AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,02

sur 177 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Flatland est un monde à 2 dimensions, dont les habitants sont des formes géométriques planes : triangles, carrés, polygones... le personnage que suivra le récit est un carré. Lors d'un rêve, il se retrouve propulsé à Lineland, monde à une dimension unique, peuplé de points et de lignes. Il veut alors leur faire comprendre qu'il existe une autre dimension. En vain, le roi de Lineland ne peut voir cette autre dimension et en rejette donc l'idée. Puis, un jour, au carré, héros du récit, apparaît ce qu'il prend pour un cercle. Ce dernier affirme être une sphère et lui révèle l'existence d'une 3ème dimension. D'abord incrédule, le carré finit par admettre la réalité de cette 3ème dimension et tente ensuite de partager cette connaissance avec son peuple qui la rejettera.

Ce point de départ semble loufoque et pourrait faire penser que "Flatland" sera un roman psychédélique tout droit sorti de l'esprit déjanté d'un drôle d'hurluberlu. Si Edwin Abbott est sans doute un étrange énergumène pour avoir imaginé un tel concept, "Flatland" est loin d'être une fantaisie absurde. Il s'agit, au contraire, d'une fable philosophico-mathématique. Si vous êtes allergique aux maths, n'ayez pas peur, ne fuyez pas "flatland" pour autant. L'auteur fait plutôt appel au bon sens du lecteur, à sa logique ainsi qu'à son esprit joueur et le convie à une réflexion finalement très ludique.

Le récit brasse des thèmes très intéressants de façon originale. L'un des thèmes développés porte sur l'importance du langage. Au commencement était le verbe, comme disait l'autre. Abbott rappelle que c'est le langage qui donne une réalité aux choses. Lorsque le carré affirme qu'il existe une 3ème dimension, on lui demande, pour prouver ses dires, de définir cette 3ème dimension. Mais comment définir le concept de hauteur lorsque aucun mot n'existe pour lui donner réalité ? Cette réflexion sur le langage rappelle un peu le propos de "1984" d'Orwell. Et ce thème trouve des échos encore aujourd'hui et nous rappelle les dangers de l'appauvrissement de la langue. Après tout, n'est-ce pas la réalité même de la notion de démocratie qui est visée lorsqu'en Chine, les moteurs de recherche ne donnent aucun résultat à une recherche sur ce mot ?

Le roman d'Abbott est aussi un plaidoyer pour l'ouverture d'esprit, appelant à ne pas se laisser enfermer dans ses certitudes. Après avoir suivi l'apprentissage du carré découvrant l'existence de la 3ème dimension alors même qu'il n'a pas les outils pour l'appréhender, pouvons-nous raisonnablement affirmer sans le moindre doute qu'il n'existe pas de 4ème, de 5ème (...) dimension ?

Le traitement réservé aux femmes, décrites comme des êtres inférieurs, peu intelligents, est tellement outrancier qu'il en devient amusant. Et on sent derrière ce portrait peu flatteur, proche du ridicule, l'intention de l'auteur de se moquer de la façon dont les femmes étaient perçues dans la société à son époque. C'est d'ailleurs toute la société victorienne, ultra-hiérarchisée, engoncée dans des principes réducteurs, qui est raillée dans "Flatland".

Paru en 1884 (seulement en 1968 en France !), "Flatland" est d'une modernité stupéfiante et aborde des thèmes universels et intemporels à travers un récit stimulant.

Challenge Petits plaisirs 16
Challenge Variété 11 (catégorie " un livre avec des personnages non-humain")
Commenter  J’apprécie          452
Ah ben dites, un truc pareil, ça scotche.
Ce roman m'a été recommandé par un gamin autiste, je comprends qu'il y ait trouvé son compte. le tour de force étant peut-être l'écriture d'un récit débarrassé de toute psychologie, purement factuel et pourtant romanesque , qui fait irrésistiblement penser aux voyages de Gulliver entre l'Île de Lilliput et le royaume de Brobdingnag.
Et puis cette écriture sur le fil, entre premier et second degré, sans que le lecteur puisse définir les intentions de l'auteur. Misogyne ou féministe ? Adorateur ou contempteur de la rationalité ? Laïc effaré par l'intolérance religieuse ou mystique rêvant d'une nouvelle révélation ? Conte philosophique ou dystopie ?
Pascal et Voltaire ont eu un fils caché, c'est Edwin Abbott.
Commenter  J’apprécie          403
Flatland est un roman de Science-Fiction, ou plutôt de Math-Fiction publié en 1884 en Angleterre.

