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Un hiver à Majorque

Il y aurait tant et tant à dire et écrire sur ce livre.

Georges Sand, évidemment, on connait, et je connaissais, mais même si "François le Champi", "La petite Fadette", et surtout "La mare au Diable" sont venus chatouiller mes oreilles quand j'étais ado, je n'avais rien lu d'elle. ( zéro pointé, monsieur Bologsen !!!).

Et il faut que je me trouve sur l'ile de Majorque, à Palma, ( du 17 au 26 avril 2024) pendant une semaine, pour trouver la version en français dans un musée.

Et la lire.

Car l'auteure y a séjourné en 1838 avec ses deux enfants, et Frédéric Chopin, lequel était plutôt "souffreteux" à cette période. Si vous pensez y trouvez quelques anecdotes sur leur histoire amoureuse, ( Palma c'est Chopin, et Venise c'est Musset, ne pas confondre), vous serez déçu, car le nom du célèbre compositeur n'est jamais prononcé. Tout au plus parlera-t-elle de son piano qui a couté si cher à sortir des griffes de la douane.

Georges Sand nous fait une description d'une société majorquine repliée sur elle-même, oisive, peu ouvertes à l'extérieur et aux étrangers, avec des codes très "personnels" voire particuliers.

Pas de culture des sols, on préfère se trouver un emploi où l'on ne fait pas grand-chose, surtout chez le riche du coin, lequel au bout d'un an, sera obligé de vous fournir gite, couvert, et préférera dépenser son argent à vous entretenir, question de prestige, qu'à l'employer utilement, éventuellement dans l'élevage, mais sorti du cochon préparé de plusieurs centaines de fois différentes, là aussi, c'est le désert culinaire.

Rien ne se donne, tout se vend et à des prix exorbitants, et quand un majorquin vous propose quelque chose, il est malpoli...d'accepter.

Une population que Sand décrit comme oisive, ou les hommes fument des cigares à longueur de journée dans un coin de leur maison, pendant que dans l'autre, leurs épouses s'éventent avec un éventail, le regard absent, et sans penser à rien...

Et des étrangers que l'on considère comme des pestiférés dès qu'ils tombent malades, à coup sûr contagieux, et on ne sait jamais ce qu'ils ont pu vous ramener de France!!!

Ne parlons même pas des maisons réduites à la plus simple expression côté décoration et ameublement.

Heureusement, qu'il reste et restait la beauté des paysages, que Georges Sand décrit avec une écriture riche, et là, je me dis que nombre d'auteurs devraient en prendre exemple, et que c'est le genre de livres et de lecture à introduire ou réintroduire dans nos collèges.

Un livre avec beaucoup d'humour, mais qui n'a pas dû "passer" à l'époque, car il connut un accueil plus que froid, et les majorquins avancèrent tous les arguments contraires à ceux de l'auteure pour la contrer et évoquer sa mauvaise foi et son manque d'intégration.

Un bon moment de lecture, et mon prochain achat, ce sera cette fameuse "Mare au diable".
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Le médecin malgré lui

Une pièce courte parfaite pour entrer dans l’œuvre de Molière. On y retrouve tous les ingrédients qui ont fait sa renommée : les coups de bâton, la satire de la médecine de l’époque, et l’utilisation pertinente de la ruse, l’arme des plus simples pour se jouer des bourgeois.



« Peste soit le coquin de battre ainsi sa femme. » La pièce s’ouvre sur une dispute entre un mari et sa femme. Très vite, les coups de bâton pleuvent sur la pauvre épouse. Alors qu’un voisin intervient, le couple l’envoie promener vertement ! Stupéfaction. Rires !



« Je sais bien qu'une femme a toujours dans les mains de quoi se venger d'un mari. Mais c'est une punition trop délicate pour mon pendard : je veux une vengeance qui se fasse un peu mieux sentir, et ce n'est pas contentement pour l'injure que j'ai reçue. » Le vocabulaire fleuri de Molière est un régal à chaque réplique !



