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EAN : 978B00QU23WWA
Les éditions du Littéraire (09/12/2014)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Avalon !
Ynys Avallach !
Si incroyable est notre route !
Ouvre toi !
Et jusqu'en toi, reçois nous.

Je ne veux pas écrire ce qui en moi ne peut s'entendre.
Je veux écrire ce qui en tout se veut comprendre.
Il n'y a à ma vie que la limite que m'imposera mon écrit.
J'écris l'espace que je vis, et survivrai dans son esprit.

Astrid Shriqui Garain est née à Ermont le 8 juillet 1965 et vit en Val d'Oise.>Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il y a ceux qui, sur le quai, regardent partir les bateaux, le sourire aux lèvres avec, au creux du ventre, l’euphorie du départ, des envies d’ailleurs plein les yeux.
Il y a ceux qui reviennent sans cesse, au bord de la jetée, sur le sable, sur le quai, au pied des falaises ou au port, indécis. Éternels regrets d’un départ illusoire.
Et il y a ceux et celles qui savent l’exaltation fulgurante de cette liberté immense et cette main de fer qui enserre et tord les tripes.
Juste avant...

« C'est dans un regard
Que l'on sait le voyage qui a construit une âme.
Quelle terre fut traversée, quel lointain fut embrassé.
Elle était en un ailleurs qui à présent se vit en elle.
Son récit est toujours singulier.
Devant un mot elle s'arrête soudain,
Là, où coule cette rivière dont elle connait la source.
On se remet au monde et on découvre sa place.
On voit les boutures rapportées de son périple
Prendre vigueur et hardiesse sauvage.
On goûte le moment d'un autre retour
Et on s'étonne de son inconnue saveur.
C'est au présent, en sa mémoire, qu'il convient d'offrir cet espace. »

Plutôt Ulysse que Noé ? Plutôt vagues et embruns que terres et poussières ? Peu importe.

«Toutes les mers bercent nos vies.»

Se coltiner les éléments, vivre sans garde-fous ni remparts, tendus vers l’inéluctable Ynys Avallach, île du temps du bout du monde, dont on ne sait pas très bien, si c’est de lumière ou ténèbres, que naitra la vie éternelle.

Charrier les misères et les blessures : le prix du sang dans les tranchées. Et la vie, aussi, qui lacère et parchemine, quand on pense qu'à une seule chose : sauver sa peau ! « l'évidente crasse de notre cécité »

« Sur la terre, plus rien de ma chair,
à part peut être... entre mes dents. »

D'un revers de main, envoyer tout valser. Rire ! Rire à en crever !
Et dans toute la merde du monde, ouvrir une brèche pour continuer à rêver.

« Trancher d'un coup sec les lacets du monde
au corsage noir des jours
et plonger l'œil de ses mains
dans l'échancrure troublante de l'écume
si blanche dessous ses charmes
et qui offre son cul à tous les sables. »

Alors...

Étaler l’enduit. Combler ou accentuer les fissures. Se coltiner la matière. Pioche et burin. Les doigts en sang. Savoir pourtant. Le calcaire au creux des crevasses. Broyer les pigments, souffler la poussière colorée. Écraser le fusain. Rage et Irrévérence. Foirer ses mélanges et regarder naître la craquelure. Renoncer au vernis. Pendre les croûtes et jeter les reflets d'âme à la mer.
Vivre et vieillir. Sans jamais grandir...
Lucide.

Et entendre, à l'aube, crisser sur le papier, la plume d'Astrid Shriqui Garain.
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Ynys Avallach… c'est mort pour le jeu de mot pourri avec ce titre, rien trouvé. Ca m'aurait permis de commencer ce billet par un peu de légèreté parce que pour tout vous dire, ce livre m'a emballé… moyen.
C'est étrange cette sensation d'avoir voulu entrer dans ces textes et d'être déçu de ne pas y être arrivé trop souvent, tout en partageant le ressenti positif laissé par Dixie39 dans son excellent billet.

Qu'est ce qui m'a dérangé ? Deux choses.
Beaucoup d'ombres et de ténèbres opposées à La Lumière, un peu beaucoup trop manichéen pour moi.
Ce n'est pas mon monde, ça ne me parle pas du tout. Rien de grave, ma sensibilité penche ailleurs c'est tout.