On y suit l'histoire d'un carré dans un univers en deux dimensions qui explique les fondements arbitraires de sa société. À Flatland, le nombre d'angles que possède une personne représente son statut social. La coutume veut que la famille royale soit constituée de cercles, même si tout le monde sait qu'il s'agit simplement de polygones avec assez de faces pour avoir l'air vaguement ronds.

Bref, tout cela est une satire critique et efficace de la société victorienne de l'auteur, mais honnêtement, il pousse le délire assez loin. Il parle d'ascension sociale et y explique le rôle des femmes dans la société de façon ridicule et mathématique.

Puis il continue sa folie en inventant une machine qui lui permet d'aller explorer un univers à une seule dimension où les habitants sont des lignes, avec des coutumes toutes aussi arbitraires qu'il compare aux siennes. Puis il va visiter un univers à trois dimensions d'où il réussit à nous donner ce livre qu'il a écrit.

Tout ça en fait une lecture très originale, peut-être difficile à cause des concepts de géométrie et de mathématiques qui y ont une place importante. Ce n'est officiellement pas pour tout le monde, mais c'est définitivement une oeuvre intéressante.

(Le livre se trouve facilement en ligne, mais prenez la peine d'en chercher une version dans laquelle les illustrations sont bien représentées, ça facilite beaucoup la compréhension.)
Commenter  J’apprécie          350
Le héros de cette histoire est un carré vivant à Flatland, l'univers à deux dimensions. Il va faire une rencontre qui va changer à tout jamais sa vision du monde, celle d'un être venu de Spaceland, l'univers à trois dimensions.

Voici sans doute le texte le plus étrange que j'ai jamais lu. La description, dans le détail, de l'univers à deux dimensions et de sa surprenante population polygonale occupe la plus grande partie du roman, puis c'est à un véritable voyage interdimensionnel que nous convie Edwin A. Abbott. En plus des univers à deux et trois dimensions, on découvre l'univers à une dimension, et même celui qui n'en a aucune.

Plus qu'un roman, Flatland est un exercice de logique qui consiste à imaginer à quoi pourrait ressembler la vie avec une dimension de moins, mais également comment nous réagirions si nous découvrions l'existence de dimensions supplémentaires à celle que nous connaissons.

Contrairement à ce qu'on pourrait craindre, le texte est facile à lire et ne nécessite aucun bagage mathématique particulier. C'est une lecture courte, divertissante et qui ne ressemble à aucune autre.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
Commenter  J’apprécie          151
Pourquoi un carré est supérieur à une ligne, mais inférieur à un polygone ?
Pourquoi un triangle isocèle est plus respectable qu'un triangle classique mais moins respecté qu'un triangle équilatéral ?
Et pourquoi la ligne est elle une figure inférieure ?
Et si le pape est un cercle, qu'en est-il de la sphère ?
Dans un monde fait de figures géométriques, Edwin A. Abott nous amuse, brocarde les normes sociales, et tente de nous ôter nos oeillères.

Flatland est un monde, un pays, où il n'existe que deux dimensions : longueur et largeur. Les habitants se résument à des traits ou des figures géométriques. Plus vous avez d'angles, plus vous êtes élevé dans la hiérarchie sociale. Les femmes sont donc tout en bas des castes, elles se résument à des lignes. Les membres les plus éminents sont les cercles, les prêtres, en fait des polygones aux multiples côtés.
Leur monde comprend aussi ses déviants, les figures irrégulières : les lignes non droites ou les figures aux côtés non égaux. Ces figures perverses sont soient détruites, soient voués à l'esclavage. Reste aussi la lie de la société, ceux qui prônent l'existence d'une troisième dimension !

La proto SF, ce que j'en ai lu, est souvent une allégorie du présent, permettant une critique du système. Ici la condition féminine, la société de castes, la théocratie, les discriminations et l'ordre établi de cette société victorienne sont vus à à l'aune d'un possible progrès. Même si l'histoire est ancrée dans son époque, bien des éléments font encore réfléchir le lecteur. La condition féminine n'en finit pas de lutter, les discussions sur l'écriture inclusive, la féminisation des termes n'arrêtent pas de soulever d'intenses polémiques. La société de castes est de l'histoire ancienne, mais un fils d'ouvrier a toujours de très grandes chances de finir comme ses parents. Les politique de lutte contre les discriminations n'en finissent plus de discriminer....

