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sur 43 notes
Des histoires prenant pour cadre un camp de prisonniers, on garde souvent en tête des récits glorieux d'amitié virile, d'actes de bravoure et de spontanée solidarité humaine. Lorsque Tatamkhulu Afrika nous raconte sa propre expérience de prisonnier à Tobrouk durant la Seconde Guerre Mondiale, il évoque à travers Tom, son double, la promiscuité, la crasse, la dégradation des corps, la perte de dignité et l'ambiguïté des relations de dortoir, le tout sans aucun détour.

Et au milieu de ce chaos où l'intimité est forcée et l'humiliation permanente, survient un fait miraculeux : la rencontre de deux désirs. Alors que Tom est l'objet de toutes les attentions de Douglas, c'est Danny l'anglais qui lui inspire de forts sentiments, mais dans un contexte où la violence est latente et prête à exploser, il convient de refouler son désir en attendant la libération – au sens propre.
C'est donc avec un réalisme cru que l'auteur nous raconte le quotidien des prisonniers dans le camp où s'est reconstitué un semblant de hiérarchie entre gradés militaires, où les communautés (et les tensions) se forment, où l'on survit à coups de petits trafics et au gré de la distribution des colis de la Croix Rouge.

Mais c'est surtout un récit sur le trouble, le désir, et les vaines tentatives de s'en défendre, réservant de très belles pages d'espérance comme cette scène où chaque prisonnier garde le silence pour mieux entendre chanter un rossignol.
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Oubli ou puritanisme ?
Publié en Afrique du Sud peu de temps avant la mort de l'auteur Tatamkhulu Africa en 2002, ce livre est édité plus de 13 ans après en France... c'était peut être trop tôt pour aborder pendant 13 ans un sujet iconoclaste sans doute ...l'homosexualité dans les camps de prisonniers de guerre. Les Presses de la Cité ont pris la pari....Bravo !
Tatamkhulu Africa, Tom dans le livre, reçoit une lettre et un colis provenant d'un copain qui vient de mourrir, prisonnier de guerre comme lui, qu'il n'a pas vu depuis cinquante ans...Les souvenirs reviennent..
Capturé en Lybie par les armées allemandes, qui le confièrent par la suite aux Italiens...il traversa le désert, l'Italie, et fut libéré et évacué de l'Allemagne vaincue vers l'Angleterre.
Des conditions de captivité éprouvantes, tout nous est décrit, la faim et la chaleur, la soif, les trafics de colis de la Croix Rouge, le théâtre aux armées, la dysenterie, les bagarres, les marches forcées avec les SS...
Heureusement il y a les copains qui sont toujours là, certains sont même un peu "pot de colle".... Mais Tom n'est pas "un de ces pédés".....D'origine sud Africaine il va croiser Danny, l'un de ces anglais qu'il hait et repousse. Progressivement il va éprouver pour lui ce besoin de le retrouver.... Scènes pleines de pudeur, plaisirs de se frôler, désirs et scènes de jalousie...d'autres prisonniers éprouvent des sentiments soit pour Dany soit pour Tom. Ils ne sont pas les seuls à éprouver pour d'autres ces sentiments qui permettent d'affronter la dureté de la vie des camps, de se soutenir......
Une façon pour Tom et Danny d'affronter leur passé....
Oui, des "bien pensants" rejetteront ce livre, d'autres recevront cette gifle...personne n'avait évoqué ce thème dans un livre...
Pas un roman, mais un livre largement autobiographique d'un auteur inconnu en France, primé dans son pays. Né en Egypte d'un père arabe et d'une mère turque, il émigra en 1923 en Afrique du Sud. Il se convertit à l'islam et créa un mouvement musulman contre l'apartheid dans les années 1980. Accusé de terrorisme il fut emprisonné et le pouvoir lui interdit d'écrire...
Oui, il fallait être courageux pour lutter contre l'apartheid en Afrique du Sud et pour écrire et publier au début des années 2000 "Oui, j'ai aimé et désiré un homme alors que j'étais prisonnier de guerre!"
Merci aux Presses de la Cité et à Babelio de m'avoir fait connaître cet auteur, ce livre, ce petit bout de l'Histoire

