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Critique de colka


colka
10 février 2019
Un bel hommage que celui rendu par Kaouther Adimi, dans Nos richesses, à Edmond Charlot, un passeur de livres, à la fois libraire, éditeur à Alger où il ouvrit en 1936, une librairie, maison d'édition, 2 bis rue Charras. Belle idée aussi de la part de cette jeune auteure algérienne de l'avoir fait revivre à nos yeux en imaginant les carnets qu'il aurait tenus : "J'imagine le carnet qu'aurait tenu Edmond Charlot, entre 1935, un an avant l'ouverture des Vraies richesses et 1961, un an avant son premier départ de l'Algérie."
Cette forme littéraire lui permet de se glisser dans la vie de cet homme, en en restituant le caractère exceptionnel sans verser dans le panégyrique ou l'hagiographie.
En effet, les faits parlent d'eux-mêmes. Homme passionné de littérature et découvreur de talents, il fit de sa librairie une sorte d'auberge espagnole où se croisèrent les plus grands écrivains de l'époque : Camus, Jules Roy, Fouchet, Kessel, Roblès, Gide, Garcia Lorca... Editeur engagé et militant, il dut aussi à plusieurs reprises payer cher le prix de ses convictions : emprisonnement sous le régime de Vichy, plasticage de sa librairie en 1961 par l'OAS, qui le laissa sans un sou et surtout désespéré par la perte de manuscrits qui lui étaient chers !
Notre Don Quichotte de la littérature et de l'édition n'était pas non plus, de son propre aveu, un homme d'affaires très avisé. Et les grands éditeurs parisiens n'eurent de cesse que de le mettre à genoux...
Une belle vie pourtant à défaut d'une belle carrière. C'est vraiment ce que j'ai ressenti en lisant ces fragments très bien documentés.
J'ai été beaucoup moins impressionnée par la partie fictionnelle imaginée par l'auteure et dans laquelle nous côtoyons, dans un cadre qui est celui de notre époque, deux personnages Ryad et Abdallah. L'un étudiant chargé de faire place nette dans la librairie, l'autre, dernier employé de la librairie devenue annexe de la Bibliothèque Nationale.
L'espace du roman est à mes yeux trop restreint pour leur donner le temps d'exister vraiment en tant que personnages. Autre ressenti : même si certains passages ont un fort pouvoir d'évocation, j'ai eu l'impression, à lecture de ce livre, d'une écriture qui se cherchait encore...
Nos richesses n'est que le troisième roman de Kaouther Adimi : elle a devant elle de belles années d'écriture pour déployer son talent. C'est ce que je lui souhaite !
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