« L'oeuvre noire (extrait).

A toi Lumière
Semblante distance,

A toi lumière,
Contraste des cendres

A toi lumière
Le parfum des absences.

Joue le désaccord qui se fait entendre !

Avant toi je supposais l'informe.
J'ai dépeint aux non-vus ta venue.
Je t'ai, de si loin… attendue.
Accroche et ne faiblis pas. »

J'ai pas faibli, je me suis accroché et j'ai bien fait car j'ai aussi trouvé des merveilles (pour moi) dans ce recueil mais là, tout les textes de la même veine que cet extrait m'ont laissé dehors.

Deuxième chose plus dérangeante pour ma lecture que le fait de ne pas ressentir un texte, c'est le rythme.
Peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. Prose poétique, vers rimés ou libres, je m'en tape tant qu'il y a une mélodie, tant que la partition vient me caresser le tympan, me titiller l'enclume, me rendre marteau, je dis Ouie Ouie Ouie (yes, je l'ai mon truc à deux balles). le problème c'est que là je me suis pris les pieds dans le tapis sans arrêt. le trip « Musique contemporaine » c'est pas mon truc.
Souvent on se crée sa propre musique à la lecture, malheureusement j'y suis rarement arrivé. En cause peut être aussi , des mots superflus qui viennent alourdir un vers, des rimes parfois forcées, et puis quelques passages style « liste des courses ». Enfin tout un tas de raisons qui pour moi, nuisent à la fluidité.

« L'impossible équipage (extrait).

Il a le ciel et mille cartes pour prière.
Il a la terre et son refuge en chaumière.
Il a la mer et le monde en bannière.
Son oeil est un cyclone, et ses mains,
Récifs enfantés par les flots,
Lancent aux étoiles le filin d'or
Qu'il tresse sur sa route. »

Je ne suis probablement pas la bonne personne pour apprécier pleinement ce recueil.
En même temps, si je suis déçu d'être passé à coté, je ne regrette pas ma lecture car certains textes m'ont chuchoté de bien jolies choses. Tenez, rien que pour celui là, ça vaut le coup :

« Mouvement

De ma terre à ta nuque,
Il y a la bouffée des toits.

De mes lèvres à ta chute,
Il y a mon oeil qui arrête son pas.

De ton air à ma fugue,
Reste l'instant qui s'en va. »
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Atalante

Je pars Atalante.
A l'aube, mes pas auront déserté ta maison.
Je pars mais je garde ta folie entre mes bras.
Je veux que ton parfum encre la certitude de ma route.
Je pars et tu le sais, je ne reviendrai pas.

Il est ainsi de la vie d'un homme qui par trop court ses heures
et qui oublie qu'il ne peut y avoir d'idéale demeure.

J'ai grâce à toi
senti mon cœur embrasé mes mains
j'ai vu des dunes prendre corps,
des fleuves tenir parole,
des cieux danser la terre.
J'ai senti ma chair inonder les déserts,
entendu des âmes creuser l'azur,
tracé la profonde mesure,
sur le rythme de mes poings
frappant sans relâche sur le coffre des jours.
J'ai pu, grâce à toi, deviner...
tellement d'hommes.

J'ai vu par tes yeux.
Parlé par ta bouche.
Vécu par ton souffle.
Aimé par ton chant.

Je pars Atalante.
Puisque qu'il me faut entendre ma raison
donner réponse à ma nature.
Tu dois quitter mon corps pour
que mon âme aille vers d'autres aurores.

J'ai mené ma jeunesse pour t'offrir un royaume.
J'ai gardé ta flamme pour border les rivages.
J'ai battu le flot de mes peurs
en hissant à mon cœur ton visage.
Toute cette force, cette ardeur, Atalante
me sont venues de toi.

D'autres viendront franchir ton seuil.
Tu les accueilles déjà.
Promets-moi de toujours leur mener parole.
Protège ces voyageurs,
qu'ils connaissent comme moi le goût de leur cœur.
Dis leur l'importance de ce chant
car il sera le seul qui saura les conduire
sans qu'ils versent leur peine.