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L'intérêt de ce roman autobiographique est dans les souvenirs de captivité d'un ancien prisonnier de guerre de la seconde guerre mondiale, et la naissance d'un sentiment entre deux détenus qui sont, à l'origine, loin de tout penchant homosexuel. Ceci dit, le récit est écrit à la truelle, le langage est pauvre, la syntaxe relâchée, les facilités narratives pénibles, et je soupçonne que les éloges que le livre a reçus sont motivés par le pedigree politique sans tache de l'auteur.
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Un roman autobiographique d'une grande beauté, à l'écriture toute en retenue et d'une infinie douceur même dans les moments les plus durs.
Trois prisonniers du Commonwealth, Tom, sud-africain, Danny, anglais, et Douglas. Parqués dans un camp italien, puis transférés en Allemagne.
Un trio où l'amitié le dispute à la jalousie. Où la vie au jour le jour doit s'organiser au nom de la survie et du maintien d'un semblant de dignité, un mot qui détonne dans le contexte d'hommes parqués comme des bêtes et souvent condamnés à laisser leurs instincts animaux les submerger.
Des hommes rongés par la maladie, la faim, le désespoir, la promiscuité. Certains qui pourtant voient dans cette promiscuité une bouffée d'air, un fil ténu qui les rattache à l'espoir.

L'auteur, Tatamkhulu Afrika construit sur cette terrible toile de fond la naissance d'une amitié d'abord refoulée entre Tom et Douglas, toujours équivoque aux yeux de Tom mais ressentie comme maternelle pour Douglas. Ces deux-là s'entraident depuis leur premier jour de camp, un peu à hue et à dia, mais toujours fidèlement.
Quand survient un troisième homme, Danny, prisonnier d'un autre baraquement, culturiste sans complexes et qui n'a pas sa langue dans sa poche. Tom se trouve quasi-aimanté par Danny, aux dépens de Douglas qu'il délaisse subitement.
Il n'est pas question d'homosexualité débridée, mais de regards qui s'accrochent, étonnés, de frôlements de corps endormis et gêne au réveil. D'interrogations. le lecteur assiste tout doucement aux premiers émois de Tom et Danny, incertains, hasardeux, improbables à leurs yeux mêmes.
Puis la guerre est finie, les rapatriements se préparent, et de probables déchirements.
n roman vraiment superbe, qui reste en soi une fois la lecture achevée. Merci à Masse critique et aux Presses de la cité pour cette rare découverte
Lien : http://coquelicoquillages.bl..
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Ce livre a su susciter mon intérêt dès lecture de la quatrième de couverture. le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'est pas banal de découvrir un témoignage sur une relation amoureuse entre deux hommes pendant la guerre. Un point de vue, une histoire que j'ai eu envie de découvrir pour cela.

Le jeune Tom se retrouve bien malgré lui (et comme beaucoup d'autres évidemment) au milieu de cette guerre. Son caractère ne l'aide pas car il n'est pas courageux et préfère suivre les autres. Il n'a donc rien d'un leader mais cela ne l'empêche pas de s'attirer l'affection de Douglas. Un ancien infirmier qui va lui éviter quelques misères. Il s'agit d'une amitié un peu à sens unique car Douglas a des façons de s'exprimer plutôt efféminées. Une façon d'être qui dérange beaucoup de soldats et de prisonniers et Tom également. Malgré cela, ils restent amis d'autant plus que Tom a beaucoup à y gagner.

Le véritable changement qui va avoir lieu dans sa vie de prisonnier est sa rencontre avec Danny. Un jeune homme qui pratique la boxe et dont le corps ne laisse pas indifférent Tom. Une relation d'amitié assez exclusive naît mais les choses n'iront pas plus loin. Je suis désolée de devoir le dire et révéler une partie du livre mais il ne se passe pas grand chose il faut bien l'avouer. Je m'attendais vraiment à une histoire d'amour dans un contexte très particulier certes et en réalité il n'y a rien. Tom et Danny se battent contre leur attirance mutuelle car ils ne sont pas homosexuels. Danny est marié et souhaite vite retrouver sa femme pour avoir des enfants. Il a en horreur les autres hommes du camp qui ont des relations entre eux. Une ligne à franchir qui ne le sera pas et c'est tout là l'art de l'auteur. Tous deux ne sont pas homosexuels mais les hommes peuvent être attirés par d'autres hommes. Où est la place de l'étiquette, de l'identité ? de la virilité ? Est-ce une attirance passagère ou de l'amour ? Des questionnements et un livre tout en nuance qui doit sa réussite en cela. Pour ma part, j'en attendais plus cela reste donc mitigé pour moi. Je pense tout de même que c'est un livre à découvrir pour s'approcher un peu plus de la complexité de l'homme même dans les pires moments de sa vie.

