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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Une histoire d'amour avant tout. Celle d'une fillette libanaise envers son père qu'elle voit comme son géant, son protecteur, le premier homme de sa vie. Il l'amène à l'école, la récupère lorsque les bombardements sont plus intenses. Bref la figure paternelle par excellence à tel point que je me suis demandée si la mère existait aux yeux de cet enfant : oui mais une relation moins puissante et de loin. Puis il y a l'exil, le frère, la fillette et la mère parte vivre sous de meilleurs cieux en France et quittent le Liban miné par la guerre civile. le père lui reste et c'est la vie de cette jeune fille qui s'en trouve désorientée et même déracinée. Elle oublie totalement le Liban et vit sa vie de française dans jamais penser à ses origines surtout lorsqu'elle grandira.

L'écriture est belle mais c'est dommage je n'ai pas ressenti plus d'affinités que ça avec les personnages de la fille ou du père dont les voix sont alternées. Les chapitres sont courts, éphémères, poétiques mais les mots ne m'ont pas touchée autre mesure. Rien à voir avec la qualité du texte, ce sont des goûts personnels : on aime ou pas.

Livre lu dans le cadre du prix des lecteurs pour l'escale du livre à Bordeaux !
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Une belle lecture sur un thème passionnant: l'exil, ses ramifications et ses inflorescences.

Dima Abdallah nous emmène au Liban entre 1983 et 2019. Elle nous livre le récit d'une enfant vivant dans son pays en guerre et sa relation avec son père, géant protecteur et distant.
Les deux protagonistes seront séparés par la vie et la guerre à ses douze ans et leurs deux destinées se tracent alors et s'entrecroisent.

L'auteur alterne entre la voix de la fille et celle de son père, débutant par un ton presque froid pour décrire ces deux personnages, mais paradoxalement, la description du lien par la poignée de main dessine un enjeu immédiatement perceptible et très intime.
" Je connais les mains de mon géant comme si je les avais moi-même façonnées. [...] J'en connais l'odeur, j'en connais le taux d'humidité [...]".

Elle déploie une écriture très imagée autour de la fuite, du déménagement et de la gestion des souvenirs. Et cette angoisse qui rattrape les personnages une fois que la fuite n'est plus possible : "Peut-être que le calme après la tempête, c'est le pire, qu'on ne déménage plus assez souvent pour pouvoir laisser les cauchemars coincés dans les murs qu'on a quittés."
Par ailleurs, l'autrice travaille le rythme de sa narration de manière assez émotive.
Elle s'emporte dans un rythme charrié de colères, où les phrases raccourcissent et usent de structures répétitives qui traduisent l'injustice.
Elle larmoie parfois un peu trop _à mon goût_ sur le personnage de Sandrine, miroir et repère pour la jeune fille.

Elle raconte très bien la gestion des émotions et surtout leur refoulement et la difficulté d'accéder à ses souvenirs ensuite.
" A chaque fois que mon chagrin essaye de faire monter les larmes jusqu'à mes yeux, je les fais redescendre avec une bouchée de nourriture. J'avale et je fais redescendre la boule dans ma gorge jusqu'au plus profond de mon ventre. "

A contrario, le père de la jeune fille ne peut, lui, réussir à s'exprimer : il est "trop tard pour parler d'autre chose que des prunes vertes, des jasmins et des potagers."

Ce sont vraiment deux personnages beaux, complexes et émouvants que l'on côtoie ici, j'aurais eu envie d'aller plus avant avec eux et de découvrir le frère et la mère par leurs voix propres (mais ce n'est pas le propos du roman).

Le personnage de la fille suivra sa propre route, et j'ai trouvé très beau cette idée de se mettre à semer des pépins et des noyaux de ses poches partout on on se rend, comme un automatisme, sans penser à leur réussite ou non.
J'essaierai de la mettre en pratique.

