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La Vénus à la fourrure

Que faire de ses fantasmes ? En jouir ? En rire ? En guérir ? …



Comment jouir avec et au risque de l'autre ?

Peut-on guérir de sa façon d'aimer ?



Masoch réalise un coup de maître en signant une fiction qui fait un tour complet de ce que l'on nommera plus tard le masochisme.



L'intention d'objectivité imprime tout le texte, jusqu'au coeur de la relation entre le masochiste, Séverine, et Wanda, sa Vénus à la fourrure.



Et le maître mot, c'est le rire. le rire, qui relâche le jeu amoureux très improbable qui est en train de se jouer. le rire, qui extériorise quelque chose à l'apogée des passions.



Ce qui est fascinant, c'est qu'il faut en arriver là, alors que chacun.e, sans doute, « sait et ressent quels proches parents sont la volupté et la cruauté ». A travers, une attirance pour les fourrures, ou peut-être, à travers ses histoires d'amour.



J'avoue cependant qu'il m'a été difficile de rire à l'unisson avec le texte de Masoch. Alors, pour un relâchement supplémentaire, j'ai puisé dans quelques chansons.



♫ Maso, je suis masochiste

Tu me fais tout drôle

Je deviens tout doux

Et je deviens fou ♫ (Véronique Samson)



Un rire confus de Séverine, notre amoureux masochiste :

« Je suis comme l'ours du parc Lili ;

je puis fuir et ne veux pas,

je supporte tout, aussitôt qu'elle menace

de me donner la liberté. »



♫ Prends garde à toi ♫ (Bizet)



Un rire aux éclats de Wanda, la complice de Séverine :

« La liberté de jouissance,

à la façon du monde antique,

ne peut s'imaginer sans esclavage. »



Un rire pour tenter d'échapper à « la niaiserie ultra-sensualiste » de Séverine, tendant à corrompre la tendre Wanda jusqu'aux moelles.



La voici, en effet, en train d'établir un contrat avec son esclave.



♫ Les histoires d'amour finissent mal,

en général ♫ (Les Rita Mitsouko)



Wanda laisse son nouvel amant,

un beau grec évidemment,

donner les derniers coups de fouet

à Séverine, l'esclave.



Et quelques années plus tard,

Wanda, notre Vénus à la fourrure,

nous apprend que son beau grec

périt dans un duel.



♫ Like a moth, I'm drawn into your flame ♫ (Apocalyptica)

(Comme un papillon de nuit, je suis attiré dans ta flamme)



Séverine se moquant de son propre ultra-sensualisme, en profite pour tenter d'en faire l'étiologie, puis méditer sur « l'énigme de la femme », et comprendre pourquoi, entre l'homme et la femme, « actuellement, nous n'avons que le choix d'être le marteau ou l'enclume ».



Le rire a quitté le texte de Masoch. Devenu rationnel, il se demande maintenant: « Que ne l'ai-je fouettée? »



« La morale est que, telle que la nature l'a créée et telle qu'actuellement l'homme la traite, la femme est l'ennemie de ce dernier, qu'elle n'en peut être que l'esclave ou la despote, mais jamais la compagne. »



La tendre Wanda, qui a quitté la scène depuis longtemps, est remplacée par un imaginaire qui rappelle Sade.



« C'est seulement quand la naissance aura fait de la femme l'égale de l'homme par l'éducation et par le travail, quand, comme lui, elle maintiendra ses droits, qu'elle en pourra devenir la compagne. »



La littérature de Masoch (comme celle De Sade) sécrète un ferment révolutionnaire, indifféremment sensation et raison. La nature ou la femme corrompue par l'égoïsme de l'homme, dans des contrats désavantageux, donne naissance à l'idéal terriblement séduisant d'une femme empreinte des « innocentes impulsions » de la nature.



« Oui, regardez-moi encore une fois, je suis bien pire qu'une hérétique, je suis une païenne. »



♫ L'amour est enfant de Bohême,

Il n'a jamais, jamais connu de loi ;

Si tu ne m'aimes pas, je t'aime ;

Si je t'aime, prends garde à toi !…♫
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