Je tiens à remercier les Presses de la cité et Babelio pour cette lecture et ce partenariat.
Lien : http://aujardinsuspendu.blog..
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« Paradis amer » est un roman en partie autobiographique, traduit en français plus de dix ans après sa parution. Alors qu’il combattait en Lybie, Tom Smith, le narrateur est fait prisonnier lors de la bataille de Tobrouk, d’abord par les Italiens, puis les allemands. A la fin de sa vie, il reçoit un paquet accompagné d‘un petit colis. Et les souvenirs remontent à sa mémoire, les années sombres mais si étranges. Celles si difficiles de son voyage vers l’Europe après son arrestation, lorsque Douglas, un détenu quelques peu étrange, protecteur mais possessif, le prend sous son aile. Puis de son incarcération dans les camps de prisonniers, mais également ces années quelque peu magiques de la naissance de l’amitié, de l’éveil des corps, de l’amour sans doute, lors de sa rencontre avec Danny, un jeune anglais prisonnier comme lui avec qui il se sent de nombreuses affinités et dont l’amitié exclusive et inconditionnelle lui permettra de résister à l’horreur de la détention jusqu’à sa libération.
Au fil des pages, on découvre ce Paradis amer, celui de l’enfer des camps de prisonniers, là où règnent en maîtres la faim, la soif, la saleté, la dysenterie, la promiscuité des dortoirs, les disputes et les jalousies, le froid ou la chaleur tous aussi insupportables, les relations difficiles avec les gardiens, soldats vainqueurs d’une bien triste bataille, et toutes les tensions entre ces hommes donc les forces s’amenuisent mais qui ont l’âge de vivre encore pleinement leur vie,. Mais c’est également la découverte du théâtre pour certains, l’incompréhension et le rejet de l’homosexualité, en même temps que les interrogations sur ses propres élans du cœur et pourquoi pas des corps, d’une relation qui si elle n’est pas évidente est malgré tout souvent fusionnelle et amoureuse.
Car tout n’est pas si simple, et une profonde amitié n’est-elle pas parfois un amour qui s’ignore ou que l’on rejette car on le croit inacceptable selon les principes de son éducation ou de son cadre de référence, mais que l’on voudrait tant accepter au plus profond de soi. C’est là toute la complexité, la finesse, des relations humaines.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Une lecture qui fait frissonner, qui fait mal, qui fait pleurer aussi, un peu, qui fait sourire, rarement rire, qui laisse le coeur lourd, le cerveau envahi de pensées venues du romancier.
Une histoire d'amour entre hommes, une histoire de guerre, des hommes, où le rythme de la vie est conditionné à une simple survie. Et malgré tout, du théâtre, des histoires, des désirs, des ambitions et des envies.
Peu de souvenirs, ceux ci s'évanouissent, le passé existe peu, et l'avenir est une rupture.
Un livre à fleur de peau écrit par un écorché vif, on finit à vif nous aussi avec autant de plaisir que de douleur en fermant le livre à regret et avec soulagement malgré tout, avec beaucoup de réflexion et beaucoup d'émotion, cet ouvrage ne se veut pas messager d'une leçon il est la simple transmission de souvenirs douloureux et de pensées particulièrement instructives sur la force des sentiments dans les situations les plus désespérées. Un livre d'une grande humilité écrit par un homme qui avait tout d'un grand. Merci à Masse critique et aux éditions Presses de la Cité, je n'en sors pas indemne et c'est grâce à vous.
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On pourrait ne retenir de ce roman que le thème de l'homosexualité masculine en temps de guerre ; mais ce serait si réducteur... d'autant plus réducteur d'ailleurs que l'on ne trouve aucun ébat entre ces pages, où chaque frôlement est plus sensuel que sexuel.

