AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Peine perdue (173)

Antoine
Il sent son cœur battre dans sa tête. Ça et son souffle, ça prend toute la place. Les voitures sur le bitume humide, les moteurs les pneus, tout s’agrège en bouillie sourde à l’arrière plan. Les lumières comme des traînées orange et rouges, les palmiers les guirlandes, les néons les lampadaires, les cafés les boutiques, ça passe. Des masses plus ou moins claires, imprécises. L’hôtel où bosse Marion, ménage des chambres et petits déjeuners, son enseigne façon Los Angeles Hotel California, le mal de chien que ça lui fait de l’imaginer coucher avec l’autre connard à chemisette de VRP, le garage où il puait l’huile de moteur il y a encore un an, avant que le patron le vire parce qu’il se défonçait pendant les pauses, la clinique où le petit est né et la morsure de ne plus le voir tous les jours, ça passe. Il accélère et ça passe. La douleur dans les jambes et les poumons, les muscles qui éclatent et le souffle qui manque, l’impression d’être au bord de tomber dans les pommes, ça fait tout passer.
Commenter  J’apprécie          00
A huit heures trente, ils en sont toujours là, elle est en
retard, elle doit vraiment partir et elle sent bien que le gamin
commence à se crisper et que son visage se déforme en grimace
déçue. Dans la salle de bains elle entend Marco souffler qu'il voit
venir le truc gros comme un camion depuis déjà une heure. Dans sa
barbe il marmonne que c'est toujours pareil, qu'on ne peut pas lui
faire confiance à ce petit con. Quand il dit ça il parle d'Antoine, ils
ont à peu près le même âge mais Marco parle toujours de lui comme
si c'était un gosse, un gamin de trente berges défoncé au shit et à
peu près incapable de vivre comme il faut. Elle a beau n'être pas très
loin de penser la même chose, Antoine et elle, ça a beau être du
passé, elle n'aime pas trop qu'on parle de lui comme ça. Surtout
devant le gamin. Et surtout Marco. Qui déboule la serviette autour
de la taille tandis qu'elle enfile sa veste, attrape son sac et les clés de
la bagnole. Elle l'entend grogner que pour une fois qu'il prend sa
journée il va avoir le petit sur les bras, mais qu'est-ce qu'elle y
peut ?
Commenter  J’apprécie          00
Je t'aide mais tu te prends en main. Une manière de montrer que ma fille ne sera jamais un de ces assistés qui vivent sur le dos du pays pendant que les autres se crèvent la paillasse. Pour un mec qui a pris sa retraite à cinquante-cinq ans et qui depuis regarde monter ses actions à chaque fois qu'on délocalise une usine, tu parles d'un monument de rigueur morale et de sens du travail ...
Commenter  J’apprécie          60
Il mesure combien cette fatigue d'être devenu vieux, il l'a accueillie avec complaisance, combien il s'y est vautré. Combien il a volontairement succombé au ralentissement, sans lutter vraiment, surjouant une vieillesse avérée mais pas si vorace malgré tout. Il mesure combien peu à peu il l'a érigée en rempart, en excuse, en repli.
Commenter  J’apprécie          50
Je garde le meilleur pour la fin. Parait qu'il disait ça à tout bout de champ quand il était môme. Qu'il mangeait, travaillait, conduisait sa vie entière en suivant ce mantra. Tu ferais mieux de changer de devise avant qu'il soit trop tard, lui disait son père. Parce qu'il y a un moment où t'es si près de la fin que le meilleur, t'as même plus la force d'y penser.
Commenter  J’apprécie          90
Il lui arrive si souvent d'envisager de vivre sans lui. D'imaginer ce que pourrait être sa vie si elle le quittait. Bien sûr elle imagine qu'on peut dire qu'ils s'aiment. Même si pour prononcer une telle phrase il faut s’accommoder de ce que devient irrémédiablement un couple au fil des années. Elle est comme tout le monde. Parfois ce feu un peu éteint, cette tiédeur quotidienne, cette union solide et raisonnable, dépassionnée, est aussi confortable qu'un bain à température idéale. Une délicieuse paresse. Et à d'autres moments ça l'irrite, l'engonce. Et elle se sent comme un animal domestiqué, anesthésié, tenu par une laisse que pourtant personne ne serre dans sa main. A part peut-être elle-même.
Commenter  J’apprécie          40
C'est un long apprentissage parfois que de savoir rejoindre enfin la vie qui nous va. Qui nous attend.
Commenter  J’apprécie          60
La nostalgie est pour lui comme une écharde dans le poumon, elle le sait. Il n'a jamais bien supporté que les choses puissent s'achever. Que le temps puisse passer. Que ses enfants puissent grandir. Que la vie coule toujours dans le même sens. Et que rien ne soit rattrapable.
Commenter  J’apprécie          110
Une solution elle, elle en a une. Qui conviendrait à des millions de gens dans son genre : un boulot à plein temps correctement payé.
Commenter  J’apprécie          80
Quand il revient tout est oublié. Il a son bon sourire aux lèvres parce qu'il vient de se rappeler une blague qu'Alex ne connaît sûrement pas et qui va le faire marrer. En général il a du mal à aller jusqu'au bout tellement il se marre à l'avance. De toute façon Alex ne comprend jamais rien aux blagues. Il a autant d'humour qu'une huître. C'est ce que Sarah lui dit tout le temps. Ca lui rappelle sa mère qui lui sortait toujours le même truc quand il ramenait ses notes à la maison : Mais c'est pas possible ce gamin. T'as un QI de bulot ma parole. Putain qu'est-ce qu'elles ont toutes avec les fruits de mer ?
Commenter  J’apprécie          80






    Lecteurs (1455) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Olivier ADAM : cinéma

    Quel acteur tient le rôle principal (Paul) dans l'adaptation cinéma "Des vents contraires", qui sortira à la fin de l'année 2011 ?

    Romain Duris
    Benoît Magimel
    Olivier Sitruk
    Edouard Baer

    8 questions
    157 lecteurs ont répondu
    Thème : Olivier AdamCréer un quiz sur ce livre

    {* *}