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EAN : 9782879295848
228 pages
Editions de l'Olivier (23/08/2007)
3.64/5   861 notes
Résumé :
Marie se sent mal dans sa vie. Seuls, son mari et ses enfants semblent la rattacher à sa vie. Mais, lorsqu'elle rencontre des immigrés clandestins, elle décide de les aider en leur donnant tout ce qu'elle possède: vêtements, argent... La jeune femme n'arrive plus à discerner ses priorités et délaisse les siens au profit de ces hommes qui ont tout quitté pour un monde meilleur, s'enfonçant dans la dépression.

Entrainée par une force irrésistible, el... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (130) Voir plus Ajouter une critique
3,64

sur 861 notes
Marie est une jeune femme, mariée à Stéphane, chauffeur de bus, mère de deux adorables enfants, Lucas et Lise. Elle ne travaille plus depuis qu'elle a fait une dépression dont Stéphane l'en a sortie et s'ennuie chez elle. Elle croule sous les tâches quotidiennes et banales qui lui pèsent de plus en plus chaque jour. Ils vivent dans un lotissement de pavillons aux maisons toutes identiques et aux rues mortes. Marie ne s'intéresse plus à rien, délaisse sa maison et se remet péniblement de la mort de sa soeur Clara, tuée dans un accident de voiture.
Les fins de mois étant difficiles, rien ne va plus dans cette maison. Stéphane lui reproche sa désinvolture et son insouciance.
Un soir, alors qu'elle tombe en panne de voiture, elle est secourue par un homme presque tombé du ciel qui lui la répare. Il repart sans décliner son identité et sans réclamer quoi que ce soit.
Au hasard de ses promenades au bord de mer, elle retombe sur lui. Elle se rend compte que c'est un Kosovar, qu'il vit dans la rue et fait tout son possible pour pouvoir rejoindre l'Angleterre. Prise au dépourvu par Isabelle qui l'entraine dans les tentes et lui demande de l'aide pour la distribution des repas, elle le fait sans réfléchir et cela lui apporte finalement un sens à donner à sa vie. Elle se sent enfin utile et continuera ainsi à venir en aide à tous ces gens en détresse humaine et sociale...

Confrontée à la misère humaine, bien plus forte que la sienne, Marie fait partie de ces gens qui se donnent à fond dans ce qu'ils entreprennent et cela leur permet de donner un sens à leur propre vie. Olivier Adam signe ici le portrait d'une femme dont la vie calme et parfois triste lui rendait finalement une bien pauvre image d'elle-même.
A l'écriture hachée et tendue, des phrases sans virgules marquant un certain rythme et l'urgence de la situation, ce roman fait la part belle aux beaux sentiments. A la fois poignant, parfois cruel, ce récit d'une grande intensité nous plonge dans la vie, ou plutôt la survie, parfois l'horreur des Kosovars. Entre lucidité et désespoir, Olivier Adam nous livre un roman réellement touchant.