Loin de toi, un oracle inconnu m'appelle en au-delà.
Je pars Atalante.

A l'aube, dans cette maison ne viendront plus mes pas.
Je pars, ton parfum dans mes bras.
Je t'ai depuis longtemps confié ma légende,
il te faut à présent la déposer au fond de moi.


Il est ainsi de la vie d'un homme qui a pu aimer toutes ses heures
et qui n'oublie pas, qu'en toi, Atalante, son idéal demeure.

Je pars, Atalante, et ne reviendrai pas.
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L'impossible équipage

Sous l’aube blanche de ses famines
et repu du lait noir de ses nuits,
l’homme pénètre dans l’arche de ses jours.
Voilà donc sa solitude en équipage !

Ulysse commence son voyage.

Il porte en bagage sa détresse
et ses promesses en poupe.
Il est est à la proue de son œuvre
et aspire la tempête de ses doutes.

Il a le ciel et mille cartes pour prière.
Il a la terre et son refuge en chaumière.
Il a la mer et le monde en bannière.
Son œil est un cyclone, et ses mains,
récifs enfantés par les flots,
lancent aux étoiles le filin d’or
qu’il tresse sur sa route.

Voici donc l’insolent marin.

Ne pouvant échapper aux vagues,
il plante sa dérive, et surgit hors des ports,
Assurant son allure,
il saisit sa gourde de peau et se gorge d’aventures.

Il est à lui seul la portance de ce vaisseau.
Il est le ciel et déverse la terre.
Il est la mer et submerge le ciel.

Il est la terre et recouvre la mer.
Partout se parle le langage de son voyage.

Par quel mystère amène-t-il à lui même un radeau ?
La peur peut être de ne point se connaître courageux.
Noé est à présent à son bord et inspecte les flots.
Quel sort réserve-t-il à ce vaisseau ?

Mais l’aurore les nourrit lorsque la nuit les dévorent.
Un bateau ne peut avoir deux maîtres,
Il leur faut se convaincre de toucher la terre
Et de leurs yeux débarquer cette mer.

Ils déposent l’arche aux portes du désert.
Ulysse passera les enfers si Noé tombe dans l’eau.
Mais voici Noé au sec et Ulysse pleure contre la terre.
Voilà donc cette galère qui par grain de misère échoue loin de ses rêves.
Triste paresse d’équipage,
qui n’adresse au ciel que le poids de ses chaînes
et balance dans son ventre l’ancre de son destin.

Le voici donc ce mendiant à l’aube déchirée
tendant sa sébile de fer blanc aux portes de la nuit.
Ulysse n’est plus en vogue,
ses mains saignent l’absence du filin,
et dans cette éternité le voici qui se met à trembler.

L’odyssée d’un naufrage ne chante aucun voyage.
Alors Ulysse se tait.

Noé lui a volé bien plus que son vaisseau.
C’est dans son voyage que le marin transportait son âme.
Noé, lui, ne voulait sauver que sa peau.
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Tisons

(La mer relève ses jupes de Satan !)

Mon âme, mon frère,
Un soleil ovule sa face de verre.
Il serre son trident contre ses flancs.
Une griffe rouge grève les sables.
L'ocre est en chemise sur la dalle du temps.

Mon frère, mon âme,
Ouvre le battant ! Regarde ça - droit devant !
Ça se dessine dans les entrailles
Ça se déchire sur la toile.
Ça entre par les ports
Ça vient souffler la sieste de belle ville.

Mon âme, mon frère,
La terre est une épave,
Mais putain on va se dire...
Plus rien, t'entends ?
Plus rien... que Vivant.
Éos tire le voile !
Éos encorne les dunes de ta veine de diamant pal !
Ramène les filins de Satan !
En rayon et en lames
Mises en chair dans l'orpiment d'un ciel naissant !

Mon frère, mon âme,
Dans le carbure des cursives,
Dans la salure de nos armures,
Sous la nacre fortune de l'astre
Croisons le faire dans le chenal du monde,
Et qu'à travers l'accroc d'un nouveau jour,
Une bouche de sel pose des lèvres de sang
Sur la grande gueule du jusant.

