5.
Les Espionnage de Michel Gourdon
Michel Gourdon
4.00★
(1)
En matière d’espionnage, tu me l'accordes, l’important, c’est la couverture. Une couverture signée M. Gourdon. »
Ainsi devisaient O.S.S. 117 et Coplan au détour d’une des 1905 aventures de la collection Espionnage du Fleuve Noir, pour laquelle le peintre Michel Gourdon illustra plus de mille quatre cent couvertures de 1950 à 1978.
Dès les premiers titres, sous les plumes de Jean Bruce, Frédéric Charles et Paul Kenny (entre autres...), une connivence amicale et durable s’installe entre les espions de papier et l’univers graphique du discret mais génial Michel Gourdon.
A cette complicité entre l’artiste et les chevaliers de l’incognito et du catimini, se joint bientôt un autre larron, le lecteur.
Ce dernier, posant son regard sur la couverture, avant la première ligne du récit, hume le parfum de l’histoire et, séduit par l’héroïne, pénètre dans la salle d’embarquement du roman, avant l’envol vers l’évasion de la lecture.
Précédant le récit, l’illustration de couverture est bien le pré-texte à l’imaginaire du roman d’espionnage.
Complices également de cette alliance secrète et sacrée (mais non sucrée), autour des images de cette mythique collection, Marie-Christine de Caro et Patrick Bernard nous guident en mission de reconnaissance dans la galerie des « Espionnage de Michel Gourdon ».
Erik Neveu, professeur à Sciences Po Rennes, signe une préface en forme de post-scriptum à son livre L’Idéologie dans le Roman d’Espionnage, qui éclairait avec vivacité les mécanismes de la communication persuasive dans les romans d’espionnage, par les feux croisés de la sémiologie, de la sociologie et de la science politique.
Depuis les sombres compositions entre ocre et sanguine, jusqu’à la période noir et blanc au réalisme quasi-photographique, l’œuvre de Gourdon est présentée chronologiquement à travers les livres (dont il faut toujours savourer la poésie des titres !) et les gouaches originales (précieuses contributions d’aimables collectionneurs) qui rendent justice à son merveilleux talent.
Quintessence de l’art de Michel Gourdon, ses Espionnage (sans « s » ! Selon l’expression adoptée par les amateurs) conduisent parfois la logique de certains passionnés, à découper les couvertures et à se débarrasser des livres !
Doux sacrilège en hommage à l’un des plus grands illustrateurs du roman d’espionnage.