Nous ne sommes … A l'abri de rien...
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On retrouve ici l'écriture d'Olivier Adam : saccadée, en apnée, sans règles de ponctuation. Ici, c'est l'histoire de Marie, de sa descente aux enfers, d'une descente sans vraiment de raisons, d'un rebond et de nouveau cette chute dans le vide. Rien de logique, sans raison évidente, Marie n'a plus d'envie, plus de désir, plus d'objectif... La rencontre avec les réfugiés lui donne un sursaut de vie, une parenthèse dans cette chute, pour finalement la replonger dans le gouffre. L'ambiance de l'histoire est plombée, grise, humide comme l'est cette région de France, près de Calais ; comme est la vie de cette mère de famille.
L'auteur installe une ambiance et s'y tient...
A l'abri de rien, où chacun peut se trouver, un jour, sans raison, sans explication...
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Un livre douloureux dont on ne sort pas indemne. Marie, mariée et mère de deux enfants - Lucas et Lise - traverse une période difficile, dont on comprend qu'elle n'a pas débuté la veille. Au chômage, elle est en pleine dépression, erre toute la journée dans son petit pavillon gris, au jardin à l'abandon, les jours succédant à l'ennui. Elle n'a d'énergie pour rien, le quotidien ne constitue qu'une longue série de tâches dont elle ne parvient à s'acquitter. Epoux et enfants observent cette détresse sans pouvoir la soulager.
Par hasard, elle se trouve confrontée à des migrants (on imagine sans peine que l'action se déroule à Calais ou dans ses environs) qui subsistent grâce au bénévolat de quelques locaux très investis. Marie va venir aider Isabelle, une femme qui donne de son temps et de sa personne pour venir en aide à des hommes dans la misère.
Le contexte - l'humanitaire, la clandestinité, la fermeture du camp - ne constitue que la toile de fond du désespoir de Marie ; ce n'est qu'un prétexte qui vient renforcer, comme un écho, la souffrance psychique de la narratrice qui se noie, au fil des pages, que rien ne retient de sombrer définitivement, même pas des enfants dont la propre souffrance est très bien amenée.
C'est triste, c'est dur, le style est impeccable. On compatit aux efforts désespérés de Marie pour sortir la tête de l'eau (deuxième métaphore autour de la noyade, mais le roman sent le sel de l'océan, la froideur du climat et le vent glacé) et on se prend à espérer un sursaut, un deus ex machina qui la guérira, comme si "guérir" d'une dépression était, pour le temps d'un roman au moins, facile.
J'ai aimé, donc.
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Marie l'héroine du roman va rencontrer par hasard ' un sans papiers ' , elle va prendre le problème de plein fouet sans prendre de recul , en fait , elle est incapable d'en prendre .
Elle va tout donner pour cette cause , en mettant même de côté sa vie de famille , heureusement pour elle , son entourage veille sur elle .
Un roman déroutant sur ce problème de société des sans papiers mais aussi sur ce qui sépare la normalité de la folie , car Marie est une femme qui ne connaît pas de demi-mesure , qui va essayer de sauver des inconnus jusq'à se perdre elle-même .
J'ai un avis assez mitigé sur ce roman , j'ai moyennement apprécié .
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Que voilà un roman qui s'annonce passionnant, prompt à sonder les reins et les coeurs, car franchement pourquoi lire si ce n'est pour réfléchir à nos valeurs et les confronter aux autres? J'aime ces histoires où chacun a ses raisons, raisonnables et légitimes, mais difficilement conciliables. J'aime ces histoires parce qu'elles me font réfléchir et m'enseignent l'humilité (et j'en ai besoin). Soit deux femmes généreuses prêtes à tout pour soulager des réfugiés abandonnés de tous, soit une famille qui se demande jusqu'où souffrir pour qu'une mère voie à nouveau ses enfants comme des personnes dignes d'intérêt. Pourquoi aidons-nous les autres? Par humanisme ? Par ennui? Pour pouvoir se regarder dans une glace? Jusqu'où les aider? Saint-Martin ne donna au mendiant que la moitié de son manteau parce qu'il n'était pas propriétaire de l'autre moitié : donner, oui. Se dépouiller, pourquoi pas? Mais ne pas proposer ce qui ne nous appartient pas, même au nom d'intérêts supérieurs. Et à qui donner? Pourquoi aider le réfugié plutôt que le SDF? Par romantisme ?
J'imagine ce que Philipp Roth pourrait tirer de toutes ces ambiguïtés... mais c'est Olivier Adam qui s'y est collé et très vite on comprend qu'il ne faudra pas compter sur trop de subtilité. La vie n'est pas compliquée, ben non, tout est simple et explicable. Si Marie aide les réfugiés au-delà du raisonnable, c'est tout bêtement parce qu'elle est gravement dépressive. Ah, d'accord. Et pourquoi l'est-elle? Parce que sa soeur est morte. Vous m'en direz tant. Moi qui m'apprêtais à croire qu'on voulait me faire réfléchir sur la complexité de l'existence. Et Isabelle? Pourquoi accueille-t-elle des malheureux chez elle au risque de l'illégalité ? Ben voyons: parce que son mari et son fils sont morts (vous aviez deviné, je suppose).
Ce livre, c'est vraiment la conscience politique pour les nuls. le monde se divise entre méchants et malheureux , ou plus exactement entre très méchants et très malheureux. J'espérais réfléchir avec Camus. Je me retrouve à chouiner chez Eugène Sue.
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Citations et extraits (92) Voir plus Ajouter une citation
[Incipit.]

Comment ça a commencé ? Comme ça je suppose : moi, seule dans la cuisine, le nez collé à la fenêtre où il n'y a rien. Rien. Pas besoin de préciser. Nous sommes si nombreux à vivre là. Des millions. De toute façon ça n'a pas d'importance, tous ces endroits se ressemblent, ils en finissent par se confondre. D'un bout à l'autre du pays, éparpillés ils se rejoignent, tissent une toile, un réseau, une strate, un monde parallèle et ignoré. Millions de maisons identiques aux murs crépis de pâle, de beige, de rose, millions de volets peints s'écaillant, de portes de garage mal ajustées, de jardinets cachés derrière, balançoires barbecues pensées géraniums, millions de téléviseurs allumés dans des salons Conforama. Millions d'hommes et de femmes, invisibles et noyés, d'existences imperceptibles et fondues. La vie banale des lotissements modernes. À en faire oublier ce qui les entoure, ce qu'ils encerclent. Indifférents, confinés, retranchés, autonomes. Rien : des voitures rangées, des façades collées les unes aux autres et les gosses qui jouent dans la lumière malade. Le labyrinthe des rues aux noms d'arbres absents. Les lampadaires et leurs boules blanches dans la nuit, le bitume et les plates-bandes. La ville inutile, lointaine, et le silence en plein jour.

