Arpenter la nuit par Leila Mottley, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pauline Loquin, lu par Amélia Ewu, Audiolib, 2024 (1ère édition française : Albin Michel, 2022)
Originaire d'Oakland, en Californie, Leila Mottley est une autrice et poète qui utilise son écriture pour lutter en faveur du changement. Elle aborde des sujets difficiles dans sa poésie et dans ce premier roman, mettant en lumière les problèmes de violence policière et d'inégalité raciale et sexiste dont elle a été témoin dans sa ville natale.
Kiara, dix-sept ans, et son frère aîné Marcus vivotent dans un immeuble d’East Oakland. Livrés à eux-mêmes, ils ont vu leur famille fracturée par la mort et par la prison. Si Marcus rêve de faire carrière dans le rap, sa sœur se démène pour trouver du travail et payer le loyer. Mais les dettes s’accumulent et l’expulsion approche.
Un soir, ce qui commence comme un malentendu avec un inconnu devient aux yeux de Kiara le seul moyen de s’en sortir. Elle décide de vendre son corps, d’arpenter la nuit. Rien ne l’a pourtant préparée à la violence de cet univers, et surtout pas la banale arrestation qui va la précipiter dans un enfer qu’elle n’aurait jamais imaginé.
Des familles dysfonctionnelles dans des milieux très défavorisés… Une histoire familiale cyclique au sein de laquelle les problématiques reviennent au fil des générations… Kiara, malgré ses propres déboires, sera amenée à prendre sous son aile Trevor, un jeune garçon, dont la mère, junkie, s’est volatilisée.
Un certain art de la débrouillardise…
Un portrait de toute jeune femme, face à la discrimination, à la violence, à l’exploitation…
La mise en lumière d’un système judiciaire corrompu…
Une intrigue inspirée d’un fait divers réel.
Un roman noir, porté par une écriture percutante, réaliste, sans pathos.
En effet, c’est le style qui m’a surtout plu ici, plus que l’intrigue proprement dite. Un style brut et poétique à la fois, un certain art de la métaphore.
Je retiens la piscine pleine de merde dans laquelle Kiara finit par nager, la nuit qu’il faut affronter, dans laquelle il faut marcher, se couler, ramper… L’abandon et la solitude aussi, celle des enfants dont les mères « oublient d’être des mères », le langage des corps et de ce qui leur est fait, le bleu de la nuit et les ecchymoses sur la peau, les policier corrompus désigné par leur matricule au lieu de leur nom, comme les rouages d’un mécanisme…
La narratrice de la version audio a vraiment su rendre toute l’ambiance de ce roman, son déroulé fatidique, quand le hasard, le destin fait basculer une vie.
Leila Mottley, une très belle plume !
#Arpenterlanuit #NetGalleyFrance
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