AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Vintage [corriger]


Livres populaires voir plus


Dernières parutions


Dernières critiques
Anna Karénine

La recherche du bonheur

Influencé par les adaptations au cinéma, j'ai très longtemps dédaigné le roman "Anna Karenine" de Tolstoï alors que j'aimais bien "Guerre et Paix" que j'avais lu dès l'adolescence.





C'est principalement dû au fait que le cinéma faisait toujours la part belle au personnage un peu sulfureux, très romanesque d'Anna Karenine, auquel je n'adhérais pas plus que ça. Evidemment, pour rentrer dans des longueurs raisonnables de film, le reste du roman était au mieux résumé, au pire ignoré.





Puis, il y a deux ou trois ans, pas plus, on m'a offert le roman. Pour conclure cette longue introduction, je dois avouer que je n'ai pas aimé le roman. Non, je l'ai simplement adoré.

J'en suis à ma deuxième relecture complète sans compter quelques relectures partielles (pour le plaisir).





D'abord, pour en rester à des généralités, Tolstoï a bien plus équilibré le poids du personnage d'Anna Karenine en lui opposant d'autres personnages très différents.



Un point important, et qui me semble être une clé de ce roman, c'est que Tolstoï parle d'un milieu qu'il connait parfaitement parce que c'est le sien : il est russe, il est un aristocrate, il est un gros propriétaire terrien et l'agriculture est une de ses passions. Il exècre les milieux citadins de Saint-Pétersbourg qu'il considère comme artificiels et se complait dans ses terres, en famille, dans une vie calme. J'ai lu que le personnage de Kitty était un mélange de sa femme Sonia et de sa belle-sœur.

Le héros principal du roman a pour nom Levine qui est un dérivé de son propre prénom Léon ou Lev.

La construction du roman interpelle quant à l'importance relative des couples "Kitty/Levine et Anna/VronskI dans l'esprit de Tolstoï

Le roman commence et finit par évoquer Levine et Kitty.

Dans la première moitié, ils sont des entités qui sont "indépendantes", dans la deuxième moitié, ils sont mariés.

A l'exacte moitié du livre, il y a la grande scène que j'appelle la "réconciliation de Kitty et de Levine". C'est le point d'orgue du roman, le sommet. C'est un passage que je lis lentement tellement il me comble.

Anna Karenine n'apparait qu'au bout d'une petite centaine de pages et disparait une petite centaine de pages avant la fin.





Encore une généralité, on retrouve les caractères des plus beaux héros de "Guerre et Paix", le prince André et le comte Pierre Bezoukhov dans le personnage de Levine. De même, on retrouve avec un immense plaisir Natacha Rostov en Kitty. On peut aussi dire que Hélène Bezoukhov (la première femme de Pierre) porte les prémices d'Anna Karenine, ce qui n'est pas vraiment flatteur pour cette dernière.

C'est dire à quel point les cinéastes, en faisant la part belle à Anna Karenine, ont faussé l'idée de base de Tolstoï. J'ai lu dans la préface du roman écrite par André Maurois, qu'on avait reproché à Tolstoï la place plus importante laissée au couple Kitty/Levine alors qu'on considérait que le sujet central était le drame d'Anna. En fait, pour Tolstoï, le sujet central est le contraste entre le "bonheur familial" et les "entrainements de la passion".





Mais revenons au personnage d'Anna Karenine. On pourrait en parler des heures de cette femme belle et brillante, épouse d'un haut fonctionnaire, mère d'un fils qui va être séduite par un officier russe beau, riche, ayant beaucoup d'entregent mais frivole, arrogant, joueur, immature. Au départ c'est un jeu, à la fin, un drame. Compte tenu de l'époque très corsetée de la société russe, elle est tombée dans un piège infernal où sa fierté (slave) lui empêche le retour en arrière qui, pourtant, est toujours resté possible. C'est en quelque sorte, une âme slave qui va vivre sa passion jusqu'au bout. Mais au bout de quoi ? A la fin, elle ne sait même plus si Vronski l'aime encore et se heurte aux regrets de ce dernier d'avoir laissé sa carrière militaire.





Le mari, Alexis Karenine, est un des beaux personnages du roman. On comprend qu'il est beaucoup plus âgé qu'Anna. Il est pétri de respectabilité mais il est touchant dans sa souffrance. C'est un homme cher à Tolstoï dans la mesure où c'est un homme d'action et de décision dans sa vie professionnelle et capable de pardon dans sa vie privée. C'est quelqu'un de profondément sincère.

On a déjà parlé de Levine qui est une copie conforme de Tolstoï. Comme Alexis Karenine, c'est un homme d'action, impliqué dans la vie avec ses paysans, capable de mettre la main à la patte et avec un objectif d'amélioration de la condition ouvrière. Il est en prise avec l'actualité et il est réjouissant de lire ses émois et débats sur les moyens de sortir de la féodalité. Mais c'est un grand timide et un grand tourmenté qui doute de lui-même et qui prend en pleine face un échec amoureux. C'est l'âme slave par excellence. Il est, lui aussi, fondamentalement sincère.





