J’écris sur ma page : « journal d’une Zèbre »
Cette page où je partage mon mal –être, où j’explique la difficulté d’être différente, d’être précoce. Je ne suis pas comme les autres, je pense différemment, je réfléchis vite et mon cerveau est toujours occupé. Apprendre, toujours apprendre… comprendre toujours comprendre… C’est comme une drogue. Même ma famille ne me comprend pas.
Puis toi…
Je pensais avoir trouvé quelqu’un qui me comprenne. Je me suis sentie bien pour la première fois
Je t’ai parlé, je t’ai écouté, je t’ai aidé, je me suis confiée à toi. Tu connais mon histoire…
Mais j’ai plongé directement dans un trou sans fin.
La trahison : c’est une première fois. Je savais que les personnes de mon âge ne m’appréciaient pas mais jamais on ne m’avait fait cela.
Tu m’as trahi en me regardant droit dans les yeux, en me disant que tu m’aimais…
Nous avons des règles très strictes à la maison, dont l’essentiel : la politesse. Puis il faut se taire lorsque nous mangeons. Politesse et travail, voici les crédos de ma famille. Nous sommes l’élite, et nous devons y rester nous les héritiers. Je suis donc en terminale S, je me destine à des études scientifiques. J’aime les maths, la programmation. A Rio, j’étais dans le peloton de tête et je compte y rester. Puis, j’étais apprécié, très apprécié. Les filles me tombaient dans les bras, les mecs me respectaient, j’étais le leader mais aujourd’hui quelle sera ma place.
Je n’ai jamais eu d’amis, je n’arrive pas à m’en faire, de toute façon. Ils paraissent tous si différents. Depuis toute petite, je suis seule. J’ai des problèmes relationnels. Les psys disent que c’est à cause de la précocité. Ils pensaient qu’en me faisant sauter des classes, le problème se régleraient mais rien ne s’est arrangé. Je suis toujours seule, peut-être, suis-je destinée à y être. C’est la raison qui me pousse à me noyer dans le travail. Là, je trouve un certain plaisir et j’ai une telle soif d’apprendre. Mais ça personne ne le comprend !
Comme tout le temps j’ai du mal à m’endormir. Mon cerveau ne déconnecte jamais. J’ai toujours besoin d’apprendre, de faire quelque chose : cuisiner, danser, jouer du piano mais dormir ! Quelle perte de temps. Par moment, j’en ai besoin : lorsque je suis vraiment fatiguée, mais c’est tellement rare. Je garde donc les yeux ouverts, je place mes mains derrière la tête et je regarde le plafond. Je fais le bilan de la journée :
J’ai des profs que j’apprécie
Toujours les mêmes têtes : je ne les apprécie pas beaucoup mais je ne les déteste pas.
. Je n’ai plus de goût à rien. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, le soir même, à l’abri des regards puis, je me suis plongée dans le travail : ma bouée. C’est la première fois que j’échoue. Mais ce n’est pas ça qui m’a plongée dans cet état mais ce sont les mots d’Hector qui tournent en boucle dans ma tête :
Ce n’est que le début, je t’avais dit que tu ne serais pas au niveau. Tu n’as pas ta place, ici et tu vas dégager. Fais-moi confiance, je n’ai pas abandonné !