Au final, une pièce aux multiples rebondissements, qui fait réfléchir aux relations entre les personnages, et qui fait rire grâce à plusieurs quiproquos.

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Mont-Oriol

Cela vous dirait, une petite cure thermale ? Un petit verre quotidien d'eau minérale pour soulager cette rate qui se dilate ?

Mont-Oriol, troisième roman de Guy de Maupassant, démarre avec ce charme désuet des stations thermales du XIXème siècle.

La légende dit que ce serait lors d'une cure thermale à Château-Guyon où il était venu soigner une syphilis, - rien que ça, que l'auteur aurait imaginé la trame de ce roman.

Il est vrai que ces villes d'eaux sont des pays de féerie propices à l'univers romanesque, aux rencontres et aux histoires d'amour improbables, mais aussi à la cupidité de financiers et de médecins peu scrupuleux. Pour peu que l'imaginaire diabolique s'en mêle, ces sources ne sont pas seulement minéralisées, mais deviennent brusquement ensorcelées.

Ne cherchez pas plus longtemps sur une quelconque carte de la région D Auvergne, Mont-Oriol est un lieu fictif, tout comme la station thermale d'Enval où nous faisons la connaissance de quelques curistes venus ici prendre les eaux : le marquis de Ravenel accompagné de sa fille Christiane jeune épouse de William Andermatt, banquier prospère, de son fils le comte Gontran couvert de dettes.

Le couple désespère d'avoir un enfant, aussi tout ce petit beau monde compte sur la vertu de ces eaux thermales pour résoudre le problème de stérilité de la jeune femme, car cela tombe sous le coup du bon sens : c'est forcément Christiane qui ne peut avoir d'enfant, que diable ! Un ami de la famille les accompagne dans cette cure, Paul Brétigny, jeune homme au coeur ardent, au tempérament enflammé, passionné de poésie... Dans la campagne environnante où les promenades égayent l'ennui lié au rythme quotidien propre à une cure, Paul Brétigny et Christiane Andermatt découvrent dans ces instants bucoliques que leurs solitudes ont quelque chose à se dire...

Tout ceci est bien gentil, de magnifiques descriptions de la nature viennent enchanter la rencontre de deux coeurs qui s'éprennent l'un pour l'autre, ces pages parfois d'une grande sensualité sont l'occasion pour Maupassant d'exprimer un esthétique que j'aime chez cet auteur et qui n'a pas pris une ride.

L'intrigue va toutefois rebondir à la faveur de la découverte d'une nouvelle source qui va susciter toutes les convoitises et en particulier celle du peu scrupuleux William Andermatt qui se saisit de l'événement pour lancer un grand projet de construction d'une nouvelle station thermale. Mont-Oriol est ainsi créé !

Le décor est en place, il suffit dès lors de convoquer de nouveaux personnages, des paysans roublards aux filles à marier, des banquiers spéculateurs, des médecins charlatans, des curistes naïfs... Tout le monde entre dans une danse joyeuse et frénétique où les préoccupations tournent vite à l'affrontement autour de la spéculation foncière, des dots des jeunes filles qui vont servir de monnaie d'échange, - je vous assure qu'on parle peu des vertus de l'eau minérale dans ces cas-là, tandis que Paul Brétigny et Christiane Andermatt continuent de se promener au gré des chemins jalonnés de fleurs et de papillons grisés par la sève du printemps...

J'ai aimé me glisser dans ces pages savoureuses, observer comment peu à peu cette station thermale presque ordinaire n'est plus un simple décor, mais devient la scène de théâtre d'une véritable comédie humaine où Maupassant s'en donne à coeur joie pour nous peindre avec ironie et jubilation une satire cruelle de ce petit microcosme d'une vie mondaine sans foi ni loi.

Je me suis laissé griser peu à peu par cette puissance d'évocation que possède l'écrivain pour évoquer les passions de l'âme humaine, ses désirs, ses envies, ses convoitises, ses illusions, ses tourments,... En ce sens, Mont-Oriol est une grande histoire d'amour.

Du grand Maupassant !

Vous reprendrez bien encore un petit verre d'eau minérale ?
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