Comme si la place d’une femme n’était pas plutôt à la maison, à s’occuper de son intérieur, des enfants, de son mari. Niaiserie que toute cette liberté que veulent ces dames!
Mais c’est plus fort que moi, je n’arrive pas à la chasser de ma tête. Elle m’obsède. M’empêche de dormir. S’insère dans mes rêves lorsque le sommeil finit par me terrasser. Et surgit dans ma tête lorsque je me réveille. Telle une fée. Ou serait-elle une sorcière? Je ne suis pas le seul à être sensible à ses charmes.
Je vois bien les regards que lui jettent les hommes. Je me retiens pour ne pas hurler de douleur. Pour ne pas me ruer sur eux. Je voudrais que tous perdent la vue en l’apercevant. Pour que je sois seul à l’admirer. À la chérir.
«Détective? Est-ce vraiment un travail?» Il croyait encore entendre son ancienne logeuse lui poser, persifleuse, la question. Oui, c’en était un, et pas des plus faciles. Les longues heures à faire le pied de grue pour surveiller des individus louches, peu importe la saison. Le mépris des policiers à son égard. Les clients, toujours à rechigner lorsque venait le temps de payer. Les coups, parfois, qu’il recevait de personnes mal intentionnées. Oui, il s’agissait d’un rude métier, qui ne lui rapportait pas une fortune, mais qu’il adorait, ne serait-ce que pour l’indépendance qu’il lui procurait.
Il allait faire de cette enquête le point culminant de sa carrière pour enfin devenir capitaine, voire acquérir un statut encore plus prestigieux… En ne se gênant pas pour utiliser cette bonne vieille méthode qui lui venait tout naturellement: flatter les puissants et écraser ceux qu’il considérait comme des subalternes. Et en ne lésinant pas sur les moyens, quitte à avoir recours à quelques-unes de ses entourloupettes habituelles…
À tout moment, je pense à elle. J’imagine sa silhouette élégante. Ses yeux qui vous regardent toujours d’un air coquin. Ses cheveux d’un châtain roux, un peu trop courts à mon goût toutefois.
J’admire tout en elle. Ses réparties. Même celles que je trouve parfois cinglantes. Sa finesse d’esprit. Son rire en cascade. Son parfum. Sa démarche décidée. Les gestes de ses mains lorsqu’elle parle. Surtout lorsqu’elle s’emporte, ce qui arrive souvent.
J’aime Judith pour ce qu’elle est, de la tête aux pieds. Elle est d’un charme fou. Qui me rend fou d’elle. De tout en elle.
À tout jamais, elle sera mienne. Pour le meilleur et pour le pire. Je le jure.
— Adrienne, t’es merveilleuse. T’es la femme idéale! Et, s’enflammant: Tu voudrais pas qu’on se marie?
Oups! La chose à ne pas dire. Léo sentit que, subitement, Adrienne se repliait sur elle-même. Pourtant il le savait: elle ne voulait pas entendre parler de mariage et encore moins d’avoir des enfants. Dès qu’il en était question, elle se rebiffait. Mais tout en ayant dans son regard une irrépressible amertume. C’était la partie ombrageuse d’Adrienne, celle qu’elle gardait secrètement pour elle.