Des Ronds dans l`O [corriger]

Un roman graphique qui retrace l'enfance de Arnaud Quéré. Le mot "roman" est compliqué à utiliser ici car, comme certains l'ont justement précisé, il ne se passe pas grand chose. Ces pages retracent les occupations de jeunesse de l'auteur et ses frères, plantent un cadre. Malgré l'absence d'intrigue et de péripéties réelles, j'ai apprécié ce livre qui porte avec lui une sorte de paix. J'ai aimé découvrir les jeux d'antan et me répéter "C'était mieux avant"... Oui, car à l'époque, les enfants semblaient s'amuser d'un rien, faisaient appel à leur imagination pour créer leur évasion. Ils jouaient ENSEMBLE, et non pas chacun de leur côté, à pester parce qu'ils n'ont pas réussi le dernier pallier de leur jeu vidéo, ou à s'écarquiller les yeux chacun sur leur smartphone... Ce livre m'a donné un petit air de Pagnol dans les monts d'Aubagne...



Concernant les images, la plupart sont assez douces et jolies, rappelant le trait impressionniste. Un bémol pour les portraits de personnages, qui font malheureusement un peu peur, et qui ne vont pas du tout avec le discours du petit air de paradis...



Enfin, j'ai trouvé intelligent de glisser quelques photos (pas assez nombreuses à mon goût) à la fin, accompagnées d'un autre point de vue tout aussi positif sur cette vie passée (celui du frère par exemple, et d'autres que je n'ai pas toujours réussi à identifier).

Dans ce roman graphique, nous suivons Ginette Kolinka qui relate les années difficiles de la Seconde Guerre mondiale, le tout illustré par des traits simples, presque enfantins, en noir et blanc.

Cette femme remarquable raconte les horreurs qu'elle a endurées : son arrestation, sa déportation, la perte de ses proches. Aucune épreuve ne lui a été épargnée : maladie, violence, humiliation, constituaient son quotidien dans le camp. Plus que vivre, elle survivait. Ces épreuves l'ont endurcie, et c'est grâce à sa force de caractère et sa ténacité qu'elle a réussi à s'en sortir, non sans mal.

Si l'on pense déjà connaître les grandes lignes des récits de déportation, Ginette Kolinka nous offre un témoignage brut et poignant qui vient enrichir notre compréhension, malgré sa pudeur lorsqu'elle raconte son histoire.

Emily est née, a vécu et est morte à Amherst, dans le Massachusetts. Enfant, elle a découvert qu’écrire était son talent, mais surtout sa survie. « Les mots sont des trésors. » (p. 12) Jeune fille assez solitaire, aux attachements fougueux, elle exprime un mysticisme particulier au contact de la nature et des mots. « La création est un mystère parfait, j’en tombe amoureuse d’un amour absolu. » (p. 33) Profondément marquée par la perte d’êtres chers, Emily s’enferme de plus en plus et finit par ne plus quitter sa chambre, recluse volontaire dédiée à la poésie. « Le mot est absolu. Tout mon monde est créé. Tout mon monde est création. Je n’ai besoin de rien d’autre. Dieu, quand j’écris, je te comprends. » (p. 86)

Cette poétesse n’en finit pas de me fasciner. Son œuvre est complexe et j’avoue ne pas tout comprendre, mais je suis touchée. Cette bande dessinée m’a donné envie de relire la poésie d’Emily Dickinson. Le dessin de Liuba Gabriele est superbe et me rappelle celui de Georgia O’Keeffe pour ses fleurs qui n’en finissent pas se déployer et ses cieux mauves vibrants. La couleur a un grain poudré qui apporte une douceur infinie aux images. J’ai glissé entre les pages avec délectation.