Autour de moi, mes camarades se sont mis à crier. Leur hargne se mêlait à leur désespoir, leur désespoir à leur peur et leur fusil parlait à leur place. Ils tiraient ! Ils tiraient ! Vous comprenez ?
Lorsqu’ils sont venus dans mon village, ils ont demandé à mon grand frère s’il était prêt à rejoindre la milice. Il avait tout juste 17 ans et il a dit non ; ils lui ont tiré une balle dans la tête. Ensuite ils m’ont demandé si je voulais m’engager, alors qu’est-ce que je pouvais faire – je ne voulais pas mourir.
Nous étions vêtus de treillis et de bottes conçus pour notre petite taille. Mais qui coud des treillis pour des enfants ?
J'ai été enrôlé dans un conflit qui n'était pas le mien. J'ai combattu pour des idées qui n'étaient pas les miennes. J'ai été à la merci d'hommes qui possèdent quelque chose qu'aucun homme ne devrait posséder : le pouvoir de disposer de l'autre.
(...) je ne peux pas m'empêcher de penser que, quand on te donne quelque chose, il y a une main au-dessus et une main au-dessous.
C'est une mission difficile. Il s'agit de pardonner l'impardonnable. Il n'y a pas d'avenir pour un pays sans pardon et il nous faut reconnaître un passé commun, aussi effroyable soit-il.