Ce récit est autobiographique, l'auteur, originaire d'Afrique du Sud est retenu prisonnier comme des centaines de soldats de différentes nationalités, en Lybie,

Le climat et les conditions extrêmes dans lesquelles ils sont maintenus en vie créent une sorte de langueur, de torpeur où les corps, fragilisés, s'observent, s'évaluent et se rapprochent malgré eux. Tom Smith, le narrateur,qui a épuré son patronyme au point de le rendre d'une banalité anonyme, est un très jeune homme blessé par la vie : victime d'un inceste paternel étant enfant, il vit chaque rapprochement amical comme une agression et une entrave à sa liberté d'être.

Pourtant, lorsque son corps croise celui de Danny, l'Anglais, ce "Roosbeef", c'est la fascination pour cette aisance dans le mouvement, et l'exposition de cette plastique athlétique, qui l'attire comme un aimant.

Heurté, troublé par cette proximité, Tom se réfugie dans le mesonge et la distance, accumulant les maladresses et les tergiversations comportementales. Une amitié fusionnelle, passionnelle naît entre les deux hommes, la force des sentiments peut-elle encore qualifier cette relation d'amicale? A partir de quand l'amour (à moins qu'il ne s'agisse que de désir?) s'immisce subrepticement entre leurs deux corps, se cherchant comme deux sources potentielles de chaleur sur un matelas inconfortable alors que l'hiver est rude?

La complexité et le refus des sentiments naissants obligent Tom à peser sans cesse le poids des mots, ceux qu'il prononce, ceux que son ami énonce : de l'homophobie déclarée à la particularité de leur relation, la frontière est ténue.

Ce roman est un beau roman, pudique, une ôde à l'amitié, au désir, à l'amour, malgré la rudesse de l'écriture, le manque de fluidité de certains passages aux phrases (ou traductions?) maladroitement alambiquées.
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C'est une perle rare, d'une extrême sincérité mais d'une homophobie et panique-gay dérangeantes, si on met les choses dans leur contexte, on peut éventuellement comprendre, je n'essaye pas de trouver des excuses, je précise, je le comprends !

Le livre commence par une note de l'éditeur qui nous explique qui est cet auteur.

Tatamkhulu Afrika est né en 1920 en Egypte, de père égyptien et de mère turque qui immigrent en Afrique du Sud et meurent de la grippe alors que Mohamed, car tel est son vrai prénom, est encore très jeune. Il est par la suite élevé au sein d'une famille d'Afrikaners blancs et est rebaptisé John envoyé combattre pour l'Afrique du Sud dans la campagne d'Afrique du Nord durant la seconde guerre mondiale, il fut capturé à Tobrouk en Lybie, et détenu dans des camps de prisonniers, en Italie et en Allemagne.

Paradis Amer est son histoire en tant que prisonnier de guerre…

Tom le narrateur, homme marié, reçoit presque soixante après la guerre, une lettre d'un anglais, Danny, qui a partagé ses années de camp avec lui, mais apparemment Danny est maintenant sur son lit de mort.

Cette lettre le replonge des dizaines d'années en arrière et le conduit à se souvenir d'une histoire d'amour peu commune, une histoire triangulaire. Tom se lie d'amitié au début de sa détention avec Douglas, qu'il trouve mou, trop doux et dont le désir envers lui est à peine déguisé, ce qui le répugne plus qu'il ne l'attire. Par la suite, il rencontre Danny, bronzé, viril, attirant, un vrai mâle. Les deux hommes se lient d'amitié rapidement. Une amitié « saine » selon leur conception, sans arrière-pensée sexuelle.

Le drame central de cette épopée, bien que l'horreur des camps soit extraordinairement bien écrite, et très convaincante, le drame n'est ni la détention, ni la faim, ni la guerre, mais cette lutte de Tom pour se réconcilier avec son amour et son désir pour Danny et sa haine pour Douglas, et toute la lutte intérieure de son moi profond: ce qu'il est et ce qu'il ne veut pas être, et ce qu'il occulte.