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Le roman d'un style assez poétique ne se focalise que sur la relation entre le père et la fille. On ne comprend pas ce qu'il leur arrive, comment ils vivent, quel est leur entourage. Il assez court mais m'a paru très long, beaucoup de redites, avec le système à deux voix, on raconte les mêmes choses et le style est dans la répétition ... et dans l'ennui pour moi. Il m'a semblé interminable alors qu'il est assez court. J'ai fini par une lecture rapide, ce que je déteste pour un roman !
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J'ai trouvé très belles les premières pages de ce roman qui débordent de l'amour d'une petite fille pour son père. L'alternance des narrateurs était intéressante, mais mon intérêt s'est vite émoussé. le contexte, la guerre au Liban dans les années 80, puis l'exil et le déracinement ne sont abordés que du point de vue du ressenti, les souvenirs doux-amers de la fille, le poids qu'elle charrie sans qu'il soit bien défini et l'amertume, voire la dépression du père. Je ne sais plus qui a dit que les livres qu'on aime sont ceux qui nous parle de nous. Ce roman ne m'a pas parlé. J'ai même eu par instants le sentiment d'être une intruse, de lire le journal intime ou les lettres de quelqu'un d'autre. J'imagine qu'il y a un beaucoup de l'autrice dans ce roman ; j'espère que son écriture l'aura allégée. Je ne conseille pas cette lecture à quelqu'un qui veut en savoir plus sur Liban, ce n'est pas le propos du livre.
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Quelque soit une guerre - civile, religieuse ou autre - elle laisse des traumatismes.
Ce livre nous restitue remarquablement avec une très belle écriture, ce traumatisme d'une enfant, qui deviendra grande et pour qui il faudra de nombreuses années pour se reconstruire.
Une atmosphère lourde et pesante qui assombrie cette lecture. Mais le dernier chapitre redonne espoir.

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Dima Abdallah nous emmène dans ce Liban meurtri de cette guerre civile des années 1980, et nous l'accompagnons ensuite en France, dans sa capitale, là où elle se résout à prendre racines, après quelques allers-retours à Beyrouth. Mauvaises herbes n'est pas un roman qu'il faut lire comme tel, il réclame patience, délicatesse et circonspection, le temps qu'il faut après tout pour voir ses plants s'épanouir. Il faut les lire comme des lettres, que l'auteure s'adresse à elle-même, qu'elle adresse à son père, que lui-même, sur la base de son imaginaire, lui adresse. Sur cette famille hybride de quatre membres, aux enfants, qui ont lentement mûri sous le soleil libanais, entre église maronite et islam, s'identifiant à la fois à tout le monde et personne, seules les voix du père et de la fille ont droit au chapitre, c'est assez déconcertant. Les silhouettes maternelles et fraternelles, muettes et fuyantes, hantent le texte, ici et là, sans que jamais la narratrice leur laisse la moindre place pour s'exprimer. Ce n'est pas un échange, pas plus qu'un dialogue, c'est l'émotion, le regret d'une âpreté incommodante et fugace, la nostalgie douceâtre d'une rencontre manquée entre une fille désormais adulte et son père, resté à Beyrouth, alors même que le reste de la famille trouvait refuge en France sous l'impulsion maternelle.

La clef de ce roman réside donc dans cette relation filiale ou personne d'autre qu'eux n'a sa place: la relation avec la mère est surement apaisée comme je me l'imagine, à défaut d'avoir la moindre réponse à cette interrogation, mon imagination a paré à cette absence. Quant au lien avec le frère, il reste encore plus énigmatique. Empruntant les mots qu'ils n'ont jamais eus l'un pour l'autre, l'adulte qu'elle est devenue revisite son histoire avec un père qui a le mot rare et peu généreux et qui choisit de s'effacer de la vie de ce noyau familial. Comment comprendre ce père absent, ce père muet, autrement qu'en retraçant avec un brin de mélancolie leur histoire à tous les deux, son enfance dans ce pays en guerre, dans lequel il est fait prisonnier: reconstituer son départ en France, reconstruire leur relation, de silences, de mensonges, de bienveillance, de gestes d'amour, anodins, mais bien présents. Elle se rattache à ces herbes, la marjolaine qui constitue le mince fil qui la relie encore à cette figure paternelle absente. J'ai apprécié la sensibilité de l'auteure, cette délicatesse dont elle fait preuve face au père, cette façon qu'elle a de ne pas s'acharner à essayer de briser ce silence, empruntant plutôt le langage herboriste et celui de la littérature pour tenter de nouer un dialogue, quand bien même fictif, avec lui.