Finissons par Kitty, la citadine, jeune écervelée qui va regretter une décision qu'elle prend sans en mesurer l'enjeu. C'est une femme simple et douce qui brûle ses ailes par naïveté. Elle suivra un chemin initiatique lors de son séjour dans une station thermale et découvrira l'abnégation et la bonté. La conjonction des astres Kitty et Levine finira par avoir lieu apportant la construction d'un bonheur finalement pas très compliqué à trouver dans une vie de famille à la campagne. Kitty est aussi une personne d'une grande sincérité.





Bien d'autres personnages apportent leur pierre à l'avancement du roman et font l'objet de scènes d'émotion pure comme, par exemple, l'agonie du frère de Levine.





Pour conclure, Anna Karenine est un très grand et très puissant roman où les inoubliables personnages sont tous passionnants à suivre avec des moments extrêmement forts.

Le roman est une quête du bonheur. En juxtaposant différentes situations susceptibles d'y mener, Tolstoï nous propose une réponse possible sur les moyens d'y accéder.
Commenter  J’apprécie          00
Les Hirondelles de Kaboul

Yasmina Khadra est un écrivain algérien fascinant et passionnant. Il fait même partie de ce club (très) restreint d'écrivains contemporains que j'apprécie et qui ne me déçoivent pas. J'en ai lu une petite vingtaine de ses romans dont, entre autres, le magnifique "Ce que le jour doit à la nuit".



Ici, Khadra quitte l'Algérie, théâtre habituel de ses romans, et se place résolument dans l'Afghanistan du milieu des années 90, lorsque le régime communiste soutenu par l'URSS s'effondre après une guerre meurtrière et dévastatrice. C'est dans cette période très troublée que les talibans prennent le pouvoir dans une capitale Kaboul, dévastée par les années de guerre, instituant un ordre moral féroce sur un fond de misère et de désorganisation de l'État.



La loi islamique impose une application rigoureuse de la "charia", qui définit, comme chacun sait, "le chemin qu'il faut suivre".



Un des aspects les plus visibles de ceci concerne les femmes confinées et invisibilisées à l'extérieur dans un tchadri, complètement soumises à un pouvoir masculin tout puissant et interdites de formation ou de travail. Mais au-delà de ça, nombreuses sont les interdictions pour tout le monde comme la musique ou le rire dans la rue. Même parler dans la rue est répréhensible aux yeux de la police des mœurs …



Le livre de Khadra évoque deux couples Atiq et son épouse Musssarat, Mohsen et son épouse Zunaira.



A la base, ces deux couples sont très différents. Mais en fait, ils sont ramenés à des conditions à peu près équivalentes. Le premier Atiq est un gardien de prison de femmes, dont le sort est pratiquement toujours la mort qu'elle soit par lapidation ou par pendaison ou par une balle dans la nuque suivant je ne sais trop quelle règle. Mussarat, est gravement malade. Un reste de morale et d'amour fait que Atiq ne se résout pas à faire ce qu'on lui conseille vivement, c'est-à-dire de répudier sa femme et de la mettre à la rue. En effet, Mussarat l'avait sauvé au temps de l'invasion soviétique …



Le second Mohsen était un fonctionnaire et Zunaira était avocate en des temps plus cléments. C'était un couple de gens aisés que la destruction de leur maison, la désorganisation de l'État et la loi islamique ont jeté dans la misère.



Comme toujours, le style de Khadra est intense et captivant pour réussir à nous plonger dans cette atmosphère accablante, effrayante et complètement anxiogène. D'une première lecture, on en ressort, indigné et révolté de ce qu'un pouvoir religieux est capable d'imposer à des femmes et des hommes par la contrainte. D'une deuxième lecture, apparaissent deux très beaux portraits de ces deux femmes de conditions très différentes mais qui n'ont rien perdu de leur personnalité et d'une certaine idée de la vie, malgré ces lois avilissantes. Elles sont porteuses d'un très fragile espoir. Il y a de la beauté dans le personnage de Mussarat et dans ce qu'elle va tenter par amour ! Et combien de respect doit-on porter à la révolte silencieuse de Zunaira !



En ce qui concerne Mohsen, Khadra analyse le pouvoir de la foule sur son comportement, qu'il ne comprend pas lui-même, lors de la lapidation d'une femme prostituée. S'il est bien entendu que ce pouvoir religieux refuse tout droit à la femme, en corollaire, il transforme insidieusement les hommes en lâches en leur accordant un pouvoir disproportionné qui les désolidarise des femmes. En d'autres termes, la femme ne peut même plus compter sur l'homme, son époux, pour la défendre.



Ce roman, écrit il y a plus de vingt ans, ne cesse malheureusement aujourd'hui, d'être cruellement et toujours actuel.
Commenter  J’apprécie          00
Le maître du haut château

Le maître du haut château… l’auteur de ce roman est tout simplement génie de la S-F; il s’est s’inspiré de l’une des périodes de l’histoire de l’humanité la plus marquante «  la seconde guerre mondiale » et nous crée un monde très passionnant à découvrir; un monde où les nazis et le Japon sont sortis vainqueur de la grande guerre. Nous suivons des lors, la vie de plusieurs personnages qui nous donnent un aperçu plus ou moins global de cette uchronie. Ce n’est pas le lauréat du prix Hugo pour rien.
Commenter  J’apprécie          00

{* *}