'abord parce que l'idée même de succession lui était très difficile à supporter, voire impossible à concevoir. Ensuite parce qu'il était plutôt du genre à penser que seul un homme pouvait éventuellement prendre le relais, si toutefois la chose était imaginable. Enfin, Le Pen se montre, paradoxalement, à l'image de la génération de 1968, incapable, à quelques exceptions près, de penser et et de vivre la transmission d'une génération à l'autre. Qui vit sans entraves et jouit sans temps mort pense aussi:" Après moi le déluge."
p.473
Selon Patrick Buisson, catholique affirmé, "rien ne semble plus étranger, en apparence, à Nicolas Sarkozy que l'intériorité. C'est un homme de monstration. Je lui disais : "La monstration vaut démonstration", ça lui plaisait. C'est un homme qui aime se mettre en scène, qui aime les apparences, qui pense que les apparences suffisent à faire un homme. Par conséquent, on ne lui prête pas de vie intérieure ni d'introspections à caractère métaphysique comme : "Qui suis-je, où vais-je?" C'est vrai, Sarkozy est, jusqu'à la caricature même, un homme superficiel. Pas d'intériorité ! Et pourtant, il a une profonde et réelle inquiétude. Une inquiétude spirituelle : "Qui je suis, qu'est-ce que je fait là?"
(Patrick Buisson : ) Ma matrice intellectuelle, c'est l'histoire, et les deux historiens qui m'ont marqué sont Philippe Ariès et Raoul Girardet. Ce sont mes maîtres et je les revendique. Mais eux n'ont pas la notoriété de Maurras... Alors maurrassisme-racisme, ça marche même phonétiquement... Ça permet de condenser toutes les répulsions. Au niveau de réduction où en sont les journalistes, ça ne sert à rien d'engager le débat puisqu'ils n'ont pas les références historiques permettant de discuter.
C'est la mort dans l'âme que Chirac se décida à soutenir Sarkozy du bout des lèvres...Un soutien expédié en 88secondes par une déclaration tardive, le 21 mars 2007...
(page 21)
Pourquoi avoir fini par céder et donner à cet étrange type aux airs de Droopy les clés de Matignon? Parce qu'il est veule justement ! Veule comme apathique, pense Sarkozy. "Tempéré", "prudent", rectifient les fillonistes. Dans les deux cas, l'opposé de ce qu'il est, lui. Énergique, bouillonnant, le chef de l'Etat ne comprend pas et dénigre ce stoïcisme, cette tiédeur qui - il le croit sincèrement - sont les ennemis du politique.