Dima Abdallah revit cette guerre, au centre de tout, de leur vie, de leur départ, de l'éclatement familial, cette guerre qui n'est pas la sienne mais celle de son père, de ses parents, les dissensions ethniques, religieuses qui déchirent le pays et qui déchire sa propre famille, les musulmans d'un côté, les maronites de l'autre. Elle revit, explore, comprend et s'agace, elle recrée la voix de ce père tant aimé, elle recherche les mots d'amour, même les gestes, qu'il est incapable de lui prodiguer, consumé qu'il l'est par ce conflit fratricide au sein de la ville tant aimée, mais détruite, dont les ruines et les cendres rappellent celles de ce père anéanti, dévasté, qui utilise ses dernières forces à poser ses ultimes mots sur un papier.

Ai-je aimé ce roman? Je n'ai honnêtement aucun avis tranché à vous donner. Je n'ai pas franchement détesté, j'ai été sensible à cette fille à la recherche d'un père insaisissable, qui fait l'impossible pour le comprendre, renouer avec lui à leur façon. En revanche, j'ai eu du mal à m'adapter à ce mode de narration, très sélectif, à travers lequel l'auteure met un point d'honneur à en dévoiler le moins possible. Je suis très clairement restée sur ma faim, j'aurais aimé en savoir plus sur cette jeune femme qui essaie de se construire malgré l'absence coupable du père, j'aurais aimé en connaitre plus sur cette famille, sur leur rapport avec la narratrice. Sur les circonstances de cette séparation, sur les relations avec la mère, le frère, sur la vie dans le Beyrouth des années 80. Beaucoup de silence, d'omissions, de questions laissées sans réponses, trop justement. Des années entières sont tues, cette barrière de protection qu'elle a obstinément dressée entre son lecteur et le reste de sa vie devient trop opaque à mesure que son histoire prenne forme pour que l'on ne finisse pas déboussolé. Tout juste sait-on que ses parents se sont rencontrés à l'université, que c'est là-bas qu'ils sont tombés amoureux, nous n'en saurons guère plus. Pourquoi le père prend-il le parti de rester dans ce Liban en guerre alors que la mère décide de sortir ses enfants de là? On le ressent, cet attachement profond et vital du père à son pays, plus viscéral que le lien qui le rattache à sa propre famille, on l'éprouve ce déracinement qui secoue la jeune femme, cette nostalgie douce-amère d'un pays qui lui manque même si elle ne s'y est jamais sentie à sa place. Mais elle est de ces Mauvaises herbes qui arrivent à pousser n'importe ou, malgré tout.

L'essentiel, après tout, est de savoir si la jeune fille déracinée finira par trouver un terreau où planter ses racines, repiquer ses plants, durablement. On savoure ce double langage, botanique et littéraire, qu'elle empreinte pour parler des seuls liens qui rattachent son père à la vie, et plus que tout, cette jeune femme à son père. Apprendre à comprendre, apprendre à ne pas pouvoir comprendre, apprendre à accepter, apprendre à lâcher prise, à oublier les démons qui ne sont pas, ou plus, les siens, et comprendre qu'après tout, la vie n'est pas plus compliquée qu'un morceau de vieux comté et d'un brin de causette chez la fromagère du coin. La résilience. Un compromis entre l'ici et là-bas, une greffe soignée et aboutie. Enfin. On expire, profondément, on reprend haleine avec notre narratrice, cette auteure en devenir, qui a enfin trouvé le moyen de se délester de son bagage, de créer et cultiver son propre jardin littéraire, à travers ses propres feuilles, blanches.