Ne se suffisant pas à brocarder son époque, Edwin A. Abbott va plus loin en nous interrogeant sur nos croyances, nos certitudes, nos dogmes. Si un monde à trois dimensions est possible, qu'en est-il d'une quatrième ? A une époque, la terre était plate, le soleil tournait autour de la terre. Quelles certitudes d'aujourd'hui nous paraitrons illusoires dans quelques centaines d'années ? Les scientifiques qui lancent les théories sur les univers multiples font bien rigoler leur collègues. Et l'auteur de nous démontrer par l'absurde l'ouverture d'esprit à d'autres réalités. Bien joué.

Fable philosophique et allégorie, Flatland est aussi une dystopie totalitaire, les individus asservis dans le carcan de la pensée conformiste et des normes sociales. Très original, profondément autre, un livre à lire pour sortir de notre anthropomorphisme, de nos convictions, de nos préjugés. Des thématiques universelles avec un traitement intemporel et cynique.
Commenter  J’apprécie          142
Quel récit ingénieux et original ! Il illustre parfaitement cette incapacité que nous avons tous à imaginer mentalement des concepts qui vont au-delà de tout ce que nous connaissons.

Après ma lecture je vous avoue que j'ai essayé d'imaginer ces fameuses dimensions dont il est question et j'en ai été totalement incapable. Pauvre cerveau si limité alors que pourtant nous sommes capables d'imaginer tant de choses !

C'est comme si on vous demandait d'imaginer une couleur qui n'existe pas encore, ça m'a torturé les méninges.

J'ai trouvé tout celà terriblement original et très stimulant.
Commenter  J’apprécie          80
On sait depuis Lewis Caroll que, sous le sérieux et la rigueur du mathématicien, peuvent se cacher la fantaisie la plus débridée et les rêves les plus fous, et que « l'esprit de géométrie » et « l'esprit de finesse » font parfois (très) bon ménage. du moins en allait-il ainsi quand la manie des comptes n'avait pas encore chassé la magie des contes, qu'on cultivait davantage les mathématiques pour leurs beautés architectoniques que pour leur puissance de calcul et qu'elles vous faisaient de doux rêveurs plus que des traders fous.
« Flatland » (Le Plat Pays) d'Edwin Abott Abott, écrit en 1884, témoigne de cette époque heureuse où la science la plus sérieuse, non encore assujettie aux principes d'utilité et de rentabilité, pouvait ignorer que le temps c'est de l'argent et se permettre de folâtrer sur le chemin des écoliers. Il s'agit d'un divertissement mathématique qui propose une initiation aux dimensions géométriques. Flatland est en effet un monde en deux dimensions, un simple plan donc, qui s'étend indéfiniment, et sur lequel vivent et se déplacent des hommes et des femmes aux figures multiples, qui vont de la ligne sans profondeur (toutes les femmes… humour misogyne oblige) aux polygones plus ou moins réguliers et aux cercles parfaits (l'élite des prêtres et des dirigeants), en passant par les différentes sortes de triangles (pour les classes laborieuses et inférieures) et les carrés, pentagones, hexagones, octogones etc. (pour les classes moyennes et supérieures). La position sociale de chacun dépend donc du nombre et de la régularité de ses côtés (l'irrégularité frisant la déviation criminelle), et tous s'activent toute leur vie à préserver et parfaire leur configuration (véritable patrimoine). Car il ne faudrait pas croire que c'est le calme plat dans ce monde tout en surface certes, mais néanmoins complexe et hiérarchisé. Avec un mélange d'humour potache et de critique sociale utopiste, l'auteur nous entraîne dans une enquête ethnologique qui se double d'un véritable récit d'aventures. le héros et narrateur de l'histoire (notre informateur indigène) est un Carré de la classe moyenne et intellectuelle, qui exerce évidemment la profession de géomètre. C'est lui qui nous présente les lieux et les gens, les us et coutumes, les croyances et les institutions de ce monde étrange, et qui nous en raconte aussi l'histoire (avec l'épisode de la Sédition des Couleurs). C'est lui surtout qui témoigne des extraordinaires aventures qui vont sceller à jamais son destin.
Comme Gulliver en effet (son père putatif, qui a dû l'engendrer en croisant un jour Alice sur son chemin), il a eu le dangereux privilège de voyager dans les autres dimensions. À « Lineland » d'abord, un monde à une seule dimension où il fut parachuté en rêve et où il s'entretient avec une ligne qu'il a d'abord pris pour une femme un peu bizarre, et qui se révèle être le monarque du pays. À « Spaceland » ensuite, dont un ressortissant en forme de Sphère est d'abord venu lui rendre visite en lui jouant des tours pendables, avant de lui dévoiler les paysages et les créatures merveilleux (et quasi divins) d'un univers en trois dimensions (cubes, pyramides, cylindres, etc.)… de quoi lui tourner définitivement la tête et précipiter son sort (dissidence et prison à perpétuité)… de quoi aussi contaminer et faire vaciller nos certitudes et nos habitudes les mieux établies, en nous faisant semblablement et irrésistiblement nous projeter dans une quatrième, une cinquième, une xième dimension… que nous savons mathématiquement et ontologiquement réelle et que nous tremblons de découvrir physiquement possible.
Commenter  J’apprécie          60
Flatland est un petit bijou de la fin du XIXe siècle. le narrateur est un Carré, et oui : on parle bien ici de la figure géométrique. Mais il n'est pas n'importe quel Carré : il est mathématicien et il vit à Flatland, un pays aux moeurs forcément étranges puisqu'il ne comporte que deux dimensions. Ce sont d'ailleurs ces moeurs qui nous sont décrites dans la première partie du roman, et c'est aussi là qu'il ne faut pas perdre de vue l'époque à laquelle ce livre a été écrit.