La troublante honnêteté de sa propre représentation de la masculinité normative exige le déni de son homosexualité. le désaveu est intense et déconcertant, évidemment, à l'époque la virilité n'était même pas discutable, mais un traumatisme d'enfance subi également par Danny fort probablement les concilie…

Sa cruauté envers Douglas est embarrassante. Les passages homophobes m'ont fortement incommodée, mais le livre est largement sauvé par la plume de Afrika : C'est un interminable poème dans les méandres du symbolisme sexuel.
Les descriptions sont vives et inquiétantes, ce qui est approprié pour le thème de la détention et des aspirations d'un jeune homme qui a grandi trop dans un environnement beaucoup trop déshumanisant. La structure de phrases et le rythme sont inattendus et nécessitent une attention particulière, une volonté de ralentir et de revenir en arrière et examiner ce qu'on a lu, ce qui y est caché, ce qui s'est réellement passé dans les sinuosités des circonvolutions du phrasé.

Ce n'est pas un roman destiné à servir une allégorie pour les dangers de sentiments refoulés et l'incarcération, mais un livre insaisissable, écrit par la plume sage, quelqu'un qui a beaucoup vécu, mais avec une grande lassitude d'esprit, un livre qui, même une fois fermé, continue à vous faire réfléchir aux innombrables significations du mot amour.


Je le conseille donc vivement !
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La réception d'une lettre et d'un colis de la part d'un notaire s'occupant du testament d'un ancien ami plonge Tom dans les souvenirs de sa détention en camp de prisonniers pendant la seconde guerre mondiale.
Dans un premier camp géré par les Ritals, Tom se retrouve un peu contre son gré avec Douglas Summerfield, un jeune père de famille qui possède toutefois des manières féminines avec un langage précieux et une tendance à materner son ami. Cependant sa grande gentillesse les rapproche et ils s'associent pour subvenir à leurs besoins. Dans le camp, il faut se débrouiller afin de pouvoir troquer cigarettes ou travail contre des colis de nourriture.
Pourtant, une nuit, Danny, un anglais sportif, se reconnaît dans le cauchemar de Tom. Danny comprend que Tom a subi dans l'enfance les mêmes sévices que lui. » Dans ton rêve tu disais à ton père d'arrêter de te faire une chose que mon père avait l'habitude de me faire. »
Danny et Tom, pourtant farouchement révulsés par l'attitude de certains homosexuels du camp, se rapprochent inévitablement dans une amitié masculine. Si Danny passe son temps à faire du sport, Tom aime faire l'acteur de théâtre pour Tony, un metteur en scène homosexuel. En lui proposant un rôle de femme, Lady Macbeth, Tony révèle peut-être peu à peu une part dormante de la féminité de Tom. Lorsqu'il est sur scène, Tom n'est qu' « un être androgyne culpabilisé » qui prend en compte « la douceur du pouvoir et l'amertume de son déclin programmé » et oublie ainsi les rigueurs du camp.
L'auteur nous plonge dans l'enfer des camps avec la promiscuité des corps, les conditions sanitaires déplorables mais aussi les débrouilles des uns et des autres pour tenter de survivre et d'occuper dignement ses journées.
» le grand égaliseur qu'est l'indigence est désormais parmi nous et la seule société vraiment sans classes commence à s'établir, à notre corps défendant, comme le cancer ou la vieillesse. »
C'est dans les moments les plus difficiles, comme le transfert à pied du camp italien à un camp allemand, que les amitiés se révèlent indispensables à la survie, créant ainsi des liens inoubliables plus fort que toute vie antérieure.
» Chaque jour surviennent des petites horreurs qui, nous le savons, nous hanterons plus longtemps qu'un massacre. »
Tatamkhulu Afrika évoque avec des mots assez crus cet univers d'hommes captifs ( je regrette que nombre de choses finissent en étrons ou autres matières corporelles ) mais c'est peut-être aussi cette juxtaposition de comportements sans tabous et de cette sensibilité contenue, réprouvée mais saisissable entre Tom et Danny qui fait toute la finesse de ce récit.
L'amitié des deux hommes se révèle être comme un joyau, un sentiment pur émergeant des conditions difficiles de survie de ces corps décharnés et avilis.
Et c'est avec cette pureté de sentiment que l'auteur touche son lecteur. Sans cette fois dénaturer le sentiment par le rapprochement vulgaire des corps, la sensualité et l'émotion prennent le pas sur les instincts primaires.
Cette lecture pourra déplaire par son réalisme souvent cru ( j'avoue avoir plus d'une fois été agacée par cette ambiance très masculine) mais elle cache une très belle histoire d'amitié dans un récit qui se veut aussi un témoignage historique autobiographique.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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