Mon âme, mon frère,
Il fait peau rouge contre tambours.
Je n'aurai, un jour,
Plus de lettres pour t'écrire mes mots.
Tu n'auras, un jour,
Plus de feu pour me dire ton eau.

Alors écoute, mon frère, écoute, mon âme,
Toute cette musique qui nous rentre par les flots !
Chique tes tropiques sous la grande Voûte ouverte
Et balance tes prunelles sur l'or paille de ce divan.

Mon frère, mon âme,
Jetons sur la mer un filet de chair et de feu
Dans l'émail des cieux.
Et si, demain, potence se dresse
A la botte de sept lieux,
Dis toi, qu'on aura au moins eu
Au fond des poches de nos yeux,
La jouissance de ce soleil en outrance
Qui matin a crevé l’œil des dieux.
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Le ressac

Une tempête menée par les âges était venue me les confier.
En mon royaume, je prononçais...
Mille choses parfaites... J’ordonnais...

Comme des flammes oranges
des hommes oranges m’entouraient.

Je désignais et ils s’exécutaient.
Je jetais là où ils mendiaient.
Je n’étais rien de plus que ce qu’ils voyaient en moi.
Je n’étais rien et de ce rien ils firent tourner la grande roue.

Ils se pressaient contre mes ors,
déplaçaient les montagnes, forgeaient le cristal,
gravaient mon nom dans le sable.
Faisant d’un rocher un baptême,
Ils oubliaient un peu plus chaque jour la légende des iles,
et dans le chant de leur épée partaient prendre les mers.
Ils chassaient les sirènes, buvaient des vins de chair,
dessinaient des palais où des anges portaient le ciel.
Ils se couvraient de pourpre et de vermeille.
Ils fêtaient la barque des morts,
poussant des coupes pleines de larmes sur les rives du fleuve.

En mon royaume, ils m’inventaient.
J’étais le songe de leurs lois dont ils tenaient registre.
Ne pouvant saisir leur ombre
ils modelaient dans ma lumière la chaleur des corps.

J’étais bien plus entre leurs mains que dans leur cœur.
Ils m’offraient à leur propre destin.

Des flèches de pierre déchiraient le temple de leur prière.
Ils gardaient les entrailles des cendres, condamnaient les jardins,
empaillaient le pétale des roses, terrassaient mes senteurs...
Ils donnaient à leurs passions le visage des femmes.

Ils se disaient entre eux et cela en mon nom,
et peu à peu sur moi se refermèrent leurs yeux.

Les portes de mon royaume, ils leur plu de condamner.
Je me trouvais en mon palais, abandonné.

Je confiais aux tempêtes le restant de mon âge
et du plus haut de mon île, n’écoutant que ce vide, je me jetais.
Battue par mille soleils, la mer, au premier jour, me rejetait.

J’avais perdu la mémoire de mon royaume.
Mais, dans la nuit des rochers une voix prononçait
mille choses parfaites qui m’ordonnaient...
En moi une chose très étrange me poussait à l’écouter.

Tenant une branche en flambeau, vers elle je marchais.
Et dans le silence que je fuyais,
j’entendis alors ce que je reconnaissais.
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Vayamos !

Le jour s'élevait.

Des roses en pavane dévalaient les arcades.
Le ciel sous l'ombrelle des treilles pressait le soleil
contre les grilles des fenêtres.
Le bassin d'une fontaine froissait le bleu de son eau.

L'épure des dentelles donnait au visage des femmes
le masque pur des reines de cendre.
Un chiffon rouge claquait en alarme
aux tympans sourds des chapelles.

Le fil d'une lame transperçait, de par la ville, nos âmes.
Les murs brûlants plaquaient nos ombres
contre les marches longues et fuyantes.

Un bracelet d'or tintait entre nos mains
et enflammait notre chœur de son flambeau.

Nous venions en marche
improbables et nombreux
défendre ce qu'ils osaient nous prendre.

Se donner à vivre
au delà de tout
et ne jamais se rendre.
Le dernier jour commençait
et nous étions debout.
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