C'est un roman qui se lit un peu comme on respire, on hume, on exhale le parfum d'une fleur, en inspirant à plein poumons pour mieux s'imprégner de son parfum. Puis en expirant, pour revenir la respirer de temps en temps. C'est un livre débordant de poésie, que la légèreté de la trame narrative peut aisément dérouter. le récit, en revanche, n'est jamais asphyxié par la gravité du sujet. Installez-vous confortablement et dégustez!
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Cette autrice, originaire du Liban, a écrit deux livres et il s'agit ici de son premier.
Nous plongeons dans le Liban de la guerre, des milices, des destructions ; nous plongeons aussi dans une relation fusionnelle entre un père et sa fille des 3 ans de celle-ci à ses 40 ans, de Beyrouth à Paris, d'appartement en appartement, de balcons fleuris en balcons fleuris.
Cette relation est à la fois douce et belle mais également destructrice puisqu'elle empêche, au sens propre du terme, les deux protagonistes de respirer.
L'écriture est magnifique, fluide ; mais j'ai, personnellement, trouvé ce livre trop triste. Il pourrait avoir tendance, si ce n'était la fin (et encore !) à démolir notre moral. Il faut être en forme pour le lire, je le déconseille à tous ceux dont le moral est en berne...
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Une fillette et son père dans un Liban dévasté par la guerre civile.
Cette fille cache sa peur, ses sentiments. Et le père, infaillible en apparence, cache une faiblesse (si c'en est une ) : ne pas aller au conflit, ne pas prendre parti, pour pouvoir continuer de vivre, d'écrire, de protéger les siens. Ce qui le détruira.

Chaque chapitre est une tranche de vie. L'ordre chronologique est respecté mais parfois plusieurs années se passent avant de retrouver nos narrateurs (le narrateur varie d'un chapitre à l'autre : une fois la fille, une fois le père).
L'enfance au Liban, l'exil de la fillette vers la France, la découverte de Paris, la fugue, l'entrée dans l'âge adulte...

Le style est celui de l'introspection (chez le père comme chez la fille) . L'écriture devient indigeste au bout d'un moment : beaucoup de petites phrases choc, plutôt bien tournées, qui se veulent définitives, et qui sont malheureusement redondantes puisqu'on a l'impression que l'évocation d'un sentiment est très souvent étirée sur 2 pages. Bref, une certaine lassitude à la fin de l'ouvrage...
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Dans les années 80, dans un Beyrouth dévasté, la narratrice vit une relation aimante avec son père qu'elle nomme le géant. Alors que ses années d'enfance ne devraient être qu'insouciance, elle subit les conséquences de la guerre civile qui sévit au Liban, laissant le pays exsangue.
Père et fille sont unis par leur amour des plantes, et surtout des mauvaises herbes, qui leur ressemblent tant, eux qui n'appartiennent à aucun groupe, qu'il soit politique ou religieux, libres comme ces herbes folles.
Exilée en France à l'âge de 12 ans, sans son père, elle garde au fond du coeur ces heures de complicité ainsi la vie, l'absence et les silences, les éloignent progressivement l'un de l'autre...
Mais ce que son père lui a légué de plus précieux demeurera : la liberté de penser.

Un roman à deux voix qui distille au fil des pages les peurs inavouées, les ressentis de chacun, leurs doutes et leurs bruyants silences.
Un texte sensible et délicat aux odeurs de jasmin et de marjolaine, plutôt doux parfois amer car restent indélébiles le manque et la violence de la séparation.
Le rythme saccadé impose une lecture soutenue avec certains passages où le lecteur se perd, s'ennuie et s'interroge mais cela ne dure que quelques instants tant le verbiage est beau.
Un premier roman riche à découvrir sans hésiter.
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Livre très bien écrit, mais les aller/retour entre les 2 protagonistes n'a pas réussi à m'entrainer dans le voyage. Si l'émotion recherchée était visible, elle ne m'a pas touché suffisamment. Ce n'est pas un livre pour moi mais je pense qu'il peut trouver son public car une vraie qualité d'écriture.
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