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Citations sur La Secrète (31)

Jon m’a appris ce que veut dire nostalgie. Nostos, en grec, m’a-t-il dit, signifie « retour », et algos, « douleur » ; tout comme la myalgie est la douleur des muscles, la nostalgie est la douleur du retour. Tous les voyages, tous mes voyages, sont des retours, comme l’a dit un poète de mon pays.
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Le premier et le dernier regard sont très importants, [...], et tout comme la maman veut voir son enfant beau la première fois, le fils aussi veut voir sa mère belle la dernière fois.
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Il n’y a rien de bizarre à ce que les gens tombent amoureux. Ce qui est bizarre, c’est que des gens aiment toute leur vie la même personne. C’était le cas de Pilar. Si tous les amours étaient comme celui d’Alberto et elle, c’en serait fini du péché, de l’adultère, et les curés tout autant que les romanciers pointeraient au chômage. Pilar ne voulait pas cesser d’aimer parce que alors sa vie chuterait dans un précipice et perdrait tout sens. Alberto et elle étaient ainsi au fond d’eux-mêmes, et par essence. D’une certaine façon, notre amour, notre attachement à La Secrète ressemble à l’amour de Pilar pour Alberto. On aime une ferme comme on aime un mari, une épouse, un vieil amour où nous avons investi beaucoup de temps et presque toute notre énergie. Nous avons appris à l’aimer, enfants et adolescents, pour le bonheur authentique, spontané, dans le soleil de l’enfance et des jours bleus. Même si parfois elle nous donne des motifs pour cesser de l’aimer, nous ne pourrions l’abandonner sans sentir en même temps que nous nous trahissons, en renonçant à nous-mêmes, à notre attachement et à nos joies les plus chères. Renoncer à une ferme comme La Secrète c’est comme renoncer à quelqu’un que, l’espace d’un moment, nous avions cru être l’amour de notre vie. Qu’était la ferme ? Une petite promesse tenue de ce qu’on appelait l’Amérique et qui est en général un mensonge : un endroit où l’on pouvait obtenir un lopin de terre si l’on travaillait dur. Qu’était l’amour ? Quelque chose qu’on allait recevoir toujours, si on le donnait toujours ; quelque chose où l’on allait semer, récolter et mourir. Pilar avait foi en ces rêves qui à ses yeux demeuraient solides, le rêve d’un pays et d’un lieu, le rêve de l’amour avec Alberto, d’où étaient issus ses cinq enfants, ce qu’elle aimait par-dessus tout. Vendre la terre était une trahison aussi grave que si ses propres enfants la vendaient, elle, comme esclave.
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Les gens croient que je suis venu vivre à New York, voici presque trente ans, parce que j’ai obtenu une bourse pour poursuivre des études de violon. Non, je suis venu vivre à New York pour quitter Medellín, pour abandonner Antioquia, qui est un endroit d’un enchantement rude, mais réel, et en même temps un lieu asphyxiant, clérical, intolérant, raciste, homophobe, conservateur, ou du moins il l’était jusqu’à la moelle quand j’en suis parti. Il l’est encore, bien qu’un peu moins, peut-être, car même à Antioquia la nouvelle est parvenue que le monde change. Ces monts reculés et isolés produisent des gens fermés, réservés, méfiants, et ce n’était pas une atmosphère propice à cette liberté que j’étais décidé à m’accorder. Je voulais vivre à ma manière, je voulais embrasser qui je voulais, coucher avec qui bon me semblait, sans le regard inquisiteur de la famille, des amis, de mon père et ma mère, de mes sœurs. Eux, après la peur et le scandale du début, me comprenaient, ou disaient qu’ils me comprenaient, mais ils ne pouvaient cesser d’être antioquègnes dans le pire des sens. Ils savaient que mon grand-père aurait eu une attaque s’il l’avait su, ma mère préférait ne pas parler de la chose et mon père, s’il était d’accord en théorie avec mes préférences, en était fort contrarié, ou plutôt que contrarié, il était attristé, car il ressentait cela comme une maladie ou un malheur. Comme si son fils était né avec une difformité, aveugle, sourd ou manchot. Une fois, ivre, il avait dit — il croyait que je ne l’entendais pas — que le problème n’était pas que je sois pédé, ça n’était pas si grave, le problème était que j’allais beaucoup souffrir dans ce monde en étant pédé, et que pour cela même je devrais m’efforcer de ne pas l’être, suivre un traitement, et en cas d’échec tenter de me contrôler, ou du moins le dissimuler en faisant abstinence. C’est ce qu’on avait toujours conseillé de faire dans ma province d’Antioquia, ce que les curés m’avaient suggéré aussi, et en un sens je n’ai pu cesser d’être antioquègne.
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Nous n’étions plus des paysans comme grand-père, mais nous conservions le dernier arpent de sa terre, pour honorer sa mémoire, peut-être, et surtout pour le bonheur d’y assister au lever du soleil, de sentir ce que l’on éprouve — c’est une chose profonde et ancienne — quand on est dans un lieu que l’on sait à soi et d’où personne ne peut vous déloger. Je crois que c’est ce qui se passe partout, et c’est pour cela que les gens se tuent en Israël, en Ukraine et en Syrie.
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Ne pas avoir de terre, c’est comme ne pas avoir de vêtements, comme ne pas avoir de quoi manger. De même que pour vivre il faut de l’eau, de l’air et un foyer, nous sentons ici qu’il faut aussi une terre, sinon pour y vivre, du moins pour y mourir.
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Maman avait une théorie qui avait toujours guidé sa vie, et c’est que les vieux doivent acheter la compagnie des autres. Une fois, je l’ai entendue dire au téléphone à tante Mona, sa sœur :
- Écoute, Mona, je sais que nous les vieux on doit payer pour ne pas rester seuls, et c’est l’argent le mieux dépensé au monde. Aussi il ne faut pas donner de notre vivant l’héritage aux enfants, mais le leur lâcher petit à petit pour ne pas nous retrouver toutes seules et abandonnées dans un asile.
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Il faut dépasser la douleur, la surmonter, maîtriser ses sentiments, pour que la vie, ou plus exactement la mort, soit un peu moins insupportable ou un peu plus acceptable. (Page 12)
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On naît en croyant que les gens sont bons, jusqu'à ce que la vie apporte son démenti et nous démontre que, s'il existe des personnes bonnes, il y a, à côté de ça, des tas de gens très méchants, animés de mauvaises intentions, calculateurs, hypocrites et ingrats. Des gens au cœur minuscule, pas comme une mangue, mais comme une petite goyave verte et aigre.
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La nuit est le jour des scélérats [...].
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