La suite sur mon blog :
Lien : http://tagrawlaineqqiqi.word..
Commenter  J’apprécie          50
Je me suis mise à lire Flatland après en avoir entendu parler comme l'un des premiers romans de science-fiction, mais aussi comme ouvrage recommandé à la fois aux étudiants en sciences et aux personnes réfractaires aux mathématiques. Un tel paradoxe m'a interpellée et, étant moi-même peu douée en cette matière, je me suis lancée avec curiosité dans ce petit livre.

Le roman est partagé en deux : dans une première partie, le narrateur, Carré de son état, nous décrit les us et coutumes de Flatland. Dans une deuxième partie, il partage ses impressions quant à l'apparition de la Sphère et sa découverte de mondes en une, puis trois, puis aucune dimension. le tout, schémas à l'appui.

Si quelques rudiments en géométrie me semblent nécessaires pour bien se représenter ce monde original, il est vrai que la lecture est non seulement facile, mais très agréable, que nous soyons doués en sciences ou pas du tout. Certains passages sont même amusants car, au-delà du discours du Carré, nous percevons la satire de l'époque victorienne de l'auteur. Flatland est aussi une allégorie religieuse, ce qui ne surprend pas vu qu'Edwin Abbott étudiait la théologie.

Mais le thème principal concerne bien évidemment notre perception du monde. [Lire la suite de la critique sur le site de la Lune Mauve]
Lien : http://www.lalunemauve.fr/ec..
Commenter  J’apprécie          50
C'est l'histoire d'un carré qui vit dans un monde en 2D. Dit comme ça... on est loin de se douter que l'on s'embarque dans un vrai voyage géométrique !
Dans ce monde plat, la société est hyper hiérarchisée, avec son lot d'inégalités sociales. Il s'agirait d'une satire de la société victorienne, avec une mention spéciale pour la place accordée aux femmes, réputées pour ne pas être très fut-fut. D'ailleurs ne dit-on pas que les triangles équilatéraux sont "des créatures presque aussi dépourvues d'intelligence que les Femmes". Mais tout de même "(...) à Flatland une femelle est une créature avec laquelle il ne fait pas bon plaisanter."
Bien que cette fable ait été publiée en 1884, l'auteur avait anticipé le bug de l'an 2000 avec l'arrivée soudaine d'un objet en 3 dimensions, pile au changement de millénaire et qui vient bouleverser toutes les croyances de notre carré ! La sphère va lui faire découvrir son monde en 3D, Spaceland, et s'employer à lui expliquer la notion de solides, "en employant des méthodes si simples, si faciles, que même une Femme les aurait comprises." (Oui, il y a une majuscule à 'Femme', R-E-S-P-E-C-T quand même !). Ces théories sont forcément mal accueillies par les autorités de Flatland, l'occasion pour l'auteur de dénoncer l'obscurantisme scientifique, le déni et l'entêtement à ne considérer que sa propre existence.
En résumé, "Don't look up" !
Commenter  J’apprécie          40



Autres livres de Edwin A. Abbott (1) Voir plus

Lecteurs (476) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4884 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}