Donc, ça commence comme ça : moi, le ventre collé au plan de travail, les yeux dans le vague, une tasse de thé brûlant entre les mains, il est trop fait, presque noir, imbuvable. De toute façon je déteste le thé. Devant la maison d'en face, deux femmes discutent. Elles ont les cheveux courts ou rassemblés en queue-de-cheval, les jambes moulées dans ces caleçons qu'on trouve au marché le dimanche. Elles attendent que leur homme rentre du boulot, leurs enfants de l'école. Je les regarde et je ne peux m'empêcher de penser : c'est ça leur vie, attendre toute la journée le retour de leurs gamins ou de leur mari en accomplissant des tâches pratiques et concrètes pour tuer le temps. Et pour l'essentiel, c'est aussi la mienne. Depuis que j'ai perdu mon boulot c'est la mienne. Et ce n'est pas tellement pire. Le boulot au supermarché c'était pas beaucoup mieux j'avoue.
J'avale juste une gorgée et je vide tout dans l'évier, le liquide disparaît en éclaboussant les parois, aspiré par le siphon. Ça m'angoisse toujours cette vision. Ça n'a aucun sens, je sais bien. Mais on est tous bourrés de ces trucs qui nous bousillent l'existence sans raison valable.
Le silence, par exemple. Ce jour-là comme n'importe quel autre il emplissait tout, me coinçait la gorge dans un étau. Je pouvais le sentir me figer les sangs, me creuser les poumons d'un vide immense. Un cratère sans lave. Un désert. Une putain de mer de glace.
J'ai quitté la cuisine et je suis passée au salon, ou bien ai-je fait le tour des chambres. Je ne sais plus et ça n'a pas d'importance. Alors disons que c'était le salon. Je ne m'attarde pas là non plus. Il n'y a rien de spécial à en dire : des meubles noirs, deux fauteuils tournés vers la télévision, un canapé en tissu d'inspiration africaine et, devant la porte-fenêtre, l'étendoir où sèchent des tee-shirts, des slips, des pantalons, des chaussettes par dizaines. Un peu partout au sol, des jouets traînent et, sur la table basse, des cahiers de coloriage, des feutres, des paquets de gommettes. Je ne range jamais sauf le soir, juste avant que Stéphane rentre. Il appelle ça du désordre. Moi, je pense que c'est surtout de la vie. Il est chauffeur de bus scolaires. Quand on s'est rencontrés, il avait dix-huit ans. Il jouait au foot. Il sortait du centre de formation et venait juste d'intégrer l'équipe réserve. Chaque semaine, j'allais au stade. J'étais là dans les tribunes à me geler en espérant qu'il entre enfin sur la pelouse, qu'au moins une fois il quitte le banc des remplaçants. Dans son survêtement rouge et or, il fixait le terrain en se rongeant les ongles.
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Ma vie c’était ça et rien d’autre: les gamins le bain les devoirs les repas la vaisselle le linge et le ménage, les courses chez Ed, ou au Carrefour quand ça me déprimait trop, le cinéma une fois tous les six mois, la télé tous les soirs et basta, à quoi ça sert de se mentir, la vie c’est ça et pas grand chose de plus pour la plupart d’entre nous.
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Cette sensation de tomber en poussiere soudain, de devenir liquide et de disparaitre, d`etre comme mangee de l`interieur, tordue, machee, etranglee, essoree, videe. Cette impression que tout devenait noir et froid tout a coup.
La certitude que j`ai eu d`etre vraiment seule au monde cette fois, abandonnee incapable et morte a l`interieur.
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Et quand on n’était plus que nous deux, que tout était calme et retiré, alors elle me parlait d’eux. De son mari de son fils. Elle me montrait des photos et ça lui faisait du bien. Ça lui faisait du bien parce qu’ils revivaient, ses morts ses fantômes, parce que le pire c’était de les ranger dans des tiroirs. Je l’écoutais me raconter sa vie d’avant, comme elle avait été brisée, je l’écoutais et je pensais à Stéphane aux enfants et même maintenant je crois que je serais incapable de vivre sans eux.
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La pluie redoublait je ne voyais plus rien. Je me suis garée sur le bas-côté le temps que cela se calme mais ça ne sait pas calmé, à force on va croire que j'exagère, que ça n'arrive jamais dans ce coin, des jours où il ne pleut pas. Pourtant c'est faux. Ça change tout le temps par chez nous, d'une minute à l'autre ça peut changer. Papa disait toujours que j'étais un ciel de mer du Nord. Versatile. Imprévisible. Capable de passer en un clin d'oeil du rire aux larmes, du gris charbon au bleu azur.
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