Korakès, les enfants maudits

Wow.
Difficile de trouver un autre mot pour décrire ce que je ressens suite à cette lecture.

Dès les premières pages, l'autrice nous plonge dans un univers à part, rempli de visions mystiques, de songes divinatoires se confondant sans cesse avec la réalité. La construction du récit et le style narratif suivent les codes de la tragédie à la grecque croisant différentes mythologies (Homérique, Grèce classique, Egyptienne).
Et pourtant, pas besoin de les connaître sur le bout des doigts pour apprécier notre lecture car la plume de l'autrice est merveilleuse. Si elle garde ce flou mystique, et onirique propre aux mythes et aux récits antiques, elle apporte tous les éléments nécessaires pour comprendre les apparitions qui se succèdent page après page, leur signification et leur symbolique. Savoir réciter par coeur les mythes n'a pas d'importance : c'est comprendre comment ils raisonnent entre eux, leur sens dans leur contexte de l'histoire qui importe.

Des sens que Caroline Blineau nous laisse interpréter et comprendre de nous même, en nous guidant sans pour autant nous tenir la main.
Il faut accepter de ne pas comprendre immédiatement ce qui se passe. de plonger dans l'inconnu, d'attendre patiemment ce moment de lumière où tout fait sens. de patienter, de se laisser porter par ces histoires qui s'entremêlent petit à petit.

Les uns devront atteindre les dernières pages pour obtenir toutes les clés nécessaires à la compréhension du roman. Les autres devineront au court de leur chemin les émotions intemporelles qui se cachent derrière cette histoire. Leur lecture en sera définitivement bouleversée.
Dans tous les cas, une relecture s'impose. Ce livre déborde de clins d'oeil, de références mythologiques et littéraires, de parallèles bien menées et d'images significatives qui, sans perdre les novices en mythologie, feront trépider les amateurs. Chaque lecture est différente tellement les niveaux d'interprétation sont nombreux.

Tellement ces 150 pages débordent d'émotions. Evidemment, impossible de s'arrêter en court de route.
Les sujets abordés sont douloureux mais grâce à la narration onirique, aux métaphores bien tissées et aucunement naïves, la lecture est facilité, adoucie. Plus intense aussi, car tous les mots, choisis avec soin, nous touchent profondément.

Korakès est l'une de ces petites pépites que l'on ne remarque pas forcément de prime abord, mais qui déborde de subtilité, de respect et de bienveillance. L'histoire est triste, du début jusqu'à la fin, ce qui n'empêche pas de refermer le livre avec la sensation d'avoir avancé. Cette histoire sonne terriblement juste jusqu'à sa conclusion douce-amère et pourtant si satisfaisante.

Bref. Foncez. Il suffit d'une après-midi pour le découvrir…

Ayant participé à la campagne Ulule qui a financé cette édition, j'ai reçu il y a quelques jours ce joli petit livre, indiqué dès le départ comme un roman court.
La narration multiple qui saute d'un personnage à l'autre est plutôt bien faite, et l'ambiance mystique est là...peut -être un peu trop, car cela m'a fait l'effet inverse que celui escompté: loin de me happer, je me suis plutôt sentie complètement décalée en tant que lectrice , et la multiplication des termes en italique renvoyant au monde grec y est certainement pour quelque chose. Qu'on soit familier du monde grec ou non, le résultat est plus professoral que dépaysant, et bien que certaines tournures de phrases soient empruntes de poésie, arrivée à plus de la moitié du roman, je l'ai refermé sans être parvenue à m'attacher aux personnages et à ce qui leur arrivait.