La manufacture de livres [corriger]

Je me suis à nouveau laissé attirer par les « éloges » et les prix reçus par cet ouvrage.



Quelle n’a pas été ma déception.



Certes l’histoire est « attachante », mais est-ce que cela suffit?

Il manque dans ce récit pas mal de choses, il y a de nombreux «trous » dans l’histoire qui aurait nécessité d’être développée pour mieux comprendre les personnages . Une impression d’un roman rapide, peu travaillé et pas assez approfondi.



Et il y a aussi pour moi, plus grave.

Une écriture, comme l’on parle.

De l’argot, non pas dans les dialogues mais dans les descriptions.

Moi qui aime les romans bien écrits, avec une utilisation de la langue agréable , je ne pouvait être que déçu.



Mais je suis sans doute « jeune depuis bien trop longtemps » pour apprécier ce type de littérature avec des chapitres d’une page, maximum 5, qui certes donnent de la « vitesse » à ce roman mais l’auteur ne confond il pas « vitesse et précipitation ».



Beaucoup ont aimé ce roman, moi pas.

Contexte : les urgences d'un hôpital de banlieue ouvrière parisien.

Personnages : un chirurgien en fin de carrière (torturé), une jeune interne (ambitieuse mais dépassée par ses émotions), une infirmière (qui cherche sa voie), un urgentiste du SAMU (passablement confus dans sa relation aux femmes). Leurs vies vont se mêler et se heurter un soir de Noël dans une tragédie qui pourrait être quotidienne tant leur monde est fragile mais qui ne devrait pas l'être si tout cela tournait comme il se doit. Cela ressemble étrangement à ce que vit la fonction hospitalière, au bord du gouffre et de la panique, sans cesse dans la crainte d'une erreur, mais le plus souvent épuisée de porter la vie, parfois sans solution, sans moyens, sans issue. Bien écrite, l'histoire se met en place, chacun à sa manière y joue son rôle, c'est touchant et édifiant.

Construit au début du XXe siècle, le centre hospitalier de Villedeuil a eu son heure de gloire avec sa belle fontaine et son allée bordée d'arbres. Il s'est agrandi dans les années 70 pour devenir un établissement réputé à la pointe. Il décline pourtant au fil des années. La commune de Villedeuil est en ZUP et a fait parler d'elle pendant les émeutes de 2005. Les gens qui ont pu partir l'ont fait et les conditions de vie dans la cité se sont dégradées. Jean-Claude, Aimée, Laëtitia ou Fabrice sont restés et tentent de tout faire pour préserver un service public de qualité aux urgences, malgré une situation précaire et un sous-effectif écrasant.



Vous l'aurez compris, les personnages principaux de ce premier roman sont avant tout les urgences de cette hôpital et Villedeuil, ville imaginaire de la banlieue ouest, à seulement 7 minutes en RER de Paris, mais tellement différente de la capitale.



Les personnages de chair ne sont pas en reste. Infirmière, interne, chirurgien, ambulancier… nous suivons tous ces protagonistes, soucieux de sauver des vies et dévoués au bon fonctionnement des urgences qui périclitent. Tous ont leur rêves, leurs idéaux et se débattent dans un contexte sociale et professionnel difficile. On sent la fatigue, le stress intense, l'impuissance face aux patients désespérés et en souffrance. Des personnages sans doute un peu caricaturaux mais tellement touchants.



C'est un roman poignant, qui donne la parole aux «premières lignes», ces travailleuses et travailleurs du quotidien qui se battent et donnent de leur personne pour offrir le meilleur soin.



J'ai bien apprécié ce roman de Claire Vesin, très concernée par son sujet car elle exerce en région parisienne, après des études de médecine à Paris. L'écriture est fluide et simple mais l'histoire ne manque pas de rebondissements et l'alternance des points de vue rend cette lecture captivante. Une très belle découverte !