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L'enracinement

"L'enracinement ou Prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain" est un essai éminemment politique, philosophique et spirituel. Écrit en 1943 à Londres où Simone Weil avait rejoint la résistance, il nous livre une vision politique de ce que pourrait être la France d'après-guerre.



Pour élaborer un projet digne de ce nom, Simone Weil examine minutieusement les besoins fondamentaux de l'âme humaine: l'ordre, la liberté, la responsabilité, l'égalité, la propriété, la sécurité, l'honneur, la vérité et enfin l'enracinement. Souvent, on associe ce concept au seul enracinement géographique, à l'appartenance à un pays, une nation, une culture. Certes, cela est fondamental mais l'enracinement englobe également l'appartenance professionnelle, la fierté d'exercer un métier dont les traditions et les savoirs f ont été légués par des ancêtres, un métier qui a façonné et a été façonné par l'Histoire. L'enracinement est également ce lien indéfectible de l'ouvrier ou l'artisan avec son outil de travail et du paysan avec sa terre.



C'est dans ce sens là que la philosophe constate le déracinement du prolétaire et du paysan à qui on a ôté toute propriété et qu'on a avili par un travail productiviste dont il ne maîtrise plus la finalité , tout en le stimulant par l'appât du gain et l'argent. L'argent est à ce propos un principal facteur de déracinement. Les syndicats qui n'ont comme slogan que l'augmentation des salaires ne font qu'accentuer le déracinement des êtres humains, les jetant par conséquent dans les pires infâmies, dans la haine de soi et d'autrui puis de son pays et de ses traditions. Une action syndicale véritable doit d'abord tenir compte de l'amélioration de la condition morale de l'ouvrier, faire renaître chez lui une appartenance historique, lui fournir la conscience des mobiles et des finalités de son ouvrage et l'inclure au mieux dans la culture intellectuelle du pays. Une culture composée de vérités qui doivent être accessibles (et non vulgarisées) et transposées selon la sensibilité propre à la condition ouvrière, paysanne, ou autre.



Pour certains réactionnaires primaires, l'enracinement est synonyme d'inertie ou d'un retour fantasmé à un passé glorieux. S'il s'agit effectivement de ne pas renier ce passé (la tabula rasa n'est de toute façon ni possible ni souhaitable), Simone Weil rappelle en citant Marx que "la révolution puise toute sa sève dans une tradition." Une certaine gauche contemporaine devrait s'en inspirer.



L'autre facteur de déracinement est la conquête militaire et l'appareil d'Etat qui lui est inhérent, ce "métal froid" hérité en France de Richelieu, personnalisé par Louis 14 et qui n'est que la continuité de l'Empire Romain et du Césarisme. Un Etat qui s'est détourné du bien de ses sujets et qui n'a pour seul objectif que de se sauvegarder et se renforcer. La fameuse "raison d'Etat". Ce même Etat qui fait l'objet d'idolâtrie et qui n'est pas à confondre avec la notion de "Patrie".



Sur la "patrie", Weil renvoie dos à dos la droite nationaliste idolatre d'une fausse grandeur fondée sur le sang et le déracinement des peuples conquis et la gauche déconstructrice et décoloniale qui ne voit en la France qu'un amas de statues à déboulonner et huer. Weil leur oppose une approche chrétienne basée sur la compassion pour la patrie, cette chose fragile dont le passé peut être honteux mais qui demeure belle et indispensable à l'enracinement. "Les crimes de l'homme n'ont pas diminué la compassion du Christ. ; la compassion peut s'étendre au monde, l'orgueil patriotique est exclusif.



Le projet politique de Weil est fortement empreint de mysticisme et renvoie constamment à la parole du Christ. La philosophe insiste sur la nécessité du bien et du juste comme fondements de l'action politique et sur le rôle primordial de la spiritualité, de la foi, de l'amour et de la quête de la vérité dans l'éducation du peuple et dans l'action des gouvernants.



Albert Camus, premier éditeur de cet essai, a magnifiquement décrit la portée de cet essai majeur et à mon sens indispensable: "d'une audace parfois terrible, impitoyable et en même temps admirablement mesuré, d'un christianisme authentique et très pur, (ce livre) est une leçon souvent amère, mais d'une rare élévation de pensée."

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1984

J'ai abordé ce livre avec l'idée en tête que c'était un chef d'œuvre. Et c'est peut-être là mon erreur : j'en attendais trop. Quelle déception.



Loin d'être intemporel, le récit devait certainement avoir une résonance tout à fait différente lors de sa parution et dans les quelques décennies suivantes. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et le contexte géopolitique mondial étant ce qu'il est, la description de cette société cauchemardesque, sordide, et ô combien improbable ne tient pas debout. Beaucoup y voient le génie visionnaire, pour ma part je n'ai pas vu le rapport, mais alors pas du tout ! L'allusion à peine déguisée à l'URSS, forcément très présent dans les mémoires à l'époque où le roman est écrit, est bien creuse...



J'attendais un conte philosophique, un thriller psychologique, une "Masterpiece". Mais je n'ai finalement trouvé qu'un roman sombre, voire franchement glauque, que je ne conseille pas à un lecteur aux prises avec une déprime hivernale par exemple (c'est un coup à se foutre en l'air...). Il règne une ambiance tragique, fataliste, d'une platitude absolue. Seul le passage avec Julia dénote d'un peu d'humanité, sans pour autant m'enthousiasmer le moins du monde.

Et je ne parle même pas des allusions récurrentes au "neoparler/novlangue" - certainement très difficile à traduire mais je n'incrimine pas la traduction. Pour en avoir testé deux différentes, il semblerait que le problème ne vienne pas de là. Je trouve les concepts abstraits, trop détaillés et pourtant non moins obscurs. L'oligarchie qui règne dans ce monde contrôle tout, à l'extrême, mais à quelles fins ? L'argent ? La gloire ? L'amour ? Rien de tout cela. Le pouvoir pour le pouvoir ? Sur qui ? Des humains abrutis manipulés ? Mais quel intérêt ? Qui y gagne quoi ? Je n'ai absolument pas saisi ce qu'il fallait visiblement lire entre les lignes. Je n'ai pas trouvé le parallèle avec des systèmes totalitaires passés ou présents très convaincants, voire pas du tout. J'attendais d'être secouée dans mes certitudes, plongée dans des réflexions métaphysiques étonnantes qui auraient pu me donner à méditer sur la vie. Que nenni.

Arrivée au terme de ce récit, j'étais soulagée que cela se termine. En résumé : une lente agonie.
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1984

1984, de George Orwell, roman saisissant écrit en 1949. Roman d’anticipation ? Essai critique d’une société totalitaire ? Orwell, au sortir de la seconde guerre mondiale et au moment de l’établissement de la guerre froide, découpe le monde en 3 territoires : l’Oceanie (Amérique et royaume uni) est en guerre perpétuelle contre alternativement l’Estasie (Chine et Asie) et l’Eurasie ((Europe et URSS).

Winston, le personnage principal, évolue dans un univers brutalement opprimé et réprimé, constamment surveillé par « Big Brother », où la vérité et l’histoire sont sans cesse manipulées pour servir la doctrine du Parti. Où le langage est asservi aux dirigeants et appauvri pour servir leurs desseins.

Un chef-d’œuvre pas facile d’abord mais qui vaut largement le coup.
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